Cette fois les effets seront décuplés car chaque banque détentrice de dollars dépréciés veut s’en débarrasser au plus pressé avant la grande dévaluation de la devise états-unienne que nous avions anticipée en décembre dernier - (2).
« D’après un rapport, la cause sous-jacente de l’effondrement du CHIPS est due à une demande « sans précédent » dans le cadre du soulagement en liquidité immédiate demandée par les principales banques de l’Union Européenne et des États-Unis, écrasées par la dette combinée des USA et des pays européens, dont le total avoisine les 39 000 milliards de dollars. » (3).
La crise syro-iranienne manigancée à l’ONU et les bouffonneries de Benjamin Netanyahu, pugilat en rut radotant ses mantras et exhibant son air pédant contre le Président Ahmadinejad, lequel repose indolent sur un monceau de Rials d’Iran, surprend. Ne soyez plus effrayées, bonnes gens, l’agression contre l’Iran sera retardée, pas celle contre la Syrie cependant.
La dévaluation de la devise américaine est inévitable et déjà programmée et les éclats de l’agression américano-israélienne contre la Syrie et l’Iran pourraient n’être que le « cover-up » distrayant l’attention pendant que la véritable arnaque bancaire a lieu derrière à la « Clearing House Interbank of Paiement System (CHIPS) » par ceux qui savent et s’affairent à leurs affaires consistant à nous spolier de nos « affaires » c’est-à -dire arracher aux gens ordinaires le peu de richesse qui leur reste.
Pendant que les passagers dorment dans les soutes du rafiot CAPITALISTE, la capitainerie de cette gabegie des banquiers, financiers, spéculateurs et boursicoteurs s’affaire dans le silence de la nuit à plier subrepticement bagage et à s’enfuir dans les canots de sauvetage éventés abandonnant le paquebot au repos.
La deuxième nouvelle économique renforce la première. En voici l’exposé : « Les banques à charte canadiennes annoncent qu’elles vont refiler à leurs clients le DOUBLE de l’augmentation du taux d’intérêt que leur impose la Banque du Canada qui souhaite juguler l’inflation (sic). En langage clair, voici ce que la Banque du Canada, les banques et le gouvernement viennent de faire : virer sur le compte des possédants environ 1% par année d’une dette publique et privée d’environ 1,2 TRILLION, soit 12 milliards, dont une partie significative restera aux mains des banques à charte. » (4).
Les riches pigent dans vos goussets presque vides afin de se dédommager d’avoir trop prêté aux consommateurs que vous êtes accessoirement. Accessoirement en effet car le but et la finalité de la production des biens et des services en régime capitaliste n’est pas de produire pour satisfaire les besoins de la population. Le but du système est de produire des biens pour soutirer la plus-value du travail (unique source de profit et de capital) - et la concentration de ce capital dans les mains des monopoles est le moteur du système social, ce que les apologistes de ce régime économique anarchique appellent le MOTEUR qu’est l’initiative privée, c’est-à -dire que l’avidité personnelle MOTIVE les capitalistes voraces qui assureraient ainsi l’emploi et la prospérité de tous (sic) !
Ronald Reagan, ancien Président et ex-figurant de série B américaine - croyait fermement à ces billevesées ; c’est ainsi que ses conseillers ont créé dans les années 80 les conditions idéales pour la concentration maximale du capital entre les mains de ceux qui aujourd’hui tentent d’échapper au naufrage, entassés et terrifiés dans leurs barques défoncées que nous allons bientôt détacher du navire amiral pour les abandonner à leur sort sur les flots de la crise déchainée. Que personne ne pleure et prière de ne pas envoyer de fleurs, leur mort sera méritée.
LE MYSTàˆRE
Venons-en maintenant à ce mystère qui nous interpelle. Un reporter se demande comment expliquer la "passivité’ des classes exploitées devant ce bourbier et cette série d’arnaques éhontées ? La petite bourgeoisie, classe hésitante, instable et peu fiable, semble résignée, se serre la ceinture et tente, atterrée, de traverser ce tsunami boursier, espérant le retour des beaux jours et de son opulence évanescente. La classe ouvrière maugrée, manifeste puis rentre dans ses quartiers, découragée : « Ce qui est choquant, ce n’est pas tant que les possédants soient à quatre pattes sous la table pour ramasser les miettes avant que Lazare ne s’en nourrisse, c’est qu’ils se donnent si peu de mal pour dissimuler l’opération. Il semble que nous ayons atteint le point où le système n’a plus ni la peur ni le respect d’une population que son apathie condamne à une descente progressive aux enfers. » (5).
Comme l’écrit cet analyste, les peuples sont aux portes de l’enfer capitaliste. Toutefois, il est erroné de penser que les gouvernants comme Obama, Sarkozy, Cameron, Merkel ou Harper s’évertuent vicieusement à hausser le taux chômage et à multiplier les emplois précaires afin de maintenir les cotes de la bourse en lévitation. Prétendre que ces impétrants bourgeois contrôlent l’économie - le mode de production et de distribution des biens et des services en régime capitaliste - c’est leur accorder une puissance qu’ils ne possèdent pas.
