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La globalisation des échanges est un génocide contre l’humanité

Dernier lever du soleil à Babylone.

Bienvenue dans la phase terminale du processus de destruction de la planète, des écosystèmes, de la biodiversité et de ceux qui la peuplent pour que survivent les préceptes de la globalisation néolibérale. Cette tyrannie du billet vert, cancer généralisé de l’Humanité qui colonise peu à peu les formes de résistances citoyennes à l’oppression, n’autorisera jamais aucune chimiothérapie contre les affameurs de la planète, tumeurs institutionnelles de la honte et du crime. Les puissants nous ont vendu leurs structures institutionnelles pour canaliser les doléances populaires, nous sommes devenus les prisonniers d’un système qui nous enferme dans un engrenage imparable, sclérosé par son propre rôle. Celui-ci obtient le consentement à l’anesthésie collective du consumérisme au lieu de s’unir et de bâtir un front insurrectionnel internationaliste contre l’ennemi commun. L’hypnose à l’occidentale a gagné le bras de fer dans la lutte pour un idéal humaniste à l’aune du nouvel ordre mondial.

1. La mondialisation néolibérale : une Quatrième Guerre Mondiale contre l’esclave des temps modernes.

C’est l’histoire d’un ordre planétaire délibérément cynique et asservissant, qui fut établi avec la volonté calfeutrée de réduire une poignée de quelques milliards d’êtres humains à l’esclavage et au servage économique pour que vivent quelques milliardaires. N’en déplaise aux manuels scolaires ornés de propagande démocratique dont la vertu première serait la liberté, l’Histoire du monde n’est que l’histoire d’un système institutionnel vieux de cinq cent ans, une machine à tuer qui s’est depuis peu retournée contre son créateur.

Cet article n’est pas le prologue d’un ouvrage de plus dans la bibliothèque des théories du complot mondial, servant de contre propagande au dogme démocratique partagé maintenant par tous. Que l’on avale sans se poser de questions les couleuvres amères de la presse du fait divers à émotions fortes pour faire passer la pilule au peuple face à une classe politique qui joue au poker avec la gouvernance de notre pays…Ou que l’on avale avec délectation les discours comploteurs sur un monde gouverné par des sociétés secrètes, les clubs privés de l’élite… Dans les deux cas, nous nous empêchons de réfléchir si l’on ne cultive pas une certaine part de doute. Nous, petites abeilles de la ruche mondiale, sommes enrôlés de force dès l’enfance pour vomir à outrance notre force de travail et surproduire le miel de l’impérialisme capitaliste.

Mais cette guerre n’est pas nouvelle. Voila plus de dix ans que la quatrième guerre mondiale saccage la nature pour la course au profit, et affame l’Homme peu rentable du Sud en le pillant structurellement pour engraisser les États capitalistes occidentaux. Et presque un siècle qu’elle dissimule aux sociétés civiles du monde entier les méfaits de ses agissements en vendant du rêve à bon prix en permanence, sans montrer ni la traçabilité des produits, ni le mode de fonctionnement des entreprises multinationales, ni le pouvoir que celles-ci ont pris sur les États. Cette quatrième guerre mondiale, c’est la résultante de la mondialisation économique et géostratégique des échanges, où la monnaie spéculative constitue l’arme de destruction, la nouvelle religion impériale à laquelle tous doivent se soumettre. Ce n’est plus une guerre mondiale d’affrontements entre les États, avec des alliances politiques, des militaires, des bombes, des mitrailleuses ou de l’espionnage comme au siècle dernier. Ce nouveau type de guerre est bien plus meurtrier puisque nous en sommes tous les soldats, du moins pour tous ceux qui suivent le modèle dominant et ses trajectoires "professionnelles". Le billet vert, la spéculation et la doxa divine du marché obligent à tout individu de s’investir dans le champ de bataille à l’insu de son plein gré. L’économie des marchés financiers permet de cacher la mort derrière le fonctionnement même du système : l’horreur de la guerre est bien plus palpable quand un bombardier déverse un "tapis" de bombes sur un village lors d’une "frappe chirurgicale" dans une guerre "propre", tandis que l’on ne peut pas mesurer le nombre de gens qui sont morts à cause du pillage du Tiers-Monde par les multinationales.

