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Lettre ouverte a Mr Boillon, en réponse aux excuses présentées sur sa page Facebook

Votre Excellence,

Monsieur l’Ambassadeur,

Si je me permet de vous écrire aujourd’hui, c’est parce que, comme vous, lors de votre lettre d’excuses publiée sur votre page facebook «  j’estime qu’il est important de sortir des polémiques, » mais auparavant, quelques éclaircissements s’imposent.

L’action qui vous a été confiée est une mission dont vous avez été investi au nom de la Nation française. Votre fonction est des plus délicates car non seulement vous représentez votre gouvernement, mais aussi la France et les Français, et vous vous devez de faire bonne figure, vous plus que n’importe quel autre diplomate.

Je ne m’étalerai pas sur les dysfonctionnements des protocoles diplomatiques concernant votre prise de fonction, qui n’a pas respecté les règles de la diplomatie. D’autres s’en sont chargés avant moi.

La question qui vous a été posée Monsieur l’Ambassadeur, celle de savoir ce « que (vous pourriez) répondre aux préoccupations du peuple tunisien par rapport au comportement de la France durant la révolution », était une question tout à fait légitime compte tenu de la réaction de la France, pays allié et ami depuis toujours, face aux évènements qui ont secoué le pays.

Par ailleurs, vous semblez avoir oublié, Monsieur l’Ambassadeur, que l’ère Ben Ali dont la France a été complice (il suffit de lire la régente de Carthage), cette ère est révolue, du moins concernant notre liberté d’expression.

Quelques faits toutefois pour mémo :

Acte 1 : Interview du 2 février au JT de France 2.

Mme Alliot Marie reconnaît avoir pris ses vacances en familiale entre Noël et nouvel an en Tunisie et affirme deux choses. La première, plutôt alarmante, compte tenu de la fonction qu’elle occupe. Elle affirme ne pas avoir été au courant de la situation du pays ou du moins ne pas en avoir saisi la gravité. Pour une ministre des affaires étrangères, cela est plutôt inquiétant... surtout quand on passe des vacances dans le dit pays.

Je rappelle que l’incident qui a mis le feu aux poudres est la mort de Bouazizi, survenue le 17 décembre 2010, soit une petite dizaine de jours auparavant.

«  Quand je suis ministre, je suis ministre,et quand je suis en vacances, je suis comme tous les Français. » dit elle oubliant que tous les Français ne font pas partie des hautes sphères de l’État.

Acte 2 : Grâce aux révélations de Mediapart confirmées par la cabinet de Madame la Ministre, nous apprenons que MAM a eu l’occasion de s’entretenir avec le président déchu.

Je fais bref, je passe ce qui me paraît pouvoir être de l’ordre privé si l’on veut rester indulgent. Transaction immobilière , les voyages en jet, et le tutti quanti.

Quelques jours plus tard, des colis contenant des explosifs et tout le nécessaire pour réprimer la foule en colère ont été interceptés le 14 janvier. Une haute autorité aurait donné l’ordre formel de ne pas faire partir les colis.

Quelques jours auparavant, Madame la Ministre avait proposé «  le savoir-faire français » à la police tunisienne.

La question qui vous a été posée traduit donc l’angoisse de tout un peuple, Monsieur, dont vous avez à reconquérir la confiance. Elle est d’autant plus justifiée par les éléments que je viens d’évoquer.

Il était de votre rôle de garder votre sang froid, et de ne pas traiter cette question de «  débile »

Elle révélait juste l’appréhension,d’un peuple privé de son plus vieil ami dans un véritable coup dur.

La langue d’Ibn Khaldoun que vous maniez avec aisance, et qui vous a valu votre affectation en Irak, mais aussi quelques petits surnoms sympathiques, comme «  mon petit arabe » dirait Mr le Président Sarkozy, ou encore «  mon fils », dirait Khadafi dont vous avez géré la visite officielle à Paris d’une main de maître, ne suffira pas à gagner le coeur des tunisiens...

La Tunisie n’est pas l’Irak. Nous ne sommes pas en guerre. Nous entamons une Révolution, avec pour étendard «  Liberté, égalité, dignité »

Votre Excellence, vous semblez avoir oublié que nous avions été humiliés, bâillonnés de longues années durant. La dignité et la bravoure ont permis au peuple non seulement de renverser le pouvoir en place d’une manière presque pacifique, mais aussi le gouvernement mis en place par la suite, jugé trop proche de l’ancien régime.

De même notre ministre des affaires étrangères, a lui aussi fais les frais pour avoir soutenu votre ministre...

Non, Monsieur l’Ambassadeur, plus personne ne nous musèlera. Nous veillons a cela.

J’aurai pensé que la liberté toute nouvelle dont nous venons de faire l’acquisition aurait pu à elle seule tempérer votre comportement. Vous auriez alors fait preuve de vraie diplomatie, en mariant l’art du verbe et celui de l’habilité, pour vous dépêtrer de cette situation, qui, j’avoue, était des plus sensibles.

C’est là qu’un vrai diplomate aurait fait la différence. Votre manque d’expérience en est en partie la cause, mais vous auriez relevé le défi avec un peu plus de sagesse, et pourquoi pas même une note d’humour. Cela aurait suffit à décrisper la situation.

