
Cette année, la célébration de cette date historique intervient dans un contexte marqué par le confinement dû à la pandémie du covid-19, mais cela n'enlève rien à la portée mémorielle de l'événement.
Le 8 mai 1945, tandis que le monde entier fêtait la victoire contre le nazisme, l’armée coloniale massacrait des milliers d’Algériens. Tout est parti de ce qui était censé être des manifestations pacifiques à Sétif, Guelma et Kherrata à Bejaïa. Pour fêter la fin des hostilités de la Seconde Guerre mondiale et la victoire des Alliés sur les forces de l’Axe, un défilé est organisé. Profitant de cette journée particulière, les nationalistes algériens ont, eux, appelé à des manifestations pour exprimer leur droit à la liberté et rappeler à la France coloniale les promesses qu’elle avait faites aux Algériens avant le début du conflit mondial. Les manifestations sont autorisées par les autorités coloniales à la condition que seuls des drapeaux français soient agités.
À Rétif, après des heurts, un policier tire sur Bouzid Saâl, jeune scout musulman tenant un drapeau de l’Algérie et le tue. C’est le feu aux poudres. Des émeutes ont été déclenchées et l’armée coloniale tire sans discernement sur les foules pour commettre un génocide à ciel ouvert. Ce jour-là, l’horreur a atteint son paroxysme qui rappellera les grandes pages sombres de la barbarie coloniale. Tel a été le sort réservé à une population sortie pour dire pacifiquement son droit à la liberté comme tous les autres peuples libérés des griffes du nazisme.
L’extrême brutalité de la répression a marqué le début de la phase de préparation de l’action armée pour l’indépendance de l’Algérie.
Cette année, la célébration de la date historique intervient dans un contexte marqué par le confinement dû à la pandémie du Covid-19, mais cela n’enlève rien à la portée historique et mémorielle de l’événement qui s’inscrit dans la continuité de la lutte des peuples pour leur émancipation. Le fait colonial reste cette trace indélébile dans la mémoire collective. L’histoire se mesure par l’ampleur de ces événements, témoignant de l’engagement des peuples.
La rue algérienne demeure l’unique terreau pour arracher l’indépendance. Cette date historique a-t-elle une dimension qui lui sied ? 75 ans plus tard, les plaies sont restées béantes, la mémoire intacte et le massacre indélébile. Hélas, le carnage relève toujours d’un crime impuni et encore non reconnu. Les massacres du 8 mai 1945 relèvent de la plus grande anthologie macabre du colonialisme français.
Brahim TAKHEROUBT