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Auteur : Esther VIVAS

Indigné-e-s : désobéir à l’injustice

Esther VIVAS
Nous n'aurons pas un automne placide et mélancolique comme les autres. L'ambiance est si tendue qu'on pourrait presque la couper au couteau. Plus de pauvreté, plus de chômage, plus de faim, plus d'austérité, plus d'expulsions de logement... telles sont les conséquences, pour des millions de personnes, de la "sortie" de crise concoctée par le gouvernement de Mariano Rajoy. Plus d'indignation, plus de dégoût et plus de désobéissance, telles sont les réponses dans la rue. La situation sociale est cependant contradictoire. Le potentiel de lutte est plus fort que jamais et le bouillonnement incessant peut à tout moment se solidifier en une nouvelle vague de mobilisations, un nouveau choc social. Mais en même temps, les tendances à la fragmentation et à la dispersion pèsent de tout leur poids. Campagnes et mouvements sociaux souffrent d'une faible capacité d'initiative. Face à une crise économique, sociale, politique et écologique sans précédent, les élites économiques et (…) Lire la suite »

Les jeux de la faim

Esther VIVAS

La crise alimentaire fait des ravages dans le monde. Il s’agit d’une crise silencieuse, elle ne fait pas la une des journaux et n’intéresse ni la Banque centrale européenne, ni le Fonds Monétaire International, ni la Commission européenne. Pourtant, elle touche 870 millions de personnes qui souffrent de la faim. C’est ce qu’indique le rapport « Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 », présenté cette semaine par l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO).

Nous pensons trop souvent que la faim ne frappe que dans des endroits très éloignés du confort de nos fauteuils. Et qu'elle a peu à voir avec la crise économique qui nous affecte. La réalité est pourtant très différente. Il y a de plus en plus de personnes qui souffrent de la faim dans les pays du Nord. Il ne s'agit évidement pas de la famine telle qu'elle touche des pays d'Afrique et ailleurs, mais elle implique bel et bien une absence des calories et des protéines minimales nécessaires, qui a des conséquences sur notre santé et sur nos vies. Cela fait plusieurs années que l'on évoque les terribles chiffres de la faim aux Etats-Unis : 49 millions de personnes affectées, soit 16% des ménages, selon les données du Département de l'Agriculture des Etats-Unis, dont plus de 16 millions d'enfants. Des chiffres anonymes auxquels l'écrivain et photographe David Bacon met un visage dans son oeuvre « Hungry By The Numbers » (Faméliques selon les statistiques) ; les visages de la faim dans (…) Lire la suite »

A quand des chars dans Barcelone ?

Esther VIVAS
« La Catalogne indépendante ? Il faudra passer sur mon cadavre et sur celui de beaucoup d'autres militaires ». C'est avec ces propos que, le 31 août dernier, le lieutenant colonel d'infanterie Francisco Alamán Castro a évoqué une éventuelle indépendance de la Catalogne. Et il a ajouté : « On ne va pas leur faciliter les choses. Bien que le lion semble endormi, ils n'ont pas intérêt à trop le provoquer, car il a déjà donné suffisamment de preuves de sa férocité au cours des siècles. Cette tourbe ne vaut pas grand-chose si on sait lui faire face ». Dans le verbiage actuel qu'affectionnent certains, politiciens, ces déclarations ne sont pas les seules que nous pourrions qualifier d' « antidémocratiques », de « putschistes » et d' « antisystème ». Après la manifestation du 11 septembre (1) La porte-parole de l'UPyD (2), Rosa Dà­ez, a invité le gouvernement à suspendre l'autonomie de la Catalogne si cette dernière utilisait les fonds d'aide à la région « pour financer sa sécession ». (…) Lire la suite »
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Etat espagnol. 25S : le sauvetage de la démocratie.

Esther VIVAS

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté le mardi 25 septembre à Madrid, à l’appel de la plateforme « Debout ! » et de la Coordination du 25S, pour protester contre la séquestration de la souveraineté populaire par les banques et les « marchés ». La répression, une fois de plus, a été brutale, laissant des dizaines de blessés et de nombreuses arrestations. Dans cet article, Esther Vivas revient sur les motivations de cette mobilisation et sur les causes d’une répression policière sans cesse plus brutale.

