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Quand François Hollande pouvait rencontrer les "Goodyear"

12 février, rassemblement réussi devant le siège de Goodyear à Rueil Malmaison

Les Hauts-de-Seine, le fief de Sarkozy et de la droite. Le parking du siège social d’une des plus grosses multinationales au niveau mondial, Goodyear. L’entrée lourdement gardée par les CRS de Manuel Valls et de François Hollande.

Devant le bâtiment, plus de 1000 travailleuses et travailleurs, militants et étudiants solidaires, réunis pour dire non à la fermeture de l’usine d’Amiens-Nord et plus généralement « non aux licenciements ! ». Le symbole était fort. L’occasion pour les Goodyear mais aussi pour les délégations venues des quatre coins de France pour dire que c’est tou-te-s ensemble que l’on pourra interdire les licenciements et que les luttes doivent converger. L’occasion aussi pour échanger avec Julien, Patrick, Mebarek ou Stéphane, travailleurs de PSA-Aulnay et de Goodyear-Amiens.

Rédaction : La direction de PSA continue à dire que vous n’êtes qu’une poignée d’extrémistes, que vous êtes armés jusqu’aux dents… pourtant, vous dites juste que « l’arme des travailleurs, c’est la grève ! »

Julien : Depuis le 16 janvier la grève a commencé, le nombre de grévistes n’a cessé d’augmenter. Avec la soixantaine de collègues présents ici, on a fait ce crochet par Rueil, mais juste après on sera Avenue de la Grande Armée, devant le siège du groupe, avec une délégation encore plus fournie. Ce matin encore, au dernier pointage, on était plus de 400 grévistes. Avec les quelques techniciens qui sont avec nous dans le mouvement, c’est plus d’un tiers des effectifs de production, des ouvriers, qui sont en grève.

R : Au début du mouvement, il paraît que vous ne perturbiez pas la production, tellement la grève était peu suivie

J : Pour ce qui est de la production, c’est un autre mensonge de Varin depuis le début. Il suffit de passer sur la bretelle devant l’usine à Aulnay pour constater. Il n’y a plus une seule voiture sur les parcs de stationnement. Cela fait quatre semaines que plus une seule bagnole ne sort des chaines de production.

R : Les médias disent qu’avec la négociation, vous seriez tous assurés d’être reclassés

Patrick : Reclassés ? C’est simple. Avec Mebarek, avant la fermeture du site on était à Melun. On était caristes. Dans mon cas, j’ai même dû déménager. A moins d’avoir une super bagnole, on ne peut pas traverser l’Ile-de-France tous les jours pour aller bosser. Avant j’habitais à Provins, et après j’ai dû m’installer avec ma femme et mes deux gosses dans 40 m2, alors c’est sûr que ça m’a changé. C’est ça, les merveilles du reclassement ? Et avec quelle perspective ? De me retrouver à la rue si le site d’Aulnay ferme ?

R : Il y aurait le site de Poissy…

P : Et ceux qui habitent déjà loin d’Aulnay, dans l’Oise, ou à Compiègne, comment est-ce qu’ils devraient faire ? Et puis c’est une question de confiance : Asnières a fermé, Meulun a fermé, ils veulent fermer Aulnay, Saint-Ouen est sur la liste. Qu’est-ce qui nous assure qu’ils veulent continuer à Poissy ?

Mebarek : A Poissy, ils ne prendront que les plus costauds, des gars qui ont entre 18 et 40 ans. Ceux qui sont trop vieux soi-disant, ou qui ont mal au dos, ce sera dehors tout de suite. Celui qui a le dos cassé (et c’est qui celui qui te l’a cassé le dos ?), il n’aura pas sa place à Poissy. Déjà à Aulnay, ceux qui étaient en restriction à Melun [des salariés qui, pour raison médicale, ne peuvent être affectés à certaines tâches],ils étaient par exemple au conditionnement de petites pièces. Ceux qui ont été reclassés à Aulnay, on leur a dit qu’on ne pouvait rien pour eux, parce qu’il n’y avait aucun poste de ce type dans le 93, mais qu’ils pouvaient rester chez eux. Ils vont faire quoi ces collègues-là si Aulnay ferme ? De ça, pour le coup, personne n’en parle.

R : Entretiens préalables de licenciements, vigiles sur le parking. Citroën a sorti son grand jeu…

J : On est six à avoir été convoqués pour un entretien préalable, avec des dossiers bidon, complètement vide. Dans mon cas, ça va avec une mise à pied. Mais Citroën veut frapper encore plus fort. Ce n’est plus seulement sur les militants que PSA compte taper, c’est sur les grévistes, pour faire des exemples. Ce matin par exemple, c’est un copain, N., qui a été convoqué. Et pourtant, N., c’est un type extra, qui n’a jamais eu d’histoires. Mais le fait d’être gréviste suffit maintenant à la direction pour l’accuser d’avoir blessé un cadre… soi-disant avec un jet d’oeuf. PSA veut affaiblir le mouvement, mais c’est l’inverse qui se produit. On n’est pas démoralisés. Le mouvement n’est pas affaibli.

