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L’annexion du Canada fait-elle partie du projet militaire de Bush ?

par Michel Chossudovsky

Résumé

Texte intégral (anglais)

Depuis bientôt deux ans, Ottawa est impliqué dans la négociation d'unaccord de coopération militaire qui permet à  l'armée américaine de traverser lafrontière et de déployer des troupes partout au Canada, ainsi que de stationnerdes navires de guerre américains dans les eaux territoriales canadiennes. Laredéfinition du système de défense canadien est discutée à  huis clos, non pasau Canada mais à  la base aérienne de Peterson, au Colorado, au quartier généraldu Commandement Nord américain (Northcom).

La création du Northcom, en avril 2002, constitue une violationflagrante de la souveraineté territoriale du Canada et du Mexique. LeSecrétaire à  la Défense Donald Rumsfeld avait annoncé de manière unilatéraleque le Commandement Nord (Northcom) aurait juridiction sur l'ensemble del'Amérique du Nord. Le Canada et le Mexique furent mis devant le fait accompli.La juridiction du Commandement Nord, telle que présentée par le Département dela Défense américain, inclus, en plus des États-Unis continentaux, l'ensembledu Canada, le Mexique, ainsi que des portions des Caraïbes, les eaux adjacentesde l'Atlantique et du Pacifique jusqu'à  500 miles au large des côtes des troispays, ainsi que l'Arctique canadien.

Le mandat annoncé du Northcom est d'offrir « une convergencenécessaire pour les défenses aérospatiales, terrestres et maritimes [ducontinent], et un support crucial pour les autorités civiles en temps de besoinnational. »

Rumsfeld se serait même vanté que « le Northcom -avec l'ensemblede l'Amérique du Nord comme commandement géographique- fait partie de la plusgrande transformation du Plan de Commandement Unifié (UCP) depuis sonintroduction en 1947. »

A la suite du refus du premier ministre Jean Chrétien de joindre leNorthcom, un soi-disant groupe « consultatif » de planificationbinational (Binational Planning Group, BPG), opérant à  partir de la baseaérienne de Peterson, fut mis sur pied vers la fin 2002. Son mandat était de« préparer des plans d'urgence pour répondre aux menaces et attaques[terrestres et maritimes] et autres urgences majeures au Canada et auxÉtats-Unis. »

Le mandat du BPG va beaucoup plus loin que celui d'un simple corpsconsultatif militaire faisant des « recommandations » augouvernement. En pratique, il n'est redevable ni devant le Congrès américain,ni devant la Chambre des communes canadienne.

Le BPG possède un personnel de 50 « planificateursmilitaires » canadiens et américains qui ont travaillé assidûment au coursdes deux dernières années à  poser les bases d'une intégration des structures decommandement militaire canadiennes et américaines. Le BPG travaille encoordination avec le Comité de coopération militaire Canada-États-Unis sise auPentagone, un soi-disant comité responsable de « la planificationmilitaire conjointe ».

Ses activités comprennent deux blocs principaux : le Plan combinéde défense (Combined Defense Plan, CDP) et le Plan d'assistance civile (CivilAssistance Plan, CAP).

A travers son Plan d'assistance civile (CAP), le BPG est impliqué dansle soutien à  la militarisation des fonctions civiles en ce qui a trait aujudiciaire et à  la police, aux États-Unis et au Canada. Le BPG a établi des« plans militaires d'urgence » qui seraient activés « des deuxcôtés de la frontière canado-américaine » en cas d'attaque terroriste oude « menace ». En vertu du Plan d'assistance civile du BPG, cessoi-disant « scénarios de menaces » impliqueraient une « réponsecoordonnée aux requêtes nationales pour une assistance miliaire [de la part desautorités civiles]. »

En décembre 2001, en réponse aux attentats du 11 septembre, legouvernement canadien a conclu un accord avec le responsable de la Sécuritéintérieure Tom Ridge, intitulé « Canada-US Smart BorderDeclaration ». Cet accord donne au Département de la Sécurité intérieureaméricain un accès à  des informations confidentielles sur les citoyens etrésidents canadiens. Il procure aussi aux autorités américaines un accès auxdossiers fiscaux des Canadiens.

Ces développements suggèrent que le processus « d'intégrationbinationale » ne s'opère pas seulement dans les structures de commandementmilitaire mais aussi dans les domaines de l'immigration, de la police et durenseignement. La question est : que restera-t-il de la juridiction duCanada en tant que nation souveraine, une fois que ce processus déjà  amorcé,incluant le partage et/ou la fusion de banques de données, sera complété?

Le Canada est destiné à  devenir un membre du Northcom à  la fin dumandat de deux ans du BPG. Sans doute le projet sera-t-il présenté au parlementcomme étant « dans l'intérêt du pays. » Il « créera des emploispour les Canadiens » et « rendra le Canada plus sécuritaire ».

Pendant ce temps, l'important débat sur la participation canadienne aubouclier anti-missiles, lorsque considéré hors d'un contexte plus large, peuservir à  détourner l'attention de l'opinion publique sur la question plusfondamentale de l'intégration militaire, qui impliquerait l'acceptation par leCanada non seulement du bouclier anti-missiles mais aussi de l'ensemble del'agenda militaire américain, y compris des hausses significatives des dépensesmilitaires, qui seront allouées à  un programme de défense de l'Amérique du Nordcontrôlé par le Pentagone.

Le Canada cesserait de fonctionner en tant que nation. Ses frontièresseraient contrôlées par des responsables américains et des informationsconfidentielles sur les Canadiens seraient partagées avec le Département de laSécurité intérieure. Les troupes et les forces spéciales américaines pourrontentrer au Canada, en raison des accords binationaux. Les citoyens canadienspeuvent être arrêtés par des agents américains agissant au nom de leursvis-à -vis canadiens, et vice-versa.

Le monde est à  l'aube d'une des crises les plus sérieuses del'histoire moderne. Les États-Unis ont lancé une aventure militaire qui menacel'avenir de l'humanité. Ils ont élaboré un projet de conquête et de dominationà  l`échelle planétaire. Le Canada se trouve en quelque sorte sur la frontièreimmédiate du « centre de l'empire ». Le contrôle territorial duCanada fait partie du projet géopolitique et militaire des États-Unis.

Les libéraux ainsi que l'opposition du Parti conservateur ont endosséle project militaire des États-Unis. En appuyant l'intégration des deux paysdans les sphères de la défense, de la sécurité intérieure, de la police et durenseignement, le Canada ne devient pas seulement un membre en règle de la« coalition » de George W. Bush. Il participera directement, à travers des structures de commandement militaire intégrées, au projet deconquête des États-Unis en Asie centrale et au Moyen-Orient, incluant lemassacre de civils en Irak et en Afghanistan, la torture de prisonniers deguerre, l'établissement de camps de concentration, etc.

Source :

Centre for Research on Globalization (CRG) at www.globalresearch.ca . 

AutJournal, décembre 2004

www.globalresearch.ca 30 November 2004

L'adresse de cetarticle est: http://globalresearch.ca/articles/CHO411E.html

© Copyright MICHEL CHOSSUDOVSKY CRG 2004.

 


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