RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Thème : Exil

A en croire nos médias, seuls les Vénézuéliens passeraient des frontières...

Amérique Latine : une longue histoire de migrations

Christian RODRIGUEZ

L’immigration en Amérique Latine est ancestrale, avec les Espagnols et les Portugais pour des raisons essentiellement linguistiques, puis au cours des XIXème et XXème siècles pour des raisons économiques et, plus tard, politiques.

La campagne médiatique orchestrée aujourd’hui sur l’exode des Vénézuéliens vers les pays limitrophes obligent à rappeler quelques chiffres puisque, du 2 mars au 28 août de cette année, 721 fausses informations (fake news pour employer le langage à la mode) dont 187 pour le seul mois d’août sont venues envenimer le paysage informatif mondial, mais aucune ne fait mention des réfugiés Colombiens au Venezuela. Il convient donc de restituer les réalités. Mais avant tout, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que de nombreux pays ont été l’objet de migrations internes et externes à l’Amérique Latine pour diverses raisons. Quelques exemples non exhaustifs : – En Argentine, en Uruguay et au Venezuela, il y a une forte population d’origine italienne. – Au Chili, les Anglais au nord pour les mines de salpêtre, les Allemands au sud (rien à voir avec les criminels nazis réfugiés surtout au Paraguay et en Bolivie) où des terres leur ont été offertes généreusement pour cause (…) Lire la suite »
Quand le rêve de l’exil vire au cauchemar pour des dizaines de milliers de Cubains qui veulent rentrer au pays

Neuf choses à savoir sur les “réfugiés” cubains en Amérique Centrale

Marc VANDEPITTE

Ces derniers jours, 8.000 Cubains ont échoué à la frontière entre Costa Rica et Nicaragua. Ces Cubains tentent de pénétrer aux Etats-Unis via ces pays. Ils sont le jouet d’une politique cynique voire criminelle. C’est ce que nous dévoile Marc Vandepitte dans un article traduit du néerlandais par Anne Meert pour l’excellent site belge Investig’Action.
Le point 9 de son article imparable aborde le problème des Cubains pour qui la vie hors de l’île tourne au cauchemar. « Jamais la presse généraliste n’en pipera mot », regrette Marc Vandepitte. Vrai, à une exception près. Le Grand Soir avait abordé ce point-là dans un article de juillet 2012 et notre information avait été reprise dans un « 28 minutes » d’Arte (voir logo). C’est tout et c’est peu.

Le Grand Soir

*1. Que les plus pauvres émigrent vers des zones plus riches, c’est ce qu’il y a de plus normal au monde. A Puerto Rico, tout près de Cuba, plus de 40% de la population totale est partie vers les Etats-Unis. Chaque année un quart de million de centraméricains traversent illégalement la frontière entre le Mexique et les USA (1). Après la crise financière de 2008, seize fois plus d’Irlandais que de Cubains ont quitté leur pays (2). Cuba, le pays qui a connu le plus long blocus de l’histoire mondiale, ne constitue pas une exception à cet égard. *2. Pour les Cubains il existe une raison annexe. Grâce au très haut niveau de l’enseignement, le Cubain moyen, du point de vue scolarité, dépasse très nettement la grande majorité des latinos, qui sont souvent illettrés. En guise de comparaison : à Cuba il y a deux fois le nombre d’étudiants dans le supérieur qu’en Belgique (à population équivalente). Les migrants cubains sont dès lors économiquement intéressants et ils ont donc de (…) Lire la suite »

Marée migratoire vers l’Europe, la permanence de coefficients élevés

Bernard CONTE
Depuis plusieurs mois, l’actualité se focalise sur le flux, sans cesse croissant et renouvelé, de boat people affluant vers l’Europe du Sud. Les medias qualifient de « migrants », de « réfugiés » (1) ... les personnes composant ces flux. La différence entre les deux qualificatifs apparaît ténue car « un migrant est une personne qui effectue une migration qui est l’action de passer d’un pays à un autre » et « un réfugié est une personne qui a cherché refuge dans un pays étranger » (2) . Nous définirons la grande majorité des migrants comme des personnes qui fuient un « ici » hostile pour un « ailleurs » plus clément. Les chiffres de l’immigration sont souvent discutables et souvent discutés car il s’agit d’un domaine politiquement sensible. En tout état de cause les flux sont importants et en croissance, semble-t-il. Dans ce texte, nous tenterons de mettre en lumière les incitations économiques qui déterminent le migrant à venir en Europe et particulièrement en France, parfois au (…) Lire la suite »
"Tourisme social" peut aussi s’appliquer aux riches de l’UE qui vont s’établir en Belgique, à Monaco, à Malte, au Liechtenstein, en Autriche...

