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Le Monde Diplomatique, avril 2012

Pour Serge Halimi, il va falloir choisir entre « L’audace ou l’enlisement » : « L’assassinat de sept personnes par un djihadiste a temporairement détourné la campagne présidentielle française des enjeux économiques qui sont au coeur de l’élection. Quelques semaines après le scrutin du 6 mai, le nouveau président participera pourtant à un sommet du G20. Et, d’emblée, il devra accepter, renégocier ou refuser un traité européen inspiré par la droite allemande qui aggraverait les politiques d’austérité. De ce choix dépendra l’orientation économique et sociale de la France, mais aussi celle de la construction européenne. »

Alain Gresh nous parle de l’onde de choc syrienne : « Malgré une répression d’une terrible brutalité, les manifestants syriens continuent de défier le régime. Leurs revendications rejoignent celles exprimées à Bahreïn ou en Jordanie ; mais les divisions de l’opposition et les ingérences étrangères risquent de déboucher sur des conflits confessionnels qui menaceraient toute la région. »

Jean Radvanyi ne perçoit que de la « Continuité de façade en Russie » : « Si M. Vladimir Poutine a été réélu président de la Russie, le 4 mars dernier, avec 63,6 % des voix, la situation politique diffère sensiblement de celle qu’il pouvait espérer lors de l’annonce de sa candidature, en septembre 2011. Sa légitimité est fragilisée et, jusque dans son propre camp, beaucoup doutent qu’il puisse apporter des solutions aux problèmes qu’affronte son pays. »

Jean-Pierre Filiu expà lique pourquoi « Tout commence, tout finit à Gaza » : « L’escalade de la violence à Gaza en mars a confirmé le caractère instable du statu quo et l’impasse de la stratégie israélienne. La bande de Gaza, en tant qu’entité autonome, a été façonnée par la guerre de 1948-1949. Durant le conflit, de nombreux expulsés palestiniens y ont afflué. Le premier ministre israélien David Ben Gourion, toujours visionnaire, a d’emblée compris le risque d’une telle concentration de réfugiés au nord-ouest du Néguev. Car l’obstacle naturel du désert du Sinaï a empêché que se produise à Gaza un phénomène de dispersion, comme cela a été le cas dans les pays voisins, avec l’apparition de camps de réfugiés autour d’Amman, Beyrouth et Damas. »

Pierre Rimbert rappelle que « L’histoire ne repasse pas les plats » : « Alors que les oracles de l’informatique et les maîtres du capitalisme vert revendiquent le monopole des lendemains qui chantent, la gauche déserte les grands projets d’avenir. A défaut d’espérer changer le monde, elle raccroche ses espoirs à ses souvenirs, en particulier ceux des années d’après-guerre. Mais peut-on concilier progressisme et nostalgie ? « Vivement hier ! » : quoique aucun parti politique français n’ait encore adopté ce mot d’ordre, beaucoup portent sur la société d’après-guerre un regard plein de rêve et d’envie. « Si nous tirions toutes les leçons de la crise, le monde de demain pourrait davantage ressembler à celui des " trente glorieuses " qu’à celui des trente dernières années », a affirmé M. Henri Guaino, conseiller de M. Nicolas Sarkozy (Marianne, 2 juillet 2011). L’organisation sociale issue de la Libération inspire les réflexions non seulement du Front de gauche, du Parti socialiste, du Mouvement démocrate (MoDem), mais aussi - de manière plus opportuniste - de la candidate du Front national.

