RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
27 

Mathieu Kassovitz contre la rhétorique de disqualification

Le 4 octobre dernier s’est tenu devant la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris, le procès que l’acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz a intenté il y a deux ans déjà à deux journalistes de Radio France et de l’Express et un blogueur du Journal du Dimanche pour "injures publiques", à la suite des commentaires infamants qui ont été formulés à son sujet concernant la position qu’il avait exprimée publiquement à propos du 11-Septembre durant l’émission de débat de Frédéric Taddeï "Ce soir ou jamais", le 15 septembre 2009 [1]. Mathieu Kassovitz avait, à cette occasion, remis en cause les conclusions de l’enquête officielle sur les attentats de 2001. Et dès le lendemain, le réalisateur avait connu un lynchage médiatique d’une incroyable violence.

Le procès qui a offert une tribune inhabituelle au débat sur le 11-Septembre, a aussi obligé les opposants au réalisateur à se découvrir par rapport à l’instrumentalisation d’insultes déplacées, comme "révisionniste", ou d’insinuations autour du négationnisme. Cet événement nous offre donc l’occasion de mieux comprendre les méthodes des inquisiteurs installés au sein des médias grand public et usant d’une rhétorique de disqualification [2], ce procédé qui consiste à utiliser des éléments de langage d’une force symbolique disproportionnée et sans rapport avec le problème visé. Il apparaît que cette manoeuvre, une fois décryptée, a clairement pour objectif de réduire au silence la libre parole à propos du 11-Septembre et décourager à l’avance les sorties médiatiques d’autres personnalités sur le même sujet. Le jugement du procès doit être rendu le 15 novembre.

Caillassage rhétorique

En septembre 2009 est diffusée sur France 2 la série documentaire "Apocalypse" qui retrace la Seconde Guerre mondiale sur la base d’images en partie inédites et en couleurs, offrant aux nouvelles générations l’occasion de saisir la portée de ce conflit majeur du siècle dernier. La série est un événement : saluée par la critique, elle obtient aussi un succès d’audience hors norme pour un tel format. Mathieu Kassovitz en est le narrateur. Il raconte la trame, les enjeux et les conséquences dévastatrices de cette guerre qui coûta la vie à près de 50 millions d’êtres humains dont une majorité de civils.

Le choix des responsables de la série est judicieux. Le réalisateur de "La Haine" est une personnalité unique dans le paysage artistique français. Il est jeune et allie à la fois une forme de réussite, de goût du risque et d’intégrité. C’est un comédien populaire qui a rencontré un large public en choisissant des rôles parfois difficiles, comme dans l’excellent film de Costa-Gavras AMEN, un des meilleurs rôles de Kassovitz. Mais ce dernier est avant tout un cinéaste atypique qui a travaillé à la fois en France et aux Etats-Unis. Il a su prendre des risques et il a cette image d’un homme du présent, à la fois indépendant d’esprit, sensible et engagé [3].

Dans le cadre de la promotion de la série, Mathieu Kassovitz est invité à différentes émissions de télévision. Et à l’occasion de la rentrée, Frédéric Taddeï a choisi de poser en débat pour sa première émission de la saison la question : "Peut-on contester ce que l’on dit du 11-Septembre ?" Plus précisément, il s’agit, à l’occasion de la sortie du livre d’Éric Raynaud : 11-Septembre, les Vérités cachées, de déterminer s’il est légitime ou non que ce sujet, abondamment débattu sur Internet, soit également traité par les grands médias traditionnels. Kassovitz est sur le plateau pour répondre. Et son point de vue sur les attentats de 2001 est déjà connu des spécialistes du sujet, à savoir la remise en cause de la version délivrée par l’administration Bush.

Le débat a le mérite d’être plutôt posé et la parole des intervenants respectée, grâce au professionnalisme et à la perspicacité de Taddeï qui, pour un soir, ouvre son plateau à ce sujet devenu incroyablement tabou. Après le lynchage médiatique subi par Marion Cotillard et Jean-Marie Bigard à la suite de leurs déclarations publiques concernant le 11-Septembre, Mathieu Kassovitz sait qu’il prend des risques en intervenant ainsi. Mais il a le courage de poser les questions qui dérangent, et le fait sur un registre beaucoup plus structuré et soutenu que ses prédécesseurs. Kassovitz connait bien le dossier qu’il explore depuis plusieurs années. De son point de vue, le récit de l’administration Bush est "obligatoirement questionnable" et l’information officielle ne peut être prise "comme argent comptant". Le cinéaste remet en perspective l’enjeu des expéditions guerrières des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan et la diabolisation de l"Islam qui a suivi les attentats, indiquant que la question des intérêts stratégiques et l’émergence d’un nouveau bouc émissaire peuvent permettre de lire la réalité d’aujourd’hui à la lumière de ce que l’histoire de l’Allemagne nazie nous a appris. Et s’ils ne sont jamais péremptoires, les propos de Mathieu Kassovitz ne souffrent guère d’ambiguïté : son intervention va déclencher une véritable tempête médiatique.