Pujadas et le "tourisme social"

Philippe ARNAUD

Au journal télévisé de 20 h de France 2 du 11 novembre 2004, un sujet était consacré au "tourisme social". De quoi s’agissait-il ? David Pujadas, l’air visiblement réjoui, nous l’a expliqué :

"L'économie, et cette offensive de la Cour de justice européenne pour limiter ce qu'on appelle le "tourisme social". De quoi s'agit-il ? De ces citoyens de l'Union, qui s'installeraient dans les pays les plus riches dans le but de bénéficier de l'aide sociale. Eh bien les juges du Luxembourg ont statué. Les Etats auront plus de liberté pour la refuser. Philippe Boisserie : "C'est un bémol de taille dans le principe de la libre circulation des citoyens au sein de l'Europe. La Cour de Justice européenne a décidé que les personnes qui quitteront un pays européen pour un autre dans le seul but de bénéficier de prestations sociales ne pourront plus se prévaloir de ce droit. Un pays pourrait donc refuser de verser des aides sociales s'il considère que le demandeur ne cherche pas à s'intégrer dans le pays, n'y travaille pas, ou ne dispose pas de ressources suffisantes"... [Et, ici, pour bien faire voir à qui on pense, la caméra nous offre un plan moyen d'une famille marchant, de (…) Lire la suite »

Poésie et exil (25)

Bernard GENSANE

« Je suis né sous les signes jumeaux du voyage et de la mort », disait Jules Supervielle.

Né en 1884 à Montevideo en Uruguay dans une famille basque, Supervielle alternera toute sa vie les séjours entre la France et son pays d’origine. Peu après sa naissance, ses parents lui font faire une première traversée de l’océan pour le présenter à sa famille restée au pays. Ses parents meurent accidentellement à Oloron-Sainte-Marie, dans des circonstances imprécises. Il est recueilli pendant quelques années par sa grand-mère maternelle, puis par son oncle Bernard qui l’emmène à Montevideo et le considérera comme son propre fils. À l’âge de neuf ans, il apprend par hasard qu’il n’est que le fils adoptif de ses oncle et tante. Cette révélation aura sur son psychisme de profondes répercussions. Il a peur de se regarder dans la glace, croyant ne voir que l’image de son double. Supervielle est mort à Paris en 1960. Adieu à l’estancia Adieu, chardons fleuris, azur frais des pampas, Bois lointains que l’aurore inondait d’espérance, Et familier jardin où tout sera silence, (…) Lire la suite »
Stefan Zweig

Poésie et exil (21)

Bernard GENSANE

Stefan Zweig se suicide en exil, au Brésil, en 1941. En 1916, effrayé par la Première Guerre mondiale qui oppose des pays pour lui amis, il écrit Jérémie, une tragédie dans laquelle il clame son refus du militarisme.

Sa vie durant, Zweig eut la prescience de sa mort tragique et de son exil. Zweig avait placé dans la bouche de ses personnages cette lugubre prémonition : « […] au long de l’infini des routes de souffrance, nous sommes éternellement les éternels vaincus, esclaves du foyer dont nous sommes les hôtes. » Comment en effet, cet athée – à tout le moins agnostique – cet homme totalement étranger à la synagogue, cet Autrichien qui, contrairement à son ami Einstein, n’avait que faire du sionisme et de la création d’un État juif, avait-il écrit, vingt ans avant la politique d’anéantissement des Juifs, sa compassion pour les malheurs à venir d’un peuple dont il ne s’estimait en conscience nullement partie prenante ? Donc il nous faudra vivre au vaste exil du monde, Rompre et manger le pain qu’anront salé nos larmes, Il faudra nous asseoir aux escabeaux de honte, Au foyer de l’ennemi dormir un somme d’angoisse. […] Il nous faudra boire à des eaux lointaines, Nos lèvres (…) Lire la suite »
Erich Fried