Olivier Cyran (décidément un sacré reporter !) décrit, dans le Mississippi, « les fractures de l’Amérique profonde » : « Proche du courant chrétien fondamentaliste, M. Richard (« Rick ») Santorum a triomphé, le 13 mars, lors de la primaire républicaine du Mississippi. Il ne remportera sans doute pas l’investiture de son parti, mais cette victoire, acquise dans l’Etat le plus déshérité du pays, confirme le paradoxe électoral américain : c’est dans les régions pauvres que les conservateurs réalisent leurs meilleurs scores. »

Maurice Lemoine évoque l’effronterie argentine et la frilosité grecque face aux créanciers : « La crise grecque n’est pas inédite. D’autres pays accablés par le fardeau de la dette ont parfois choisi de ne plus payer, comme l’Argentine des décennies 1990-2000. Cet exemple emblématique illustre aussi bien les logiques qui conduisent à la catastrophe que les mécanismes qui pourraient permettre à Athènes de desserrer l’étau. »

Irena Wiszniewska dépeint « Odessa ou les charmes du superflu » : « Sergueï Eisenstein, dans son film « Le Cuirassé Potemkine », y a tourné la célèbre scène du massacre de civils par les soldats tsaristes sur un escalier monumental. On connaît moins, à l’Ouest, la fantaisie et le charme particuliers d’Odessa, grand port de la mer Noire, plaque tournante commerciale et pétrolière de l’Ukraine. Irena Wiszniewska, raconteuse d’histoires, inventrice d’un stratagème idéal pour sonder l’âme des individus et des peuples, y a succombé. »

Xavier Monthéard décrit la conditions des étudiants au Vietnam : « Comme l’ensemble de ses voisins, le Vietnam a connu un ralentissement de sa croissance en 2011. Il est en outre aux prises avec une inflation à 20 %, et la chute du pouvoir d’achat a provoqué un millier de grèves, notamment de travailleurs non qualifiés. Plus que jamais, l’espoir d’ascension sociale passe par une meilleure instruction, voire par l’accès à l’enseignement supérieur. »

Julien Brygo (autre sacré reporter !) s’est installé en Picardie pour prendre le pouls de la France profonde avant la présidentielle : « Carnets de campagne. Après Anizy-le-Château, chef-lieu de canton, sur la nationale 2, c’est à gauche. Sec. Monument aux morts. Champs de pommes de terre, de blé, de betteraves. On y est. Enfilade de pavillons proprets, entrecoupée de grandes maisons en pierre. Merlieux-et-Fouquerolles (« Merles et fougères »), dans l’Aisne, ressemble à des milliers de villages en France. Pas de bar, pas de bureau de poste, pas de lieu de socialisation. Reste une école, menacée, comme les autres écoles rurales, de fermeture. Chaque foyer dispose au moins d’une voiture. Le premier bistrot se trouve à cinq kilomètres. »

Tout autre chose. Philippe Leymarie nous parle de la poudrière malienne : « Le coup d’État militaire qui, le 22 mars, a renversé le régime « modèle » du président malien Amadou Toumani Touré a ajouté à la confusion régionale. Secouée par les nouvelles rébellions de mouvements touaregs, la bande saharo- sahélienne pâtit également de l’impunité des groupes armés se réclamant d’Al-Qaida au Maghreb islamique. »

Selon Éric Dupin, les doctrines du FN sont « acrobatiques » : « Revendiqués par un jeune homme se réclamant d’Al-Qaida, les meurtres de Toulouse et Montauban, à la mi-mars, ont provoqué un recentrage du Front national sur ses sujets de prédilection : les problèmes que représentent à ses yeux l’immigration ou l’islam. Auparavant, la candidate d’extrême droite à l’élection présidentielle, Mme Marine Le Pen, avait fait campagne sur une thématique sociale pour le moins nouvelle dans son parti. »

Alain Vicky rend compte du chaos au Nigeria en s’intéressant au groupe religieux Boko Haram : « Souvent qualifié de « democrazy » (démocratie folle) en raison de l’agitation sociale et culturelle qui le caractérise. le Nigeria s’est fabriqué un monstre : Boko Haram. A ses débuts, il y a douze ans, celui-ci n’était encore qu’un mouvement religieux contestataire qui tentait de combler le vide créé par l’incurie des partis progressistes. Mais les docteurs Frankenstein du gouvernement ont fini par transformer cette secte en un enjeu géopolitique, principe actif d’un cycle attaques-représailles aussi spectaculaire que meurtrier. »