11 Septembre : Kassovitz s’interroge chez Taddei... par ReOpen911


Il est recommandé de visionner cette vidéo jusqu’à la fin où se situe un point intéressant du débat
 

En effet, dès le lendemain de l’émission, Mathieu Kassovitz est à son tour victime de la "police de la pensée" qui lui inflige un véritable caillassage rhétorique dans la presse, à la radio et la télévision. Stigmatisant violemment Mathieu Kassovitz et son « étonnante diatribe révisionniste », Renaud Revel, responsable de la rubrique médias à l’Express, compare le réalisateur de "La Haine" à l’historien révisionniste Robert Faurisson, tandis que Lilian Massoulier, dans un blog du JDD, le rapproche de Joseph Goebbels, le ministre de la propagande d’Hitler. Quant à Patrice Bertin, sa chronique sur France Info épingle un Mathieu Kassovitz en « révisionniste et fier de l’être ». Ces trois chroniqueurs ainsi que d’autres acteurs des médias dont Nathalie Levy qui reprend l’expression de « Faurisson du 11-Septembre » sur France 5, vont ainsi user sans vergogne de cette arme d’une redoutable efficacité qu’est la rhétorique de disqualification.

Et là aussi, contrairement à ses prédécesseurs, Mathieu Kassovitz ne se laisse pas intimider et tient tête aux snipers qui tentent de l’abattre. Le 25 septembre 2009, il porte plainte contre Renaud Revel (l’Express) et Lilian Massoulier (JDD), et quelques jours plus tard, contre Patrice Bertin (Radio France). Son avocat Me William Bourdon déclare : « En étant assimilé à un négationniste et à un adepte de Goebbels, Mathieu Kassovitz considère qu’il fait l’objet d’outrages d’une exceptionnelle gravité, qui portent douloureusement atteinte à sa réputation, à son honneur, et au-delà à sa famille dont il rappelle qu’une grande partie a disparu dans les camps de concentration nazis. »

Cette séquence nous permet d’observer à la fois la distorsion et l’impasse qui caractérisent le traitement médiatique des événements du 11-Septembre : Face à Mathieu Kassovitz, personnalité française respectée qui fait valoir la nécessité de mettre en débat la version officielle délivrée par l’administration Bush, les critiques sont d’une violence si extrême, si démesurée que tout débat s’en trouve inhibé. Le sujet du 11-Septembre, déjà tabou, devient un non-sujet au sein des médias corporatistes. Désormais, toute remise en question ne sera tout simplement plus du tout abordée, quelle que soit l’importance des révélations qui tombent au fil des mois et des années, accentuant le fossé qui sépare la théorie officielle des faits, témoignages et autres indices qui la rendent peu vraisemblable et fortement sujette à caution.

Hicham Hamza, journaliste à Oumma avait très justement fait remarquer qu’ « au-delà de ce lynchage médiatique, récurrent dès qu’une personnalité publique revendique l’exercice du doute méthodologique sur le déroulement des attentats de Manhattan et du Pentagone, il sera intéressant d’observer l’évolution de la procédure judiciaire inaugurée avec aplomb par Mathieu Kassovitz. Si [l’injure publique] est reconnue, une jurisprudence en la matière sera établie, libérant la parole critique sur le sujet tabou ; à l’inverse, si la plainte devait être rejetée, il est à craindre que l’omerta ne se renforce, diabolisant davantage quiconque osera pointer du doigt les multiples incohérences et anomalies relatives à la mythologie officielle du 11-Septembre. »

Début 2011, Eric Hazan et Alain Badiou ont publié aux éditions La fabrique, un ouvrage salutaire intitulé L’antisémitisme partout qui démonte le procédé par lequel certains intellectuels instrumentalisent à l’envi l’insulte en lien avec la question juive ou la Shoah afin de neutraliser la capacité de parole de leurs adversaires dans des cas de figure qui n’ont par ailleurs strictement aucun rapport avec le crime abominable dont ont été victimes les juifs d’Europe. L’usage abusif du terme "révisionniste" relève ici, exactement de la même logique.

Inquisiteurs et fiers de l’être

Le groupe de personnalités qui s’est chargé de régler son compte médiatique à Mathieu Kassovitz ne sort pas de nulle part. Il s’agit d’individus qui pour certains ont été croisés sur d’autres opérations de sabotage visant le "mouvement international pour la vérité sur le 11-Septembre". Il s’agit de journalistes, d’animateurs ou de blogueurs qui ont pour point commun de communiquer à partir d’éléments de langage, à l’identique des hommes politiques, dans un registre particulièrement agressif et qui n’hésitent pas à employer des expressions d’une violence démesurée, tel qu’ici le terme "révisionniste", sans rapport signifiant avec le sujet dont il est question dans le débat qui nous occupe : le droit au doute concernant le récit officiel délivré par un gouvernement - et donc, par essence partisan - sur les événements du 11-Septembre.

