Dès après l'adoption de la résolution 1973, en mars dernier, par le Conseil de Sécurité de l'ONU, qui permettait l'intervention militaire des appareils de l'OTAN dans l'espace aérien de l'État libyen, d'aucuns avaient prophétisé la fin rapide du chef de facto du gouvernement de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste, le colonel Mouammar Kadhafi.
Tout portait d'ailleurs à le prévoir, puisque, non seulement, l'Alliance atlantique avait anéanti la force aérienne du gouvernement libyen, mais appuyait en outre la progression de la rébellion armée qui s'était déclarée dans l'est du pays, lui assurant la maîtrise de l'air, par le déploiement des avions et bâtiments de guerre des six pays membres de l'OTAN engagés dans cette entreprise. Or, depuis l'avènement de la guerre moderne, sans couverture aérienne, aucune offensive terrestre n'a la moindre chance d'aboutir, à fortiori si l'ennemi seul occupe le ciel.
On rappellera ainsi, à titre d'exemple, comment la puissante (…)Lire la suite »
La résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, votée le 17 mars 2011, autorise les États membres « à prendre toutes mesures nécessaires (…) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne, tout en excluant le déploiement d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n'importe quelle partie du territoire libyen (…), et pour faire respecter l'interdiction de vol et faire en sorte que des aéronefs ne puissent être utilisés pour des attaques aériennes contre la population civile ».
Cette résolution, promue par la France, avait été adoptée alors que le gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi bombardait les villes de l'est du pays, dont les clans et tribus s'étaient soulevés contre son autorité et où se développait une rébellion armée (en cela, la résolution 1973 pourrait constituer un précédent lourd de conséquence, dans la mesure où un gouvernement est légitimement fondé -et seul dans ce cas- (…)Lire la suite »
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2 août 2011
« L’Affaire de Hama » ou comment 10.000 manifestants se multiplient en 500.000 dans les dépêches de l’AFP
Durant ce mois de juillet 2011, je me suis rendu en Syrie, dans le but d'y vérifier une hypothèse relative aux origines de la contestation.
J'ai pu circuler en toute liberté et indépendance dans tout le pays, de Deraa à Damas et de Damas à Alep, en croisant tout le Djebel druze, au sud, en passant par Homs, Hama, Maarat-an-Nouman, Jisr-al-Shugur, en longeant la frontière turque et en inspectant les points de passage vers la Turquie, par lesquels, comme on sait, les réfugiés ont quitté la Syrie, puis de Alep à Deir-ez-Zor, tout à l'est du pays, en traversant le désert syrien suivant plusieurs itinéraires…
J'ai ainsi pu vérifier que, d'une part, le mouvement issu de la société civile aspirant à la démocratisation du régime s'essouffle et que, d'autre part, il existe d'autres mouvances d'opposition, parfois violentes et dont les objectifs ne sont pas identiques à ceux des démocrates pacifiques.
C'est notamment le cas de la fraction islamiste de la communauté sunnite, organisée (…)Lire la suite »
Le célèbre « Discours du Caire », prononcé le 4 juin 2009, augurait d'une nouvelle ère dans les rapports entre les États-Unis et, non seulement, les gouvernements arabes mais, aussi, les peuples de ces pays, souvent en désaccord avec leurs dirigeants, lesquels se montrent favorables aux intérêts états-uniens et passifs à l'égard de l'État d'Israël et de la question palestinienne.
Dès son entrée à la Maison blanche, le président Obama repositionnait ainsi les Etats-Unis sur la scène proche et moyen-orientale, en prononçant au Caire ce discours, qui a renversé dans cette région du monde l'image désastreuse que la politique de son prédécesseur, George W. Bush, avait forgé de l'Amérique.
Au Caire, Barak Obama a dénoncé ceux qui, dans les deux camps, ont opposé l'Occident et l'Islam. Il a regretté que de dangereux extrémistes, « une toute petite minorité », essaient d'instrumentaliser l'Islam, au risque de le faire passer pour « une religion hostile ». Quant à l'Occident, a-t-il (…)Lire la suite »
L'annonce faite par l'administration Obama, ce lundi 2 mai 2011, de la mort du fondateur d'al-Qaïda, Oussama Ben Laden, vient ajouter un nom supplémentaire à la liste déjà longue des leaders arabes qui, après avoir étroitement collaboré avec Washington et ses alliés européens, étaient, à la suite d'événements et de retournements de situation divers, devenus gênants pour leurs anciens alliés.
Il ne s'agit pas, ici, de polémiquer sur les circonstances particulières qui ont entouré l'exécution d'Oussama Ben Laden, ni non plus sur la manière non moins étrange dont les autorités états-uniennes, après avoir enlevé son corps sur un de leur bateau de guerre, l'ont fait disparaître illico presto en l'ensevelissant dans les profondeurs de la Mer d'Oman, mais bien de s'interroger sur la série de décès et accidents cérébraux ou vasculaires qui touche l'élite arabe, autant de personnalités de premier plan ayant eu d'étroites relations avec l'hyper-puissance américaine et qui, certainement, (…)Lire la suite »
Comment faut-il comprendre ce qui est en train de se passer en Libye ? Comment expliquer cette intervention onusienne, qui prend une tournure surréaliste et crée un précédent lourd de conséquence pour le devenir de la « gouvernance » à l'échelle mondiale ?