R : On vous sent déterminés à vous battre jusqu’au bout

P : La question qui se pose, elle est simple : le but c’est de payer tes factures, ou de travailler ? Moi je veux travailler. Parce que même avec des indemnités de départ, je pourrai les payer jusqu’à quand, mes factures ? Et je vais leur donner quoi à manger à mes gosses ? Qu’est-ce qu’il y a en dessous de chez Lidl ou Dia ?

J : Dans mon cas, ça fait seize ans que je bosse à Aulnay. J’ai tout fait : l’équipe de nuit, le VSD [l’équipe de week-end], et après ça, Varin veut me jeter ? On défend notre bifteck, pour nous et nos familles. On nous traite de voyous, de terroristes, mais c’est eux, les criminels qui veulent nous pousser à bout… Ils sont déterminés, mais nous aussi. Est-ce qu’on sera capables d’aller jusqu’au bout ? Pour ça, il faudra aussi que tous les autres sites de PSA soient mobilisés, partout en France, et qu’on se mobilise avec toutes les autres boites en bagarre. En attendant, on a le devoir de résister.

R : A Amiens, quel est l’état d’esprit après l’annonce officielle du projet de fermeture ?

Stéphane : L’état d’esprit ? C’est simple. Moi j’ai bossé de nuit. Et je ne suis pas le seul ici, il suffit de regarder autour nous. On a donc arrêté à 5h30 ce matin, on a pris notre douche, et on est montés dans les bus avec les autres. On est 700 aujourd’hui. Et ce soir, ceux de la nuit comme moi reprendront le boulot à 22h. Mais si on dit qu’il faut remettre ça demain, et bien je serai là demain aussi. C’est ça notre état d’esprit. Goodyear voulait nous en mettre plein la gueule, mais on ne va pas se laisser faire !

R : Mais cette fois, les média disent que la direction de Goodyear est vraiment déterminée.

St : Ca c’est les médias. Ils mentent. Ils passent leur temps à mentir sur nous, sur la CGT de Goodyear. Il paraît qu’il aurait fallu qu’on signe [un contrat de « garantie de l’emploi » en échange d’une transformation radicale de l’organisation et des conditions de travail], il y a six ans, comme à Amiens-Sud [à savoir le site Dunlop, dont l’usine Goodyear n’est séparé que par un grillage] ? Regardez où ils en sont à Dunlop. Ils font les 4x8. Vous savez ce que c’est que les 4x8 ? C’est être deux jours de l’équipe du matin, deux jours de l’équipe de l’après-midi et deux jours de l’équipe du soir, week-end compris. Les bonhommes à l’intérieur sont complètement déboussolés, des vrais zombies. Et je ne vous parle même pas des divorces, des dépressions, et même des suicides. C’est ça la violence. A Goodyear, on a dit qu’on voulait maintenir l’emploi.

R : Pas de chèque ?

St : Pas de chèque : qu’est-ce qu’on en ferait du chèque, dans un coin comme la Picardie où il faut au minimum 60 mois pour retrouver un taf ? Ou alors il faudrait en trouver un autre à l’autre bout du pays ? Et à quelle condition ? Alors non, maintien de l’emploi, et maintien de la production, c’est ça qu’on dit.

R : Vous pensez pouvoir gagner ?

St : Comme dit le slogan, « Tous ensemble ! ». Regardez qui il y a aujourd’hui. Il y a nous, les Goodyear, et puis aussi PSA, et puis Renault, Licenci’elles, Sanofi, Presstalis, Ford, Fralib, Florange. J’en oublie sans doute. Il y a même les cheminots CGT d’Amiens qui nous ont accompagnés, parce que dans le public aussi, le gouvernement dégraisse.

D’ailleurs c’est ça. On va finir par le déstabiliser, ce gouvernement. Hollande a fait savoir qu’il voulait rencontrer Mickaël [Wamen, dirigeant cégétiste de Goodyear]. Je ne sais pas s’il pense qu’il va l’acheter, mais Mickaël et nous, on ne va rien lâcher ! Tout ce mouvement prend de l’ampleur. Il n’y a qu’à voir les boites présentes ici, ce matin. Il faut que ça s’étende, et ne pas rester chacun dans son coin. En mars en tout cas, [le 5 pour la manifestation contre les Accords de flexisécurité, et le 7 pour un nouveau CCE de Goodyear], on remet ça !

12/02/13

Jamila Al-Mukhtar et Paul Tanguy

Source : http://www.ccr4.org/12-fevrier-rassemblement-reussi-devant-le-siege-de-Goodyear-a-Rueil-Malmaison

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