Dans le théâtre médiatique au centre duquel a été dressé un bûcher à l’occasion de l’intervention de Mathieu Kassovitz, ce dernier prend aussitôt le rôle de la sorcière qu’il faut brûler du fait de l’affront commis consistant à s’interroger en public sur la nature "orwellienne" de la réalité telle qu’elle nous est décrite par cette version officielle. Face à lui, se lève brusquement un curieux groupe d’inquisiteurs, formé de personnalités qui ont pour professions ou pour habitudes de déambuler dans le paysage médiatique français et qui semblent comme programmés pour jaillir tels des Zébulons dès qu’est prononcée la date du 11-Septembre afin de s’offusquer si d’aventure une opinion dissidente ose toujours se manifester.

Marin Karmitz, présent sur le plateau de Taddeï le même soir, face à Kassovitz, craque la première allumette et tente de conclure le débat en assimilant ceux qui doutent de la version officielle sur le 11-Septembre à des négationnistes réfutant l’existence des chambres à gaz. Mathieu Kassovitz, dont une partie de la famille a été victime de la Shoah, s’opposera avec force à cet amalgame abject et sans fondement. Mais le signal vient d’être donné, la chasse est ouverte et les chiens peuvent être lancés.

Dès le lendemain, Renaud Revel reprend le flambeau dans son blog sur les médias au sein du site de l’Express, et s’en prend à la fois au réalisateur et à l’intervieweur qui lui fait face, Frédéric Taddeï qu’il accuse de ne pas avoir su "recadrer" son invité. Bien entendu, Revel manie un fusil à deux coups, il envoie un message aux personnalités trop bavardes, mais aussi et surtout aux producteurs, animateurs et journalistes susceptibles de leur accorder un temps de parole… Et il conclut son papier délirant en lançant : « Kassovitz en Faurisson du 11-Septembre, il ne manquait plus que cela. »

Dans son article publié sur AgoraVox, William Castel démontera avec pertinence la manoeuvre tordue entreprise par Renaud Revel : « Faurisson nie l’existence des chambres à gaz durant la Seconde Guerre mondiale. Kassovitz, lui, prend acte des zones d’ombre du 11-Septembre (que tout le monde admet) et trouve justifié un questionnement sur cet événement, voire un soupçon sur l’administration Bush, dont l’attitude fut plus que trouble avant, pendant et après les attentats, et dont les mensonges sont avérés. Comment peut-on oser mettre en relation ces deux noms ? Kassovitz nie-t-il l’existence de quoi que ce soit ? Nie-t-il les morts ? Les avions crashés ? Le héros du film Amen de Costa-Gavras est-il suspect d’antisémitisme ? Comment le rédacteur en chef d’un hebdomadaire de cette importance peut-il se laisser aller à pareille comparaison - surtout après la salutaire mise au point faite par Kassovitz lui-même durant l’émission ? Injurier en toute impunité : on nous avait fait croire que c’était l’apanage des blogueurs sans contrôle... Les journalistes seraient-ils devenus des blogueurs comme les autres ? »

De son côté, Hicham Hamza indique : « Assimiler le descendant d’une famille de déportés, et parrain du collectif Devoirs de mémoire, à un négationniste patenté, voilà qui ne manque pas de sel. Cet amalgame abject consistant à mettre sur un même plan l’analyse critique du récit politico-médiatique du 11-Septembre et la négation de la Shoah a régulièrement d’illustres défenseurs parmi les faiseurs d’opinions, tel le directeur de Libération, Laurent Joffrin, qui a repris à son compte la même escroquerie intellectuelle lors d’une interview accordée à une radio suisse.  »

Sur France Info, Patrice Bertin, ex-patron de la rédaction de France Inter, se déchaîne lui aussi contre Kassovitz, s’aventurant à jouer avec les mots de Jean-Marie Le Pen et son "point de détail" avant de s’enflammer dans sa petite chronique : « Voilà [que Mathieu Kassovitz] met en cause ce qu’il appelle la version officielle américaine du 11-Septembre et qu’il fait un parallèle avec les nazis et la propagande de Goebbels selon lequel plus le mensonge est gros, mieux il passe. Fermez le banc. Il y a un mot pour ça : révisionniste et fier de l’être ! » Bertin est comme parti en croisade, et lors du procès, il persiste et signe : « Je ne regrette strictement rien. Si je pouvais refaire ma chronique aujourd’hui, je réemploierais le mot "révisionniste". »

Une troisième chronique est publiée sur un blog du site du Journal du Dimanche. L’auteur se nomme Lilian Massoulier et son billet s’intitule délicatement "Kassovitz redonne des couleurs à Goebbels".

