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A propos d’une manifestation à Marseille

J’étais à Marseille à la manifestation du 17 juillet. J’y étais avec un badge ANC sur la chemise. J’y étais, non pas pour m’opposer aux vaccins par principe, (j’ai tous les miens et depuis longtemps !) mais pour les raisons que l’ANC et Unité CGT ont exposées.

Je partage aussi les opinions émises par la CGT tant sur la vaccination que sur son analyse du discours de M. Macron et du coup je me dis que cela méritait un peu plus qu’une déclaration.

Et pour en finir sur la question du vaccin, j’ai cru comprendre en lisant la presse que ceux, actuellement en cours en France, protègent des formes graves mais n’empêchent ni la maladie ni d’être contagieux... Aussi tant qu’à me faire vacciner, je préfèrerais avoir le choix du type de vaccin ce qui n’est pas le cas en ce moment.

Mais revenons à la manif marseillaise. J’y suis allé en me demandant qui y serait et surtout si l’extrême droite y serait en force avec ses slogans nauséabonds ou ses allusions intolérables à l’histoire. J’avais vu et abondamment lu des commentaires sur des comparaisons ignobles avec l’étoile jaune de sinistre mémoire.

Je dois dire que je n’y ai rien vu de tout ça. La manifestation nombreuse quasiment sans banderole faisait penser aux premières manifs de gilets jaunes ou par certains côtés aux manifs de chômeurs avec un public dense et motivé.

Bien sûr l’essentiel de la motivation semblait être l’opposition au pass (bien plus d’ailleurs que l’opposition au vaccin) mais les questions sociales étaient aussi présentes. Nous étions quelques-uns de l’ANC mais aussi des membres de la CGT, du PCF, de la FI que nous rencontrons dans d’autres mobilisations d’ordinaire.

J’avais vu passer des commentaires qui faisaient le parallèle entre les manifs d’hier et celle appelée par le syndicat d’extrême droite Alliance en mai dernier. Je trouve vraiment que le parallèle n’a rien à voir et je le soupçonne d’arrière-pensées politiciennes. Comble de la désinformation encore plus intolérable quand elle provient de notre camp : personne ne dit qu’il y a eu à Paris deux manifestations parce que justement des gens ne voulaient pas manifester avec la droite et son extrême !

La manif à Marseille n’était pas appelée par l’extrême droite.

En ce qui me concerne je l’ai apprise du réseau militant par le bouche-à-oreille et c’est une caractéristique de cette manifestation et d’autres. Contrairement à ce que j’ai pu lire de la part de gens opposés à cette mobilisation, il n’y a pas eu un fort battage médiatique mais bien, en quelques jours, une mobilisation massive hors des moyens classiques, pour aboutir à une manifestation d’un nombre que je ne me rappelle guère avoir connu à cette période de l’année.

Le discours de Macron méritait-il une riposte immédiate autrement qu’en termes de communiqués ? Je le pense. Si au soir de celui-ci une ou des organisations syndicales ou politique de notre camp avait appelé à manifester contre la régression sociale, l’obligation de vaccination et l’absence de possibilité de choix du vaccin, nul doute qu’elle aurait été rejointe par d’autres dont l’ANC et c’est tout notre camp qui aurait été renforcé. Je pense sincèrement que la mobilisation aurait encore bien plus massive et même sans commune mesure.

Alors que là, avec juste des communiqués dont certains vont de fait dans le sens de la vaccination obligatoire et l’acceptation du pass, il y a eu un de ces vides dont la nature a horreur.

Ce sont donc des hommes et des femmes, parmi lesquels l’extrême droite a voulu se faufiler, qui ont voulu le combler et les manifestations se sont annoncées.

Devant cet état de fait, que devions-nous en tant que communistes attachés au progrès social, à la santé publique et soucieux d’aider à la conscientisation ?

Dire « arrière Satan, ce sont des complotistes, des fachos et surtout n’y allons pas » alors que nous pensons que non seulement il y a des motifs légitimes de descendre dans la rue après le discours de Macron mais qu’en plus la rapidité de notre réaction est le plus sûr moyen de le faire reculer ? Aller dans ce sens me rappelle ceux qui nous expliquaient qu’il ne fallait pas voter à NON à la constitution européenne au motif que l’extrême droite appelait au même choix. Cela renvoie aussi au débat sur le positionnement à avoir sur le mouvement des gilets jaunes dont certains dirigeants politiques et syndicaux n’ont voulu voir en eux que des supplétifs de l’extrême droite en oubliant un fait essentiel que face à une baisse du pouvoir d’achat il n’y avait pas d’impulsion d’un mouvement d’ensemble pour l’arrêter.

A force de voir des forces occultes partout quand naissent des mouvements dont ils ne sont pas à l’origine, certains vont voir se retourner en miroir à leur encontre et à juste titre, le qualificatif de complotistes.

Il a semblé aux membres de l’ANC qui étaient en manif ce samedi, que notre rôle de communistes était d’être présents sur nos contenus, avec nos badges et non de façon anonyme. Être présents pour exposer notre point de vue, nos priorités en particulier en ce qui concerne les volontés du gouvernement et du MEDEF d’aggraver la régression sociale. Les gens avec qui on a pu parler étaient attentifs et ce d’autant plus qu’on était là avec eux contre le gouvernement.

Au fond être présents ou pas renvoie à notre rapport aux « masses populaires » comme le dit Georges Ibrahim Abdallah. Devons-nous regarder passer les cortèges en disant décidément il faut CHANGER le peuple ou, parce que nous nous situons à partir des revendications, être au milieu d’eux pour faire partager nos idées et AVANCER AVEC le peuple ?

C’est la deuxième solution que nous avons choisie et qui nous semble devoir être celle qu’il nous faut prendre. Les syndicalistes le savent bien le mouvement social nait parfois de revendications inattendues expressions de besoins insoupçonnés et donc non repérés. La progression de la conscience de classe emprunte parfois des chemins imprévus tout autant que des forces révolutionnaires soient à l’œuvre au milieu du peuple.

Le combat pour la prime de Noël des chômeurs était-il révolutionnaire et celles et ceux qui le menaient pensaient-ils toutes et tous qu’il fallait abattre le capitalisme ou même encore plus simplement que l’argent de l’UNEDIC est exclusivement du salaire socialisé ? Dans une ville comme La Ciotat, où il y eut en 1989 60% de gens à voter pour une coalition droite/extrême droite, ne vit-on pas naître l’année suivant un comité de plus de 1000 membres dont certains avaient collé des affiches pour cet attelage nauséabond et se sont rendu compte par la suite qu’ils s’étaient trompés d’analyse et de colère et ce jusque dans les urnes où le FN fut balayé le temps d’une élection municipale plus tard ?

L’ANC sera toujours disponible pour agir avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent pour faire reculer Macron et Medef et redonner confiance et espoir à notre peuple

Ce n’est pas en poussant des cris d’orfraie entre camarades persuadés que l’on convaincra de la nature des batailles à mener, de la nécessaire convergence et de l’importance première de l’affrontement capital/travail. Ce n’est pas non plus par l’incantation permanente, mais c’est en se frottant au peuple, en menant l’action avec lui sans jamais dévier de notre ligne mais en prenant patiemment le temps de l’explication pédagogique et de la formation marxiste qu’on y arrivera.

C’est en tout cas ce que je crois.

19 juillet 2021 par Charles Hoareau, Président de l’A.N.C.

»» http://ancommunistes.fr/spip.php?article3282
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