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Le fondateur de la Sécurité sociale n’était pas dans le dico. C’est réparé

Fakir refait le dico  !

Il a fallu attendre plus de soixante ans, et Fakir, pour que le fondateur de la Sécurité sociale entre dans le dico…

C’était il y a un an  :

«  … et son nom ne figure même pas dans le dictionnaire  ! Johnny Hallyday, oui, Rika Zaraï, oui, mais Ambroise Croizat, non  !  »

C’est son biographe, Michel Etiévent, qui me racontait ça, plein d’indignation, lors d’un reportage à Notre-Dame de Briançon, la ville de naissance du «  ministre des travailleurs  ». Qu’Ambroise Croizat, fondateur de la Sécurité sociale en 1945, ne figure pas dans le dico  ? J’avais du mal à le croire.

De retour à Amiens, j’ai ouvert le Petit Robert des noms propres. Et en effet  : on trouvait bien «  Croiza, Claire, cantatrice française (1882-1946)  », puis «  Crolles (38190). Commune de l’Isère  », mais entre les deux, nul «  Croizat, Ambroise  ». Etonné par cette hiérarchie, j’ai appelé la rédaction du Petit Robert   :

«  Un dictionnaire ne peut pas être exhaustif, m’a averti une collaboratrice.

- Je suis bien d’accord. Mais là , c’est l’initiateur de la Sécu…

- Oui, et alors  ?

- Et vous avez la place pour une cantatrice et pas pour lui…

- Vous voulez en venir où  ?

- Eh bien, on se dit que c’est quand même orienté parce que…

- Il ne peut pas y avoir tous les grands hommes.  »

Sans doute, mais «  40 000  » notices, ça laisse quand même de la place.

J’ai poursuivi ma mini-enquête dans le Robert. Ni Marcel Paul (créateur d’EDF-GDF), ni Maurice Kriegel-Valrimont (mon héros perso), Pierre Villon, Jean de Voguë - qui dirigèrent le Comac, le Comité d’action militaire de la Résistance, l’état-major de l’insurrection, ni dans un autre registre Joe Hill. Aucun de ces noms, et plein d’autres, ne trouvait grâce aux yeux des encyclopédistes. Sur eux, pas une ligne. A la place d’un coup de fil, cette fois, on s’est fendus d’une lettre à Alain Rey, l’ancien chroniqueur de France Inter, rédacteur en chef des éditions Le Robert. En lui demandant que ces «  trous dans votre dictionnaire soient comblés  ».

Et il nous a répondu  :

«  [...] les lacunes que vous signalez correspondent justement à des domaines qui me touchent personnellement. Je signale donc aux responsables actuels de l’ouvrage l’absence regrettable de Croizat, Rol-Tanguy, Marcel Paul (au moins), sans prétendre couvrir l’ensemble de cette période. Mais comprenez que les problèmes de place, la pression de la mode, les contraintes financières sont une difficulté permanente pour ce genre d’ouvrages. En outre, la sociologie rend compte, en effet, de la prépondérance des valeurs bourgeoises dans la construction des mémoires culturelles collectives. Encore une révolution à faire  !  »

On a donc vérifié dans la nouvelle édition, sortie en juin.
La promesse est tenue  :

En voilà un qui a remporté des victoires. Pas sur toute la ligne, évidemment, jamais sur toute la ligne. Pas tout seul, on s’en doute, jamais tout seul  : ils étaient des millions à pousser derrière lui. Mais enfin, il a avancé de quelques pas.

Et voilà pourquoi il faut s’en souvenir.

Voilà pourquoi ils - les financiers, et leurs perroquets médiatiques, et leurs ventriloques politiques - voilà pourquoi ils veulent qu’on l’oublie, lui et tant d’autres  : parce que eux ont gagné, un moment. Qu’on garde en mémoire nos défaites, à la rigueur, de Fourmies à Charonne, mais pas nos conquêtes. Pour qu’à se lamenter sur nos martyrs, on termine convaincus qu’ «  à la fin on perd tout le temps  », et qu’on se vautre dans un «  à quoi bon  ?  » géant.

C’est raté.

Parce qu’à la fin, c’est nous qu’on va gagner  !

On continue  !

«  Il est où, Marcel Paul  ?  »

On a contacté, à nouveau, le Petit Robert. Parce que le nationalisateur du gaz et de l’électricité en France ne figurait pas dans le dico.

«  D’accord, a réagi Laurence Laporte, la directrice. Eh bien on va le rajouter pour l’année prochaine…  »

A suivre…

François Ruffin

In Fakir n°56.

www.fakirpresse.info/Journal d’enquête sociale -

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