Ce sont les lois inéluctables du développement du système économique impérialiste (stade suprême du capitalisme) qui entrainent cette opposition irréconciliable entre la production non planifiée des biens et des services et la satisfaction des besoins des citoyens pourtant parfaitement prévisibles. Tant que le peuple n’aura pas compris et n’aura pas tiré les conclusions qui s’imposent - renverser ce système économique putride - aucune solution aux crises économiques à répétition ne sera jamais dénichée ni appliquée (6). Les réformistes, de Ron Paul aux États-Unis en passant par le Nouveau Parti Démocratique au Canada, jusqu’au Front de gauche et de droite en France, ne feront que retarder l’agonie de ce patient décadent - c’est de l’acharnement thérapeutique, pourrait-on dire - patient que l’on devrait laisser mourir dans l’indignité.
Reprenons la question : Pourquoi si peu de révoltés, pourquoi cette « passivité » des opprimés, pourquoi cette supposée apathie des exploités devant tant d’iniquité, de crimes contre l’humanité - ceux contre la Libye, la Syrie puis l’Iran n’étant que les plus récentes équipées d’un criminel en série qui sévit depuis des années en toute impunité - et pourquoi pas la révolution maintenant alors qu’il est temps ?
LES CONDITIONS DE LA RÉVOLUTION INÉVITABLE
Plusieurs conditions sont requises pour qu’il y ait soulèvement, révolte populaire, puis éventuellement insurrection, révolution et renversement de l’ancien ordre social et son remplacement par un nouveau système social mieux adapté à notre temps. Rappelons que le fait de rassembler un million de manifestants ne constitue pas en soi une révolution. Le président Charles De Gaulle vers la fin des événements de Mai 68 en France, revenant de la base militaire de Baden-Baden où il avait consulté ses généraux à propos de l’écrasement sanglant du soulèvement étudiant, avait réuni un million de promeneurs solitaires pour soutenir son pouvoir réactionnaire.
Il ne suffit pas non plus d’obtenir le départ à la retraite prématuré d’un tyran muni d’un parachute doré puis de laisser les généraux désignés par le dictateur déchu poursuivre leur oppression comme si rien ne s’était passé pour déclarer la révolution achevée. De fait, cela ressemble d’avantage à une révolution avortée. Heureusement, les jeunes égyptiens et les tunisiens poursuivent leur soulèvement dans le plus grand silence médiatique.
PREMIàˆRE CONDITION D’UNE RÉVOLUTION RÉUSSIE
La première condition d’une révolution est apportée par une crise économique profonde qui jette sur le pavé des millions de désoeuvrés. Cette condition est déjà confirmée dans de nombreux pays du tiers-monde et cette condition est en préparation dans plusieurs pays occidentaux : « La vie de la plupart des salariés américains est si difficile, ils sont tellement dans la survie, que chacun devient obnubilé par son avenir personnel (et celui de sa famille immédiate NDLR). Les chômeurs manifestent une grande tristesse existentielle (…) ces gens sont concentrés sur leur survie non sur l’histoire de leur vie. Cela les met en colère ou les rend nostalgiques (taux de suicide en hausse NDLR). Les salariés ont si peu de garanties sociales qu’on trouve toujours des gens pour travailler pour des salaires moindres, ou pour des durées plus courtes. Cela crée une flexibilité qui pousse vers un marché du travail où la précarité devient la norme. » (7). Les immigrants importés d’Asie et d’Amérique latine viennent accroître la pression sur les emplois et les salaires de misère. En Europe ils les importent d’Afrique et du Moyen-Orient.
C’est cela la véritable INSÉCURITÉ de la vie en Amérique en faillite plutôt que la pseudo menace-spectacle de feu Ben Laden. A bien des égards la société américaine offre des conditions de vie et de survie (mortinatalité, maladie contagieuse, niveau de scolarité, écart de revenu, pauvreté, etc.) semblables au vécu des pays sous-développés, et pourtant la révolte y est larvée et habituellement liquidée après d’éphémères envolées.
DEUXIàˆME CONDITION NÉCESSAIRE
Deuxième condition nécessaire, la classe dirigeante ne parvient plus à gouverner et à régler les contradictions qui la déchirent en plusieurs factions aux intérêts antagonistes. Cette condition semble propice aux États-Unis où le Congrès paralyse l’exécutif. Des conditions semblables se profilent en Europe suite à la crise de la dette souveraine et à la mise au pas des pays récalcitrants. Cette condition est souvent présente dans les pays d’Afrique.
TROISIàˆME CONDITION REQUISE
La classe dominante voit tomber l’audience de son immense « mainstream » médiatique de propagande chargé de produire de l’ignorance, du consentement et de la résilience. Cette condition n’est rencontrée nulle part dans les pays développés malgré les avancées des médias alternatifs qui demeurent encore marginaux.