Sur ces trois chroniqueurs Revel, Bertin et Massoulier, impliqués dans le procès, seul Patrice Bertin sera présent au tribunal, les deux autres accusés étant représentés par leur avocat. En 2009, bien d’autres personnalités des médias s’étaient jointes à ce trio pour participer au lynchage : Jean-Marc Morandini et Frédéric Bonnaud sur Europe 1, Franz-Olivier Giesbert et Bruce Toussaint sur Canal+, Nicolas Poincaré et Nathalie Levy sur France 5 ou encore Bénédicte Charles dans l’hebdomadaire Marianne qui suite à l’article de l’Express, avait pris la défense de Frédéric Taddeï mais ne manquait pas d’enfoncer davantage Mathieu Kassovitz. Aucun de ces courageux snipers n’accompagnera ses collègues au tribunal, non pas que ces personnalités se soient montrées plus nuancées dans leurs accusations, au contraire… le plus souvent. Mais ils ont pratiqué la rhétorique de disqualification en privilégiant l’insinuation plutôt que l’insulte directe, ce qui leur assure une totale impunité.

Justice, sémantique et duplicité

Lorsque les chroniqueurs s’en prennent à Mathieu Kassovitz dans les médias, l’accusation de "révisionniste" dont ils se régalent marque par la violence de l’insulte et la volonté de nuire. Mais il est intéressant de constater que les mêmes chroniqueurs ou leur avocat, une fois au tribunal, tentent d’éviter les conséquences de la calomnie qu’ils ont diffusée en s’appuyant cette fois sur la définition neutre du terme afin de réduire le débat à un simple enjeu sémantique.

Pourtant, "révisionniste" est une expression choisie par les adversaires de Kassovitz pour sa force d’évocation visant à limiter la portée des propos du cinéaste en le discréditant. Il est évident que ce mot lourd de sens implique dans l’esprit du public, une forme de complicité mentale avec les nazis, qui s’attache à tout individu accusé de cette volonté de manipulation de l’histoire. Et il faut vraiment faire preuve d’une mauvaise foi de politicien pour soutenir le contraire. Sur le plan médiatique, cette manoeuvre vise donc clairement à nuire à la personne qui en est victime en enveloppant son discours dans le caractère abject de la pensée néonazie. Et comme Mathieu Kassovitz l’a précisé lui-même durant le procès, la difficulté pour se défendre serait encore plus grande s’il n’était pas juif lui-même…

Le révisionnisme a deux significations principales : « Pour les historiens, il s’agit d’un terme sans connotation particulière qui désigne une démarche critique consistant à réviser de manière rationnelle certaines opinions couramment admises en histoire, que ce soit par le grand public (le plus souvent), ou même par des historiens de profession non spécialistes de la période ou du domaine d’études considéré. »

Mais « la notion de révisionnisme peut également désigner, par abus, la remise en cause de certains aspects de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale par la négation, la minimisation ou la contestation de certains éléments du génocide commis par les nazis. La plupart des historiens utilisent le terme de négationnisme, alors que les négationnistes se désignent eux-mêmes par le terme de "révisionnisme". Ainsi, en histoire, le révisionnisme diffère du négationnisme, et il ne faut pas confondre ces deux termes. »

Sans état d’âme quant à la duplicité de leur propre conduite, les inquisiteurs qui ont stigmatisé Mathieu Kassovitz en abusant de la violence qu’implique le sens du mot "révisionniste" dans sa deuxième définition se dissimulent donc ensuite derrière la définition première du terme pour échapper à toute sanction. Et la logique de défense des chroniqueurs qui ont attaqué Kassovitz va être de circonscrire le procès au débat qui consiste à déterminer si le terme "révisionniste" qui a été utilisé constitue, ou non, une insulte. Cet aspect sémantique détermine d’ailleurs la question à laquelle la justice devra répondre le 15 novembre.

Le terme "négationniste" est considéré par la loi comme une insulte grave et donc punie comme il se doit devant les tribunaux, alors que l’attribut "révisionniste" est davantage envisagé par la justice comme un terme neutre. Ce qui est remarquable est le fait que cette nuance parfaitement marquée en termes juridiques ne fait en rien écho à la proximité des deux expressions au niveau de leur signification culturelle. Etre qualifié de "révisionniste" renvoie automatiquement à l’insulte "négationniste", elle-même subordonnée à l’infamie que représente l’antisémitisme dans notre culture.

