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Le mensonge est une éducation coloniale

Le canon de Brest est algérien, il a été volé d’Alger en 1830. Le coq hardi, emblème des Français, se tient majestueusement sur ce canon. Sa posture sur une seule patte témoigne les mensonges coloniaux et défigure l’histoire française. Sa posture me rappelle les paroles de Jean-Jacques Rousseau « Le chef-d’oeuvre d’une bonne éducation est de faire un homme raisonnable. ». Je me demande si le nommé Roger Soncarrieu est un homme réellement raisonnable ?

L’Histoire est un sujet sérieux même si elle n’est pas considérée comme une science exacte. Elle n’est surtout pas une accumulation de mensonges comme le pense un ex-soldat français en Algérie, nommé Roger Soncarrieu dans son livre intitulé « Ma vérité sur la guerre d’Algérie ».

Après lecture de ses idées faufilées dans sa préface, une phrase un peu suspecte a attiré mon attention. Il dit « Je me suis tu pendant des années sur ce que j’ai vécu. Mais devant l’accumulation des mensonges, j’ai décidé de rétablir la vérité ». Je pense que monsieur Roger voulait nous raconter avec grand enthousiasme ses mensonges entassés sur la guerre d’Algérie. En réalité, le colonialisme français et sa culture de dominance sont planifiés et conspirés pour qu’ils se reproduisent et se propagent de nouveau en Afrique.

En lisant ses pensées je me suis rappelé de ce que ma mère me disait lorsque je revenais de l’école française « le mensonge fait partie de l’éducation coloniale ». Elle me répétait cette phrase chaque fois qu’elle m’entendait chanter « Le bon vieux roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers ». Un jour je lui ai demandée une explication. Elle me répond « on ne portait pas de culottes au VII° siècle, ces dernières étant apparues vers le XVI° siècle, soit près de 1000 ans après le règne de Dagobert ». Pour me convaincre, elle souriait et me renvoyait aux paroles de Napoléon I° : L’Histoire est un mensonge que personne ne conteste.

Je vais faire comme ma mère, je renvoie ce vieux soldat aux paroles de Montaigne « Je n’ai point cette erreur commune, de juger d’un autre selon que je suis. J’en crois aisément des choses diverses à moi. Pour me sentir engagé à une forme, je n’y oblige pas le monde, comme chacun fait, et croit, et conçoit mille contraires façons de vie : et au rebours du commun, reçoit plus facilement la différence, que la ressemblance en nous. ». Certes monsieur Roger, vous n’étiez pas colon mais votre mission en Algérie était de protéger les colons. Vos rêveries de soldat courageux en Algérie sont cauchemardes et votre langage, un peu raciste, est un sac vide. Il ne peut pas tenir debout dans l’histoire algérienne. Monsieur Soncarrieu, les algériens de votre âge ont lu, à l’école française, les écrits de Cyrano de Bergerac « Chacun de nous a sa blessure : j’ai la mienne -Toujours vive, elle est là , cette blessure ancienne-Elle est là , sous la lettre au papier jaunissant- Où on peut voir encore des larmes et du sang ! ». Monsieur Roger, il n’est jamais trop tard de lire pour une fois dans votre vie la lettre de Frantz Fanon adressée au Gouverneur Général de L’Algérie. Elle pourrait être adressée à un soldat comme vous. Lisez la avec prudence « Monsieur le Ministre, les événements actuels qui ensanglantent l’Algérie ne constituent pas aux yeux de l’observateur un scandale. Ce n’est ni un accident, ni une panne du mécanisme. Les événements d’Algérie sont la conséquence logique d’une tentative avortée de décérébraliser un peuple.… Pour toutes ces raisons, j’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous demander de bien vouloir accepter ma démission et de mettre fin à ma mission en Algérie, avec l’assurance de ma considération distinguée. » Vos chefs militaires ont décérébralisé nos parents mais je vous informe que leurs enfants ne sont pas des rancuneux, ils ont tourné la page de papier jaunissant sans la découper. Si votre complaisance veut corriger l’Histoire, il est grand temps pour vous, vieux combattant, de lire et corriger votre propre histoire racontée par un narrateur nommé Sarkozy. Ecoutez le « La France n’a jamais cédé à la tentation totalitaire. Elle n’a jamais exterminé un peuple. Elle n’a pas inventé la solution finale, elle n’a pas commis de crime contre l’humanité, ni de génocide. »

