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A quoi vont ressembler les JT de demain ?

Ah, le petit tailleur rose de Jacqueline ! Ah, le joli but de Mamadou ! Oh, il neige ! On peut facilement se livrer à l’anticipation du traitement médiatique de la journée de demain, qui pourrait ressembler à une belle diversion. Essayons ensemble de tout mélanger pour voir ce que cela donne. Et comme le dit notre cher Théophraste : pas besoin de tout comprendre si on a compris l’essentiel.

Demain, on vous dira rapidement (« on passe rapidement à autre chose David, les images d’archives ça emmerde les gens ») que Lee Harvey Oswald a tué Kennedy il y a 50 ans sans vous dire qui a tué Lee Harvey Oswald 2 jours plus tard. Ne demandez-pas pourquoi, on a plein de reportages passionnants à vous montrer sur la neige au mois de novembre. 30 centimètres à Saint-Etienne bon sang ! Et puis, pour John, ne doutons de rien, on a retrouvé la carabine, la chemise ensanglantée et tout et tout...

Demain, on ne vous dira pas (même pas rapidement) que les économistes de la Commission européenne passent enfin aux aveux (http://www.humanite.fr/politique/la-commission-confesse-son-echec-553510). Une étude dirigée par Jan In’t Veld, gourou de la politique libérale de l’UE, confirme que les politiques d’austérité et de compressions budgétaires menées en Europe sont inefficaces : elles sont responsables d’une perte de croissance de 4,8% en France depuis 2011 (3,9% pour l’Allemagne, 4,9% pour l’Italie, 5,4% pour l’Espagne, 8% pour la Grèce). On pourrait presque se réjouir de cela si on est partisan d’une sortie du dogme de la croissance et de la surconsommation. Le problème est que ce n’est pas la crise pour tout le monde : alors que les populations européennes plongent dans la détresse sociale, les marchés financiers et les patrons continuent de s’en mettre plein les poches.

Tout concorde pourtant à laisser penser que ces politiques d’austérité vont se poursuivre encore quelques années. Pourtant, on entend parler ces derniers jours d’une "remise à plat" fiscale avec une fusion de la CSG et de l’IR qui seraient rendus plus progressifs, avec une prise en compte accrue des revenus du patrimoine et du capital. Le gouvernement soi-disant socialiste enfin décidé à prendre l’argent là où il est pour (re)construire des services publics de qualité ? On peut toujours rêver et ne pas douter que si c’était le cas, les "cerveaux" néolibéraux trouveraient de nouveaux bonnets rouges ou des Lee Harvey Oswald modernes (peut-être un peu plus barbus et musulmans que le moyenne, c’est à la mode).

On va demain vous chanter les louanges d’un homme qui a voulu envahir Cuba et qui a lancé l’opération Ranch Hand au Vietnam (étrange parallèle avec notre président va-t’en-guerre au Mali et en Syrie) avant d’être assassiné au Texas, sur les terres de son vice-président Lyndon Johnson, celui qui lui a succédé et qui avait les faveurs des services de renseignements américains. On vous encouragera à célébrer la mémoire de ce chantre du monde libre ("Ich bin ein Berliner", il fallait la trouver celle-là) et à verser des larmes sur le joli petit tailleur rose et ensanglanté de la veuve Jackie.

Mais après tout, cela a bien peu d’importance, car il y a quelque chose dont on ne doute plus : grâce à nos valeureux joueurs, Didier Deschamps mènera ses troupes à la Coupe du monde au Brésil l’été prochain ! Ca va faire tout plein de pub, des grosses audiences et vachement de débats intéressants pour savoir si Ribéry et Evra ont des neurones au bout des pieds.

En revanche, personne ne sait jusqu’où Marine Le Pen va arriver à amener ses troupes suite aux municipales et aux européennes. Elles aussi porteront des maillots bleu-blanc-rouge. En revanche, dans celles-ci, pas question de mélanger les Olivier, les Karim et les Mamadou...

Un lecteur du Grand Soir

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La télécratie contre la démocratie, de Bernard Stiegler.
Bernard GENSANE
Bernard Stiegler est un penseur original (voir son parcours personnel atypique). Ses opinions politiques personnelles sont parfois un peu déroutantes, comme lorsqu’il montre sa sympathie pour Christian Blanc, un personnage qui, quels qu’aient été ses ralliements successifs, s’est toujours fort bien accommodé du système dénoncé par lui. J’ajoute qu’il y a un grand absent dans ce livre : le capitalisme financier. Cet ouvrage a pour but de montrer comment et pourquoi la relation politique (…)
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Si les lois de Nuremberg étaient appliquées, chaque président des Etats-Unis de l’après-guerre aurait été pendu.

Noam Chomsky

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