Pour le procès, le chroniqueur de France Info, Patrice Bertin, a choisi comme témoin Ivan Levaï, son ancien directeur de l’information à Radio France. L’avocat de Mathieu Kassovitz, interrogeant Ivan Levaï, lui a demandé s’il apprécierait de se faire qualifier de révisionniste. Ce dernier s’est gardé de répondre de façon directe à la question, et il a jonglé avec une anecdote à propos de Robert Faurisson qu’il avait invité autrefois à son émission Expliquez-vous et qu’il avait qualifié à l’antenne de "négationniste". Et selon Ivan Levaï, en comparaison de négationniste, le terme "révisionniste" utilisé par Patrice Bertin concernant Kassovitz est un terme neutre. Donc, lorsque Bertin balance dans sa chronique à propos de Mathieu Kassovitz "révisionniste, et fier de l’être", l’auditeur est supposé comprendre que ce n’est en rien péjoratif… Et Levaï qui a un sens de l’humour dont il n’est pas conscient, nous indique, pour appuyer son argumentaire, que Patrice Bertin a toujours été l’un des journalistes qui a enseigné la précision à ses collègues : « N’employez pas n’importe quel mot à propos de n’importe quoi, n’importe quand. »

On notera en tout cas avec étonnement que le terme "révisionniste" n’a pas été utilisé sur d’autres controverses de l’histoire récente, ni sur les différences d’opinions à propos d’événements dont l’interprétation évoluait au cours des dernières années. Les familles des victimes de l’attentat de Karachi en mai 2002 (photo ci-contre) et tous ceux qui les soutiennent ne sont pas traités de révisionnistes, pas davantage que François Léotard à l’occasion de ses affirmations relayées par Rue89 en janvier 2011. Pourtant, ces personnes ont réfuté la version officielle délivrée au départ pour ce crime initialement attribué à Al-Qaida, soutenant que cet attentat meurtrier était en fait un acte organisé par les services secrets pakistanais (ISI) en réponse à l’arrêt des paiements de rétro-commissions par la France. Ce changement d’interprétation implique une réécriture des événements et pourtant, à ce jour, aucun acteur de cette affaire n’aura évoqué le concept de révisionnisme.

Une telle différence de traitement est remarquable sur deux événements subissant une controverse similaire. Elle démontre que la motivation profonde de ceux qui s’opposent à la libre parole concernant le 11-Septembre n’a rien à voir avec le fait qu’une révision opérée sur le déroulement de l’histoire récente relèverait d’un processus assimilable au négationnisme contestant l’existence des chambres à gaz durant la Seconde Guerre mondiale, et donc condamnable pour cela. La motivation est tout autre.

Une manoeuvre "orwellienne"

Le groupe de chroniqueurs qui s’est attaqué à Mathieu Kassovitz au lendemain de son intervention, bénéficie d’une tribune médiatique plus ou moins quotidienne et d’un accès privilégié aux relais publics d’information. Il s’est mobilisé avec force pour opposer un contre-feu violent à cette prise de position localisée, ponctuelle, voire isolée de Mathieu Kassovitz sur les événements du 11-Septembre… prise de position citoyenne, par ailleurs parfaitement légitime, et finalement assez contenue. Cet état de fait détermine par quelle méthode il est possible de réprimer dans les médias toute expression qui embarasse les gardiens du récit officiel sur le 11-Septembre [4].

Pour bien comprendre la manoeuvre effectuée pour contrer la prise de parole dissidente de Mathieu Kassovitz et situer l’aberration que représente l’usage du terme "révisionniste" dans le cadre du débat sur le 11-Septembre, il est impératif de cerner le contexte de cet usage. Le signifiant culturel du "révisionnisme" pointe par association vers le négationnisme et l’antisémitisme. Etrangement, ces accusations reviennent régulièrement dans les discours visant à stigmatiser, neutraliser, voire criminaliser le mouvement pour la vérité sur le 11-Septembre, en particulier sous la plume de journalistes.

Dans l’article "Pourquoi les complotistes sont des ennemis de la démocratie" écrit par Laurent Joffrin à l’occasion du dixième anniversaire des attentats, le directeur de publication du Nouvel Observateur emploie à cinq reprises le terme "négationnistes" pour parler des citoyens qui s’interrogent sur la version officielle de l’administration Bush. En 2009, l’Express avait publié de son côté un dossier intitulé "Les nouveaux réseaux antisémites" dans lequel un encart nous expliquait avec une tranquillité déconcertante que toute version alternative au récit officiel des événements du 11-Septembre devait être considérée comme une oeuvre de manipulation opérée au seul bénéfice d’organisations ou de personnalités antisémites notoires. Mais bien entendu, les adversaires de Mathieu Kassovitz ne pouvaient pas sauter aussi directement dans l’infamie de par le simple fait que Kassovitz est lui-même juif. Ils ont donc choisi d’opérer une sorte de pirouette aussi improbable que sordide consistant à circonscrire leur attaque entre une accusation directe de révisionnisme et une insinuation tordue autour de la thématique négationniste.

Dans leur ouvrage "L’antisémitisme partout", Hazan et Badiou remettent en perspective l’instrumentalisation de l’insulte associant la notion d’antisémitisme, ainsi que le profil de ceux qui en abusent et la manière dont fonctionne une chaîne de mots qui permet de marier artificiellement des concepts qui n’ont rien à voir entre eux : « Il s’agit, par des étapes et des connexions tout à fait singulières, de mettre en lien des choses qui […] n’ont aucun rapport entre elles. Intéressons-nous plus particulièrement aux détails rhétoriques de construction de ce lien. L’une des chaînes, très souvent à l’oeuvre, se déplie ainsi : l’anticapitalisme a pour noyau l’antiaméricanisme, l’antiaméricanisme a pour centre l’antidémocratique, et l’antidémocratique - c’est là que se fait le saut ultime - a pour pivot l’antisémitisme » [5].

