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Le peuple français s’appauvrit chaque année davantage !

Les apparences sont trompeuses

Trois semaines à traverser la France, émerveillé. La canicule en avril qui l’eût cru ! Les voitures rutilantes encombrent les rues étroites ; les résidences coquettes, merveilleusement entretenues, s’élèvent au milieu des nouveaux développements domiciliaires ; les commerces pléthoriques exposent leurs étalages remplis de produits de consommation dispendieux ; vraiment de quoi laisser croire que la douce France est un pays opulent, croulant sous la richesse et la consommation…à crédit !

Puis, un article du quotidien Le matin m’apprend que derrière cette façade de théâtre « Potemkine » la misère fait rage, et je me surprends à déchiffrer différemment cette vitrine occidentale ; les transports publics bondés de travailleurs au regard hagard ; les chômeurs désoeuvrés battant le trottoir en quête du marché…de l’emploi, n’importe quoi pourvu qu’on assure la fin du mois ; les grévistes, de plus en plus nombreux, à résister aux délocalisations et aux fermetures d’usines pour cause de surproduction ; les SDF qui insistent pour quémander de quoi manger, mais pas de quoi se loger, ce serait trop demander ; les immigrants balayant les rues, ramassant les ordures, affairés à mille et un boulots, toujours menacés d’être déportés ; les petits boutiquiers (commerces et services multiples) et les vendeurs à la tire qu’ils poussent à nous harceler, offrent leurs produits de pacotille Made in China…il n’y a pas de sots métiers qu’une infinie misère qui se terre et parfois surgit de sous terre et s’étale devant les étalages de la surabondance hors de prix.

Je comprends que la production de biens, de marchandises et de services se porte bien mais que les marchés crédités et solvables pour ces biens de consommation à profusion s’étiolent chaque année davantage.

Même ce petit homme d’affaires, montre chère au poignet, au volant de sa voiture de marque, m’apparaît différemment ; je soupçonne à son air stressé, inquiet, que tout n’est pas payé et que les fins de mois ont de quoi l’effrayer. Tant que l’impérialisme français pourra rapatrier ses super dividendes des néo-colonies vers la mère patrie, ce dernier pourra conserver son train de vie, tout en comprenant confusément, dans le luxe de sa BMW, que sa prospérité factice tient à une sonnerie de son portable lui annonçant la perte d’un contrat ou la fin de son emploi.

Qu’un jour les super profits n’entrent pas des néo-colonies et c’en sera fait des miettes qu’on lui laisse et de sa vie de paradis à crédit, et il le subodore l’animal. Son crédit tari ne lui permettra plus de dépenser aujourd’hui ce qu’il ne gagnera pas demain. Son « ami » le banquier, bien payé, tout occupé à engranger ses bonis d’efficacité et sa prime de vie chère, va lui rappeler que tout cela n’est pas son affaire, et que tout ceci n’est pas à lui mais à eux et qu’il lui revient de s’emparer de l’usufruit à son profit.

Les riches toujours plus riches et les pauvres…

L’article du journal Le matin qui m’a alerté allait comme suit. En 2008, le salaire médian (le plus fréquent) des familles françaises était de 2 380 euros par mois soit 100 euros de plus qu’il y a dix ans, c’est-à -dire tout juste 4 % d’augmentation des revenus des ménages en une décennie, ou si vous préférez, 0,4 % par année de hausse de revenu pour faire face à la vie de plus en plus chère, affirme l’INSEE dans son rapport intitulé Revenus et patrimoine des ménages (édition 2011). Le rapport ajoute que la même année les 10 % des ménages les plus pauvres gagnaient à peine 13 200 euros annuellement (36 euros par jour pour une moyenne de 3 personnes par ménage) ; 8 millions de français pauvres, soit 13 % de la population de l’hexagone, vit avec moins de 11 388 euros par année, soit, le croiriez-vous, 31,2 euros par jour (environ 48 dollars canadiens) !

Pendant ce temps les riches se débrouillent avec en moyenne 60 000 euros par année (non identifiés les hyper riches qui gagnent beaucoup plus que cela mais disparaissent en tête de ces statistiques sinistres).

Tout ceci amène à se demander si le peuple français ne devrait pas se battre pour une meilleure répartition de la richesse collective nationale, pour une meilleure équité sociale ? Mais le peuple français la mène depuis des siècles cette bataille pour la justice sociale ; depuis des lustres qu’il proteste le peuple français, depuis la prise de la Bastille notamment, qu’il s’enrage contre ces riches toujours plus riches, ces bourgeois toujours plus cupides et contre la paupérisation du reste de la population… Et puis après ? Quel est le résultat de cette hargne et de cette résistance ? Les statistiques de l’INSEE le proclament : 0,4 % de hausse de revenu pour les ménages ordinaires (alors que l’inflation a été de 4 % en 2010) et 100 % de hausse des revenus pour les hyper riches en 2010.

Tant que ces derniers seront propriétaires des moyens de production, des biens, des services, des moyens de communication, et que les super riches pourront s’accaparer la plus-value crée par les ouvriers, pour le bénéfice de quelques-uns, et s’emparer des super profits rapatriés des néo-colonies, l’INSEE publiera toujours les mêmes tristes statistiques.

Et ce n’est rien, attendez qu’à nouveau la crise économique (après celle de 2008) s’abatte sur la France impérialiste déclinante, incapable de faire concurrence à la nouvelle Chine, puissance montante, et c’en sera fait y compris des miettes qui tombent de la table du banquet dont même la petite-bourgeoisie docile n’espérera plus aucun bienfait. Le repartage des ressources et des marchés internationaux est en cours et ses effets n’ont pas fini d’appauvrir le peuple français.

robertbibeau@hotmail.com

6.05.2011

URL de cet article 13607
   
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