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1er forum social mondial pour la Palestine libre : le Brésil, ami de la Palestine mais aussi d’Israël

Le premier forum social mondial pour la Palestine libre appelle au renforcement de la solidarité et au boycott contre l’Etat d’apartheid dans un Brésil où les liens économiques et culturels avec Israël restent forts.

Porto Alegre, capitale de l’Etat du Rio Grande do Sul, à la pointe sud du Brésil, a accueilli du 28 novembre au 1er décembre 2012, le premier forum social mondial (FSM) pour une Palestine libre. Entre 230 et 300 organisations et mouvements sociaux, provenant de 36 pays ont participé à 150 conférences et activités autogérées. Le 29 novembre environ 10 000 personnes (selon les organisateurs) ont manifesté en soutien à la Palestine, à l’heure où la reconnaissance de la Palestine comme Etat observateur était en passe d’être votée à l’ONU.

En plus de favoriser la rencontre entre ces différents acteurs, le but du forum est surtout de renforcer les réseaux pour définir un agenda d’actions stratégiques dans le processus de paix. Emir Mourad, secrétaire général de la fédération arabe Palestine du Brésil et membre du comité organisateur explique que ce forum a été sollicité par la délégation palestinienne lors du FSM de Dakar en 2011. Les instabilités militaires empêchant que ce forum se tienne au Moyen-Orient, comme pensé initialement, les représentants syndicaux du Rio Grande do Sul se sont engagés à accueillir l’événement. Porto Alegre reçoit ainsi une fois de plus le FSM après avoir lancé sa première édition en 2001. Ce rapprochement arabo-brésilien n’est pas nouveau car depuis 2005 à l’initiative du Brésil, la coopération économique, politique et culturelle est promue par l’ASPA, sommet Amérique du Sud-Pays Arabes qui s’est réuni pour la 3e fois en septembre dernier.

Durant ces 4 jours les organisations ont planché sur diverses revendications. La reconstitution et reconnaissance de l’Etat palestinien avec le droit au retour des réfugiés, la fin de la colonisation israélienne sur les territoires de Cisjordanie, de Gaza, de Jérusalem et la chute du mur ; la garantie des droits fondamentaux des citoyens palestiniens, en particuliers des travailleurs, des femmes, des prisonniers, des homosexuels, la lutte contre le blocus médiatique et la préservation de l’environnement ; l’application effective des résolutions internationales déjà en vigueur. L’évolution du contexte politique régional dans le monde arabe et les importants liens à construire avec les organisations juives pro-palestiniennes ont également été évoquées.

Qualifiant clairement Israël d’Etat d’apartheid, une des principales mesures adoptées par le FSM Palestine libre est le renforcement global du boycott, du désinvestissement et des sanctions envers Israël, sur le plan économique mais aussi académique, culturel et sportif.

Nabil Shaath, secrétaire palestinien des relations internationales du Fatah est venu représenter le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas et a ouvert le forum au nom du comité organisateur palestinien. La Ministre brésilienne des droits de l’homme Maria do Rosario Nunes a de son côté réaffirmé au nom de la présidente Dilma Rousseff, le soutien du Brésil à la résistance palestinienne et à la construction de leurs droits. L’ex président Luiz Inacio Lula da Silva a également écrit une lettre de soutien au mouvement.

Si le Brésil affiche aujourd’hui son soutien à la Palestine, il garde pourtant d’importantes relations commerciales avec Israël, notamment dans l’armement, que le forum a vivement dénoncées. Celles-ci s’intensifient pourtant, à l’approche de la coupe du monde de football et des jeux olympiques que le Brésil accueillera prochainement et rendent la position du Brésil relativement ambigüe. En 2010, la même année où le Brésil reconnait la Palestine comme Etat, le Mercosul adopte un accord de libre-échange avec Israël, le premier passé avec un pays hors du sous-continent. Un long processus auquel le Brésil a été un des premiers pays à adhérer.

Ce phénomène se retrouve aussi au plan sociétal où les organisations sionistes, appuyées par les puissantes Eglises protestantes néo-pentecôtistes, ont exercé une influence de poids pour empêcher la réalisation du forum, qualifiant le FSM Palestine libre de terroriste en réaction à l’appel au boycott lancé contre Israël. Malgré l’appui officiel du gouverneur de l’Etat du Rio Grande do Sul Tarso Genro (PT), l’assemblée législative de l’Etat a longuement hésité avant de confirmer la disponibilité de ses locaux pour la tenue des conférences. La Mairie de Porto Alegre s’est quant à elle résolue à ne pas appuyer officiellement le forum. Claudir Nespolo, président du syndicat brésilien CUT (centrale unique des travailleurs) pour l’Etat du Rio Grande do Sul et principal organisateur du forum, dénonce également la faiblesse des financements reçus par l’Union, les plus bas de l’histoire du FSM selon lui.

Florence Poznanski

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