Quebec - N’en point parler relève de l’aveuglement et de la cupidité
(Bilan de campagne)
Cette campagne n’a pas abordé les brulantes questions militaires. Et c’est sans doute à cause de la complicité non avouée des partis canadiens et québécois aspirant, sans vouloir le reconnaître aux yeux de la population, à s’attirer les faveurs des complexes militaro-industriels.
La militarisation des rapports Nord-Sud sera la tragédie du XXI ième siècle si elle n’est pas endiguée. Elle fait d’ors et déjà des milliers de morts innocents et sert à consolider une hiérarchie mondiale des nations riches contre celle des travailleurs pauvres. On parle beaucoup des « pays émergents ». Reste qu’une vaste majorité de l’humanité, tout en vivant dans la pauvreté, subvient par son travail, et dans des conditions bien plus précaires que les nôtres, à notre enrichissement comme pays développés. Encore que l’insécurité du travail au Sud nous affecte lourdement à cause de la compétition qu’elle instaure entre nous comme salariés et elle finit par nous rattraper.
Imaginez simplement une « grève » du Sud, du type de celle de l’OPEP en 1973, dans l’acheminement de ses riches matières premières vers nos pays gavés !
Il y a eu un certain mépris des partis politiques pour le reste de la planète, et pas seulement chez les Conservateurs, dans le silence complice avec lequel ils ont balayé sous le tapis nos relations de plus en plus militarisées avec le Sud. Pourtant, plusieurs conviennent que ces problèmes posent les défis du XXI iéme siècle avec une ampleur inégalée dans l’histoire humaine. Par exemple, plus personne n’ose aborder en face la question du libre-échange. Tout cela continue de se passer à l’abri d’une nécessaire information dont bien des journalistes cachent les enjeux véritables. Comme du temps du Sommet des Amériques.
Et les questions nationales (la québécoise comme celle des autochtones ou autres) qui taraudent le Canada depuis la Confédération ne sont que le résumé de cette question néocoloniale qui risque de se transformer en embrasement du monde dont les incendies ont commencé en Irak, en Afghanistan, en Lybie, … et dans les autres points chauds du globe.
L’aveuglement avec lequel l’Occident égocentrique et enrichie aborde ces questions est inquiétant. Et je ne parle pas de « nous », mais bien « d’eux », en interpellant nos propres fortunés. Qu’une campagne électorale au Canada et au Québec n’ait aucunement touché ces problèmes me semble révéler le cul-de-sac dans lequel s’enferment les débats dans les régimes démocratiques qui ont pourtant de plus en plus la prétention d’être une solution à imposer militairement au reste du monde.
Si on n’entrevoit pas le péril qui s’annonce pour cette humanité meurtrie comme exigeant une réponse urgente et radicale, je ne vois pas pour l’Occident, développée et malgré tout en crise perpétuelle, de solution paisible à ses propres problèmes. Nous ne nous en sortirons pas seuls. Il est impossible à prévoir une solution au sort de l’humanité sans la participation de la grande majorité des humains, celle des travailleurs pauvres. Et si cette cause devait devenir en plus le prétexte aux agressions armées qui suivront, là vraiment, le XXI ième siècle sera celui d’une longue stagnation de la planète terre dans les progrès constants que nous promettait la sortie plus ou moins pacifique du tragique XX ième siècle.
C’est dire, pour les couches populaires, et parce que les États du monde le sabotent à tour de bras, l’importance de renouer avec un véritable internationalisme.
Guy Roy
(Québec)