L’Homme du 21ème siècle est un esclave moderne, un produit de consommation robotisé vendable en permanence sur un marché, évoluant dans une immense machine qui le dénature et le dépossède de sa propre conscience, ce, sans en avoir connaissance évidemment. Par un devoir normatif d’obéissance aux institutions qui aliènent ses propres conditions d’existence, l’humain est devenu un gladiateur passif sans armes errant dans une immense arène, un camp de concentration à l’échelle de la planète où les élites pilotent ces institutions en toute impunité pour que l’état de dépendance énergétique et matérielle des dominés perdure indéfiniment envers les détenteurs de la puissance. L’esclave des temps moderne, contrairement à l’esclave de l’Empire romain, a l’impression de vivre un monde de libertés et de démocratie : il pense jouir librement de la démocratie et faire entendre sa voix alors que la délégation de son pouvoir à une classe politique oligarchique inamovible a toujours été instituée au service de la classe possédante et dans une perspective antidémocratique. Il pense recevoir salaire de sa participation à l’appareil productif de son entreprise là où il ne fait que vendre sa force organique de travail alors que la vraie valeur de son travail est exploitée, expropriée par l’entreprise par l’entremise des objectifs actionnariaux. Et la hausse de son salaire à mesure que la carrière professionnelle se poursuit est une manière d’acheter la paix sociale en donnant l’impression de liberté, une fausse marge de manoeuvre permise par le pouvoir d’achat. Il pense être doué d’une conscience lui permettant d’être libre de penser par lui-même en même temps qu’il reproduit les codes qui lui ont été transmis par la socialisation (famille, école, amis, collègues de bureau etc.) et les médias pour l’adapter au système. Il pense être libre de tout déplacement là où derrière chacune de ses actions, se cache une transaction financière (les moyens de locomotion répondent à des services marchands, la paire de chaussures qu’il me faut pour marcher a été achetée, etc.). Il est libre de circuler à loisir dans les rues de sa ville, mais est surveillé en permanence par des caméras de vidéosurveillance. Et gare à la répression s’il en vient à accomplir des déviances que l’institution dénomme par troubles à l’ordre public. Bref, l’esclave de l’ère marchande est une bête décervelée qui exécute les ordres de l’autorité à laquelle il répond sans prendre conscience qu’il est du côté de la masse la plus nombreuse, de son pouvoir sur la minorité bourgeoise, qu’il suffirait de peu pour s’organiser, désobéir et lutter contre l’oppression du système global. Ce, pour se réapproprier l’autonomie et l’auto-organisation de la vie sociale par l’association dans les entreprises, au lieu de perpétuer la convoitise des postes directionnels dans l’escalade hiérarchique en accumulant une myriade de diplômes universitaires. Mais là , encore une fois, la tâche relève de l’utopie irréalisable dans cette société de la liberté surveillée, où l’Homme n’est que le code barre sur la tranche d’un produit à vendre.