Dans la rhétorique de disqualification qui s’applique au mouvement pour la vérité sur le 11-Septembre, ce même type de chaîne de liens artificiels est bien connu : l’usage du doute concernant un événement qui souffre de zones d’ombre est assimilé à du "conspirationnisme", l’usage du même doute concernant le même événement après quelques années seulement est désormais nommé révisionnisme, le révisionnisme est associé au négationnisme qui est naturellement subordonné à l’antisémitisme. Et le tour est joué : un citoyen qui se pose quelques questions sur le récit de l’administration Bush à propos du 11-Septembre est donc un antisémite en puissance. « Tous ces procédés, si tirés par les cheveux qu’ils soient, finissent par former une rhétorique d’intimidation dont le seul but est de coller sur des adversaires l’étiquette "antisémite", avec l’idée qu’une fois appliquée, on ne pourra pas plus s’en défaire que le capitaine Haddock de son célèbre sparadrap. » précisent Hazan & Badiou [6]. Il s’agit ici d’une forme de terrorisme intellectuel et de totalitarisme sur la pensée qui nous rapproche dangereusement du monde de "1984", imaginé par George Orwell.

La volonté de nuire

En s’attachant à comprendre les intentions et à évaluer les résultats du procédé, il apparaît qu’un aspect important de la rhétorique de disqualification s’inscrit par essence dans une manoeuvre propagandiste. En effet, le nombre des détracteurs au sein des médias qui réagissent de concert pour condamner Mathieu Kassovitz ne représente pas forcément la somme d’initiatives spontanées et disparates qui seraient emportées par un sentiment sincère d’indignation. Ces détracteurs ont en commun un objectif pour le moins saugrenu au regard des valeurs d’une grande nation démocratique : convaincre l’opinion publique que toute opinion dissidente sur le 11-Septembre est monstrueuse et inacceptable, et qu’à ce titre elle n’a pas sa place sur un média grand public. Et en dehors de quelques suiveurs éventuellement inconscients du rôle qu’ils sont amenés à jouer, l’ensemble des réactions virulentes qui stigmatisent le dissident Kassovitz résulte d’une effarante volonté de lui nuire, d’entacher sa réputation et de lui ôter toute crédibilité, lui encore plus qu’un autre, précisément parce que ses questions et ses arguments sont fondés, plausibles et donc efficaces.

Il est impressionnant d’observer comment des chroniqueurs vaguement mondains et souvent ancrés à gauche vont soudain se métamorphoser, lorsqu’ils parlent du 11-Septembre en croisés féroces investis d’une mission civilisatrice… Tout cela pour garantir l’intégrité d’une mythologie officielle délivrée par l’administration néoconservatrice de George W. Bush. En agissant ainsi, ils contribuent à installer un couvercle sur la marmite du 11-Septembre, et à le visser assez fort pour que ce sujet ne soit plus jamais débattu. Cette manoeuvre nécessite pour le moins, de la détermination et quelques années d’efforts soutenus, et avant cela, de la réflexion. C’est ce que révèle, entre autres, le choix subtil et précis d’éléments de langage identiques repris par plusieurs chroniqueurs. Nous l’avons vu avec ce terme "révisionniste" qui possède une symbolique si forte qu’elle permet de disqualifier de tout débat entre gentlemen, les renégats qui en sont affublés.

Par ailleurs, dans cette entreprise de marginalisation opérée sur Mathieu Kassovitz, il est essentiel pour ceux qui en sont responsables d’éviter l’amorce au sein de l’opinion publique, d’un débat dans le débat qui déterminerait si oui ou non les arguments du cinéaste méritent d’être entendus. Le débat citoyen est précisément l’outil premier que les inquisiteurs veulent détruire afin que la vérité sur le 11-Septembre ne rencontre jamais ce levier qui lui permettrait à coup sûr d’émerger, tant la version officielle sur cet événement révèle une quantité inouïe d’anomalies et d’incohérences lorsqu’on lui accorde un minimum d’attention. La rhétorique de disqualification agit ici comme une sorte de feu nucléaire qui pulvérise toute forme de débat et anéantit le cadre d’un dialogue rationnel et serein avec la personne qui en est victime. Il s’agit, à l’inverse, de créer le chaos de la pensée, la confusion à l’identique de celle qui régnera quelques semaines plus tard sur le plateau de Guillaume Durand, dans l’émission "L’objet du Scandale" [7] où Kassovitz et Bigard, invités pour défendre leur point de vue alternatif à la version officielle, vont être placés dans une position intenable par leur hôte et leurs contradicteurs. A tel point que le débat rationnel qu’ils avaient souhaité ne pourra tourner qu’à la foire d’empoigne, et l’émission en deviendra littéralement inaudible durant certains échanges. Les inquisiteurs avaient, ce soir-là , de quoi savourer le fruit de leurs efforts. Il ne manquait plus, à cette occasion, qu’ils déroulent dans leur dos une banderole étoilée avec la mention : Mission accomplie.

