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Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République cubaine.

Monsieur le Président,

J’ose vous écrire et vous interpeller. Je ne suis qu’un modeste citoyen. J’ose vous dire aujourd’hui combien j’ai pu admirer le processus cubain, combien la Révolution fut un mouvement progressiste qui établît des règles d’égalité dans les rapports sociaux, qui redistribua les biens mal acquis d’une bourgeoisie exogène qui vendait les biens du peuple à votre puissant voisin du nord mais aussi combien je suis inquiet.

Bien sûr, on pouvait critiquer dans les réunions entre camarades, les erreurs de la Révolution : centralisation du pouvoir, l’absence de République ouvrière, le rôle central du pouvoir étatique, l’absence de démocratie réelle qui devrait être l’apanage du socialisme. Mais toutes ces erreurs répondaient aux conditions objectives de lutte contre l’impérialisme, les attaques incessantes des Etats-Unis contre votre petite île. Les CDR, ces conseils de surveillance, pouvaient paraître indispensable à la lutte contre la réaction, le rôle central de l’Etat, dicté par la nécessité de commercer avec l’URSS etc…

Toujours, Cuba, a défendu les peuples contre les tyrannies, le peuple cubain paya de son sang la lutte pour la justice en Angola, elle lutta au Congo, en Bolivie, et dans nombre de pays contre l’impérialisme. Jamais, l’objectif ne fut autre qu’établir l’égalité, la liberté, la fraternité, la justice et les discours faisaient toujours référence au socialisme.

Mais, aujourd’hui, cette même direction historique, ces mêmes gens, qui, pour leurs idéaux s’étaient battus contre Batista, contre l’apartheid, contre l’empire, contre l’exploitation de l’homme par l’homme, seraient-ils en train de rétablir un capitalisme primitif à Cuba ? Serait-il possible qu’après tant de sacrifices, tant de gens qui ont défendu de leurs vies cette Révolution, elle ait décidée de s’automutiler ?

Non ! Non, Monsieur ! Permettre le salariat privé n’est en rien socialiste ! Mettre en place, si petits et limités qu’ils soient des rapports d’aliénation entre les hommes n’est pas socialiste ! Dire que l’Etat est paternaliste et qu’il faut mettre fin à l’égalitarisme n’est pas socialiste ! Dire que les travailleurs ont la responsabilité des erreurs de votre, (Oui ! la vôtre !) direction n’est en rien socialiste ! Licencier 500 000 travailleurs, mettre fin aux allocations chômage, amener à ce qu’une partie de la population soit reléguée aux abîmes de la société n’a jamais été socialiste ! Toute cette perversion de vocabulaire est abjecte ! Le socialisme, c’est la dictature du prolétariat, c’est à dire la démocratie du peuple, la démocratie intégrale ; les conseils ouvriers ; les soviets, quoi ! C’est l’autogestion des entreprises et non la main mise de l’Etat, c’est la fin des hiérarchies inutiles et non l’accaparement par une bureaucratie pléthorique des ressources de l’Etat !

Et en prime, ce qui donne lieu à ma lettre, j’apprends que des socialistes authentiques comme Pedro Campos sont réduits au silence. J’apprends que pour avoir réclamé l’auto gestion à la place du salariat on le réduit au silence ! Bien qu’il n’ait rien dit et qu’il se soit limité à un communiqué stipulant qu’il devait mettre fin à son bulletin, nous savons très bien ce qu’il en est, Monsieur le Président. De plus, j’apprends que Esteban Morales a été exclu du PCC pour avoir dénoncé les travers de la bureaucratie, en déclarant que le plus grand danger de la Révolution était de voir ces bureaucrates agir en chef d’entreprise privée ! Et, comble de la parodie, vous libérez des criminels ayant pactisés avec l’empire, ces fameux « dissidents » !

Monsieur le Président, j’ai encore l’espoir, l’espoir infime mais ferme de croire que vous n’avez pas fait cette Révolution pour revenir en arrière. Il y a encore des choses à défendre à Cuba, et notre île, cette grande île, patrimoine de l’humanité, est encore une lumière dans cet océan d’abîme qu’est le capitalisme. Vous vous trouvez à un tournant, il est encore temps de sauver ce pays et de le remettre sur les rails du socialisme, véritable cette fois. S’il vous plait pour tout le sang versé par les cubains, par respect pour votre lutte, par respect du socialisme et de nous tous, ne rétablissez pas les conditions primitives d’un retour au capitalisme. Nous serons là pour vous défendre si vous choisissez la voie du socialisme. En revanche, si vous choisissez le capitalisme, même primitif, personne ne vous défendra, ni les capitalistes pour qui vous serez toujours le symbole de la révolte du peuple, ni les socialistes que vous aurez trahi.

De grâce, ne nous parlez plus des supposées « règles économiques », et souvenez-vous de la critique de l’économie politique bourgeoise de Marx,

Voilà , nous attendons, et nous sommes nombreux à attendre avec inquiétude. J’ai encore la prétention, peut être naïve, de croire en votre honnêteté lorsque vous vous dites socialiste. Et nous serions rassuré de défendre votre régime en ne nous demandant pas en permanence : « Pour combien de temps encore ? »

Voilà , je lance avec espoir ce message dans l’océan numérique et j’espère qu’elle ne sera pas inutile.

Alexis Revel

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