Quand nous étions enfants, et déjà facétieux, nous commencions ce poème par "Heureux qui communiste...".
Du Bellay ne fut pas exilé : il vécut volontairement à Rome, avec un cousin de son père, cardinal. C’est en cette circonstance qu’il écrivit ce magnifique poème sur l’exil.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son age !
Quand revoiray-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Revoiray-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup d’avantage ?
Plus me plaist le séjour qu’ont basty mes ayeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaist l’ardoise fine,
Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin,
Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur Angevine.