2. Le commerce international, les multinationales et la consommation : l’art de la mise à mort des peuples du Sud.

Pour traiter des impacts socio-économiques cette quatrième guerre mondiale, prenons l’exemple de Nestlé, du moins de ce que l’on en sait. La majeure partie des produits que l’on trouve sur les étalages des empires de la consommation tels que Leclerc, Carrefour, ou Géant-Casino, sont issus des usines des plus gros trusts agroalimentaires de la planète. Danone, Nestlé, Coca-Cola, Kraft Foods, Unilever, IBM, BASF, etc. ne connaissent qu’une loi, celle qui a fait d’eux des rois. Lorsque l’occidental remplit son placard dans les centres commerciaux en achetant les articles produits par des agroalimentaires tels que Nestlé, Unilever ou Kraft Foods, il se rend indirectement coupable de la légitimation de la famine organisée en Afrique. L’on ne voit pas toujours que lorsqu’une entreprise comme Total, Nestlé, Danone ou Mc Donald’s s’implante dans un pays pauvre où les salaires sont faibles, les profits générés reviennent en Occident et non en Afrique alors que ceux qui travaillent pour les multinationales sont sous-payés par celles-ci. Voila pourquoi lorsque l’on achète du chocolat ou du café (produit en grande partie par Nestlé), le consommateur, dans une infime mesure, cautionne le pillage du Tiers-Monde et l’exploitation des travailleurs pauvres. Difficile aussi, de mesurer les conséquences sociales directes du système lorsque l’occidental remplit son armoire de vêtements importés de Chine ou d’Amérique centrale. Ou encore, la terreur est impalpable lorsque l’on regarde, de loin, les compagnies transnationales exproprier des peuples et des cultures pour accroître leurs parts de marché, lorsqu’une entreprise licencie du personnel à coups de plans dits «  sociaux » pour limiter ses coûts de production. J’en passe et des bien pires.

Nestlé fait croire dans les «  pays en développement » avec sa stratégie de communication, que le lait en poudre (ce que Nestlé produit et vend), est meilleur que le lait maternel naturel pour la croissance des nourrissons. La fausseté de cet argument a été démontrée au milieu des années 1970 par des chercheurs britanniques. Cette publicité mensongère lui est pourtant interdite par le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, ce que la multinationale a elle-même signé en 1984… Or rien ne lui empêche de continuer : il y a des personnes pour qui la signature n’engage que le stylo ! (et oui, une entreprise, juridiquement, est une personne morale, elle peut conclure des contrats et signer des accords, au même titre qu’une personne physique comme vous et moi…) Après avoir incité les femmes de ces pays "pauvres" (Éthiopie, Bengladesh etc.) à consommer ce lait en poudre plutôt que leur propre lait maternel, en faible quantité à cause de la sous nutrition, la politique commerciale de Nestlé dans ces pays a été durcie, et des hausses successives sur ce lait en poudre ont été décidées. De fait, ces femmes déjà frappées par la pauvreté, n’avaient plus suffisamment d’argent pour acheter ce lait, leurs bébés décèdent ou développent des carences nutritives…sans parler des malformations dues à la faim…cela concerne 70% des femmes en Éthiopie désormais, et l’on va lire ici en France, que la famine est due à la dureté du climat tropical dans une région qui est l’une des plus luxuriantes de l’Afrique ! (Le climat est sec, aride et méditerranéen en Californie, je ne pense pas que la famine soit un problème dans cet État…).

Bref d’une part, l’on persuade les gens d’acheter un produit que le corps humain fabrique naturellement, une ressource qui devrait être non marchande, puisqu’il paraît qu’en droit, le corps n’est pas à vendre. D’autre part, comme l’état de sous nutrition est maintenu par les puissances commerciales de l’Occident, on impose à des peuples entiers à se soumettre au dictat économique de celles-ci, dont Nestlé qui fait grimper les prix une fois le monopole commercial acquis. Ainsi, lorsque l’on achète chez Carrefour des glaces, des céréales, du café, des gourmandises chocolatées etc., nous organisons la pérennité, voire la survie de ces multinationales : le crime est caché, et nous y participons tous puisque si leurs stocks s’épuisent, eux, n’y voient qu’une hausse de la demande, et vont chercher à produire davantage pour satisfaire cette demande. Or l’offre a depuis longtemps dépassé la demande dans cette société de la consommation outrancière là où la production, en analyse économique, ne devrait se faire qu’en fonction de la demande du consommateur, non l’inverse : en clair, le consommateur lambda voit un produit étiqueté Marque Anonyme sur les étalages, il l’achète parce que les techniques de marketing ont placé le produit au niveau de ses yeux, non parce qu’il en a vu la nécessité, il n’a pas eu à demander ce produit. La seule solution pour résister contre la famine dans le monde maintenant, est donc de boycotter à l’échelle individuelle tous ces produits issus de l’industrie de l’agroalimentaire. Le véritable changement, c’est nous seuls qui pouvons l’apporter, non par un gouvernement qui peinera à verser 0.7 % de son PIB pour l’Afrique ou l’Asie du sud-est, pendant que le fonctionnement de l’économie capitaliste maintiendra cet état de disette au Sud. Pour vulgariser, c’est un peu comme si j’étranglais mon chat jusqu’à la mort, et qu’en guise de dédommagement, je lui faisais une fois mort, des caresses sur le dos !

