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16 mai 1916-16 mai 2016. Il y a un siècle, Sykes et Picot dépècent le Moyen-Orient

En pleine guerre mondiale [1914-1918, la Première du nom] deux impérialismes – grandes puissances dominatrices de l’époque – la Grande-Bretagne et la France, ont négocié âprement le partage arbitraire des dépouilles de l’Empire ottoman qui ne disparaîtra qu’en 1922.

Français et Britanniques se sont quasiment distribué la planète et ses continents. Cela a été le cas pour l’Afrique, les Amériques et l’Asie. 60% du continent asiatique étaient ainsi sous tutelle de la Grande-Bretagne où la France devait se satisfaire de miettes (Indochine). C’est dans ce contexte que, déjà présentes au Moyen-Orient, les deux puissances coloniales – qui se sont livré au cours des siècles, des guerres féroces – ont convenu de dépecer à leur profit l’Empire moribond des Ottomans. Il est vrai aussi que ces derniers ont fait le mauvais choix en s’alliant à l’Allemagne. Et le butin de guerre que Britanniques et Français se promettaient de s’attribuer n’était autre que les provinces arabes. Voraces, les deux expansionnismes ont dupé dans les grandes largeurs les élites politiques arabes qui ont pris leurs promesses pour argent comptant. La France avait dans la région des influences culturelles et économiques qu’elle voulait conserver, voire amplifier ; la Grande-Bretagne avait des intérêts stratégiques et vitaux qu’elle voulait protéger, notamment la « route des Indes » par laquelle Londres fait transiter ses marchandises tirer sa richesse et sa fortune.

En fait, les deux impérialismes agissaient en territoires conquis ne prenant en compte ni les Ottomans [dont les armées occupaient toujours les provinces arabes qu’ils voulaient se partager] encore moins des Arabes pour lesquels ils n’avaient que mépris. Dans une longue lettre – datée du 9 mai 1916 – au secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, Sir Edward Grey, l’ambassadeur de France à Londres, Paul Cambon, présenta les 12 points de l’accord auquel sont parvenus les négociateurs des deux pays Mark Sykes et François Georges-Picot (l’Accord sera connu sous le nom d’Accord Sykes-Picot) écrit « Monsieur le secrétaire d’État, désireux d’entrer dans les vues du gouvernement du roi et de chercher à détacher les Arabes des Turcs en facilitant la création d’un État ou d’une confédération d’États arabes, le Gouvernement de la République avait accepté l’invitation (...) en vue de fixer les limites de cet État et des régions syriennes où les intérêts français sont prédominants » fin de citation. Le diplomate français, ignore ainsi totalement les populations arabes sur le dos desquelles son pays et la Grande-Bretagne allaient découper le Monde arabe à leur convenance. L’accord, resté toutefois secret, est définitivement conclu le 16 mai 1916 (il y a juste un siècle) entre un militaire de carrière britannique, Mark Sykes, qui a participé à toutes les guerres de la fin du XIXe et du début du XXe siècle (notamment la guerre des Boers en Afrique du Sud) et un diplomate français adepte de la colonisation, François Georges-Picot, consul à Beyrouth et membre du « parti colonial » un fanatique de droite, partisan de l’expansion coloniale française. Débutées en 1915, sept ans avant la chute de l’Empire ottoman en 1922, les négociations sont conclues en 1916. Dans un livre paru en 2011, A Line in the Sand (Une ligne dans le sable) l’auteur britannique, James Barr rappelle que « Sykes disait vouloir tracer une ligne allant du "e’’ d’Acre (en Palestine, Ndlr) au dernier ’k’’ de Kirkouk » (en Irak, Ndlr). Cette ligne noire figure sur les cartes de l’accord de 1916. Elle coupe en deux la Syrie et l’Irak (qui s’appelait alors Mésopotamie) Les deux hommes n’ont tenu compte ni des ethnies ni des religions ni des particularités des populations et familles qu’ils allaient ainsi séparer. Dès lors, ils n’ont fait que répéter, sans autre précaution, le découpage, plutôt le charcutage, de l’Afrique au congrès de Berlin de 1881.

Les impérialistes agissaient en véritables esclavagistes. Deux puissants petits pays, la Grande-Bretagne et la France (elles comptaient à eux deux moins de soixante millions d’habitants à l’époque) contrôlaient près d’un milliard de personnes réparti sur les cinq continents. Pour la petite histoire, notons que la Russie tsariste et l’Italie ont approuvé l’accord Sykes-Picot, récoltant au passage l’Arménie pour le premier et une parcelle en Turquie pour le second. Ce sont les révolutionnaires russes qui révèleront au monde l’Accord et son contenu en 1917.

Voilà comment les « civilisateurs » européens ont écrit à coups de sabre et de canons l’histoire des peuples. La conférence de San Remo avalise le mandat du fait accompli franco-britannique, leur confiant la « préparation » des « indépendances » des provinces arabes. On sait ce qu’il advint de la Palestine confiée à la Grande-Bretagne. Notons ce paradoxe, Daesh occupe le territoire que la France s’est octroyée en 1916. Il y a de ces retournements de l’histoire...

17 Mai 2016

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