Poésie et exil (20)

Bernard GENSANE
Né à Vienne en 1921 de parents juifs, Erich Fried quitte l’Autriche en 1938 et émigre à Londres où il devient journaliste à la BBC. Son père est mort, torturé par la Gestapo. Dans les années soixante, il milite contre la guerre du Vietnam. Dans les années soixante-dix, il est accusé de complicité intellectuelle avec les terroristes, alors qu’il avait qualifié la lutte de la bande à Baader d’« idiote ». Il figurera néanmoins sur la liste noire publiée par le parti chrétien-démocrate en novembre 1977. Dans le but de nettoyer la langue allemande des séquelles du nazisme, il prône une écriture dépouillée. Son œuvre se caractérise par la dimension ludique du travail d’écriture, comme le montre les deux brefs exemples suivants : Der einzige Ausweg Im aufgeschlagenen Stein liegt ein Ei Aus dem Ei fliegt ein Vogel Aus seinem Schnabel ein Stein Wer den aufbrechen kann findet drinnen nichts . . L’unique issue Dans une pierre fracassée il y a un œuf De (…) Lire la suite »
Un certain 11 septembre, le plus terrible de tous

Le renversement d’Allende, raconté par Washington

Hernando CALVO OSPINA

Le 11 septembre 1973, Salvador Allende, président démocratiquement élu du Chili, mourait pendant un coup d’Etat militaire ourdi et financé depuis les Etats-unis.
La répression fit 3 800 morts ou disparus (évaluation minimale) et plus de 37 000 torturés. Des centaines de milliers de Chiliens furent contraints à l’exil. Une aube noire se leva sur le Chili de Pinochet.

Le 11 septembre 2001, l’attentat contre le World Trade Center à New-York fit 2992 morts (en comptant les 19 pirates de l’air) selon les chiffres officiels du rapport de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis. Il s’ensuivit une aube noire pour l’Afghanistan et l’Irak où périrent des centaines de milliers de citoyens, hommes, femmes enfants.

Socialiste, Salvador Allende était un des fondateurs du PS chilien. C’est la raison pour laquelle le parti solférinien pleure à chaudes larmes tous les 11 septembre, à chaque anniversaire de l’écroulement des tours jumelles.

Le Grand Soir.

En 1961, dès qu'il prit possession du pouvoir, le président Kennedy nomma un comité chargé des élections qui se dérouleraient au Chili trois ans plus tard. Selon l'enquête d'une Commission du Sénat[1], il était composé de hauts responsables du Département d'Etat, de la Maison Blanche et de la CIA. Ce comité fut reproduit à l'ambassade étasunienne de Santiago. Empêcher que le candidat socialiste Salvador Allende ne gagne les élections en était l'objectif. [2] Allende était un marxiste, convaincu qu'on pouvait arriver au gouvernement par la voie pacifique et à partir de là, renverser les structures de l'Etat au bénéfice des majorités pauvres. Il disait que pour arriver à un tel but, on devait nationaliser les grandes industries, celles qui étaient aux mains des Etats-Unis, en priorité, car c'étaient elles qui exploitaient les ressources stratégiques. Ces idées, et d'autres idéaux sociaux, le rendirent indésirable aux yeux de Washington : il pouvait devenir un exemple pour les (…) Lire la suite »
19 
Joachim Du Bellay

Poésie et exil (14)

Bernard GENSANE

Quand nous étions enfants, et déjà facétieux, nous commencions ce poème par "Heureux qui communiste...".

Du Bellay ne fut pas exilé : il vécut volontairement à Rome, avec un cousin de son père, cardinal. C'est en cette circonstance qu'il écrivit ce magnifique poème sur l'exil. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son age ! Quand revoiray-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison, Revoiray-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup d'avantage ? Plus me plaist le séjour qu'ont basty mes ayeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaist l'ardoise fine, Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin, Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur Angevine. Lire la suite »