La globalisation néolibérale est une volonté politique institutionnelle qui confère la gouvernance des affaires publiques aux élites économiques privées de la planète, et qui se charge de mettre les cerveaux des dominés en état de veille pour ne pas qu’ils résistent face à l’autoritarisme des pouvoirs politiques. Les mettre en veille sans les éteindre pour qu’ils continuent de consommer. Avec un marché terrestre potentiel de six milliards d’humains esclaves endormis par le dogme du superflu et le rêve inatteignable d’une vie confortable à l’infini, les maîtres du monde et leurs places boursières paraissent inamovibles. Tel est l’objectif de la nouvelle guerre impérialiste : enfermer les consciences du monde entier dans un carcan idéologique imperméable à toute dissidence pour que les oligarques capitalistes restent bien au chaud, à l’abri dans leur tour d’ivoire.

3. La démocratie, un régime qui n’a jamais existé que dans la philosophie politique.

Ce que les historiens nomment la tentation démocratique désigne le fait pour les États de se doter d’une constitution dite démocratique depuis la fin du XVIIIème siècle. S’il est d’usage de considérer que la démocratie fut théorisée par les philosophes athéniens de la Grèce Antique, l’on peut voir qu’à chaque vision de la démocratie, correspond une vision bien particulière de l’Histoire. Ce que nous appelons aujourd’hui «  démocratie » serait certainement vu par ceux qui l’ont mise en place comme un régime antidémocratique trois siècles plus tôt, lorsque les putschistes révolutionnaires abolissaient la monarchie absolue de droit divin. Le phénomène démocratique commence aux États-Unis, dans les années 1780.

Oui, mais qu’est ce que la démocratie ? Tout le monde désormais dirait qu’il est stupide de la définir, tant ce terme nous paraît évident. Et pourtant, ce terme est tellement utilisé, tant par les puissances impérialistes qui exportent leur modèle occidental en imposant la paix par la guerre (belle oxymore !), que par les citoyens militant, clamant qu’un autre monde est possible, ce terme est tellement employé qu’il a été vidé de son sens. De plus, l’Histoire racontée aux enfants par l’éducation nationale, celle racontée aux étudiants par les universitaires, et celle racontée à tous par les écrivains, peut toujours être remise en cause : un humain qui raconte une histoire ne peut pas se défaire d’une part d’interprétation, de subjectivité en fonction de son système de valeurs, ou de ce qu’il considère comme appris, su et établi. L’Histoire, telle que nous la connaissons aujourd’hui est celle qui a été établie par les élites et les classes dominantes successives, à un tel point que peu de gens (à part Howard Zinn, Noam Chomsky par exemple) ne sont a-mêmes de la déconstruire pour y voir les évènements volontairement occultés au fil du temps qui passe.

Ainsi, va-t-on croire que les États-Unis furent le premier pays à devenir une démocratie de l’époque contemporaine. Or il est intéressant de se pencher sur la manière dont ont été instaurées les élections et ce régime politique.

