Pour celles et ceux qui n’ont pas connaissance de ce personnage qui défraya la chronique au début des années 80, voir Armando VALLADARES - le terroriste devenu poète.
Armando Valladares, le rocambolesque "dissident" cubano-américain que Reagan a nommé ambassadeur à l’ONU et qui a été impliqué récemment, comme secrétaire général de Human Rights Foundation dans une tentative d’assassinat du président de la Bolivie, vient d’abandonner cette pseudo ONG sous le prétexte de se "consacrer" au Honduras.
Le vétéran "combattant de la liberté" a une bonne raison pour utiliser le régime putschiste comme écran de fumée : il fait face à des accusations devant les tribunaux espagnols pour une fraude colossale qui pourrait provoquer sa ruine ou son emprisonnement, ou les deux choses à la fois.
Ce qui est certain c’est que l’escroquerie dont on l’accuse en Cantabria, en Espagne, révèle sa véritable personnalité de fraudeur.
Ce personnage, qui a été policier sous le régime dictatorial de Fulgencio Batista à Cuba, est soudainement apparu dans ce pays, fin 2007, sous les traits d’un investisseur nord-américain dirigeant une société financière internationale ayant son siège à Miami, pour proposer au Gouvernement de Cantabria un investissement de centaines de millions d’euros dans un projet de Cité du Cinéma.
Initiative d’un groupe d’entrepreneurs locaux appelé Celtus, le plan de développement proposait de situer le parc récréatif dans une carrière de pierre que le gouvernement régional allait acquérir et offrir au projet comme appui à cet apport à l’économie.
En 2006, Celtus a embauché un certain José Chauffleur comme spécialiste pour la recherche d’investisseurs. Peu après, Chauffleur a présenté au groupe d’entrepreneurs le prétendu investisseur Valladares, président de la "VFM Investment Group" .
Le conseiller financier affirmait alors que cette société avait le soutien de la Swiss Capital Corp, corporation de la Floride supposément multinationale qui allait apporter la majeure partie des 600 millions d’euros nécessaires à ce parc thématique de grande envergure.
Enthousiasmés par les promesses de Valladares, qui comme toujours faisait grand usage de son auréole de "dissident cubain et de " combattant anticommuniste" , les actionnaires de Celtus ont accepté, sans enquête, sa participation dans l’aventure.
Ils devaient bientôt se rendre compte du piège.
Chauffleur s’est converti en vice-président de VFM en Europe et s’est chargé de gérer personnellement les négociations avec les autorités de Cantabria qui ont concédé en août 2008 la gestion du projet à Valladares… en excluant Celtus.
CHAUFFLEUR, UN ESCROC DE PREMIàˆRE
Horrifiés, les patrons de Celtus ont révisé le dossier pour découvrir le vrai visage de leurs interlocuteurs.
Ils se sont d’abord rendu compte que le "spécialiste" Chauffleur était un fraudeur de première. Il avait menti dans son curràculum vitae dont le contenu s’est avéré complètement faux, à partir de sa supposée expérience comme consultant pour des corporations connues jusqu’à sa prétendue carrière de "professeur universitaire " . Chauffleur est un tel "expert" dans le domaine des affaires que ses biens ont été saisis par la sécurité sociale en raison de dettes de plus de 20 000 euros.
Pire encore. La Swiss Capital Corp, installée à Coral Gables, municipalité de Miami, n’a de suisse que le nom ou, peut-être, le chocolat que consomment ses propriétaires Carlos F. Muñoz et Sonia Moncayo.
Face à tous ces indices d’un véritable complot de délinquants pour récupérer, détourner er voler un projet qui était son initiative et sa propriété, Celtus a présenté à un tribunal une dénonciation formelle contre Valladares, ses complices et des fonctionnaires de l’administration régionale impliqués dans cette affaire qu’elle qualifie de "méga-fraude" .
Le juge d’instruction de Santander a accepté formellement de considérer la demande pour appropriation indue, trafic d’influences, fraude et falsification contre Chauffleur, Valladares, VFM, « et des fonctionnaires du Gouvernement de Cantabria ainsi que des tiers qui pourraient avoir participé aux délits qui font l’objet de la dénonciation ».
Pendant ce temps, début avril, le Gouvernement de Cantabria, representé par son président, Miguel Angel Revilla, a exigé du "dissident" Valladares, de son associé Chauffleur, ainsi que de Muñoz, le proprio de Swiss Capital Corp, les garanties minimales pour l’exécution du projet. Celles-ci ne sont pas apparues.
VALLADARES, TERRORISTE ET FUMISTE
Ce n’est pas la première fois que Valladares se trouve impliqué dans une situation équivoque. Il a cependant atteint le comble de ses extravagances, avec sa nomination par Ronald Reagan comme ambassadeur impérial à la Commission des droits de l’homme des Nations Unies à l’ONU, à Genève, où il s’est rendu célèbre par ses gaffes.
Quand en Espagne on l’accuse de fraude, Valladares "protégé par l’inertie pro-yankee des agences de presse internationales qui taisent ce fait judiciaire " il conserve son rôle de "défenseur de la liberté" version CIA, en défendant les fascistes honduriens quand ils ouvrent le feu sur la population.
Pendant ce temps, le Juge d’instruction a ordonné la création d’une commission rogatoire qui demandera au Département nord-américain de la justice d’interroger Valladares.
Des sources à Miami signalent que personne ne serait surpris si Valladares, face à la perspective d’être jugé, choisisse de disparaitre dans ce pays d’Amérique centrale qu’il défend, un nouvel épisode de ses aventures de combattant de la liberté rémunéré.
JEAN-GUY ALLARD