Puisque l’Histoire n’est ni un écrit sacré ni une science exacte, elle peut être modifiée selon l’humeur ou la colère politique d’un leader balancé par les ambitions circonstancielles du temps. Je vous renvoie aux paroles de votre président. C’était un 1er avril mais les français ont cru à ce mensonge. Avez-vous écouté Sarkozy bavarder, le 1er avril 2007, en campagne présidentielle ? Il citait le général de Gaulle en disant « Le général de Gaulle définissait la France comme un pays européen, essentiellement de race blanche, de culture gréco-romaine, et de religion judéo-chrétienne ». Cette citation ne reflétait pas la situation de Sarkozy en 2007 car la France n’était pas en période de guerre et Sarkozy n’a jamais était un général des grandes guerres. Quand De Gaulle était général, Sarkozy était un bébé trop fragile né en 1955. Même s’il était général, comme il le rêve maintenant, il ne pourrait jamais libérer la France des nazis sans l’aide des bougnoules Magrébins. Dans la tête de Sarkozy le préfixe « judéo » est le raccourci qui mènera la France Chrétienne de De Gaulle à embrasser la tradition, la culture religieuse et le mode de vie des Juifs. Sarkozy a utilisé en scellement l’adverbe de manière « essentiellement », cet adverbe l’enfonce dans ses racines. Chaque mois de mars les non « maussades » font la différence entre les deux présidents français.

De Gaulle annonçait le 19 mars 1962 le cessez-le-feu qui mettait fin à huit ans de guerre en Algérie. Nicolas Sarkozy annonçait le 19 mars 2011 le début de son intervention militaire en Lybie. Une intervention militaire qui nous rappelle le langage barbare dans la jungle Africaine.

De Gaule définissait la France comme suit « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoires ». Le Général De Gaulle n’a pas utilisé le mot « essentiellement » dans son discours et il n’a jamais défini la religion de la France comme une religion judéo-chrétienne. D’après les paroles De Gaule, Sarkozy, est comme vous. Il se raconte des histoires.

Monsieur Roger, je pense que vous avez bien compris le message après avoir écouté votre président.

Le message sous-entend « pourquoi pas une religion islamo-judéo-chrétienne quand le fils du dit bougnoule arrivera à l’Élisée dans la même diligence qui a ramené ce petit Austro-hongrois à ce lieu ».

Pour vous rendre à vôtre vérité sur les guerres je vous répète les paroles d’un certain français ayant pour pseudonyme Vercingétorix. Cette personne croie que les tribus gauloises unies défient l’Univers « Il me plait à rappeler que tous nos Présidents de la Vème avaient des racines rurales bien françaises - peu importe mais tout de même, sociologiquement il me paraît important de le relever : De Gaulle était Chti, Pompidou et Giscard Auvergnat, Mitterrand Bourguignon et Chirac Corrézien. Alors gageons que les racines nettement plus rigides et moins hédonistes de notre petit Austro-hongrois ne pèsent pas lourd… »

En outre, la lecture de vos lettres ouvertes publiées sur le NET avec la collaboration de Zohra Benguerrah « Visite en France de Mme Zohra Drif -Bitat » adressées à Madame Agnès Rampal et à Monsieur le Président du Sénat montre votre racisme aigu. Elle vous met au même rang que les français racistes qui pensent que la tête du bougnoule est faite pour porter les caisses et la tête française est faite pour penser.

Qui sont ces deux Zohra dont monsieur Roger parle ? Débat et réflexion sur le rôle des deux Zohra dans le présent immédiat méritent une place dans nos medias.

Mme Zohra Benguerrah est présidente de la Coordination Nationale du Mouvement de la Résistance Harkie en France. Zohra est une enfant de rapatrié Harki français d’Algérie originaire du sud de la France, près de Montpellier. Zohra Benguerrah est née 1957 sur un territoire qui était avant 1962 « Français ». Son père était engagé aux côtés de la France pendant la guerre d’Algérie, parce qu’il avait préféré de rester français et qu’il aimait profondément la France. Zohra ne cache pas ses convictions, elle dit tout haut « La plus part des Harkis ne prient pas et refusent d’être musulmans, ils sont français sans religion, un point c’est tout. ». Zohra est partie d’Algérie à l’âge de cinq ans. A cet âge nous sommes tous innocents. En France elle s’est sentie marginalisée. Au fil des années, la marginalisation, le cumule de la haine dans un milieu raciste et la fréquentation des personnes extrémistes, comme Roger, la rendent très agressive. Quand Zohra parle de l’Algérie, elle parle avec rancune, haine et vengeance. Lisez ses pensées « La France n’a pas à demander pardon à l’Algérie sous quelque forme que ce soit. Là -dessus nous sommes d’accord. Le président Algérien « Bouteflika », celui-ci a déclaré que les Harkis étaient des collabos, de surcroît, il voulait entendre dire des français « un pardon solennel » pour enfoncer le clou et falsifier l’histoire de France, le Général de Gaulle a lâché l’Algérie entre les mains du FLN, c’était un arrangement avec des voyous de l’époque qui se conduisaient comme des barbares. ». Je m’arrête là car je ne veux pas donner des détails sur cette Zohra pour ne pas remuer les cendres des années de braises. Zohra Drif est l’épouse de M. Bitat. Cet homme historique et sage ne parlait pas beaucoup, le silence était son royaume. Son silence cachait sa bravoure et enterrait les bavures de notre histoire politique.

