le Snesup, syndicat, syndicats des enseignants du supérieur, est affilié à la FSU (Fédération syndicale unitaire).
Cette fédération a décidé de s’agréger à la CES, Confédération européenne des syndicats. Elle suit en cela l’exemple des principales centrales françaises : CFDT, CFTC, CGT, FO, UNSA.
La CES est reconnue comme un " partenaire social " européen. Elle est actuellement dirigée par John Monks, ancien patron des syndicats d’outre-Manche. Pour situer John Monks dans sa trajectoire personnelle, disons qu’il est un membre respecté du European Policy Centre, un groupe de réflexion très influent, dominé par le monde des affaires. Son président n’est autre que Peter Sutherland, président de Goldman Sachs International, British Petroleum, de la section Europe de la Trilatérale, membre du groupe Bilderberg, directeur de la Royal Bank of Scotland, ancien commissaire européen responsable de la politique de la concurrence. Bruxelles étant un petit monde, il faut savoir qui casse la croûte avec qui et où.
La raison pour laquelle « votre fille est malade » est là : le syndicalisme à la John Monks et ceux qui l’ont élu n’est en aucune manière un syndicalisme de lutte contre le patronat (public ou privé), mais de partenariat, d’accompagnement dans le cadre prédéfini du capitalisme financier, de la célèbre "concurrence libre et non faussée " (http://blogbernardgensane.blogs.nou...).
Le 19 janvier 2011, la FSU a fait savoir qu’après consultation de ses syndicats, 79,75% de ses affiliés approuvaient l’adhésion de la fédération à la Confédération européenne des syndicats.
Je cite le communiqué de la FSU (http://www.fsu.fr/spip.php?article2703) :
Conformément au mandat du congrès de Lille, la question de la demande d’adhésion à la CES a été posée.
« Afin de participer à la construction d’un rapport de forces en faveur des salariés au niveau européen, la FSU se donne jusqu’à décembre 2010 pour mener les débats en son sein en fournissant tous les éléments aux syndiqués. Elle organise une consultation de ses adhérents par les syndicats nationaux selon des modalités déterminées par le CDFN et en accord avec ceux-ci ».
Certains syndicats ont pointé la difficulté de la mise en oeuvre de cette décision. "¨Les syndicats de la FSU ont consulté leurs adhérents sous des formes diversifiées.
Rapporté au nombre d’adhérents/SN, cela se traduit par :
Pour : 79.75% "¨Contre : 17.12% "¨Abstention : 3.13%
En dehors de ces exprimés 13.84% se sont portés en NPPV.
Le CDFN prend acte de ce résultat et en conséquence mandate la Secrétaire générale pour entreprendre les démarches d’adhésion de la FSU à la CES.
Dire que, en qualité de membre du Snesup depuis quarante ans, je n’ai été consulté en aucune manière pourrait relever de l’anecdote. Le problème est qu’aucun des membres de la FSU que je connais - et j’en connais un nombre certain, au Snesup et au Snes en particulier - n’a vu passer quoi que ce soit.
Lorsque consultation il y a, chaque syndiqué (les retraités y compris) reçoit du matériel de vote (argumentaire et bulletin de vote). Je n’ai reçu aucune documentation de la FSU sur la CES (ses statuts, ses mandats, son activité).
Lorsque la FSU aura définitivement adhéré à la CES, une part de ma cotisation sera reversée à cette CES. Comme je suis, à titre personnel, violemment opposé à l’existence même de cette confédération européenne telle qu’elle existe, je ferai face à un choix douloureux : subventionner un organisme dont je réprouve totalement les orientations et activités ou démissionner de mon syndicat.
La FSU avance des arguments grotesques pour justifier l’absence de consultation générale : elle évoque des " difficultés de mises en oeuvre " (il n’y a pas dix syndiqués de l’Éducation nationale qui n’aient d’adresse électronique), sans expliquer la nature de ces difficultés. L’imposture devient patente lorsque la FSU utilise l’expression « Rapporté au nombre d’adhérents/SN, cela se traduit par… ». Cette étrange formulation signifie que des syndicats (lesquels ?) n’ont fait que « rapporter » le résultat d’un vote d’instance à leur nombre d’adhérents.
La conséquence de cette mascarade est qu’une adhésion de la FSU à la CES fera du " dialogue " entre " partenaires sociaux " une posture toujours plus naturelle et permettra un renforcement des politiques de régression sociale dans notre pays.