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Le prix de la liberté - Pour la libération de Nabil Al-Raee et Zakaria Zubeidi

D’abord l’assassinat du fondateur du Freedom Theatre, Juliano Mer Khamis, il y a un an, puis l’arrestation, il y a quelques jours, de son directeur artistique Nabil Al-Raee...

Le Freedom Theatre (Théâtre de la Liberté) a été fondé en 2006 par Juliano Mer Khamis, à Jénine, en Cisjordanie, dans le prolongement du travail effectué par sa mère Arna Mer, qui a aidé, tout au long de sa vie, les jeunes à canaliser et évacuer peurs et traumatismes liés à l’occupation israélienne mais aussi aux restrictions imposées par la société palestinienne traditionnelle, à travers l’expressivité corporelle et l’art dramatique.
Ce théâtre offre la possibilité aux jeunes qui vivent dans des zones démunies comme le camp des réfugiés palestiniens de Jénine, d’exprimer leurs angoisses et leurs rêves de liberté à travers le corps et la voix et non la violence ou les armes, en utilisant ainsi le théâtre dans sa plus noble fonction, celle pédagogique et civile.

Juliano Mer Khamis a été froidement abattu, le 4 avril 2011, devant son théâtre. Ce crime n’a, à ce jour, toujours pas été élucidé. Depuis, la troupe n’a cessé d’être inquiétée. Une série de personnes liées au Freedom Theatre ont été arrêtées au cours de l’année écoulée. Parmi elles, un acteur principal âgé de 20 ans, membre du comité de direction du théâtre, et différents membres de l’équipe, comme Zakaria Zubeidi.

Le 6 juin 2012, à trois heures du matin, Nabil Al-Raee, directeur artistique et metteur en scène du Théâtre, a été arraché à sa famille et emmené sans explications par des soldats israéliens. Son épouse Micaela Miranda a appris le lendemain qu’il était retenu au centre de détention de Jalameh, au Nord de Jénine, sans chef d’accusation et sans possibilité de rencontrer un avocat.
L’armée israélienne a confirmé l’arrestation de Al-Raee, déclarant à l’agence France-Presse qu’il « avait été arrêté de nuit à Jénine parce que suspecté d’implication dans une activité illégale ». Aucun détail n’a été fourni.
Les autorités israéliennes ont d’abord affirmé que les arrestations étaient liées à l’enquête en cours sur l’assassinat de Juliano Mer-Khamis, mais, selon le directeur général du Théâtre, Jonathan Stanczak, puisque les employés du Théâtre ont toujours coopéré avec les enquêteurs sur la mort de Mer-Khamis, les arrestations peuvent être vues comme faisant partie d’une campagne d’intimidation censée décourager les gens de se joindre à eux.

« Nous avons été très clairs sur le fait que nous voulons participer et contribuer à toute investigation concernant le meurtre de Juliano, mais nous nous opposons fermement aux moyens et méthodes qu’ils utilisent pour mener ces interrogatoires » déclare Stanczak (...) « Chacun s’est exécuté et a respecté les convocations pour contribuer à toute information possible y compris Nabil et Micaela. Pourquoi, puisque ces gens sont venus il y a juste trois semaines et ont répondu à toutes les questions possibles, viennent-ils maintenant à la maison de Nabil, devant sa famille, pour l’emmener de chez lui ? » demande Stanczak. ( cf : http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=12298, article de Jillian Kestler-D’Amours)

J’ai connu Nabil en juillet 2011, à l’occasion des 23e Rencontres du Jeune Théâtre Européen de Grenoble, organisées par le Créarc où il était venu présenter son spectacle. Je revois encore les regards des jeunes de sa troupe, profondément perturbés par la mort de leur directeur Juliano Mer-Khamis, des regards à la fois terriblement durs et doux, joyeux et épeurés, mais si désireux de partager et de témoigner. Leur spectacle très physique, « Sho Kman » (http://www.youtube.com/watch?v=htb8vX1p6l8), qui dénonçait la violence et la répression sous toutes ses formes, a été un véritable choc émotionnel pour l’extrême générosité et vitalité désespérée qui émanaient de chaque action sur scène.

Ces jeunes se retrouvent aujourd’hui sans directeur artistique, mais continuent à travailler sans relâche pour rester fidèles aux valeurs qui leur ont été inculquées par Juliano puis Nabil.

Deux pétitions et une page de soutien ont été mises en ligne pour que Nabil Al-Raee et Zacaria Zubeidi soient libérés, pour qu’ils aient la possibilité de parler à leur avocat, d’entrer en contact avec leurs proches, pour que leur famille et amis sachent qu’ils ne sont pas seuls mais soutenus par de nombreuses personnes (jeunes, artistes, enseignants, parlementaires...) qui se mobilisent un peu partout dans le monde pour leur cause, et surtout pour que la liberté d’expression et les droits de l’homme soient respectés.

Merci de votre aide et de diffuser au plus grand nombre les pétitions.

Lisa El Ghaoui

Maître de conférence et enseignante de théâtre à l'Université Stendhal de Grenoble - Membre du Créarc

Voici les liens.

La page Facebook de soutien :
https://www.facebook.com/FreedomForNabilAndZakaria

Les deux pétitions en ligne :

http://www.avaaz.org/po/petition/Libertacao_imediata_de_Nabil_AlRaee_director_artistico_e_professor_do_The_Freedom_Theatre_de_Jenin_na_Palestina/?fxXdidb&pv=1

http://www.firmiamo.it/liberiamo-nabil-e-zakaria-freedom-for-nabil-and-zakaria#signatures

( une italienne et une portugaise, mais très simples à remplir)

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Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

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