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Affaire Tapie-Adidas : Lagarde prête à porter le chapeau pour Nicolas Sarkozy

Christine Lagarde est en train de se mordre les doigts jusqu’au sang de n’avoir exigé aucun ordre écrit de Nicolas Sarkozy pour mettre en place la procédure arbitrale qui a enrichi de 403 millions d’euros Bernard Tapie en 2008 dans l’affaire Adidas/Crédit Lyonnais alors qu’elle était ministre des Finances.

Elle qui est en tête du palmarès Ifop des femmes politiques, devant Marine Le Pen en mars 2013, risque une belle descente en solo. Même si des voix commencent à s’élever moderato à droite pour remettre un tantinet les pendules à l’heure. Elles ne seront sans doute pas suffisantes pour pointer le « secret du roi ». Ce n’est jamais le cas, on le sait bien.

Cette erreur de débutant de l’actuelle directrice du FMI - Lagarde a succédé à DSK, un autre gaffeur de premier ordre - risque de visser un très lourd chapeau sur sa tête polyglotte (elle parle anglais comme pas un).

En effet, l’enquête avance à grand pas afin de prouver le caractère illégal de l’arbitrage décidé en lieu et place d’une décision de justice traditionnelle aux intentions infiniment moins généreuses vis-à -vis de Nanard, censément lésé par sa banque dans la vente du groupe de matériel sportif .

Pourtant l’affaire avait été jugée bien avant cet « arbitrage ». Bien jugée même et ce devant la juridiction ultime : la Cour de cassation.

Ce qui fait que les juges commencent à se pencher très vigoureusement sur le pourquoi du comment de la manoeuvre un tantinet étrange et très coûteuse pour le contribuable.

DANSE DU TAPIE

D’ailleurs, il est très vraisemblable que le bouillant homme d’Affaires, se fasse un certain mouron car le spectre d’un remboursement pourrait bien agiter ses chaînes. Reste à savoir où sont passés les sous. Un classique de la danse du Tapie.

Vendredi, les enquêteurs se sont rendus au domicile de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée au moment des faits, et celui-ci a donné le ton. Et ouvert en grand le parapluie.

« Je voudrais dire de façon tout à fait nette, catégorique, que la procédure a été menée par le ministère des Finances et les arbitres choisis par les parties », a déclaré celui qui a été, ensuite, le premier flic de France. En clair : c’est Lagarde qui a tout fait et Sarko ne savait rien.

L’affirmation est allée droit au coeur de la patronne du FMI, qui a eu beaucoup de mal à trouver le sommeil ce week-end à Washington. Car il lui manque cruellement de quoi se défendre : un petit bout de papier avec une petite signature présidentielle. Et ça, Guéant le sait très bien.

A l’époque, c’était la confiance absolue entre les membres de la « « Dream Team » de Sarko qui avaient plus qu’intérêt à obéir le petit doigt sur la couture du pantalon pour rester en course. Et le château de l’Elysée n’allait pas laisser de traces derrière lui. Ce n’est pas son genre.

Même si la justice venait à chercher des poux dans la tête de l’ex président et lui demander des comptes sur ce joli chèque libellé au nom du nouveau patron de la Provence, Nicolas Sarkozy risque peu par rapport à son ancienne ministre.

« La décision ayant été prise dans le cadre de sa fonction présidentielle, il ne serait responsable que devant la Haute Cour de Justice, mais il a peu à craindre, puisqu’il n’existe aucune trace écrite de cet ordre », estime le député Charles de Courson (UDI-Marne), représentant de l’Assemblée nationale au sein du CDR (ndlr : consortium de réalisation, chargé de liquider le passif du Crédit Lyonnais, banque alors publique impliquée dans l’affaire Adidas).

Dans un entretien à l’Ardennais publié le 3 mars, l’élu met les points sur les i. Et vient en aide à Christine Lagarde.

« Elle n’a rien décidé du tout. Elle s’est contentée de signer (…) sans en informer l’ancien Premier ministre, François Fillon », assure Charles de Courson.

Lagarde se retrouve un peu isolée devant la précipitation des évènements. La Cour de Justice de la République, (CJR, qui juge les ministres indélicats) doit dire d’ici l’été prochain si elle poursuit, ou non.

NAGE SYNCHRONISEE

L’ex nageuse synchronisée pourrait écoper d’une mise en examen pour détournement de (grands…) fonds publics.

Pour l’ancien représentant du Parlement au CDR la procédure est « illégale en droit puisqu’il n’existe aucune disposition législative qui permet dans ce type d’affaires d’aller à l’arbitrage, procédure interdite à l’Etat français ».

Autre mystère : pourquoi donc le tribunal arbitral a décidé finalement d’accorder 45 millions d’euros à Bernard Tapie alors que la Cour d’appel a fixé initialement ce montant à …un euros ?

Des rumeurs ont couru selon lesquelles Nicolas Sarkozy aurait « remercié » l’ami Nanard d’avoir soutenu sa candidature en 2007. Mais ce genre de soutien fait plutôt perdre des voix.

Selon Charles de Courson, il faut chercher plutôt dans l’amitié qui lie Bernard Tapie à l’ancien président de TF1, Patrick Le Lay. « La décision du tribunal arbitral, c’est un renvoi d’ascenseur, une récompense au tandem Le Lay - Bouygues (ndlr : Martin Bouygues, actionnaire de référence de TF1 est le parrain du fiston Sarkozy) pour avoir mis TF1 à la disposition de Sarkozy dans la campagne 2007 ». A suivre.

Reste d’autres faits troublants : pourquoi le gouvernement Sarkozy a changé le président du CDR, fortement hostile à l’arbitrage ? Pourquoi a-t-on essayé de virer (sans succès) Charles de Courson du conseil d’administration du CDR ?

C’est désormais à la « justice de faire son travail », comme on dit. Mais celui-ci terminé il y a gros à parier que comme le prédit Tapie en allant « à la pêche au gros », les juges « risquent de ne récupérer que des sardines ».

En tout cas, Lagarde qui conseillait en son temps aux français d’aller bosser en vélo devant la hausse des prix du carburants, risque fort de perdre les pédales et d’effectuer une belle sortie de route. Seule.

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Un autre regard sur le 11 septembre
David Ray GRIFFIN
« En s’appuyant sur des milliers de sources, cette critique détaillée, loin de partir d’idées préconçues ou d’exprimer une opinion réactionnaire, soulève assez de questions précises et dérangeantes pour étayer une demande de nouvelle enquête plus convaincante que jamais. » - Publishers Weekly Présentation de l’auteur David Ray Griffin est professeur émérite de philosophie des religions et de théologie à la Claremont School of Theology et à la Claremont Graduate University. Il est (…)
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Julian Assange

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