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Trois malfaiteurs au pays des bienfaiteurs

Les trois malfaiteurs sont des musulmans qui récitent ce verset " Ne semez pas la corruption sur terre, après que le bon ordre ait été instauré. Implorez le Seigneur par crainte et espoir, car sa miséricorde est toute proche des bienfaiteurs" durant leurs prières.

Je commence par les paroles de notre Créateur qui s’adresse à la conscience universelle « Ne semez pas la corruption sur terre, après que le bon ordre ait été instauré. Implorez le Seigneur par crainte et espoir, car sa miséricorde est toute proche des bienfaiteurs ». Sa bienveillance et sa clémence nous sont essentielles aujourd’hui.

A Tangentopoli, l’argent affirme sa puissance, transforme les citoyens en marchandise pas chère, trouble toute raison qui est en contact avec lui quand l’honnêteté collective est absente. Dans ce lieu, c’est l’argent qui donne le pouvoir politique à ceux qui le désirent par arrogance ou pour mieux servir leurs intérêts par des effets claniques. L’état lamentable et navrant de Tangentopoli ne va pas durer longtemps puisque le peuple est de bonne race et les trois verbes refuser, résister et vaincre sont au coeur de son identité. L’histoire de ce peuple invincible renait dans la volonté de ses petits enfants qui marchent des kilomètres pour aller à l’école dans les campagnes. Dans les esprits de ces jeunes, une nouvelle Algérie se construit derrière cette Tangentopoli qui semble plongée dans la magouille et la corruption. Une nouvelle mentalité doit remplacer les anciens reflexes qui s’évanouissent dans un espace de laisser-aller et acceptent incontestablement l’anesthésie du laisser-faire. Une autre Algérie se dessine et un autre esprit de patriotisme se développe. Le pays ne manque pas d’idées jeunes qui ne se mélangent pas avec celles qui se fatiguent ou se découragent face aux difficultés créées de toute pièce par certains politiciens malhonnêtes. Nous voyons venir une autre génération dont les idées ne s’affaiblissent pas devant les défis de ce siècle. Cette nouvelle génération ne baissera pas les bras comme ceux qui se rendent les mains sur la tête dans la grande bataille contre la corruption. Une génération qui ne se fait pas trahir par ceux qui se sont fait trahis par leur propre saison. Les idées jeunes n’acceptent jamais la corruption comme une fatalité tombant du ciel. Une idée jeune ne laissera pas la nuit abattre le jour et combattra avec foi et courage l’ignorance et le despotisme moral sur tous les fronts. Après cette introduction qui annonce une lumière d’espoir, je vais essayer de vous divertir politiquement. J’illustre ce texte par une discussion entre un enfant et son papa « Kada le soufi. ». Kada est un petit fonctionnaire qui vie à Tlemcen dans le quartier d’El Eubad à proximité de la mosquée. Il écoute le « Samaa chant du soufi » et ses fréquentations sont très limitées.

Papa, je sais très bien que tu ne fréquentes jamais les salons politiques et tu m’as toujours dit que les algériens sont honnêtes quand ils s’éloignent de la politique des salons qui pousse les faibles de caractère vers l’incorrection et l’injustice ; maintenant, je te demande de me parler un peu de l’histoire des trois grands malfaiteurs algériens chez les bienfaiteurs : Abdel Moumène, Khalil et Farid. Leurs noms parcourent les journaux d’Italie et du Canada en passant par les trottoirs de la honte de Tangentpoli. Kada hésite un petit moment puis répond comme un bon éducateur qui évite la polémique dans sa leçon « J’ai lu dans notre histoire la vie du célèbre berbère Abdel Moumène. Il était un fidèle d’Ibn Tûmart. C’était un calife très puissant. Son empire s’étendait de Tripoli à Guadalquivir en Espagne. J’ai lu dans le Saint Coran que Khalil est le qualificatif du prophète Abraham. Pour Farid, je sais qu’il était un célèbre chanteur égyptien. Il chantait l’amour et les sentiments des années soixante ». L’enfant rigole et dit « Papa, tu n’es pas à la vraie page de notre histoire. Je te conseille de renouveler tes connaissances pour rafraichir ta mémoire. Abdel Moumène n’est pas un calife en Espagne, il est un Khalife en Algérie. C’est l’homme des grands scandales qui ont noirci la république et la justice de notre Etat. Khalil est l’homme intouchable. Il n’a rien avoir avec Abraham le grand prophète. Une rumeur circule dans les cafés maures à Nedroma, on raconte que cette personne prétend être le beau-frère d’Abraham Lincoln. Les américains le connaissaient sous le nom de « His excellency Chakib » quand il protégeait leurs intérêts. Enfin, Farid n’est pas un chanteur oriental. Il est le spécialiste et le compositeur des affaires énergétiquement louches. Il s’appelle Bedjaoui et on le nomme « le conseillé particulier de Khalil ». Plus exactement, c’est le neveu de l’homme de droit qui habitait le palais de justice de La Haye et arbitrait les grands litiges entre les Etats ».

