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Pourquoi j’ai vendu mon vote

Comme beaucoup de lecteurs du Grand Soir, j’ai soutenu le Front de gauche dans sa démarche. J’ai milité avec ferveur, et espéré le meilleur. Le résultat n’est pas mauvais, mais au final nous nous trouvons toujours face au même mur : les deux grands partis gouvernementaux alimentés tous deux par le "vote utile" d’un camp contre l’autre ; et au-dessus l’épée de Damoclès, la menace fasciste. Cela faisait longtemps que je réfléchissais à toutes les éventualités du second tour, et j’avais convenu qu’en cas de duel Hollande-Sarkozy, je n’irais pas mettre le doigt dans l’engrenage.

La vieille rengaine du "désistement républicain" n’avait plus aucune valeur depuis que le Parti socialiste avait trahi "la gauche". On est nombreux à en convenir, c’est même l’avis des sociologues Pinçon et Pinçon-charlot. A vrai dire, je n’ai jamais cru qu’une telle entité comme "la gauche" existât. On est à gauche ou à droite par rapport à autre chose, mais cette gauche qui défendait la classe laborieuse, le PS l’a abandonnée depuis longtemps. Comment prétendre le contraire, alors qu’il défend un programme qui n’a pour objectif que de satisfaire les marchés financiers ? Adieu retraites à 60 ans, pour lesquelles nous avions tant donné ! Adieu les bons salaires, les CDI, il faut se serrer la ceinture au nom de l’"austérité juste". L’avenir que nous promet le Parti socialiste est sombre, il enterrine ce renoncement qui nous tue à petit feu depuis trente ans, et il y a peu encore on nous portait le coup de grâce en votant le "mécanisme européen de stabilité".

Alors, me dira-t-on, ça reste le "moins pire". C’est vrai, les dernières manoeuvres de Sarkozy l’attestent une fois de plus. Reste que voter Hollande, c’est voter pour l’austérité. Pire, la victoire du PS rentre dans le calcul stratégique de Marine Le Pen, qui compte bien restructurer la droite sur les ruines du sarkozysme. Qui peut affirmer que voter Hollande aujourd’hui, ce n’est pas indirectement contribuer à la montée du fascisme en France ? Personne. Il n’y a donc pas de vrai choix, pas d’alternative possible. Avec ses 11%, le Front de gauche est bien loin du nouveau Front populaire, et les chances de pouvoir maîtriser Hollande sont quasi-inexistantes. Regardez la Grèce : le socialiste Papandréou a préféré détruire son propre parti plutôt que de céder aux puissantes mobilisations. Alors que l’on ne vienne pas me dire que voter Hollande est un impératif. Comme le disait si justement Mélenchon, quand on fait le mouton, il faut se préparer à se faire tondre. Tant qu’à crever, je m’étais donc convaincu qu’il fallait le faire avec panache, en leur crachant au visage.

Mais ce serait peut-être contribuer à la victoire de Sarkozy. Imaginez le scénario ! Cette seule idée, aussi improbable semble t-elle, est terrible. Sans victoire de Sarkozy, impossible de montrer la réalité du vote Hollande, et l’on me reprocherait toujours d’avoir fait perdre "la gauche". Ah, qu’il faudrait du courage pour s’abstenir !

Mais une idée m’est venue : pourquoi ne pas vendre mon vote ? En y réfléchissant, cette solution a pour elles toutes les vertus. C’est un pied de nez à cette société du tout-marchand qu’ils nous préparent. C’est le vote vraiment utile ! C’est le vrai choix ! En vendant mon vote, je peux m’offrir ce qui me plaît, et ce sera toujours ça de gagné que jamais ne m’offrira un plan d’austérité.

J’ai donc vendu mon vote. Oh bien entendu, je n’ai pas fait ça sur Ebay. Je l’ai vendu à ma soeur, une socialiste, avec pour récompense symbolique le livre "La France rouge" (33 euros). Ainsi, peu importe ce qu’il adviendra, je n’aurai rien à regretter. Je n’assumerai ni la victoire ni la défaite.

Alors, pour tous les déçus du PS, les désillusionnés et ceux qui auraient aimé une politique plus indépendante à gauche, proclamons ce mot d’ordre : "Ni Sarkozy, ni Hollande, ni blanc, ni nul : vendons nos votes !"

Demain, je pars faire ma procuration.

Paul Camélinat

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