RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Monsieur le Président Obama...

Monsieur le Président Obama

The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500

Monsieur le Président,

Le 12 septembre dernier était le quatorzième anniversaire de l’arrestation des cinq Cubains Antonio Guerrero, Fernando González, Gerardo Hernández, Ramón Labañino et René González. A leurs condamnations, s’ajoute pour Gerardo et René celle de ne pouvoir recevoir la visite de leurs épouses, votre administration leur refusant systématiquement le visa d’entrée aux USA, en dépit de la protestation d’organisations humanitaires comme Amnesty International.

Les Etats-Unis devraient pourtant avoir quelques égards envers les agents Cubains qui luttent contre le terrorisme. Ils pourraient se souvenir, par exemple, que durant l’été 1984, c’est grâce à leur travail que le Président Ronald Reagan avait échappé à un attentat au cours de la campagne pour sa réélection. Dès que le gouvernement cubain avait appris qu’un groupe d’extrême droite de la Caroline du Nord préparait un attentat contre le Président, il en avait informé les autorités des Etats-Unis par l’intermédiaire de Robert C. Muller, chef de sécurité de la mission de Etats-Unis devant les Nations Unies.

En 1998, quand les Cinq avaient appris que des avions étaient la cible d’attentats à venir, avec la même loyauté qu’en 1984, les autorités cubaines avaient remis à une délégation du F.B.I. un dossier très complet afin que puissent être arrêtés les comploteurs. Aussi incroyable que cela puisse paraître, deux mois plus tard, ce sont les agents Cubains qui étaient arrêtés, et soumis à un traitement des plus odieux.
Après leur arrestation, les Cinq sont restés 17 mois en cellules d’isolement de la prison de Miami, ce qui est d’ailleurs contraire à votre loi. Un procès les a condamnés en 2001, dans une ambiance de haine et de peur pour les jurés, à des peines très lourdes, allant pour Gerardo Hernández jusqu’à une double perpétuité plus quinze ans. Cette ambiance de haine était entretenue par des journalistes payés par le Gouvernement Fédéral de Floride, comme nous l’avons appris en 2006.

S’il y avait eu un minimum de justice dans votre pays, non seulement les Cinq n’auraient jamais été emprisonnés, mais, selon les propres termes de l’ancien Ministre de la Justice Ramsey Clark, ils auraient été considérés comme des «  Héros de l’Humanité ».

Le 17 septembre dernier, lors de la vidéoconférence «  Washington-La Habana », à la question posée sur l’attitude qu’il aurait adoptée si la corruption de journalistes avait eu lieu quand il était ministre de la justice des Etats-Unis, Clark a affirmé : «  Si aujourd’hui j’étais Ministre de la Justice et que j’apprenais cette campagne de propagande pendant le procès des Cinq, je rejetterais les accusations. N’importe quel Ministre de la Justice devrait agir ainsi, c’est une responsabilité d’ordre éthique et moral ».

Devrait, bien sûr ! Mais souvenez-vous, Monsieur le Président, le 9 août 2005, les trois juges de la cour d’appel d’Atlanta avaient annulé les sentences des Cinq et demandé un nouveau procès équitable hors de Miami. Cas unique dans l’histoire judiciaire des Etats-Unis, Alberto Gonzalez, Ministre de la Justice de G. Bush avait fait appel de la décision de ces juges !

Pourquoi un tel acharnement contre les Cinq ? Serait-ce un chantage de terroristes comme Posada Carriles, menaçant de dévoiler des actes peu louables d’anciens dirigeants de votre pays si les Cinq étaient libérés ? Nous le saurons un jour.
En attendant, ces Cubains sont toujours en prison ou en liberté conditionnelle. Des demandes d’appels collatéraux sont actuellement en cours. Gerardo Hernández aura t-il enfin la possibilité d’exposer toutes les irrégularités de son procès comme il en a fait la demande il y a deux mois ? Les faits sont pourtant graves. Acheter des journalistes n’est pas un délit mineur ! Le comble est que des journalistes honnêtes qui ont dénoncé cet outrage à leur profession ont reçu des menaces et ont été contraints de déménager pour protéger leur famille. C’est ce qui est arrivé en particulier au journaliste du «  Miami Herald », Oscar Corral.

L’avocat que vous êtes devrait se montrer sensible à ce que justice soit faite envers ces hommes courageux qui endurent depuis plus de quatorze ans les pires souffrances. Ces souffrances ne pourront jamais être totalement gommées, et la douleur pour Gerardo et Fernando, et leurs épouses, de ne pouvoir avoir d’enfant est irréversible.

Monsieur le Président, les élections de votre pays approchent, et vous n’avez pas la certitude de votre réélection. Si au moins, avant cette échéance électorale, vous consentiez à faire libérer les Cinq, votre pays en sortirait grandi. Vous resteriez dans l’Histoire comme le Président qui a su amorcer de nouvelles relations entre Cuba et les Etats-Unis souhaitées par l’immense majorité des habitants des deux pays.

Espérant de votre part une telle action, recevez, Monsieur le président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie
xxxxxx (France)

Le premier octobre 2012

Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Kathryn Ruemmler, Janet Napolitano, à Messieurs. Harry Reid, Eric Holder, John F. Kerry, Pete Rouse, Donald, Rick Scott, et Charles Rivkin, ambassadeur des Etats-Unis en France.

URL de cet article 17863
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Les Cinq Cubains (éditions Pathfinder)
Une sélection d’articles de l’hebdomadaire The Militant depuis 13 ans sur le combat pour libérer Gerardo Hernández, Ramón Labañino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González. Les Cinq Cubains, connus sous ce nom à travers le monde, ont été condamnés par le gouvernement U.S. sur des chefs d’accusation de « complot » fabriqués de toutes pièces et ont reçu des sentences draconiennes. Ils sont emprisonnés depuis leur arrestation après les rafles du FBI en 1998. Leur « crime » ? Avoir surveillé les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Je n’en dors pas la nuit de voir comment, au cours des 11 dernières années, nous, journalistes, activistes, intellectuels, n’avons pas été capables d’arrêter ce monde à l’envers dans lequel de courageux dénonciateurs et éditeurs vont en prison tandis que des criminels de guerre et des tortionnaires dorment paisiblement dans leur lit."

Stefania Maurizi
28 octobre 2021, au cours du procès d’appel en extradition de Julian Assange

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.