Papa, permet moi de t’informer. Je sais très bien que tu n’es pas familier avec la langue grecque et la langue italienne, le mot Tangentopoli se compose de deux mots. Le mot italien tangente qui veut dire « pots de vin » et le mot grec « poli » qui veut dire cité. Tangentopoli est la cité des pots de vin. A Tangentopoli, les Hauts Cadres détournent les sommes astronomiques et restent impunis parce qu’ils sont bien protégés par des gangsters des affaires hors-la-loi. A Tlemcen, de petits fonctionnaires qui échangent un extrait de naissance contre un repas dans une gargote à El Ourit sont écroués ou poursuivis en justice par l’application de la loi. Papa ! C’est l’image que j’ai dans ma tête lorsque les gens parlent corruption et justice à Tangentopoli ou à Tlemcen.

Papa, tu sais que la corruption fait des ravages dans l’ensemble des entreprises publiques tangentopoliennes. Le scandale de la Sonatrach n’est que la partie apparente de l’iceberg. La corruption incontrôlée provoque un cynisme généralisé dans une population démoralisée par l’insécurité, l’ignorance, la pauvreté, le chômage et la drogue. Les dirigeants ont beau promettre qu’ils n’hésiteront pas à sévir jusqu’au plus haut niveau, le citoyen ne les croit plus. Les fonctionnaires honnêtes ont plutôt l’impression que ce sont toujours les lampistes qui payent. Ils lèvent les mains vers le ciel et attendent sa volonté pour mettre un terme à la corruption.

Papa, tu sais que le papa de mon copain est un petit fonctionnaire, au même rang social que toi, il attend sa retraite conditionnelle et trop maigre depuis des mois. Il a entendu son papa dire « ça n’a aucun sens de voir certains employés baigner dans la richesse venue de nulle part, sans qu’on leur demande d’où provient cette fortune acquise illégalement en si peu de temps. Ce phénomène si largement répandu ronge la légitimité du pouvoir et il est fort probable qu’il mettra fin à l’existence de l’Etat ». Le petit garçon continue son raisonnement, « Transparence International classe chaque année plus de 170 pays sur une échelle allant de 0 (corruption perçue comme la plus faible) à 100 (corruption perçue comme très forte). L’année dernière, l’Algérie fut classée 105e avec un indice de 34 % au même rang que le Mali, la Gambie et les Philippines. Papa, je pense que ces chiffres nous suffisent pour faire un constat ».

Face à cette situation déplorable, Kada est réellement troublé par l’ouragan Tangentopoli qui secoue notre pays ces derniers temps. J’évite de dire qu’il est extraordinairement dérangé ces jours-ci par le silence des hommes responsables de cet état. Il sort de son fatalisme et nous dit « Avant d’aller à l’école tôt le matin, nos enfants sont bien informés par leurs amis du Facebook et Twitter. Ils constatent qu’une part de notre vieille élite politique est corrompue. Certains vont plus loin dans leur imagination. Ils se demandent à quoi sert une école si leurs parents sont devenus d’excellents trafiqueurs ou trafiquants. Pour fuir leur désarroi, ils demandent à leurs copains de chanter une chanson de rap pour oublier la réalité amère de leur vie à Tangentopoli ».