Le courage d’être dissident

Ainsi, c’est une guerre totale qui est lancée pour étouffer la dissidence en ne lui laissant aucun espace d’expression dans les médias grand public. Et ce qui est apparu insupportable aux tenants de la réalité que nous jugeons "orwellienne", c’est que, lors de l’émission de Taddeï, Mathieu Kassovitz ait pu s’exprimer posément, qu’il ait pu exprimer des arguments légitimes et convaincants sur la nécessité de s’interroger sur la version officielle des événements du 11-Septembre. Cela ne pouvait être admis. Cela ne devait pas se reproduire. Et cela ne s’est d’ailleurs jamais reproduit depuis. Aucune personnalité populaire, aucun leader d’opinion à la suite de l’intervention de Kassovitz n’a osé ou n’est parvenu à s’interroger aussi clairement sur le sujet à la télévision [9]. C’est dire la puissance de l’organisation "orwellienne" qui agit ici.

Pourtant cette puissance doit être à tout prix contenue, car quel que soit le jugement qui sera rendu à l’issue de ce procès, la dérive continue. Après avoir ignoré, puis en bonne partie bâillonné la contestation de la version officielle sur le 11-Septembre, les adversaires du "mouvement pour la vérité sur le 11-Septembre" cherchent maintenant à déterminer comment criminaliser cette dissidence. Et le débat officiel glisse peu à peu vers la possibilité d’une loi visant à sanctionner le conspirationnisme (dans lequel la rhétorique de disqualification inclut depuis longtemps la remise en cause de la version officielle du 11-Septembre). Cette loi pourrait être construite sur le modèle de la loi Gayssot sanctionnant le négationnisme. Et la boucle alors serait bouclée.

En 2005, Guillaume de Rouville, dissident de la première heure, a écrit pour L’Idiot du Village, un article intitulé "Le 11-Septembre et le nouveau dogme révisionniste : Les complots n’existent pas" où l’auteur démontre comment le véritable révisionnisme est en fait à situer du côté des autorités qui, par intérêt, veulent imposer un dogme selon lequel les complots ne sont pas envisageables en démocratie. « Ou plutôt, ils existent, mais seulement quand les coupables sont musulmans ou noirs et que les victimes sont occidentales et blanches. » Et Guillaume de Rouville remarque : « Quand on ose s’interroger librement sur les attentats du 11-Septembre et que l’on émet quelques doutes sur la véracité de la version officielle, on est immédiatement mis à l’index par la police de la pensée dominante. Pourtant, on le sait, la version officielle (celle du rapport de la Commission sur le 11-Septembre) a été présentée et défendue par des hommes qui ont décidé d’envahir et d’occuper l’Irak, un pays qui ne les menaçait pas, en utilisant les mensonges les plus grossiers, alors même que ces hommes ont des intérêts pécuniaires avérés dans le commerce des armes ou du pétrole. Ce sont ces hommes qu’il faudrait croire sur parole. Autrement dit, on nous demande une sorte de suicide intellectuel et de garder nos doutes pour nos conversations privées […]. Mais heureusement, la raison est têtue et le doute est pugnace. […] Cela nous invite seulement à ne pas accepter, sans broncher, une vérité officielle qui comporte de nombreuses zones d’ombre et qui ne résiste pas longtemps à un examen critique élémentaire.  »

Mathieu Kassovitz est têtu. Et c’est tant mieux. Pour lui, le 11-Septembre tel qu’il est retranscrit par le récit de l’administration Bush ne fait pas partie de notre Histoire. Les anomalies de ce récit sont trop insupportables, les doutes et les interrogations des citoyens, trop nombreux. Le sondage effectué par HEC pour ReOpen911 en 2011 révèle que 58% des Français doutent de la version officielle sur les attentats du 11-Septembre. Mathieu Kassovitz est désormais pour tous ces citoyens français, le dernier visage connu qui incarne un élan vital de résistance dans le combat pour faire valoir la recherche de la vérité. Et au-delà des manoeuvres infamantes de ses détracteurs, Mathieu Kassovitz n’avance pas "le front honteux et la tête basse". Il a le courage d’affirmer ses convictions, le courage d’être dissident.

Ainsi, nous verrons le 15 novembre prochain, si le parquet reconnait à des citoyens français, le droit d’exprimer librement et défendre en toute légitimité leurs idées à propos du 11-Septembre sur des médias grand public. Et nous saurons surtout si leurs détracteurs sont autorisés, en retour, à les injurier en toute impunité, ou si la justice choisit de condamner cette aberration.

