21/12/2010
La militante française du parti indépendantiste Batasuna, Aurore Martin, dont la justice avait accepté le transfert en Espagne en réponse à un mandat d’arrêt européen, a annoncé son choix de la clandestinité dans une lettre publiée dans la nuit de lundi à mardi.
"Je n’ai pas l’intention de me soumettre aux autorités espagnoles, ni de faciliter à la France l’exécution de mon mandat d’arrêt européen", écrit la militante dans une lettre révélée sur le site du Journal du Pays Basque, quatre jours après le rejet de son pourvoi en cassation .
Aurore Martin dénonce également une décision politique : « Tout cela pour arriver à leur fin, l’illégalisation de fait de Batasuna par l’Etat français », « une illégalisation sournoise menée main dans la main avec l’Espagne ».
La Cour de cassation avait rejeté jeudi le pourvoi formé par la militante, âgée de 31 ans, après la validation par la Cour d’appel de Pau, le 23 novembre, du mandat d’arrêt européen émis à son encontre par Madrid pour "participation à une organisation terroriste".
Son transfert avait été accepté au regard d’activités politiques menées en 2008 par Aurore Martin en Espagne, au titre de son appartenance à Batasuna, un parti autorisé en France mais interdit en Espagne pour ses liens présumés avec l’organisation indépendantiste armée ETA.
Le déroulement de la procédure judiciaire européenne, puis la perspective du transfert en Espagne devenu possible à tout moment de la militante restée en liberté sous contrôle judiciaire, a suscité des réactions d’indignation bien au-delà du cercle des partis autonomistes, associations et militants basques.
Aurore Martin n’a pas manqué de faire allusion aux nombreux soutiens dont elle a bénéficié : "Je suis en Pays Basque, écrit-elle dans sa lettre, grâce à vous, grâce aux nombreux amis et soutiens qui m’ont accueillie et ouvert leurs portes". "En Pays Basque, il y a une valeur qu’on ne nous enlèvera jamais, c’est celle de la solidarité", ajoute-t-elle.
Des formations politiques nationales de gauche ou du centre - PS, PC, NPA, Parti de gauche, Modem -, s’étaient exprimées pour s’inquiéter d’une utilisation "politique" du mandat d’arrêt européen, soulignant qu’Aurore Martin n’est poursuivie par Madrid que pour sa participation à des réunions publiques et pour des écrits politiques.
Après l’annonce du rejet du pourvoi en cassation, c’est pour la première fois un élu de l’UMP, Max Brisson, conseiller général des Pyrénées-Atlantiques, qui a rejoint les contestataires en s’élevant contre "l’extradition pour ses opinions politiques" de la militante basque.
Le ton était également monté parmi les principales organisations de défense des droits de l’Homme, qui avaient toutes pris sa défense.
Ainsi, le Collectif des droits de l’Homme du Pays basque (CDHPB), qui a dénoncé une décision "aberrante", estimant que "la France accepte donc sans état d’âme le transfert d’une ressortissante vers l’Espagne où elle risque d’être incarcérée, dans les conditions particulièrement odieuses que l’on connaît, pour avoir participé à des prises de parole politiques en public".
Source : http://actu.orange.fr/
Voir aussi l’article :L’affaire Aurore Martin trouve un écho international
Extrait :
La jeune femme devait quotidiennement se rendre à la gendarmerie de Saint-Jean-Pied-de-Port. Ce qu’elle a décidé de ne plus respecter dans son courrier adressé à la rédaction du JPB lundi (cf. édition de mercredi) ne disposant plus d’aucun recours que de « se cacher ».
Cette lettre a suscité un vif émoi. Un simple clic sur Internet en dit long sur l’intérêt que suscite cette affaire. Google actualités répertorie près de quatre-vingt-dix papiers différents en date du 21 et 22 décembre pour la seule presse française. Même le magazine féminin français Elle publie hier sur sa page Web « Recherchée en Espagne, Aurore Martin prend le maquis » et s’intéresse à la justification de cette décision d’extradition pour un motif pourtant non répréhensible sur le territoire français. De son côté, le quotidien Libération revient sur la décision de la Cour de cassation et le revirement de jurisprudence qu’elle constitue. Mais on compte également Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Observateur, Le Parisien ou encore les sites Rue89 et Agoravox. La presse internationale, portugaise ou canadienne entre autres, répercute également l’information.
La mobilisation sur le terrain se poursuit aussi. Un rassemblement a eu lieu hier place de la Liberté à Bayonne réunissant plusieurs dizaines de personnes. Alors qu’elles tentaient de s’approcher de la sous-préfecture, elles ont été accueillies par une dizaine de cars de CRS.
Les appels à soutien s’intensifient
Le calendrier de protestations en solidarité à Aurore Martin et en faveur des droits civils et politiques ne cesse de se remplir pour les prochains jours.