« Ils l'appellent démocratie mais ça n'en est pas une » a-t-on crié de manière répétée sur les places et dans les manifestations… Et à mesure que le temps passe, ce slogan prend encore plus tout son sens. La stigmatisation et la répression contre ceux qui luttent dans la rue pour leurs droits n'ont fait que s'intensifier ces derniers temps. Au plus la crise s'aggrave, au plus s'élargit le soutien populaire envers ceux qui protestent et au plus s'accroît la répression brutale. La soif de liberté est en train d'être étouffée avec l'actuelle « démocratie ». Ces derniers jours l'ont bien illustré. Le samedi 15 septembre, quand des activistes ont été détenus lors de la manifestation contre l'austérité à Madrid, quel était leur crime ? Porter une pancarte avec l'inscription : « 25S (septembre, NdT) : Encercle le Parlement ». Le lendemain, deux fourgons de policiers ont procédé au contrôle d'identité de dizaine de personnes dans le parc du Retiro. Motif ? Participer à une assemblée (…) Lire la suite »

Quand l’économie et le capitalisme se peignent en vert

Esther VIVAS
Le vert fait vendre. De la « révolution verte » en passant par la « technologie verte » et jusqu'à la « croissance verte », il s'agit toujours de nous faire sortir de la crise. Dernière trouvaille en date ; l'« économie verte ». Une économie qui, contrairement à ce que son nom indique, n'a rien de « vert », mis à part la couleur des dollars qu'espèrent gagner ceux là même qui en font la promotion. Il faut dire que la nouvelle offensive du capitalisme global, visant à privatiser et à transformer massivement en marchandises les biens communs, trouve dans l'économie verte sa plus haute expression. Dans un contexte de crise économique comme celle d'aujourd'hui, il s'agit précisément d'une des stratégies du capital pour récupérer des taux de profits élevés, en privatisant les écosystèmes et en transformant le « vivant » en marchandise. L'économie verte constituera, justement, le thème central dans l'agenda du prochain Sommet des Nations Unies sur le Développement Durable, Rio+20. (…) Lire la suite »

Faut-il payer la dette ?

Esther VIVAS
La dette constitue aujourd'hui une question centrale dans l'agenda politique et social. C'est en son nom qu'on applique les privatisations, les mesures d'austérité et, en définitive, le transfert du coût de la crise sur le dos de la majorité de la population. Il faut d'abord se poser ces questions : à qui profite la dette ? Qui l'a contractée ? A quoi a-t-elle servit ? Qui doit la payer ? C'est à ces questions que cherchent des réponses ceux qui, au sein du mouvement des Indignés, mettent en avant la nécessité d'un audit citoyen des dettes. Au cours des décennies '80, '90 et 2000, nous avons pu constater l'impact de la dette extérieure sur les peuples du Sud de la planète, au travers de l'application systématique de programmes d'ajustement structurel et de mesure d'austérité dans les dépenses sociales qu'on présentait comme « nécessaires » pour garantir son remboursement. Depuis 2010, avec l'éclatement de la crise de la dette souveraine, cette dernière est devenue une (…) Lire la suite »

15M : Un regard vers l’avenir

Esther VIVAS
Intempestif et inespéré. Voilà comment on peut caractériser l'émergence de ce mouvement d'indignation collective dans l'Etat espagnol. Si on nous avait dit, le 14 mai 2011, que le lendemain des milliers de personnes sortiraient dans les rues, que dans les semaines suivantes les places seraient occupées, que des assemblées s'y tiendraient et que le pouvoir serait défié par des actes de désobéissance civile massifs, nous ne l'aurions pas cru. Mais les choses se sont bel et bien passées ainsi. Deux ans et demi après l'éclatement de la « grande crise », les gens ont alors dit « Ya basta ! », « Ca suffit ! ». Dans la périphérie de l'Europe, stimulés par les révoltes populaires dans le monde arabe, à la chaleur de la Qasba et de Tahrir, les gens ont récupéré et réoccupé l'espace public. Le « Printemps arabe » nous a rendu la confiance en nous-mêmes et dans la capacité collective à changer l'ordre actuel des choses. En regardant également du côté de l'Islande et de la Grèce, le 15M a (…) Lire la suite »
Faire des profits avec le climat et avec la pollution environnementale

Sommet de Durban : plus de capitalisme vert

Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS

On va sauver les marchés et non le climat. C’est ainsi que nous pourrions résumer les constats sur la 17e Conférence des Parties (COP17) de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC) qui s’est déroulée à Durban, en Afrique du Sud, du 28 novembre au 10 décembre.