Ce régime politique toujours en place depuis 1787, fut initié dans le but d’étouffer les révoltes du peuple nouvellement indépendant, et d’empêcher que ce soit le peuple lui-même qui soit le propre décideur des affaires publiques de la nation. La révolution américaine est une révolution libérale, qui s’installe par rejet des institutions anglaises de l’époque, et base son socle constitutionnel sur la protection des libertés individuelles, de la propriété et la représentation. La constitution fut rédigée par des marchands, des juristes, des financiers, par la bourgeoisie privilégiée et fortunée. A partir de 1776, la crise économique due aux mauvaises récoltes s’installe, et se développent des mouvements sociaux à l’initiative des classes populaires, composés de petits agriculteurs, d’artisans et d’ouvriers des manufactures. En fait, tout le débat autour de la rédaction de la constitution fut organisé autour de la peur que la révolte populaire prenne le pouvoir sur la bourgeoisie. Pour les aristocrates de l’époque donc, la démocratie, le gouvernement du peuple était une menace pour les libertés et la propriété privée. C’est pour cela que les constituants adoptent le système de la représentation, où le processus de prise de décision est confié à une classe dominante, riche, et "cultivée". La société est régie par un gouvernement d’individus élus, indépendants devant les électeurs. Ensuite, les aristocrates américains, anciens colons de la couronne britannique, fidèles à la tradition libérale, instaurent la séparation des pouvoirs, idée empruntée à Montesquieu et Locke. Le but était de cloisonner les sphères institutionnelles avec une répartition des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire), pour empêcher à la majorité de prendre le pouvoir et d’instaurer la démocratie par un gouvernement du peuple : l’égalité, la souveraineté du peuple, privilégier la vie en collectivité plutôt que la propriété privée, et l’auto-détermination du peuple. La révolution française de 1789, qui ne fut qu’un putsch de l’aristocratie contre la monarchie, fut instaurée suivant les mêmes objectifs, dans la peur de la puissance du peuple et dans la crainte que la majorité supplante à la minorité ses privilèges, sa fortune et son pouvoir.

La démocratie bourgeoise représentative que nous connaissons à l’heure actuelle confine la décision du peuple à la consultation électorale une fois tous les quatre ou cinq ans, et celui-ci n’a qu’à subir le restant du temps en attendant à la prochaine élection qu’il puisse choisir. Du moins avoir l’impression de faire un choix. La fonction politique de métier étant réservée à une élite économique et sociale, le régime dit démocratique laisse penser que le citoyen possède un choix entre plusieurs partis politiques, de fausse gauche ou de droite, alors que tous les hommes politiques n’ont qu’un seul objectif : conserver ou prendre le pouvoir. C’est un parti unique qui laisse l’illusion d’un multipartisme. Le reste des divergences ne sont qu’un vaste champ idéologique où se proclament les discours, des débats qui règlent la surface des problèmes, mais pas leur fond. Quelle différence entre le parti républicain et le parti démocrate quand ce sont les lobbies qui obtiennent le dernier mot sur les décisions ? Les hommes politiques sont tous issus des mêmes milieux, des mêmes écoles. Ils sont d’accords sur le fond, et le peu qui voudraient oeuvrer pour le bien collectif, l’intérêt du peuple et de la société ne seront jamais élus puisqu’ils jouent avec les mêmes règles que celles fixées par l’institution, qui porte en son fondement principal l’inégale répartition des savoirs et des compétences. Deux cent ans d’histoire pour peu d’émancipation citoyenne quant les luttes sociales deviennent de plus en plus confinées dans des mouchoirs de poche. Deux siècles d’histoire pour passer d’un suffrage censitaire, c’est-à -dire destiné aux possédants et aux riches, pour passer d’un suffrage universel direct cachant le même fonctionnement censitaire et élitiste de la société politique.