Cependant, la participation aux élections bidons bourgeoises en nette régression donne un indice du désintéressement de la population qui ne se fait plus aucune illusion à propos de ces mascarades électorales. C’est ici que surgit la coterie des partis de « gauche » anarchistes, trotskystes, pseudos communistes, opportunistes, altermondialistes, réformistes de tout acabit ayant pour mission de duper, mystifier, compliquer, pleurnicher et implorer, décourager, réformer mais jamais au grand jamais de renverser l’ancien pour faire place au nouveau.
Si dans les années de l’impérialisme triomphant (1980-1990) ils étaient tous disparus ou presque, ils ont resurgi de la couche tels des champignons euphorisants et ils multiplient les colloques depuis l’accentuation de la crise capitaliste en 2006. Ils forment la cinquième colonne "indignée’ au sein du mouvement idéologique et politique ouvrier chargée de distiller leur venin utopiste et réformiste afin d’assurer la survie du régime. La classe ouvrière doit affronter ce maelstrom opportuniste.
QUATRIàˆME CONDITION INDISPENSABLE
La bourgeoisie doit perdre le contrôle de son immense appareil policier, carcéral et militaire répressif sans lequel l’État bourgeois ne saurait survivre davantage. Cette condition n’est atteinte dans aucun pays occidental, et dans très peu de pays en voie de développement. Cependant, cette condition mûrit très rapidement et se matérialise au cours du processus de révolte-insurrection appelé à devenir une Révolution. La répression policière et militaire sanguinaire explique en grande partie la prudence du prolétariat états-unien et son peu d’empressement à se lancer dans une révolte armée.
Le prolétariat états-unien vit depuis un siècle dans un État policier déguisé et il connaît la cruauté de sa classe dirigeante. Le prolétariat américain sait d’instinct que le jour où il se soulèvera tout devra aller très vite et il devra frapper la bête à la tête. Toute hésitation, toute compromission lui sera chèrement comptée. Les révoltés devront alors avoir confiance dans le leadership qui se proposera pour les diriger. Le prolétariat états-unien sait déjà que l’aristocratie ouvrière et la bureaucratie syndicale pervertie ne peuvent lui offrir cette direction.
CINQUIàˆME CONDITION IMPÉRATIVE
Les peuples dominés et exploités doivent entrer massivement en action, se soulever et se révolter globalement, munis d’une conscience suffisante des turpitudes du régime économique en place et de son incapacité à résoudre leurs problèmes de survie quotidienne. Contrairement à ce que propagent les opportunistes, les réformistes, les sociaux-démocrates, les pseudos communistes et les gauchistes, ce sentiment est plus largement répandu qu’il n’y paraît superficiellement. Si les peuples, le peuple américain notamment, ne se soulèvent pas, cela est dû à des insuffisances plus précises et jamais admises que nous allons maintenant examiner.
Ces peuples quand ils se mettront en marche découvriront tout à coup leur force et leur puissance qui en imposeront à leurs dirigeants mesquins et fourbes, ce qui bien souvent entrainera des défections au sein de l’immense appareil répressif de l’État, lequel se disloquera rapidement, affaiblissant l’ennemi de classe et renforçant le camp de la révolte. Certains pays qui ont connu le « Printemps arabe » sont passés près de connaître cette condition impérative, mais un ingrédient manquant a entrainé le dévoiement de leurs différents mouvements.
SIXIàˆME CONDITION INCONTOURNABLE
La dernière condition sans laquelle rien n’est possible concerne l’état de préparation idéologique et organisationnel du camp des révoltés. Il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire sans une compréhension scientifique du système économique moribond qui ne demande qu’à rendre l’âme et que la bourgeoisie s’évertue à sauvegarder. De la conscience en soi et des luttes de résistance spontanées sur le front économique la classe ouvrière, celle chargée par l’histoire d’être le fossoyeur de l’ancien et l’accoucheur du nouveau régime de société, doit acquérir une conscience pour soi de sa mission historique, et se lancer à la conquête de tout le pouvoir d’État, renverser l’ancienne classe dirigeante et son pouvoir dictatorial (même s’il porte le nom de démocratie bourgeoise) et établir une nouvelle structure légale de gouvernement.
Tout ceci ne peut être mis en oeuvre et réalisé concrètement que si la classe ouvrière s’est munie d’un parti d’avant-garde authentique qui ne souhaite ni participer à des élections bourgeoises ni collaborer à la gestion de l’appareil d’État bourgeois. Un parti doté d’une organisation militaire de lutte pour la prise du pouvoir d’État. Sans un parti révolutionnaire au service du prolétariat, qui cumule l’expérience de lutte de la classe, et muni d’une idéologie révolutionnaire, aucune révolution n’est possible.
CONCLUSION
A l’évidence ces six conditions pour une révolte réussie et le renversement de ce régime pourri ne sont pour le moment réunies dans aucun pays. Dans la plupart des pays, on en est très loin et les divisions internes au sein du mouvement des révoltés sont telles que d’autres déceptions les attendent. Mais l’approfondissement de la crise économique devrait entraîner le mûrissement rapide de toutes ces conditions. En Russie tsariste, en 1905, bien peu de ces conditions étaient réunies et pourtant douze années plus tard, en octobre 1917, elles étaient toutes à maturité et le monde a vacillé (8).
Robert Bibeau