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« ... à 300%, et il n’est pas de crime qu’il n’ose commettre... »

L’Histoire est là, incontournable. Hollande et Valls sont dans la situation paradoxale de Lebrun et Daladier en 1940, avec certes une différence de taille, ils ne sont pas confrontés à l’Allemagne nazie mais à l’Europe impérialiste, acteur de la mondialisation capitaliste.

Si la solution passe par un grand coup de balai dans les institutions pour redonner un sens à la démocratie bafouée par la constitution gaulliste, la social-démocratie s’est déjà rendue sans même combattre, et ses généraux sont désormais perdus dans les méandres du capitalisme...avec derrière eux, une armée mexicaine en déroute... Alors, même si le camarade Filoche et des élus inquiets pour leur propre avenir, semblent sincères car objectivement critiques, il est plus qu’incertain que ce gouvernement fera marche arrière malgré sa navigation à vue.

D’ailleurs, à chaque apparition télévisée du chef de l’Etat, qui fait suite à une défaite devenue récurrente, il nous dit qu’il a compris le message, et il garde le cap de sa politique devenue de plus en plus antisociale et liberticide. Ce qui fait dire à de nombreux travailleurs militants de l’avant-garde, que ce Président anormal nous entraîne dans les abimes et les fourberies du fascisme, comme Lebrun et Daladier avaient livré sur un plateau, le pays aux nazis.

Des camarades, à la lecture de ce nouveau texte des Cahiers Communistes du Cercle Ouvrier du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais, auront peine à comprendre notre point de vue, estimeront que nous faisons fausse route ou que nous apportons de l’eau au moulin de la social-démocratie...

Mais quelle est notre situation, et quel est notre rapport de force politique pour inverser la situation ?

L’électoralisme bourgeois vient une fois de plus de montrer ses limites avec les dizaines de millions d’abstentionnistes qui ont fait le jeu des partis bourgeois. Si des camarades y voient les fruits de leur intense campagne contre l’Europe, qui prônait l’abstention (cet appel à l’abstention a aussi été notre message, pour autant nous restons modestes en faisant le dos rond car avec la situation, nous refusons de jouer les docteurs fol ’amour), il est important de ne pas tronquer le débat en partant des chiffres et des pourcentages.

Alors certes, mais à quoi a servi de faire campagne contre l’Europe quand de nombreux électeurs, conscients de leur vote, se sont repliés sur le parti d’extrême-droite, qu’il pense protectionniste, et quand la moitié du peuple a compris que cette Europe EU les ruinait et les privait d’un droit fondamental, le travail, et qu’elle mettait à mal des décennies de conquêtes sociales et sociétales.

Peut-on déduire que 80% du peuple (55+25) est contre l’Europe, pas si simple, car pour le moment, c’est 70 années de Paix à l’intérieur de la zone euro, (hormis les événements en ex Yougoslavie), mais on peut certainement affirmer que 61 % des 43 millions d’inscrits, ont eu une attitude de classe en partant de leurs réalités de classe.

La crise systémique du capitalisme qui secoue une nouvelle fois la planète depuis 2008 n’a pas été utilisée par les partis de gauche, alors que sa violence qui nous amène inéluctablement vers la guerre qui peut devenir une nouvelle fois mondiale, permettait d’accélérer la fin plus rapide d’un système organiquement destiné à disparaître sans pourtant se suicider.

Bien au contraire, en favorisant l’Europe plutôt que la situation pays par pays, les partis de la gauche, communiste compris, sont entrés dans la souricière et ont laissé le champ libre au national-chauvinisme incarné par la droite nationaliste et l’extrême-droite. Ils ont préféré la méthode trotskyste qui prône la révolution mondiale, ici ce serait donc la révolution européenne, à la méthode léniniste du changement révolutionnaire pays par pays.

Cela démontre que l’électoralisme n’a rien de scientifique puisque l’équation est faussée par un système qui fait et modifie les chiffres selon ses intérêts.

Les donneurs d’ordres du capitalisme ont décidé de faire tomber la France, comme elle a fait tomber la Grèce mais aussi de nombreux pays dans la dernière période, mais pas pour les mêmes raisons. Le capitalisme n’aime pas les barrières qui l’entravent, et ne supportent pas les barricades et les résistances qui le freinent.

Déjà, il y aura bientôt 75 ans, le capital préférait Hitler au Front Populaire, au point de remettre en selle une momie sortie d’un caveau, symbolisée par Pétain, afin de se débarrasser des nouveaux droits des travailleurs, arrachés et acquis 4 années plus tôt par la classe ouvrière en lutte. L’explication de cette revanche de 1940 est à la fois économique et idéologique, et l’explication de la situation actuelle est à la fois économique et idéologique.