Pour Marc Endeweld, la télévision publique est tojuors la mal-aimée du pouvoir : « Souvent évoquée lors des campagnes présidentielles françaises, la question de l’audiovisuel public est cette fois passée au second plan. Le groupe France Télévisions reste sous la coupe de hauts fonctionnaires peu soucieux de son développement, alors que la révolution numérique oblige à tout repenser. »

Pour Christophe Hélou, dans la France de Sarkozy, les enseignants sont notés triple A : « Plus de quatre-vingt mille postes ont été supprimés dans l’éducation nationale au cours des cinq dernières années. Le chef de l’État entend poursuivre son travail et imposer une rupture dans l’évaluation des enseignants du secondaire (un projet dénoncé par la plupart de ses rivaux pour la présidentielle de 2012). L’objectif : soumettre les professeurs aux chefs d’établissement, leurs « employeurs ». »

Cédric Gouverneur nous invite à ne pas nous illusionner devant le microcrédit : « En leur procurant une somme modique afin qu’ils puissent développer une activité rémunératrice, le microcrédit devait émanciper les plus pauvres. Mais, en Inde, une autre logique s’est imposée : des sociétés prêteuses bâtissent des fortunes en vampirisant les plus vulnérables. »

Pour Max Dora, la psychanalyse, c’est très politique : « La psychanalyse se consacre à la libération psychique individuelle ; mais la découverte des craintes, des désirs, des fantasmes n’est pas sans influence sur la perception des valeurs communément admises et du bien-fondé des hiérarchies dominantes. Elle contribue ainsi à un affranchissement des modèles politiques considérés comme la seule réalité possible. »

Owen Jones (rien à voir avec l’ancien patron de L’Oréal qui perçoit une retraite de 3,4 millions d’euros par an) décrit « Le petit monde du libéralisme portugais » : « L’avantage de Lisbonne sur Athènes ? Son « consensus politique et social », assurait récemment le directeur du bureau portugais du Fonds monétaire international (FMI). Cette « harmonie » décrit toutefois moins un assentiment populaire aux mesures d’austérité que l’endogamie des élites locales, (presque) toutes formées au sein d’une même université. »

Cela avait échappé à beaucoup de provinciaux, cette histoire de Mur de la discorde (Évelyne Pieiller) : « Parvenir à se tenir plus de dix ans en dehors, à côté, dans la marge de la loi, contre, tout contre, ce n’est assurément pas à la portée de n’importe qui. Il y faut de la persévérance. Et même, comme c’est le cas dans l’affaire du Mur pour la paix, une virtuosité qui appelle une songeuse admiration. D’autant qu’il ne s’agit pas là d’un de ces cas discrets, qui ne mettent en jeu que des anonymes. Dans le cadre des rafraîchissantes festivités programmées pour le nouveau millénaire, est inaugurée à Paris, le 30 mars 2000, en présence de M. Jacques Chirac, président de la République, une oeuvre signée Clara Halter, artiste, et Jean-Michel Wilmotte, architecte. Propriété d’une association présidée par Pierre Bergé, soutenu par le mécénat d’Arcelor, Pinault Bois, Lanvin, etc., le Mur pour la paix, avec ses seize mètres de long, près de quatorze de large et neuf de haut, librement inspiré du mur des Lamentations, offre aux regards, scandés par trente-deux colonnes en Inox, ses panneaux de verre où se décline en quarante-neuf langues et dix-huit alphabets le mot « paix ». Trente moniteurs connectés à Internet permettent au monde entier d’adresser ses pensées sur le sujet. Le message est massif : cinquante-deux tonnes. Et il est magnifiquement visible, puisque érigé sur la perspective du Champ-de-Mars, entre l’Ecole militaire et la tour Eiffel. Il doit rester là trois ou quatre mois (les informations sont floues), à titre d’installation éphémère. »

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