Ecoutons Kada parler d’un jeune musicien algérien. Ce jeune, choqué et déçu par le comportement corrompu de certains hauts responsables, chante dans un style rap les paroles de Rousseau « Ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n’entendront jamais rien à aucune des deux ». Le refrain de sa chanson est bien réfléchi « Nous ne sommes pas tous corrompus et nous ne sommes pas tous des Chakib ou des Bedjaoui ». A travers sa chanson engagée, Kada constate que la mise en examen d’hommes politiques ou de dirigeants de grandes entreprises publiques n’étonne plus personne chez nous. Le spectacle passionne pour quelque temps l’attention puis se sauvegarde dans l’oubliette du temps. Les médias s’intéressent au spectacle pour quelques jours puis oublient aussi vite tout détail de ce décor. Pour ce jeune homme, cet abandon est justifié puisque les malfaiteurs jouissent de la double nationalité ou ils ne sont plus là pour être punis. Dénonçant le laxisme de la justice et la magouille politique, voici comment ce jeune musicien s’adresse, à la manière du fils de Kada, à son papa.

« Papa, réveilles-toi, notre maison est en danger. Papa, L’ouragan Tangentopoli attaque notre cité et va sans doute détruire notre maison. L’histoire de notre maison ressemble à la maison décrite dans un conte des mille et une nuits de Baghdâd. Dans ce conte, une magnifique histoire trouve une bonne place et un sens chez nous. Elle nous raconte l’histoire d’un berger appelé Kaddour qui découvre un béret magique made in Italie. Une fois sur sa tête, ce béret le rend invisible et puissant. Jouissant de cette invisibilité et abusant de sa puissance, Kaddour séduit l’occident, trompe le roi pour lequel il gardait un troupeau dans une forêt dont le bois servait comme source d’énergie. Profitant de la confiance du roi, Kaddour nuit au royaume, dévore ses richesses, brule la forêt et s’enfuit. Il laisse le pauvre roi dans un grand embarras. Papa tu dois comprendre cette histoire pour éviter d’être comme ce pauvre roi ».

Papa ! Je ne peux plus te cacher la vérité pour te faire plaisir. Papa, tu oublies souvent de faire ta promenade nocturne après minuit dans les parages de notre maison. Tu es trop naïf quand tu penses que les frères de Kaddour ne travaillent pas la nuit. Écoute-moi papa ! Je te rappelle le bon sens de maman. Ce bon sens démontre que le quotidien dans notre maison est ordure et corruption. Refusant d’accepter la vérité qui sort de la bouche de son enfant, le père ne pense pas vraiment que son petit enfant veut une lutte sérieuse contre la corruption. Il pense qu’il accepte tout simplement une peinture sur la pourriture. Malheureusement pour papa, nos petits enfants sont convaincus qu’une pourriture bien peinte ne peut plus durer pour longtemps. Ils sont sûrs que la peinture ne peut plus cacher la réalité de leur maison.

Prenant cette histoire comme référence, Kada pense que nous ne pouvons plus mentir à nos enfants. Les enfants de ce temps sont très éveillés. Ils savent que dans l’obscurité tous les chats sont noirs, toutes les perdrix ressemblent aux hiboux et tous les humains sont pris pour des fantômes. Les enfants ont appris que la justesse s’applique à la loi alors que la justice s’applique au droit. Ils informent leurs papas et disent « dans l’obscurantisme politique, la justice est aveugle et ne voit jamais le Droit au bon endroit ». En plus clair, nos enfants veulent dire « quand la gouvernance de la maison manque de clarté, la mise en oeuvre et l’application des lois et des politiques assurant la sentence et la transparence deviennent très difficiles. Kada remarque que la fierté algérienne n’existe plus puisque la honte l’a remplacée. Il s’interroge. « Que dire alors ? Sommes-nous condamnés à vivre entre la borne pourrie et la borne corrompue ? Entre ces deux bornes, l’argent n’a ni origine, ni couleur, ni odeur. Kada le soufi se recherche entre Tangentopoli et Tlemcen. Egaré non loin de Nedroma, Kada allume une bougie en pleine clarté du jour pour chercher un homme honnête dans cette cité. Hélas ! Cet homme honnête ignore comment la corruption est vue par les enfants de Tangentopoli.

En conclusion : La corruption est une peste qui contamine tout. Elle gangrène tout à son passage. Elle détruit la solidarité citoyenne. Elle démobilise les consciences et ruine toute fraternité. Elle reflète l’échec des institutions et démontre le défaut de capacité à gérer la société dans un équilibre social, juridique, politique et économique. La vraie lutte contre ce fléau commence dans nos écoles et nos universités. Les jeunes doivent participer aux grands débats concernant ce fléau pour protéger notre cher pays des mains cachées qui tirent le ficelles pour le déstabiliser.

Dr. Omar Chaalal

URL de cet article 20088
  
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