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Yabiladi

L’éventuelle homosexualité d’un ministre déchaîne les passions au Maroc

Amir

Ces quelques lignes sont parues sur le forum du site Yabiladi en France. c’est un site communautaire qui diffuse régulièrement des reprises d’articles parus dans la presse marocaine ou dans la presse internationale mais traitant du Maroc. L’auteur de ces lignes fait le point sur le débat marocain suscité par l’outing d’un ministre réalisé par un tabloïd marocain (voir aussi l’article de Associated Press intitulé bizarrement "Enquête contre l’article sur l’homosexualité présumée du ministre"). Cet outing qualifié par le ministre concerné de diffamation rappelle deux choses : l’homosexualité fait l’objet d’un sérieux tabou au Maroc et l’existence au Maroc d’une presse qui n’a rien à envier aux Tabloid anglais. Evidemment,le débat porte sur la liberté de la presse et pas sur l’homosexualité. et comme toujours il suscite les même questions : la presse de caniveau est-elle trop libre ? comment peut-on la censurer sans porter atteinte à la liberté de la presse elle même ? faut-il la censurer ?
L’auteur de ces lignes (plutôt autruche qu’homosexuel) a pris son parti ( peut être pas le meilleur). il faudrait censurer la presse pense-t-il. Mais ce faisant il a eu le mérite d’exposer les données du débat, ce qui rend son article précieux.

...Jusq’ou peut-on autoriser le liberté d’expretion dans un pays ou la democratie est encore à l’etat de spermatozoide ?

L’interpellation du directeur d’un journal de caniveau relance le débat sur le devenir de la presse. La profession est appelée à procéder à son auto régulation et à nettoyer les écuries d’Augias. Retour sur les faits qui ont mis à mal le corps des journalistes, après la diffamation grave et nauséabonde, d’un responsable gouvernemental. C’est partout la même indignation. Des salons feutrés aux cénacles militants, tous laissent exploser leur colère à l’encontre des dérives d’une certaine presse. « C’est comme si nous n’avions rien vu venir.

Pourtant, tous les jours, les dépassements étaient constatés, entre accusation, diffamation et insultes. Face à notre silence assourdissant, l’irréparable a fini par être commis », soupire un « associatif ».
L’irréparable a donc fini par être commis et il a fallu qu’il le soit pour qu’un début de prise de conscience s’opère dans le microcosme politico-médiatique.

Flash back : Le 9 avril dernier, un journal de caniveau, « Al Akhbar Al Ousoubouya » publie en page 3 un articulet nauséabond. Un ministre en exercice ? dont l’identité est clairement suggérée - y est gravement diffamé et son honneur bafoué. Le coup est bien évidemment placé en dessous de la ceinture, sur le mode rumoral, sensationnel et scandaleux. Des milliers de photocopies circulent, les ventes du tabloïd crèvent les plafonds des chaumières. La rumeur, destructrice, insaisissable et insidieuse, fait le reste.

Quelques jours plus tard, c’est au tour d’un quotidien édité par un parti politique de reprendre en « une » ce qui n’est rien d’autre qu’une terrible diffamation du ministre en question, citoyen et père de famille avant tout. « Rissalat Al Oumma », organe de presse de l’Union constitutionnelle, formation politique, anciennement aux commandes du pouvoir, s’interroge dans son édition du 15 avril sur « l’identité de ce ministre de gauche dont on a tenté d’étouffer le scandale à Cabo Negro ». « Même au plus fort de la confrontation entre opposition et pouvoir, l’éthique et la morale étaient habituellement respectées. On n’en était jamais arrivé là  », affirme Talaa Saoud Al Atlassi, l’ex de l’OADP, aujourd’hui dirigeant du PSD.

La liberté de presse prise en otage

La coupe est alors pleine. Ceux qui avaient défendu l’option du silence méprisant « on ne répond pas à un journal de caniveau »- sont désarçonnés. Fallait-il vraiment ne pas réagir ?

Le haut responsable dont « l’honneur a été livré à la meute de chien » choisit, lui, de réagir. Il rencontre longuement le premier ministre. Au c ?ur de la conversation, la dérive de la presse et surtout la préparation d’une réaction. L’homme dont l’honneur a été traîné dans la fange ne veut pas en rester là .

