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Que regardait Barack Obama à la télé la nuit de l’attaque des Seals ?

En « Cartoonia » étasunienne, après Ben Laden il est urgent et essentiel de trouver un autre ennemi pour Captain America .

Que regardait Barack Obama à la télé la nuit de l’attaque des Seals ? Le match des Dallas Cowboys au Superbowl ?

Les « libéraux impulsifs » (knee-jerking liberals), dans la terre des libres et dans la patrie des courageux ont exprimé leur effroi à propos de l’éditorial du Washington Post du 4 mai qui ne se bornait pas à exulter pour l’assassinat de Ossama Ben Laden et de son fils Khalid, mais exhortait l’Administration Obama à adopter la même méthode pour tuer Muammar Kadhafi et ses fils (l’éditorialiste ignorait apparemment que l’Administration l’avait déjà tenté quelques jours auparavant en tuant un seul de ses fils et trois de ses petits-enfants).

D’autres commentateurs de la gauche critique - oui, il y en a encore dans quelque caverne des Montagnes Rocheuses et parmi les bloggers d’Internet- sont allés plus loin : Ray McGovern, de Counterpunch, a écrit qu’on veut transformer l’armée des Etats-Unis en une bande d’assassins qui tourne de par le monde, véritable « Murder Inc. » mondiale équipée d’armes létales de haute technologie et d’une liste de personnes « à capturer ou à tuer ». « Nous sommes devenus - a conclu McGovern - une nation d’assassins ».

L’influence de ces survivants sur l’opinion publique est égale à zéro. On ne peut pas en dire autant de Maureen Dowd qui le 2 mai sur la « op-page » du New York Times avait ironisé sur l’ordre donné par Obama aux Seals : « Laissez l’hélicoptère, emportez le cadavre ». « Plus qu’à un grand président - avait-elle écrit - il ressemble à Michael Corleone dans « Le parrain » : « Laissez les pistolets, emportez les cannoli » .

Sept jours après, submergée de critiques à cause de sa satire désacralisante sur le Chef de l’Exécutif, elle a fait précipitamment marche arrière en justifiant, entre autres, les manifestations de jubilation du peuple américain (étasunien, NdT) à l’annonce qu’un homme désarmé -fût-il défini comme le pire terroriste du monde- avait été tué par les soldats étasuniens sous les yeux, et dans les bras, de sa femme et de ses enfants.

« Justice est faite » a pourtant dit Barack Obama après avoir suivi en direct à la télévision, avec Gates, Clinton, Panetta & co, le « petit carnage » (« ammazzatina », terme mafieux sicilien, NdT) des Seals à Abbottabad. Panetta a révélé ensuite que la liaison avec les microcaméras sur les casques des membres de l’incursion s’était interrompue peu avant l’atterrissage des hélicoptères. Question : que regardaient les participants, en affichant des mines dramatiques, dans la salle opérative de la Maison Blanche ? Un but marqué par surprise par les Dallas Cowboys dans un des plus célèbres superbowls de ces dernières années ? Pas mal pour le candidat Barack Obama qui s’était solennellement engagé à restituer transparence et « honneur éthique » à la présidence des Etats-Unis. Ceux qui ne sont pas affectés d’obamisme (ndr : avec un b et un m et pas avec deux n) savent que la continuité et la cohérence de la politique extérieure, économique, militaire et intérieure du Grand Empire d’Occident sont des axiomes fondamentaux et inattaquables quels que soient les présidents, leurs capacités, leurs défauts caractériels, leurs carences ou leur culture.

D’accord, après la guerre du Vietnam, la gouvernabilité du peuple étasunien qui vit désormais au royaume de Cartoonia a augmenté : après Ben Laden, il est maintenant absolument nécessaire de trouver un autre ennemi pour Captain America, un autre Joker pour Batman. On le trouvera et il sera pendu ou assassiné par les commandos spéciaux étoilés dans l’allégresse des sujets sur l’une et l’autre rive de l’Atlantique.

L’auteur de ces lignes a travaillé comme journaliste pendant trente-huit ans à Washington et New York, a suivi de près les directives de huit présidents -de trop près celles de John Fitzgerald Kennedy, ce qui a entravé l’objectivité de ses correspondances pour un quotidien de la province de Rome- il présume en tous cas avoir acquis une modeste connaissance des institutions, des sommets du pouvoir réel, des involutions des habitudes, des comédies démocratiques et des souffrances du peuple dans la grande république étoilée. Il a appris qu’il y a plus de vérité dans les « Federalist papers » que dans l’aulique « We the people… » ou dans le « Bill of rights ».

La parenthèse kennedyiste - savamment gérée par l’ami Pierre Salinger - dépassée, l’auteur a fait sienne la constatation de Nicolas Lemann sur l’Atlantic Monthly de mars 1985 : « Aujourd’hui notre politique -fondée sur une vision du monde nous et les autres- est d’appuyer essentiellement toutes les révolutions contre les gouvernements socialistes ou qui nous sont hostiles, et tous les gouvernements non socialistes, autoritaires et qui nous sont subordonnés contre toute révolution ».

C’est ce qui est en train de se passer et continuera à se passer avec quelque exception de brève durée. Dans la rigueur de cette logique les Etats-Unis devraient envahir le Pakistan parce qu’il a accueilli Ben Laden, comme ils ont envahi et dévasté l’Afghanistan il y a dix ans, pour la même raison. La différence tient au fait que le Pakistan est une petite puissance nucléaire…

Lucio Manisco

Considérations inactuelles n. 30,
9 mai 2011, Rome

Publié lundi 9 mai 2011 sur www.luciomanisco.com

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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Zheng Ruolin (Ruolin est le prénom) publie chez Denoël un livre délicieux et malicieux : « Les Chinois sont des hommes comme les autres ». L’auteur vit en France depuis une vingtaine d’années. Son père, récemment décédé, était un intellectuel Chinois célèbre dans son pays et un traducteur d’auteurs français (dont Balzac). Il avait subi la rigueur de la terrible époque de la Révolution culturelle à l’époque de Mao. Voici ce que dit le quatrième de couverture du livre de ZhengRuolin : (…)
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Quiconque attend une révolution sociale “pure” ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution.

Lénine
dans "Bilan d’une discussion sur le droit des nations", 1916,
Oeuvres tome 22

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