10 septembre 2011
Esther VIVAS
Si le drame de la faim occupe à nouveau l'actualité avec la crise alimentaire dans la Corne de l'Afrique, la famine est une réalité quotidienne qui est largement passée sous silence. D'après l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO), plus d'un milliard de personnes dans le monde ont des difficultés d'accès à la nourriture.
La malnutrition a des causes et des responsabilités politiques. L'Afrique est une terre spoliée. Ses ressources naturelles ont été arrachées à ses communautés depuis des siècles de domination et de colonisation. Et il ne s'agit pas seulement du vol de l'or, du pétrole, du coltan, du caoutchouc, des diamants... mais, aussi, de l'eau, des terres, des semences qui permettent à ses habitants de se nourrir. Si, comme l'indique la FAO, 80% de la population de la Corne de l'Afrique dépend de l'agriculture comme principale source de revenus et d'alimentation, que faire quand il n'y a pas de terre à cultiver ?
Ces dernières années, la (…) Lire la suite »
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31 août 2011
La Somalie, malgré les sécheresses, était naguère un pays autosuffisant.
Esther VIVAS
Nous vivons dans un monde d’abondance. Selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO), on produit aujourd’hui de la nourriture pour 12 milliards de personnes, alors que la planète compte 7 milliards d’êtres humains. De la nourriture, il y en a. Alors pourquoi dans ce cas une personne sur sept dans le monde souffre de la faim ?
La menace alimentaire qui touche plus de 10 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique remet en lumière la fatalité d'une catastrophe qui n'a pourtant rien de naturelle. Sécheresses, inondations, conflits armés... tout cela contribue à aggraver une situation d'extrême vulnérabilité alimentaire, mais ce ne ce sont pas les seuls facteurs explicatifs.
La situation de famine dans la Corne de l'Afrique n'est pas une nouveauté. La Somalie vit une situation d'insécurité alimentaire depuis 20 ans. Et, périodiquement, les médias nous remuent de nos confortables divans en nous rappelant l'impact dramatique de la faim dans le monde. En 1984, près d'un million de morts en Ethiopie ; en 1992, 300.000 somaliens ont perdu la vie à cause de la faim ; en 2005, près de cinq millions de personnes au bord de la mort au Malawi, pour ne citer que quelques cas.
La faim n'est pas une fatalité inévitable qui affecterait seulement certains pays. Les causes de la faim sont politiques. Qui contrôle (…) Lire la suite »
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7 août 2011
Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
Cela fait dix ans maintenant qu’a eu lieu le sommet du G8 à Gênes, en juillet 2001, où s’écrivit une des pages les plus significatives de l’histoire du mouvement altermondialiste. Les protestations de Gênes ont représenté un moment culminant dans la phase de croissance linéaire de ce mouvement depuis la Rencontre ministérielle de l’OMC de novembre 1999 à Seattle, qui avait ouvert un nouveau cycle international de mobilisations. Gênes se déroula peu de temps après la tenue du premier Forum Social Mondial de Porto Alegre, en janvier 2001, sous le slogan désormais célèbre d’"Un autre monde est possible" et dont la pertinence est encore plus évidente aujourd’hui, en pleine crise globale.
Le 10e anniversaire des journées de Gênes arrive au moment où l'Union européenne traverse de fortes turbulences et où les vents qui ont électrisé le monde arabe depuis la fin de 2010 soufflent avec de plus en plus d'intensité sur le Vieux continent. Les mobilisations soutenues en Grèce et l'irruption du mouvement des indignéEs dans l'Etat espagnol, sans oublier la victoire dans le référendum sur l'eau en Italie même, sont parmi les symptômes les plus significatifs de la montée d'une nouvelle période de luttes, où l'objectif est d'internationaliser et d'" européaniser" les résistances émergentes.
Il y a 10 ans, les événements dans cette ville italienne avaient capté l'imaginaire de millions de personnes et de multiples mouvements et luttes sociales dans toute la planète, qui se sont identifiés avec le message de critique radicale de la globalisation capitaliste d'une protestation vécue comme étant la leur.
Le caractère massif de cette dernière, sa radicalité et le (…) Lire la suite »
26 juin 2011
Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
Le 19J était un test décisif pour le mouvement né le 15 mai dernier. L'objectif initial de la journée était de traduire en une mobilisation de rue les sympathies populaires que le mouvement avait suscitées au cours de ces dernières semaines. De plus, après la journée d'action du 15 juin devant le Parlement catalan, la manifestation du dimanche 19 juin s'est également transformée en une épreuve de force face aux adversaires du mouvement. Après le 15 juin en effet, ce mouvement s'est vu plongé dans une bataille pour défendre sa légitimité. Il devait donc montrer toute sa force dans une mobilisation de masse capable de balayer les doutes.
Le résultat est indiscutable. Sans entrer dans la stérile querelle des chiffres, le 19 juin, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues. Il y avait 150.000 personnes à Madrid, dans le cadre d'une marche spectaculaire organisée en plusieurs colonnes qui, partant de différents quartiers, a convergé dans le centre de la ville. (…) Lire la suite »
22 juin 2011
Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
La mobilisation des « Indignées » a une fois de plus dépassé toutes les prévisions en prenant massivement les rues et en démontrant le gouffre existant entre les masses et les institutions. Du 15 Mai au 19 Juin, le mouvement a accumulé des forces et tissé des convergences, non seulement au niveau local (campements et assemblées de quartiers) mais également avec de larges secteurs sociaux qui s'identifient désormais avec sa critique radicale de la caste politicienne et du système bancaire et financier coupable de la crise actuelle. Le slogan « Nous ne sommes pas des marchandises dans les mains des politiciens et des banquiers » synthétise ces deux axes.