Lalo Vespera

membre de ReOpen911

SOURCE http://reopen911.info/11-septembre/edito-mathieu-kassovitz-contre-la-rhetorique-de-disqualification/

[1] Rappelons que le 25 septembre 2009 Mathieu Kassovitz a porté plainte contre Renaud Revel (L’Express) qui a comparé Mathieu Kassovitz à Robert Faurisson, Lilian Massoulier (le JDD) qui écrit que "Mathieu Kassovitz redonnait des couleurs à Goebbels", puis quelques jours plus tard contre Patrice Bertin (Radio France) qui a parlé d’un "point de détail comme dirait l’autre", et de "révisionniste fier de l’être". Tandis que Nathalie Lévy (France 5) qui a repris l’expression de Renaud Revel de "Faurisson du 11-Septembre", était finalement écartée de sa plainte. Une polémique bien résumée sur Agoravox et Oumma.

[2] L’expression "rhétorique de disqualification" s’est imposée comme désignation de la manoeuvre décrite dans le présent article, grâce aux propos de David G. Boo, interviewé par Guillaume de Rouville qui m’a suggéré ces termes pour la problématique de l’instrumentalisation des insultes connotées.

[3] Le nouveau film réalisé et interprété par Mathieu Kassovitz, "L’ordre et la morale" sort sur les écrans français le 16 novembre, le lendemain du rendu du jugement. Le film raconte l’histoire de la prise d’otages de la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie en 1988 (interview de Mathieu Kassovitz sur le film).

[4] A quelques très rares exceptions près :
http://www.reopen911.info/News/2011/11/02/les-10-ans-du-11-septembre-est-ce-la-fin-de-la-censure-dans-les-medias-francais/

[5] "L’antisémitisme partout - Aujourd’hui en France" de Eric Hazan & Alain Badiou, La fabrique éditions : page 24.

[6] Ibid. : page 28.

[7] Guillaume Durand consacra deux émissions de l’Objet du Scandale au débat sur le 11-Septembre : La deuxième avec Kassovitz et Bigard le 28 octobre 2009, et la première le 30 septembre 2009, qui avait fait l’objet d’un traitement consensuel « entre experts » où pourtant les erreurs furent légion. Guillaume Durand, en grand organisateur du chaos, osa ainsi annoncer que « si d’ici la fin de l’émission il n’avait pas réduit en bouillie les idées de Mathieu et Jean Marie, il n’aurait pas fait son travail  », il évacua la question du WTC7 pour la fin de l’émission, ce que contesta JM Bigard, il ne corrigea pas les erreurs de la première émission, et surtout il déclara qu’il n’avait pas invité cette fois d’experts, « pour éviter que le débat ne tourne à des questions d’expert », en contradiction avec sa première émission, ce qui visiblement ne l’étouffait pas.

[8] Le rapprochement est inévitable, avec la date du 1er mai 2011 qui, dans le récit officiel, vit le corps de Ben Laden sombrer sans avoir été identifié visuellement « quelque part en mer d’Oman » depuis le porte-avion polyvalent USS Carl Vinson (celui qui était intervenu à Haïti). M. Obama a dit « Justice has been done », sorte de version démocrate du « mission accomplished » de GW Bush 8 ans plus tôt.

[9] Roland Dumas a fait part de ses doutes sur la version officielle du 11-Septembre très brièvement, lui aussi dans l’émission de Taddeï, le 16 décembre 2010, mais ce dernier, éventuellement échaudé par l’épisode Kassovitz, ne l’a pas invité à poursuivre son propos. Dumas aura ensuite l’occasion de développer son point de vue, mais dans une interview réalisée dans de médiocres conditions et diffusée uniquement sur internet.


URL de cet article 15138
   
Même Thème
La télécratie contre la démocratie, de Bernard Stiegler.
Bernard GENSANE
Bernard Stiegler est un penseur original (voir son parcours personnel atypique). Ses opinions politiques personnelles sont parfois un peu déroutantes, comme lorsqu’il montre sa sympathie pour Christian Blanc, un personnage qui, quels qu’aient été ses ralliements successifs, s’est toujours fort bien accommodé du système dénoncé par lui. J’ajoute qu’il y a un grand absent dans ce livre : le capitalisme financier. Cet ouvrage a pour but de montrer comment et pourquoi la relation politique (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Il y a une idée sur laquelle chacun semble d’accord. « Vaincre Daesh », comme l’a exprimé le secrétaire d’Etat Tillerson. Laissez-moi poser juste une question : Pourquoi ? Il est temps pour Trump d’être Trump : extrêmement cynique et imprévisible. Il lui faut vaincre Daesh en Irak. Mais pourquoi en Syrie ? En Syrie, il devrait laisser Daesh être le cauchemar d’Assad, de l’Iran, de la Russie et du Hezbollah. Exactement comme nous avons encouragé les moudjahidines à saigner la Russie en Afghanistan. »

Thomas Friedman, « In Defense of ISIS », New York Times, 14 avril 2017.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.