Le critère de sélection des gouvernants se fait par des élections d’hommes et de femmes formés pour diriger, gouverner, dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Montesquieu et ses acolytes qui ont préparé 1789 écrivaient que la citoyenneté devait être confiée à l’aristocratie, car le peuple n’était pas assez instruit selon eux pour s’occuper des affaires publiques. Cette vision oligarchique de la démocratie représentative à véhiculé l’idée qu’il fallait privilégier l’élection, pour sélectionner les meilleurs, les plus compétents. La révolution française et son héritage introduit par De Gaulle en 1958 dans la cinquième république française, fut donc anti démocratique, et s’inscrit dans un refus perpétuel de l’autogouvernement du peuple. Que le vote soit fait par tirage au sort, au suffrage universel ou à la majorité, il y aura toujours une partie de la population qui ne sera pas représentée, contre un gouvernement qui appliquera sa dictature de la minorité au service des intérêts de classe. La seule et réelle démocratie qui soit efficace, elle est directe, participative, où le vote s’effectue à main levée. Toutes les autres sont des formes d’aliénation de l’Homme pauvre et esclave par l’Homme riche et puissant.

«  Je respecte trop la démocratie pour risquer de la dérégler en votant. » Roland Topor.

4/ L’oligarchie occidentale les pieds dans l’eau, aux commandes du Titanic.

Il serait temps que la propriété des moyens de production -les usines, les machines, le matériel qui sert à la production des services en tout genre etc.- soit réattribuée à ceux qui les utilisent. Lorsqu’un gouvernement proclame la faillite, la lutte contre l’aggravation du déficit public et vend la nécessité d’une politique de rigueur (gel des salaires, réduire ou supprimer l’intervention de l’État dans l’économie etc.), c’est toujours pour rassurer les marchés financiers. Et non prendre soin de la population. En ces temps où le FMI commence à s’en prendre même à l’Europe, avec sa méthode d’appauvrissement structurel des peuples, (réforme des retraites, gel des salaires dans la fonction publique, privatisation des services publics), nous sommes pour ainsi dire, mal barrés. Le FMI est entré en Grèce, en Roumanie, en Islande entre 2008 et 2010. En ce mois de mai 2010, c’est maintenant au tour de la France, de l’Espagne et de l’Italie de se plier aux ordres du FMI en appliquant ces fameux «  plans d’austérité » pour éviter de leur concéder un prêt d’envergure colossale. Mais qu’est-ce donc qu’un plan d’austérité ? C’est juste la privatisation des États, avec pour seul rôle celui de garantir l’appareil répressif contre la révolte du peuple. Pour tout le reste, les ressources, le marché du travail, les secteurs clés de l’économie etc., sont confiés aux marchés financiers, qui gouvernent selon leurs intérêts à court terme.

Depuis le traité de Maastricht signé en 1992, les institutions européennes obligent les États à respecter une ligne directrice établie en quelques points, nommés «  critères de convergence », ce qui garrote la marge de manoeuvre des États.

 Un État membre de l’Union Européenne doit maîtriser un taux d’inflation calqué sur celui des trois États les plus compétitifs…

 Le déficit public à l’année ne doit pas dépasser 3% du PIB, et la dette publique, 60% du PIB. La dette publique de la France serait de 84% du PIB pour 2010. L’impact antisocial de l’Europe saute aux yeux : on aveugle le peuple en lui faisant croire que l’État n’a plus d’argent (est-ce possible ?), qu’il doit limiter ses dépenses publiques, mais ce que médias, économistes et gouvernement oublient volontairement de dire au lecteur-auditeur, c’est que la réduction des dépenses publiques n’est pas la seule solution pour gérer le déficit public d’une économie. Il y a aussi le recours à l’emprunt et aux réserves accumulées lors des années excédentaires (qui n’est donc plus possible concernant le déficit public), la hausse des impôts ou la création de monnaie supplémentaire à réinjecter dans l’économie (ce qui est interdit par le fait que la création monétaire n’est plus l’initiative d’un État, mais elle est confiée à la banque centrale européenne). Ce mythe des caisses vides de l’économie française, à renflouer par une réduction des dépenses publiques ne tient donc pas, puisqu’il n’y a jamais eu autant d’argent dans les poches des gens. Évidemment, il ne s’agit pas des poches des travailleurs, l’argent se fait toujours aspirer vers les mêmes comptes bancaires…

