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La Bolivie, le pays qui veut exister.

Une immense explosion de gaz. Voilà ce qu’a été le soulèvement populaire qui secoua toute la Bolivie avant d’aboutir à la démission, le 17 octobre, du président Sánchez de Lozada. Il s’est enfuit en laissant derrière lui un nombre considérable de morts.

Le gaz naturel devait être envoyé en Californie pour un prix dérisoire à travers des terres chiliennes qui, en d’autres temps, avaient été boliviennes. L’envoi du combustible via un port chilien a tourné le fer dans la plaie : la Bolivie exige en vain, depuis plus d’un siècle, de récupérer un accès à l’océan qui a été perdu en 1883, lorsque le Chili a gagné la guerre. Ce peuple s’est soulevé parce qu’il refuse d’accepter que le gaz naturel ne subisse le même sort qu’ont subi, autrefois, l’argent, le salpêtre, l’étain et tout le reste. En Bolivie, les ressources naturelles non-renouvelables partent sans laisser d’adieux et ne reviennent plus jamais.

Lorsque l’histoire se répète

Depuis cinq siècles, la fabuleuse richesse de la Bolivie est une malédiction pour les Boliviens, les plus pauvres parmi les pauvres d’Amérique du Sud.

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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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