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Le Monde Diplomatique (juin 2011)

Serge Halimi revient sur les conséquences politiques de l’affaire Strauss-Kahn : « Quiconque vilipende les privilèges de l’oligarchie, la vénalité croissante des classes dirigeantes, les cadeaux faits aux banques, le libre-échange, le laminage des salaires au prétexte de la concurrence internationale se voit taxer de « populisme ». Il fait, ajoute-t-on, « le jeu de l’extrême droite ».

Aussi, quand la justice new-yorkaise refusa de concéder un traitement de faveur au directeur général du Fonds monétaire international (FMI), accusé de viol dans un hôtel de luxe de Manhattan, un commentateur au diapason de la caste dirigeante française, politique et médiatique, s’offusqua de la « violence d’une justice égalitaire »… Il ajouta presque mécaniquement : « La seule chose dont on soit certain est que les sentiments anti-élite alimentés par ce scandale vont accroître les chances du Front national de Marine Le Pen lors de la prochaine élection. »

Marie Bénilde en profite pour analyser l’affaire au prisme des médias :

« Afrique, Asie et, désormais, Europe : le Fonds monétaire international (FMI) conditionne imperturbablement ses prêts à un programme de privatisations et d’austérité. Pourtant, dit-on, le FMI aurait changé. Sous la direction de M. Dominique Strauss-Kahn, il aurait basculé au service des peuples. Cette campagne de communication illustre la personnalisation croissante des enjeux politiques. Une tendance à double tranchant… »

Le Diplo consacre un gros dossiers aux problèmes démographiques (« Une planète trop peuplée ?).

Georges Minois montre les enjeux du problème :

« Longtemps, les dirigeants politiques ont scruté l’évolution de leur population, confondant nombre et puissance. Le XXIe siècle sera marqué par la question du vieillissement, tandis que resurgit le mythe millénaire de la surpopulation.

Le spectre de la surpopulation a refait surface en 2008, à la faveur d’une baisse des stocks alimentaires mondiaux et en raison de la dégradation accélérée de l’environnement. Un coup d’oeil à certains chiffres n’a rien de rassurant : 218 000 bouches supplémentaires à nourrir chaque jour dans le monde, 80 millions chaque année, un effectif global de presque 7 milliards, une consommation qui augmente... La population semble peser bien lourd sur les ressources de la planète. »

Gérard François Dumont énonce quelques " fausses évidences sur la population mondiale " : Démographie, que de poncifs on répand en ton nom...

« L’humanité connaît une natalité débridée. » Non, car depuis plusieurs décennies les taux de natalité diminuent nettement et partout, sous l’effet de ce qu’il est convenu d’appeler la « transition démographique », période durant laquelle une population voit baisser une natalité et une mortalité auparavant très élevées.

« Il faut craindre une véritable explosion démographique. » Qu’on se rassure : la bombe ne sautera pas. Le phénomène majeur du XXIe siècle ne sera pas la croissance rapide de la population, mais son vieillissement »

Que se passera-t-il quand la Chine « grisonnera » (Isabelle Attané) ?

« Si le poids de sa population - et notamment celui des Chinois en âge de travailler - a constitué un atout pour le dynamisme économique du pays, son déclin relatif et la montée du nombre de personnes âgées inquiètent les dirigeants.

Avec 1,35 milliard de personnes en 2010, soit un habitant de la planète sur cinq, la Chine est le pays le plus peuplé du monde. Elle le restera pendant une vingtaine d’années. Dès 2030, elle devrait céder la place à l’Inde, qui compterait alors plus de 20 millions de personnes de plus qu’elle. En 1950, la Chine représentait 22 % de la population mondiale, contre moins de 20 % aujourd’hui. Cet effacement démographique relatif tient en partie au formidable essor de la population de certaines régions du monde en développement, notamment de l’Afrique, dont le poids est monté de 9 % à 15 % entre 1950 et 2010, et de l’Inde, passée de 15 % à 18 %. Mais pas seulement. »

