L’intervention militaire au Mali n’a pas donné lieu à des exactions, a affirmé lundi le président français, François Hollande. Pourtant, des cadavres gisent au fond de plusieurs puits à Sévaré depuis le 11 janvier, rapportent Amnesty International (AI), Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Ce jour-là , date du début des opérations pour aider l’armée malienne à reconquérir le nord du pays, les militaires maliens ont exécuté près de 15 personnes, selon les ONG. Mais il pourrait y avoir jusqu’à 30 corps enfouis, d’après des témoins cités par le magazine français L’Express. « Les autorités maliennes n’ont aucune envie d’enquêter sur ces crimes. Les soldats bénéficient d’une impunité totale », dénonce Philippe Bolopion, qui travaille au Mali pour HRW.
« La plupart des victimes portaient une longue tunique, la pipao, assimilée aux vêtements des islamistes », explique Gaëtan Mootoo, responsable Afrique pour AI. Cela suffisait à les rendre suspects. L’amalgame entre l’ennemi islamiste et les ethnies touareg, arabes, maures et peules, dont une partie s’est associée aux combattants, font craindre le pire à ces populations.
Les ONG continuent à enquêter sur d’autres cas de probable revanche dans plusieurs villes du pays. A Gao, les maisons de combattants islamistes ont été pillées, ainsi que celles de leurs familles, et un imam a été enlevé à Douenza, rapporte Florent Geel, de la FIDH. Hier à Tombouctou, des commerces tenus par des Touareg et des Arabes ont été dévalisés par la population. La Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert une enquête sur la situation au Mali le 16 janvier, a invité lundi les autorités maliennes « à mettre immédiatement fin aux actes allégués ».
Céline Zünd
Le 30 janvier 2013.
Source : Dans le nord, la crainte grandissante des exactions