Les Indignées ont, sans ambiguïtés, pointé du doigt ceux qui ont abdiqué face aux « marchés » et qui, tout en exigeant l'austérité pour les autres, ne se l'applique pas à eux-mêmes. « Nous voulons des politiciens qui gagnent 1000 euros ! » était l'un des slogans les plus applaudis avec ferveur dans la manifestation. La démocratie (…) Lire la suite »
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21 juin 2011
Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
La journée du 15 juin (15J) laissera des traces. 24 heures qui en valent bien plus. Un temps accéléré et condensé. Elle marque, sans aucun doute, un point d'inflexion, au résultat incertain, dans la trajectoire du mouvement né le 15 mai dernier (15M).
La mobilisation devant le Parlement de la Catalogne se déroulait un mois après le 15M. Elle était le résultat du succès des campements et des occupations des places. Mais également de plusieurs mois de mobilisations contre les mesures d'austérité en Catalogne, menées par les travailleurs-euses du secteur de la santé publique. L'objectif était clair : démontrer, à l'occasion de sa discussion en session parlementaire, le rejet déterminé d'un nouveau budget anti-social qui s'attaque aux services publics fondamentaux. Le 15J était un pas de plus dans la tentative de stopper des budgets destructeurs d'un gouvernement décidé à les imposer coûte que coûte.
Au risque de faire une sortie de piste, le mouvement avait opté pour appuyer sur (…) Lire la suite »
13 juin 2011
Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
Cela fait déjà quatre semaines. Quatre semaines que le paysage politique et social dans tout l'Etat espagnol a été bouleversé par l'irruption d'un mouvement que personne n'attendait. Ce mouvement a déjà à son actif quelques victoires politiques face à la Junte Electorale d'abord, et face à la tentative d'expulsion du camp de Barcelone ensuite. Et, surtout, il a mis fin à la passivité résignée face aux attaques contre les droits sociaux.
Après d'intenses journées d'activisme, la fatigue et l'épuisement laissent des traces dans les campements. Les difficultés de gestion de plusieurs d'entre eux sont notoires. Leur temps s'achève. Car ces campements et occupations de places ne sont pas une fin en soi. Elles ont agit à la fois comme symboles de référence et bases d'opération, comme des points d'appui afin d'impulser les mobilisations de demain et comme haut-parleurs pour amplifier celles d'aujourd'hui. Lever ces camps dans une position de force, volontairement, sans entrer dans une (…) Lire la suite »
31 mai 2011
Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
Le Mouvement du 15 Mai a vaincu la première tentative de le réprimer. Ce vendredi 27 mai, l'opération d'expulsion du camp de la « plaza Catalunya » à Barcelone, le second en importance jusqu'à présent dans l'Etat espagnol, a été un échec cuisant.
Une semaine après que le mouvement ait politiquement mis en déroute l'interdiction émise par la Junte Electorale Centrale d'organiser des manifestation pendant la « journée de réflexion » du 21 mai et le jour des élections, le 22 mai, ce vendredi matin, à la première heure, la police catalane a tenté d'expulser le camp de la place de la Catalogne. Avec un prétexte ridicule et très peu crédible ; faciliter une opération de nettoyage de la place.
D'importants effectifs policiers ont commencé par fermer les accès à la place où se trouvaient quelques 300 personnes, afin de permette à une brigade municipale de nettoyage de démanteler le camp. Plus d'un millier de personnes ont sont venues en solidarité avec les occupants, parvenant à « (…) Lire la suite »
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22 mai 2011
Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
Il n'y a plus de doutes. Le vent qui a électrisé le monde arabe ces derniers mois, l'esprit des protestations répétées en Grèce, des luttes étudiantes en Grande-Bretagne et en Italie, des mobilisation anti-Sarkozy en France… est arrivé dans l'Etat espagnol.
Il n'y a plus de place pour le « business as usual ». Les confortables routines mercantiles de notre « démocratie de marché » et ses rituels électoraux et médiatiques se sont vus soudainement perturbés par l'irruption imprévue dans la rue et dans l'espace public d'une mobilisation citoyenne. Cette révolte des indigné-e-s inquiète les élites politiques, toujours mal à l'aise quand la population prend au sérieux la démocratie… et décide de la pratiquer pour son propre compte.
Il y a deux ans demi, quand la crise historique a éclaté en septembre 2008, les « maîtres du monde » ont connu un bref moment de panique, alarmé par l'ampleur d'une crise qu'ils n'avaient pas prévus, par l'absence d'instruments théoriques pour la (…) Lire la suite »
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24 octobre 2010
Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
A la suite des incidents du 29-S* à Barcelone, la critique contre les "antisystème" a inondé le débat dans les médias en associant, de façon réductrice et hors contexte, la notion d' "antisystème" et la violence urbaine.
Sans lien commun avec cette image qu'on veut lui coller, la pratique au quotidien des « antisystème » se trouve dans les associations de quartier opposées à la spéculation immobilière, dans le syndicalisme alternatif, dans le militantisme contre le changement climatique, dans les forums sociaux, dans la défense du territoire face aux grandes infrastructures, dans les centres sociaux autogérés, dans la conception d'expériences de consommation alternative et dans le développement de la l'agriculture biologique, ou bien dans les tentatives d'ouvrir une brèche dans le système politique en promouvant des candidatures alternatives. Les mouvements sociaux alternatifs se déterminent comme étant des moteurs du changement social, ils élaborent des propositions novatrices (…) Lire la suite »