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Claude Sérillon, « conseiller en communication, « spin doctor »... donc menteur ?

Président US : "Courrez ! Votre vie en dépend !" - Conseiller : "Ce qu’il veut dire par là , c’est que le jogging est bon pour votre santé".

Claude Sérillon, ainsi que sa compagne Catherine Ceylac, sont deux grands professionnels, sympathiques, sans esbroufe. Le problème est que le bon Claude vient de franchir un certain pas en devenant « conseiller en communication » du président de la République.

Il n’est pas éloigné le temps où le comparse de Drucker dénonçait ses collègues journalistes devenus de simples chargés de communication. Il va désormais leur fournir de la matière première.

A l’annonce de la nomination de Sérillon, des dépêches - plus ou moins bien intentionnées - l’ont qualifié de « spin doctor » de François Hollande, un rôle qu’il semble avoir joué depuis quelque temps déjà de manière officieuse. Malheureusement, le diable se cache toujours dans les mots.

Le concept de « spin doctor » nous vient des États-Unis. Donc, prudence. Il est apparu dans les années trente, et a été popularisé dans les années quatre-vingt lors de l’affrontement entre Ronald Reagan et Walter Mondale. Un « spin doctor » est donc un conseiller en communication ET « marketing », chargé de « vendre » une personnalité politique. Une des techniques favorites du « spin » est de raconter des histoires, le désormais célèbre « storytelling ». En illustration de ce que sont devenus les bobards officiels, on peut se remémorer le mensonge de Sarkozy, en 2008, concernant l’amputation des mains d’Afghanes s’étant vernis les ongles, pour justifier l’intervention occidentale dans ce pays : « Il est impossible de dialoguer avec des gens qui ont amputé d’une main une femme parce qu’elle avait mis du vernis à ongles ». Ce mensonge (qui ne dédouanait en rien le fanatisme des talibans) circulait sur la toile depuis des années. Tantôt sous la version d’une femme adulte à qui l’on avait coupé la main, tantôt sous la version plus " douce " d’une gamine de dix ans à qui l’on avait arraché les ongles. Un colonel de l’armée étatsunienne expliqua que l’histoire des ongles arrachés avait été scénarisée par le « spin » du Premier ministre Tony Blair, Alastair Campbell. Dès novembre 2001, Laura, la femme de George Bush, avait fait courir ce bobard, sous forme d’hypothèse : « Seuls les terroristes et les talibans menacent d’arracher les doigts qui ont les ongles vernis ». Conjecture reprise, encore plus prudemment, par Cherie, la femme de Tony Blair : « En Afghanistan, si vous avez du vernis à ongles, vous pouvez avoir les ongles arrachés ». Le kleiner Mann ne s’embarrassa pas de ces précautions rhétoriques. Pourtant, en septembre 2007, le mensonge avait été éventé par Jim Wilkinson, conseiller en communication à la Maison blanche : « la meilleure chose que nous ayons faite pour obtenir le soutien de pays où la coalition antiterroriste se heurtait un grand scepticisme ».

En anglais, le verbe « to spin » a deux sens : faire tourner (a spinning top = une toupie), avec la connotation, qui nous intéresse ici, de l’effet que l’on donne à une balle de tennis. Un effet qui tord les faits pour les présenter de manière favorable. Ce verbe signifie également « filer » (ou tisser), avec une connotation qui devient rapidement péjorative : « he spun me a yarn » = il m’a débité une longue histoire, « to spin a web of lies » = inventer un tissu (une toile) de mensonges, par exemple en forgeant des slogans, des éléments de langage, comme on dit désormais, en faisant de la « pédagogie » pour orienter la compréhension des faits dans le sens voulu par les émetteurs du message. Lorsque l’on est dans le spinning, on ne sait plus très bien où l’on en est : « my head is spinning round = j’ai la tête qui tourne ». Le conseiller en relations publiques est donc un façonneur d’images, et il peut devenir une éminence grise, voire un gourou. En tout état de cause, nous sommes loin de la démocratie, loin d’un rapport de vérité au peuple.

Les deux plus célèbres « spin doctors » de ces vingt dernières années furent Karl Rove (qui fréquenta six universités sans décrocher le moindre diplôme), le mauvais génie de George Bush, capable d’inventer et de faire passer un mensonge à l’heure, et Alastair Campbell qui, avant d’avoir mené en bateau les opinions publiques au sujet de la guerre en Irak, avait vendu la doctrine blairiste du New Labour aux militants du parti pendant que le futur Premier ministre négociait avec le milliardaire de la presse Rupert Murdoch.

Sérillon n’en est pas là . Pour l’instant.

Bernard Gensane

http://bernard-gensane.over-blog.com/

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C.S. Lewis, 1942

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