Aujourd’hui, et de nombreuses personnalités politiques nous le répètent, les droits, acquis et conquis en France, même amoindris par des décennies de recul économique et idéologiques, sont des barrières et des entraves au capitaliste ultralibéralisé. « L’anarchie est la loi de la société bourgeoise, et l’anarchie de la société bourgeoise est le fondement de l’ordre public moderne, tout comme l’ordre public est pour sa part la garantie de cette anarchie » écrivait Marx il y a 150 ans.

Aussi il ne faut jamais sous-estimer son adversaire : quand le capital s’attaque frontalement aux victoires des travailleurs, qui sont le résultat de l’histoire des luttes menées essentiellement par la classe ouvrière touchée au plus profond d’elle-même par son exploitation, il sait que cette démarche amène à des résistances qui peuvent servir d’éléments déclencheurs dangereux pour les intérêts du capital. L’exemple de Goodyear le démontre ou récemment des Fralib, le capital cède avec de l’argent, par crainte que les luttes puissantes et organisées, fassent tâche d’huile... d’où le fait que nous les qualifions de pompiers-pyromanes.

Et si ces exemples sont économiques, quand il s’agit de luttes politiques, le capital sait passer par la fenêtre s’il ne réussit pas à passer par la porte, et il est capable de prendre les pires mesures pour entrer en force...

Pour défendre leurs intérêts, les capitalistes sont prêts à devenir ultraviolents à l’échelle d’un pays... les exemples de chaos organisés et planifiés sont assez nombreux depuis 150 ans sur les 5 continents car comme l’écrivait Marx : « Le capital maudit l’absence de profit ou un profit minime, comme la nature a horreur du vide. Que le profit soit convenable, et le capital devient courageux : 10% d’assurés, et on peut l’employer partout ; 20%, il s’échauffe ; 50%, il est d’une témérité folle, à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines ; à 300%, et il n’est pas de crime qu’il n’ose commettre, même au risque de la potence. Quand le désordre et la discorde portent profit, il les encourage tous deux ; pour preuve la contrebande et la traite négrières. » .

C’est comme cela qu’il faudrait comprendre la montée relative mais objective du vote en faveur de l’extrême-droite qui est une des armes du capital, qui outre le fait qu’elle fasse son lit sur la misère et le chômage, dispose d’une arme qu’elle n’a pas choisi : la passivité du camp adverse.

En effet, l’opposition politicienne paraît tétanisée et cherche une solution qui est introuvable à part l’utilisation du mensonge. Car pour combattre il faut dévoiler son plan, mais comme ce plan n’est pas le bon et qu’objectivement il conduit à la défaite, on assiste à une partie de poker-menteur politicien dont les mises ne sont rien d’autres que les droits, les acquis et les conquis des travailleurs, et même leur liberté.

Donc nous retombons dans les travers des années 30, ses complots, ses trahisons, ses parjures et sa corruption. Il est évident qu’il y a corrélation entre la situation actuelle de nos dirigeants et politiciens complétement discrédités et affaiblis par des politiques pro-patronales régressives, des corruptions, des trahisons et celle des dirigeants de la fin des années 30 qui créèrent les brèches et les maillons faibles pour permettre à la droite factieuse et pronazie de prendre le pouvoir en 1940.

Rappelons l’introduction de la brochure « de l’expérience nazie aux votes frontistes, quand les erreurs du passé sont reconduites au présent » sortie en 2012 (dispo sur demande) dans laquelle il était écrit : « vous allez découvrir des similitudes entre ces événements des années terribles du 20ème siècle et ce début du 21ème siècle, et peut-être comprendre, et c’est le but, que nous ne pouvons, nous permettre de boiter quand l’histoire nous rattrape à chaque fois que le capitalisme subit une crise provenant de sa nature même » et plus loin de lire : « il faut avoir à l’esprit cette phrase prononcée par Goebbels le 30 janvier 1933 : « Nous sommes arrivés au but. La révolution allemande commence », au moment même où Hitler se faisait nommer chancelier de la République, elle marque le triomphe de l’idéologie nazie et la liquidation de la République parlementaire allemande »

Prendre à la légère ces alertes fascistes comme des erreurs passagères de la société démocratique, en ne liant qu’à une colère passagère du peuple, serait une grave erreur, le chaos et la tension sont organisés par un capital qui en demande toujours plus et qui emploie tous les moyens pour y arriver et survivre.

Cercle Ouvrier du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais

n°104/01/06/14

comibase@gmail.com

http://joukov.eklablog.com/

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