Qu'est-ce que la « gouvernance » ? C'est cette tendance de plus en plus marquée, dans le chef des puissances, à intervenir là où bon leur semble, sans plus tenir compte des règles précises du droit international, dans le but, officiellement, de gérer une crise qualifiée « d'humanitaire », sous le prétexte d'agir de manière rapide et pratique.
Cette tendance s'est développée après l'effondrement de l'Union soviétique et la disparition de la logique bipolaire qui régissait les relations internationales, chacune des deux superpuissances, Etats-Unis et URSS, protégeant ses alliés de l'ingérence de l'adversaire. Ainsi, depuis le début des années 1990', même si la Russie et la Chine tiennent à leur pré carré (à l'échelle régionale (…)Lire la suite »
Présenté par la France, avec l'appui de la Grande-Bretagne, le texte de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l'ONU, voté ce 17 mars, constitue un nouveau pied de nez de la « gouvernance » pour le droit international, c'est-à -dire d'un interventionnisme arbitraire, comme au Kosovo, comme en Irak, comme en Afghanistan.
Cette résolution, en effet, présente un caractère aberrant et constitue un lourd précédent : d'une part, elle transgresse les principes de non-ingérence et de souveraineté des États et, d'autre part, elle normalise un peu plus encore la politique des deux poids et deux mesures, qui caractérise de plus en plus radicalement l'action onusienne.
Basée sur le postulat rhétorique que le gouvernement de Mouammar Kadhafi exercerait une répression criminelle « contre le peuple libyen et les populations civiles éprises de liberté » (dixit Alain Juppé, ministre des affaires étrangères français), la résolution appelle la communauté internationale à interdire tout vol (…)Lire la suite »
Soutenu depuis 1981 par les États-Unis, le gouvernement d'Hosni Moubarak assure la stabilité en Égypte, la paix avec Israël, qu'avait réalisée son prédécesseur, Anouar Al-Sadate, et la pérennité des intérêts occidentaux dans la région. C'est là une des cartes maîtresses du jeu états-unien au Proche-Orient.
Et ce d'autant plus que le risque islamiste est bien réel dans ce pays, où les Frères musulmans, mouvement fondamentaliste dont l'Egypte est le berceau historique, gagnent du terrain depuis quelques années ; Moubarak lui-même a été contraint de leur faire de nombreuses concessions, dont les conséquences sont de plus en plus visibles dans le domaine sociétal, comme, par exemple, le port du foulard, qui se généralise.
N'oublions pas non plus l'importance géostratégique du canal de Suez : la majeure partie des échanges de marchandises, à l'échelle planétaire, s'effectuent toujours par voie maritime et les canaux de Panama et de Suez demeurent des axes commerciaux essentiels. Le (…)Lire la suite »
Le 14 janvier dans la soirée, on apprenait le départ du président Ben Ali : après plusieurs semaines d'émeutes, qui avaient pris des allures de révolution, le peuple tunisien renversait le dictateur, contraint de quitter le pays. Zine el Abidine Ben Ali s'est ainsi réfugié en Arabie Saoudite, qui sera donc sa terre d'exil, puisque la France a, semble-t-il, décliné sa demande, lâchant de la sorte son ancien allié sans la moindre vergogne…
Dans le respect du processus institutionnel tunisien, le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, qui exerçait cette fonction aux côtés du président Ben Ali depuis 1999, a assuré l'intérim de la présidence, le temps de proclamer le nouveau président, Fouad Mebazaâ, un des bras droit de Ben Ali, membre de tous ses gouvernements successifs et, selon certains observateurs, son dauphin désigné.
En effet, après avoir « constaté la vacance de la présidence », le Conseil institutionnel, en vertu de l'article 57 de la Constitution, a établi qu'il revenait (…)Lire la suite »
Depuis trois semaines, le Maghreb est en révolution.
Pourtant, les principaux journaux et les télévisions d'Europe ne parlent que fort peu de ce qui est en train de se passer en Tunisie, mais aussi, à sa suite, en Algérie, voire au Maroc, plus prompts à critiquer le déroulement des élections en Iran que la dictature féroce du président Ben Ali ou la corruption galopante qui prévaut au sein du gouvernement Bouteflika.
Ces événements sont traités par la presse en second titre, comme s'il ne se passait rien de déterminant, et sont ainsi de facto banalisés, pendant que, en Tunisie et en Algérie, les exécutions se multiplient sous les balles de la police.
Et le phénomène est accru encore par le fait que les gouvernements tunisien et algérien empêchent les images de franchir leurs frontières. En outre, Youtube rejetterait les images de violences policières postées par des internautes. Or, sans images, pas de reportage à la télévision...
Alors que ces peuples, nos anciennes (…)Lire la suite »