
Suite à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES), plus de 35000 personnes représentant 54 syndicats de 29 pays ont manifesté samedi à Ljubljana en Slovénie. Ils ont revendiqué l’instauration immédiate d’un salaire minimum ainsi que des hausses conséquentes de salaires. Les manifestants avaient choisi la capitale de la Slovénie, car ce pays préside actuellement l’UE, et une réunion des ministres des Finances et des directeurs des banques centrales s’y tenait.
Leurs revendications interviennent alors que la hausse de l’inflation reprend de plus belle et que de nombreux gouvernements en Europe, à commencer par la France, appellent à la rigueur ou à l’austérité sociale. L’inquiétude quant aux répercussions de la récession annoncée aux Etats-Unis explique que la priorité des gouvernants soit la maîtrise de l’inflation.
Sans rougir, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, a réaffirmé que ce serait « une énorme erreur » de suivre l’exemple allemand d’une hausse des salaires. Dans ce pays, les employés du secteur public viennent d’obtenir une misérable augmentation de 5% pour 2008.
L’autre démagogue européen, Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, a carrément invité les syndicats à rejoindre les dirigeants européens dans leur lutte contre l’inflation : « L’inflation devrait être aussi une source de préoccupation pour les syndicats, » a-t-il déclaré vendredi. « C’est un combat social. C’est ce que je dis aux syndicats ».
Forçant encore le trait du mépris, il n’a pas hésité à déclarer que « Les multimillionnaires peuvent s’accommoder sans aucun problème de la hausse des prix alimentaires, » mais que « Ceux qui vivent avec 300, 400, 500, 600, 700 euros ne peuvent pas vivre avec une inflation galopante. » !!
Pour les banques centrales réunies dans l’Eurogroupe, le seul moyen de lutter contre l’inflation est la modération salariale. C’est pourquoi ses membres condamnent une augmentation des salaires.
« Nous ne pouvons pas accepter des cours de morale, selon lesquels les travailleurs devraient rester modestes, » a répliqué le président de la CES John Monks en constatant que le nombre de working poor [travailleurs pauvres] en Europe se rapproche désormais des 19 millions.
Il estime qu’au contraire, un rattrapage des salaires pourrait permettre de soutenir la demande domestique, à l’heure où les exportations risquent de pâtir du ralentissement de l’économie mondiale, dans la foulée de la crise des crédits immobiliers à risque américains.
« Il est intolérable, scandaleux, de voir que la part des salaires a fondu de plus de 3% dans les revenus nationaux en douze ans », s’insurge John Monks, qui est entré en guerre contre la Banque centrale européenne à laquelle il demande « instamment de cesser ses appels récurrents à la modération salariale ».
Nouvelle Solidarité