Youssef Courbage demande s’il y a un rapport entre démographie dans les pays arabes et islamisme : « A l’encontre de certaines thèses, le poids des jeunes ne s’est pas traduit par une flambée de l’islamisme. Ces vingt dernières années, la convergence démographique des pays des rives sud et nord de la Méditerranée s’est poursuivie à un rythme soutenu. L’indice de - qui a servi à donner une image repoussante des mondes musulmans - montre que le Liban, la Tunisie, le Maroc, la Turquie et l’Iran atteignent désormais des niveaux qui se rapprochent de ceux des pays européens. »

La Russie est-elle en voie de dépeuplement (Philippe Descamps) ? « Natalité en berne, forte mortalité, peur des immigrants... La Russie fait face à une récession démographique confirmée par le recensement de 2010. Ce phénomène donne la mesure du traumatisme lié à l’effondrement de l’Union soviétique. Nul besoin d’aller chercher dans des régions inaccessibles, au climat extrême, l’illustration de la crise démographique russe. A quelques heures de Moscou, la région de Tver (Kalinine entre 1931 et 1990) a enregistré durant la dernière décennie plus de deux décès pour chaque naissance. Selon les premiers résultats du recensement de l’automne 2010, cette région ne compte plus que 1,32 million d’habitants. En vingt ans, elle a perdu 18 % de sa population, soit plus de 300 000 personnes. »

Les voisins de Jean-Marc Rouillan sont de « drôles de types » :

« Le 1er mai 2011, on dénombrait 64 584 détenus en France, un record. Envers - enfer ? - du système social, l’institution pénitentiaire enregistre le durcissement des politiques punitives. Derrière les hauts murs ronronne une mécanique d’élimination.

Dans les centres de détention, on croise toutes sortes de gueules cassées, des rachitiques du bulbe et des tarzans du biscoto, des fatigués de la tête et des overdosés de la pilule, des gueulards incurables et des accidentés de la vie. Quels que soient l’heure et le lieu, on n’est jamais déçu. Une ambiance de Barnum tragique. Mais pour accomplir quelle mission dantesque se sont-ils donné rendez-vous ? »

Antoine Schwartz explique pourquoi la gauche française bute sur l’Europe : « En Espagne, des manifestants ont occupé les grandes places du pays, dénonçant une démocratie qui ne les représente plus et rejetant une crise qui n’est pas la leur. Dans la zone euro, la contestation bourgeonne, et prend peu à peu pour cible une Union qui a servi de courroie de transmission aux exigences des marchés. Mais l’Europe peut-elle être de gauche ? Pour une fois, les institutions européennes avaient déchaîné l’intérêt du plus grand nombre. Et, comme souvent, divisé la gauche française. Lors du référendum du 29 mai 2005, les opposants au projet de traité constitutionnel européen (TCE) rassemblaient 54,67 % des suffrages avec une participation élevée (69,37 %). Ce résultat n’a toutefois pas conduit au chambardement annoncé. Signé le 13 décembre 2007, le traité de Lisbonne reprenait les dispositions essentielles de l’ancien projet. Et, cette fois, plus question de demander son avis à la population : au processus référendaire on préféra la ratification par voie parlementaire. »

Un article intéressant de Thomas Deltombe sur la vivacité des pratiques religieuses de par le monde : (" Vivre ensemble avec Dieu " ) : « Désormais oublié, le mouvement politico-religieux du Réarmement moral, fondé au début du XXe siècle par le pasteur américain Frank Buchman, a connu son apogée durant la guerre froide, exerçant son influence auprès de certains dirigeants politiques importants. Son idéologie et ses méthodes rappellent quelles visées peuvent servir, lorsqu’ils sont repris par les dominants, des concepts tels que le « vivre ensemble », le « dialogue social » ou le « care ». »