Une anecdote circulait dans les milieux estudiantins qui causaient politique au cercle Taleb Abderrahmane dans le temps « Monsieur Bitat parlait plus politique avec sa femme qu’avec les députés ». Un jour sa femme le surprit par une question et perturba un peu son royaume « Demain c’est la journée des élections. Des députés seront élus et d’autres réélus. Que penses-tu des résultats ? » Avec sa sagesse politique il répond « Bitat oui ou Bitat non. Bitat restera toujours le Rabeh ». Rabeh en arabe signifie le gagnant et Rabeh était aussi son prénom. Zohra Drif ne savait pas de quel Rabeh parlait notre président. Certains disent : Derrière toute femme puissante se cache un homme distrait. A la même manière je dirai derrière Zohra la téméraire se cachait un homme historique discret.

Les grandes femmes respectent leur limite et savent quand la parole est nécessaire. Onze ans après la mort du silencieux, en février dernier, elle déclare au quotidien d’Oran « Je ne juge pas, je m’interroge simplement : Comment peut-on réussir avec les mêmes acteurs ayant eu à prendre en charge l’exécution des précédents programmes ? Allons-nous continuer avec les mêmes acteurs ? ». Cette déclaration est-elle à la hauteur de son héroïsme de poseuse de bombe pendant la révolution ? Je pense que madame Zohra voulait dire : Puisque nous sommes en démocratie, un sénateur en fin de carrière ne s’interroge pas, il doit juger les gens avec précision. Lisons ses déclarations à Monsieur Ben Saleh publiées par le quotidien El Khabar « L’Algérie de 2011 n’est pas l’Algérie de 1962 ni l’Algérie de 1995. Il convient, donc, de faire preuve de sagesse pour trouver une solution à ces problèmes, et que nous sachions que nous sommes face à une nouvelle génération…… Je dis qu’il faut une alternance au pouvoir, je suis contre un mandat présidentiel à vie, et je pense qu’il est très important que nous apportions à notre pays notre expérience et notre sagesse, mais il est, également, important que nous préparions la relève.

C’est cela le jeu de la démocratie. Le document que j’ai distribué à l’issue de mon invitation à la consultation, reflète ma conviction de ce qui convient à mon pays et l’espoir que mon pays ait une place parmi les grandes nations de ce monde. » Peut-être Zohra voulait se référer à Michaël Kami le stratège américain mais sa fierté algérienne l’oblige d’éviter la façon américaine « Une vision sans action n’est qu’une hallucination. Ce ne sont pas les sociétés qui font des erreurs, ce sont leurs dirigeants ». L’histoire se répète.

La poseuse de bombes a bien ciblé cette fois-ci. Ce n’est plus une bombe au milkbar de la rue Ben M’Hidi (ex rue d’Isly à Alger) mais une bombe sous le comptoir de si Ben Saleh. Cette grande femme fait exception à la règle qui dit « Le courage est inversement proportionnelle à l’âge des gens. ». Pour mesurer son courage lisez ses paroles. En juillet 2007, devant les membres du Sénat, elle avait violemment critiqué l’ex-chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem au lendemain de la présentation de son bilan politique.

« M. le Chef du gouvernement, je suis navrée de vous dire que, hélas, le citoyen ne croit pas en vous, en vos institutions, en votre politique… En plus des difficultés de la vie quotidienne, les citoyens ressentent des signes de frustration, d’extrémisme et de dérive. Ils font face à la violence, au gaspillage flagrant des deniers publics, à l’absence de gestion, au vol et à la corruption, à l’immigration illégale (harraga), à la fraude aux examens, notamment au baccalauréat. Voilà la réalité aujourd’hui, M. le Chef du gouvernement. ». L’intervention courageuse de Zohra expose la démocratie en Algérie.

Cette héroïne algérienne a défié l’Alzheimer, maladie de l’oubli, qui touche aujourd’hui environ un million de personnes en France quand elle a répondu aux journalistes français en Juillet dernier : On nous répète qu’il faut oublier le passé mais il est difficile quelquefois de se taire quand la colère nous étouffe.

Après la visite de Zohra Drif en France, la Zohra de Sarkozy écrit : La Coordination Nationale du Mouvement de la Résistance Harkis avec les pieds-Noirs qui la rejoindront, mèneront ensemble une action sur le terrain pendant 34 jours à travers tous les départements pour démontrer que le Président de la République avec son Gouvernement sont des voyous de la République et des délinquants constitutionnels. Elle continue « Nous considérons que nous ne sommes plus chez nous, on préfère dérouler le tapis rouge à des criminels de la guerre d’Algérie, ceux qui salissent la France, ceux qui l’insultent au lieu de servir les honnêtes citoyens et aider nos compatriotes dans la détresse » En conclusion : La bataille de convictions entre les deux Zohra est un résultat de notre histoire mais la vérité de Roger n’est qu’un mensonge de son éducation coloniale.

* Omar Chaalal Pr. Associé Génies des Procédés
Le Quotidien Oran

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