L’État a donc le choix entre limiter ses dépenses, et soumettre certaines catégories de personnes à l’impôt. Pour un gouvernement libéral qui ne veut surtout pas vexer ses amis de la finance internationale, le choix est vite fait ! Or que voit-on pour éviter que le gouvernement consente à un prêt au FMI ? Gel des salaires jusqu’en 2013, réforme des retraites, recul de l’âge du départ à la retraite, j’en passe…Le démantèlement de la sécurité sociale leur semble préférable alors qu’en vingt ans, la part qui a glissé du public vers le privé avoisine les 200 milliards d’euros, contre 20 milliards de déficit à la sécurité sociale en France ! Je ne suis pas économiste, mais je m’interroge : l’impôt ne serait-il pas la meilleure des solutions ? Imposer une taxe (même faible pour ne pas freiner l’investissement) sur le capital, sur les grandes entreprises multinationales du CAC 40 permettrait de limiter ce déficit public sans avoir à privatiser les entreprises à tours de bras, et tout en permettant à l’État d’intervenir dans l’économie, de subvenir aux besoins de sa population, sans démanteler les acquis sociaux du Conseil National de la Résistance. C’est-à -dire, jouer son rôle d’État.

Entre une oligarchie puissante qui impose le capitalisme à l’état pur dans des pays riches et une société civile qui semble jusqu’ici bien endormie, terrée dans ses pantoufles, on ne peut que craindre le pire pour les mois et les années à venir. Car dans ce contexte où l’objectif des marchés est de déguiser une guerre de spéculation sur les économies européennes en faisant payer leur crise aux peuples à coups de réformes/cassures du marché du travail (davantage de flexibilité), même le plus dépourvu de connaissances en économie a de quoi s’inquiéter : les capitalistes sont apatrides, ils se retournent même contre leurs propres pays occidentaux, pourvu que leurs activité de trading leur fournisse toujours plus de profits.

La crise de 2008 ne fut qu’une accélération du capitalisme, elle fut profitable à une petite partie des capitalistes de la planète. Les entreprises qui enregistrent des déficits licencient, et se font racheter par d’autres, plus puissantes et florissantes. Les pauvres s’appauvrissent, des anciens riches s’appauvrissent, et de nouveaux riches deviennent toujours plus riches grâce à la concentration accrue du capital exacerbée par la nouvelle crise. Les médias s’enflamment en jouant sur la peur de l’avenir pour les classes salariales, ce qui permet aux hommes politiques en place d’appliquer sans obstacles citoyens les codes dictés par les marchés financiers : libéralisation, privatisations, démantèlement des services publics et des acquis sociaux, expropriations, sélection des éléments les plus rentables etc…Une crise financière, c’est toujours l’aggravation de la guerre déclarée aux pauvres dans une opinion aseptisée, aveuglée par les écrans de fumée médiatiques dont le rôle est d’éviter que les peuples reprennent par la rue le pouvoir qui leur est du. Et quand bien même ils le feraient, la police est là pour nous protéger, veiller au respect de l’ordre public. En droit, mais dans la réalité, c’est de la police qu’il faudrait se protéger.

Il en faudra des monceaux de barricades pour freiner les tirs de l’armée et de la police lorsque le peuple, garroté, ne pourra plus subvenir aux besoins des siens. Mais n’attendons rien de cela, ni même d’un quelconque changement collectif solidaire et social, la consommation de masse est ici-bas bien trop ancrée dans les goûts et modes de vie de chacun.

Samuel MOLEAUD

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Publié sur le site de Heritage Foundation,
janvier 2010
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