Il y a un contraste saisissant entre la réponse rapide que les gouvernements et les institutions internationales ont donné lors de l'éclatement de la crise économique et financière de 2007-08 en renflouant des banques privées avec de l'argent public et l'immobilisme dont ils font preuve face au changement climatique. Cela ne devrait pourtant pas nous surprendre, car dans un cas comme dans l'autre ce sont les mêmes marchés et leurs gouvernements complices qui sortent gagnants. Au sommet de Durban, il y avait deux thèmes centraux : d'une part, l'avenir du Protocole de Kyoto qui prend fin en 2012 ainsi que la capacité de mettre en place des mécanismes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et, d'autre part, le lancement du Fonds vert pour le climat approuvé lors du précédent sommet de Cancun (Mexique) avec l'objectif théorique de soutenir les pays les plus pauvres face aux conséquences du changement climatique, cela au moyen de projets dits d'atténuation et (…) Lire la suite »

Esther Vivas : "Nous mangeons ce que les grandes entreprises agroalimentaires nous imposent" (Rebelion)

Esther VIVAS

Esther Vivas est membre du Centre d’Études sur les Mouvements Sociaux de l’Universitat Pompeu Fabra de Barcelone. Activiste sociale pour la souveraineté alimentaire et militante du mouvement antimondialisation, elle nous alerte sur la prédominance du capital privé qui impose les goûts, marques et produits. En collaboration avec Xavier Montagut, elle a publié les livres ’Del Campo al Plato’, ’Où va le commerce équitable ?’ et ’Supermercados, no gracias’.

Vous êtes co-auteur du livre Del Campo al Plato (Ed. Icaria, 2009). Selon vous, ils nous empoisonnent ? Le modèle de production d'aliments oppose les intérêts privés et ceux des entreprises aux besoins alimentaires des gens, leur santé et le respect de l'environnement. Nous mangeons ce que les grandes entreprises de ce secteur veulent. Il y a actuellement dans le monde le même nombre de personnes qui ont faim que de personnes ayant des problèmes de surpoids, ce qui touche, dans les deux cas, les secteurs les plus pauvres de la population, tant dans les pays du Nord que dans ceux du Sud. Les problèmes agricoles et alimentaires sont mondiaux et sont le résultat de la transformation des aliments en marchandise. 925 millions de personnes dans le monde ont encore faim aujourd'hui. C'est la preuve de l'échec du capitalisme agro-industriel ? Oui. L'agriculture industrielle, kilométrique, intensive et dépendante du pétrole a montré qu'elle était incapable de nourrir la population, (…) Lire la suite »

Trois ans de crises, trois mois d’indignation

Esther VIVAS, Josep Maria ANTENTAS
Nous approchons du troisième anniversaire de la faillite de la banque Lehman Brothers et de l'éclatement formel de la crise ; "une rationalisation irrationnelle d'un système irrationnel" selon les termes du géographe David Harvey. En plein "krach" du système financier, les maîtres du monde avaient connu un bref moment de panique, alarmés par l'ampleur d'une crise qu'ils n'avaient pas prévue, par leur manque d'instrument théorique afin de la comprendre et par la crainte d'une forte réaction sociale. Ce fut l'époque des déclarations creuses sur la "refondation du capitalisme" et des faux mea culpa qui se sont bien vite évaporés, dès que le système financier se stabilisa un peu et devant l'absence d'explosion sociale. On entra ainsi dans une nouvelle phase qui, avec la crise et le déficit public comme prétextes, se caractérise par les politiques appliquées dans l'ensemble de l'Union européenne afin de réduire les droits sociaux, d'infliger une défaite (…) Lire la suite »