Dans votre lettre d’excuses publié sur votre page Facebook, vous dites ceci : «  Je suis venu vous parler avec le coeur, avec humilité. »

Moi aussi, Monsieur l’Ambassadeur, je viens vous parler avec le coeur, avec humilité. Il ne s’agit pas là de vous agresser ni de vous offenser.

J’ai moi même beaucoup d’amour et de respect pour ma seconde Patrie, la France. C’est un geste sain pour la colère qui ronronne en moi. Vous avez véhiculé une image qui entiche la France, ma France, et les Français. C’est pourquoi j’écris cela.

J’écris cela pour que mes concitoyens tunisiens ne cristallisent pas un rejet de la France, dû a vous, et à vous seul.

J’écris cela pour que mes concitoyens français comprennent que notre réaction, alors que nous vivons sous tension depuis prés de deux mois, notre réaction est légitime. Le but n’était pas de faire polémique. Nous nous sommes sentis insultés, humiliés.

Enfin, j’écris cela parce que je déteste l’injustice et que vous avez été injuste.

Vous nous dites dans votre lettre Monsieur  «  que cela a été interprété comme une marque d’arrogance et de respect »

J’ai visionné la séquence de Mosaique d’une durée de 6.01 .Je l’ai visionné au moins une dizaine de fois. Et j’ai été littéralement indigné a chaque fois.

Monsieur l’Ambassadeur, dois-je vous rappeler que vous vous en êtes pris à des femmes ?
La galanterie, le savoir vivre est le savoir être ne sont-ils pas liés à l’histoire de France ? Dois-je vous rappeler la longue tradition des ambassadeurs français, la galanterie à la cour des rois ?

Tout dans votre attitude, dans votre verbe prêtait à la désinvolture, au dédain et à l’arrogance. Quel manque de grâce, votre Excellence, pour un homme de votre position !

En outre, vous qui n’aimez pas que l’on évoque votre jeune âge compte tenu du degré de responsabilités qui vous incombe (sujet de la deuxième altercation avec l’une des journalistes), vous osez vous abriter derrière un «  je suis jeune, et je paye le défaut de mes qualités. »

En l’occurrence deux choses. Ce n’est pas votre jeunesse, Monsieur l’Ambassadeur qui vous a fait défaut, et votre parcours en témoigne pour vous. C’est l’humilité. Vous avez pris ces gens de haut.

Ni votre position d’ambassadeur, ni vos rapports privilégiés avec le président de la République, Mr Sarkozy ne doivent vous légitimer dans votre attitude. On est tous des semblables. Nous respirons le même air, et nous marchons sur la même terre. Nous nous devons de nous traiter avec respect mutuel.

Votre Excellence, si vous me permettez, accordez vous un moment seul, coupé de tout parasitage. Installez vous confortablement dans votre fauteuil. Si vous ne voulez toujours pas être sincère avec vous même, revisionnez la vidéo. Décortiquez vos dires. Vos gestes. Le ton. Les expressions de votre visage. Et surtout,s oyez honnête avec vous même.

Vous avoir imposé ce poste alors que vous êtes encore au stade «  trop fougueux et trop impatient comme les révolutionnaires ! » dites vous dans le texte avec un point d’exclamation, n’est pas dû à une erreur de jugement de votre part, mais de ceux qui ont estimé que vous aviez les qualités adjugées nécessaires à ce poste. Ces mêmes personnes ont omis de vous signaler qu’un ambassadeur au service de la nation qu’il représente, fut il le plus jeune ambassadeur de France, ne convient pas d’apparaitre dans le plus simple appareil, maillot bleu extrêmement moulant, et torse nu épilé au poil,a rborant un style à la Mickeal Vandetta,vous qui êtes celui qu’on nomme votre Excellence !

A moins que la nouvelle diplomatie du quai d’Orsay tente de se refaire une image new age, new look, oubliant les codes de conduite dont doivent faire preuve les représentants d’une nation.

Quand au terme de bizutage, Monsieur, il a pour définition dans le Larousse (de poche) : «  Faire subir des brimades à un bizut, élève de première année d’une grande école, et ce, à son arrivée. »

Notre peuple, Monsieur, est connu pour son bon vivre, mais aussi pour la qualité de son accueil, la réputation de l’hospitalité tunisienne n’est plus à faire. Nous n’avions pas préparé un guet apens ! Votre bizutage, comme vous le nommez, n’est dû qu’à vous même, votre Excellence.

Le reconnaître vous permettra de repartir du bon pied, bien que cela aura entiché votre jeune carrière. Mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron,n’est ce pas ?

Vous avez fait la promesse d’être plus poli a l’avenir... On n’attend pas d’un ambassadeur qu’il soit plus poli, Monsieur, il se doit d’être poli ! Ce sont les règles de la bienséance que doit maîtriser tout diplomate, bon ou mauvais. L’ego n’a pas toujours sa place dans la diplomatie. Raison d’état oblige.

Je crains que la «  pont de confiance », cette «  nouvelle page », ne soit plus compliqué à mettre en oeuvre, mais rien n’est impossible dit-on....

Enfin, et j’en aurai fini, dans la diplomatie, l’art du langage a ses propres codes. On ne dit pas «  Vous n’avez rien compris, on dit... je me suis mal faite comprendre... ».

A présent, nous pouvons sortir des polémiques.

Je vous prie de croire, Monsieur l’Ambassadeur, en l’expression de mon profond respect.

Yasmine

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