Mon article préféré ce mois-ci : Laurent Cordonnier explique comment les consommateurs n’arrêtent pas de bosser pour le plus grand profit des producteurs : « Les loisirs, ce n’est pas de tout repos. On savait déjà que, lorsqu’il n’est pas « au travail », le travailleur - la travailleuse, surtout - continue d’oeuvrer. Mais on prête moins attention au fait qu’il consomme et que, en tant que consommateur, il travaille bien souvent gratuitement pour les entreprises ou les administrations... pour finir le travail, justement. Il lit les magazines de consommateurs, fait du repérage sur Internet, organise ses projets, réserve ses billets de train ; il se rend au supermarché, remplit son chariot, fait la queue à la caisse ; il monte des meubles en kit, installe son décodeur télé, active sa connexion Internet ; il cherche la référence du joint du robinet de la salle de bains ; il apprend le maniement des logiciels, lit des modes d’emploi... et déboule quelques jours plus tard au service après-vente, quand ce n’est pas au bureau du contentieux. »

Désormais, les séries télévisées (d’outre-Atlantique principalement) sont conçues pour les intellos (Dominique Pinsolle et Arnaud Rindel) : « Naguère considérées comme un divertissement populaire, les séries télévisées américaines ont acquis le statut d’oeuvres d’art. Certaines proposent des personnages profonds, des audaces formelles, des intrigues liées aux questions de société. Le public cultivé les plébiscite. Elles n’en restent pas moins des produits destinés à conquérir un marché selon une stratégie inventée par la chaîne HBO. »

Qui l’eût cru ? 36 ans après la guerre, les Etats-Unis et le Vietnam se retrouvent (Xavier Monthéard) : « Le rapport secret qui dévoilait les mensonges du gouvernement américain sur son engagement dans la guerre est désormais accessible au public. De son côté, Hanoï a tourné la page. Mieux, l’été dernier, des exercices militaires conjoints se déroulaient là où les premiers GI avaient débarqué. »
Dans le même temps (Saurav Jha), « la peur de la puissance chinoise réunit le Vietnam et l’Inde, qui en profite pour offrir ses services militaires et commerciaux. »

Jean-Luc Racine dresse le portrait du Pakistan après la mort de Ben Laden : « Le Pakistan a obtenu que les Etats-Unis annoncent le retrait de leurs 200 militaires officiellement présents sur son territoire. Cette mesure symbolise les relations tumultueuses entre les deux pays. »

Laurent Bonnefoy et Marine Poirier décrivent le soulèvement au Yémen : « le peuple réclame le départ du diactateur, qui semble décidé à entraîner la société dans la spirale de la guerre civile. »

Alain Gresh nous montre « la Palestine bousculée par les révoltes arabes », à cause de « l’impasse stratégique dans laquelle se trouvent Hamas et fatah. »

Maurice Lemoine évoque la situation tendue au Honduras. Les choses bougent dans la sous-région après le rapprochement entre la Colombie et le Venezuela.

Pour Rémi Carayol, la départementalisation à Mayotte s’opère « à la pelleteuse » : « Mayotte accélère la mise en conformité de ses pratiques administratives avec celles de la métropole. Cependant, dans le domaine foncier, la départementalisation heurte des droits coutumiers, et de nombreux habitants sont menacés d’expulsion. »

Mieux vaut tard que jamais : " Le mouvement social britannique sort de sa léthargie " (Tony Wood) : renforcement du Parti national écossais, défaite sévère des libéraux-démocrates, rejet du programme d’austérité.

La fin de la violence au Pays Basque est-elle proche (Brian Currin) ? La gauche nationaliste a remporté 25% des voix dans trois provinces basques. Des médiations sont désormais en court.

Emmanuel Raoul décrit la mobilisation contre le gaz de schiste : « En France, militants et élus bloquent les projets de forage.Le groupe Total a annoncé le 13 mai 2011 avoir pris des participations dans des concessions de gaz de schiste en Pologne, ses projets étant contrecarrés en France par la contestation dont fait l’objet cette source d’énergie. Les opposants ont en effet réussi une campagne de sensibilisation fulgurante sur un dossier largement méconnu. »

A lire absolument (comme les reste, évidemment) : un article édifiant de Pierre Imbert : " Comment Le Monde fut vendu " . Entre autre, en congédiant les « laquais » qui avaient cru en les promesses des banquiers. Savoureux. De Beuve-Méry à Pigasse, en passant par Plenel et Colombani, plus dure fut la chute.

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