La police colombienne mène l’enquête : trois des 90 personnes citées ont déjà été assassinées.
31/08/2010
"Panique à Puerto Asis [...] les habitants sont terrorisés et plusieurs familles ont déjà quitté leur domicile". Ce récit, publié dans l’hebdomadaire colombien Semana, décrit l’ambiance de cette municipalité de Putumayo depuis une dizaine quinzaine de jours, après la parution de mystérieuses listes sur Facebook. Les jeunes gens dont le nom y figure sont menacés de mort. Et quelques uns ont déjà perdu la vie.
Tout commence le 16 juillet. Deux motards de 16 et 17 ans sont assassinés. Le jour suivant, une liste de noms de mineurs, comprenant ceux des deux conducteurs de moto, est publié sur Facebook. Elle donne trois jours aux personnes menacées pour quitter la ville. Sur CNN.com, un officier de police raconte même un troisième assassinat et une agression. Des prospectus de menaces auraient même été déposés sur plusieurs voitures, raconte Skynews.
Deux autres listes ont été publiées sur Facebook les jours suivants, dont une contenant les noms de 30 femmes. En tout, environ 90 noms sont cités.
L’oeuvre d’un groupe paramilitaire ?
Reste à savoir qui a diffusé ces messages. Un casse-tête pour le nouveau président Juan Manuel Santos, élu en juin avec un programme sécuritaire aussi dur que son prédécesseur Alvaro Uribe, analyse le Time. Car les autorités colombiennes ont d’abord cru à une plaisanterie - avant de se raviser et de lancer une enquête.
L’hypothèse privilégiée des autorités : le groupe paramilitaire Los Rastrojos serait responsable de ces morts, continue le Time. Une hypothèse qu’appuie ABC.es, en expliquant que ces gangs utilisent fréquemment ce type de menace pour prendre le contrôle de zones clés pour le trafic de stupéfiants. Mais le père d’une des victimes n’est pas du même avis : "Il se peut qu’il s’agisse de menaces entre camarades, parce que certains apparaissent sous des surnoms qu’ils ne connaissent qu’entre eux" rapporte l’agence de presse française AFP. Une récompense de cinq millions de pesos (2.000 euros environ) est désormais offerte pour tout renseignement utile pour élucider ces meurtres, compte TF1.fr.
Facebook reste pour l’instant muet sur le sujet. Et les listes ont disparu du réseau social : "Difficile de savoir s’il s’agit d’un groupe, d’une publication sur un groupe ou n’importe quoi d’autre : l’accès a été bloqué", décrypte le blog Tel-ex, qui veut croire que le silence de Facebook pourrait bien cacher sa collaboration avec les enquêteurs.
Source : L’Express