Défenseur acharné de l’Etat de droit, il entend obtenir réparation auprès de la justice et en convainc le chef de l’Exécutif. Driss Jettou prend langue avec le ministre de la justice, Mohamed Bouzoubaa, lui demandant de saisir le parquet pour l’ouverture d’une enquête sur l’auteur de l’articulet et le directeur responsable de ce journal.

Dès jeudi soir, le directeur du tabloïd, est convoqué par la police judiciaire de Rabat, puis placé en garde à vue. Selon le journal « Al Ittihad Al Ichtiraki » ?le premier à rapporter, samedi 17 avril, l’interpellation du responsable d’ « Al Akhbar Al Ousbouya »- Anas Tadili, c’est son nom, n’est pas un inconnu des services de police, ni de la justice.

En 1998, il aurait fait l’objet d’une condamnation de 3 mois de prison avec sursis, suite à une sombre affaire d’escroquerie. Le passé de « Monsieur le directeur de publication » est plutôt chargé : l’administration des douanes avait même déposé plainte contre lui pour fuite de capitaux et sortie de devises sans autorisation de l’Office des changes. L’homme n’est pas un modèle de vertu. Il a pourtant un journal et donc un instrument pour influer sur l’opinion publique.

Le constitutionnaliste et dirigeant politique, Khalid Naciri, ne décolère pas. La bio du propriétaire de ce journal fait de fange et de boue lui fait dire que « la liberté de presse est en train d’être prise en otage par des aventuriers de tout poil. Au Maroc, n’importe quel voyou peut sortir un journal ».

« Ce qui s’est passé est une dérive prévue depuis bien longtemps. Les esprits lucides dans ce pays n’ont cessé d’attirer l’attention sur ces dérives, qui n’en finissaient pas de grossir, avertissant que tout cela deviendrait ingérable. En fait, le pays est train de gérer de manière malsaine son option démocratique. Comment est-il possible que le journalisme soit la seule grande profession où rien n’est exigé de ceux qui veulent l’exercer ? Résultat, dans ses interstices, se sont faufilées des personnes peu recommandables », s’exclame-t-il.

C’est la Fédération marocaine des éditeurs de journaux qui a été la première à condamner cette grave dérive basée « sur la publication d’informations mensongères concernant une personnalité gouvernementale ». « Ce genre de pratique est complètement étrangère au code de déontologie de la presse. Les journalistes sont appelés à respecter l’éthique de la profession », sermonnent ceux de la Fédération.

L’urgence d’un ordre des journalistes

Samedi 17 avril, le Syndicat National de la Presse Marocaine réunissait sa commission administrative. Elle devra rendre public, ce lundi 19 avril, un communiqué de condamnation. « Nous avons eu un très long débat sur ces pratiques fondées sur la diffamation et l’insulte.

L’auteur d’un tel article n’est pas pour nous un journaliste. Le SNPM a toujours exprimé ses réserves quant aux procédures de délivrance de la carte de presse », indique Abdallah Bekkali, secrétaire général adjoint du Syndicat de la presse.

Ancien journaliste, Talaa Saoud Al Atlassi, ne craint pas de le dire : oui à la liberté de presse, mais à une liberté de presse réglementée. « La création de journaux doit obéir à une réglementation exactement comme pour n’importe quelle entreprise. La profession a pris trop de retard dans la réflexion sur son devenir.

Il est par conséquent urgent d’ouvrir un débat sur l’exercice de la profession de journaliste. De se poser de vraies questions comme qui est journaliste et qui ne l’est pas ; qui doit être détenteur de la carte de presse.

Il est temps que le corps des journalistes procède à sa propre auto-régulation pour ne plus véhiculer une image négative de la profession. Le syndicat national de la presse marocaine pourrait se transformer en ordre des journalistes à moins de créer un véritable ordre qui aurait force de loi ».

A l’exercice de la diffamation et de la salissure, même les morts ne sont pas épargnés.
La famille du leader disparu, Maati Bouabid, en fait le douloureux apprentissage, depuis la publication des interviews fleuve de Ahmed Boukhari par Al Ahdath Al Maghribya. « Je suis littéralement choqué par ce procédé ignoble consistant à traîner dans la boue un homme mort qui, de son vivant fut respecté et respectable », s’indigne Saad Bouabid, le fils du zaïm calomnié post-mortem.

« Ces pages de l’histoire du Maroc ont besoin de recherches véritables et d’historiens rompus à leur science et non pas des frustrations d’un tel personnage, qui ne contribue certainement pas au processus de réconciliation », conclut M. Al Atlassi.

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