« La Chine n’a aucune légitimité à choisir le prochain Dalaï-Lama », tel est le titre d’une longue interview donnée à « La Libre Belgique » du 18 octobre 2019 (1) par Lobsang Sangay, « Premier ministre » du « gouvernement tibétain en exil ». Nous ne relèverons pas ici les accusations et autres procès d’intention, émaillant cette interview, que lui et son mentor répètent en boucle à l’encontre de la Chine. Nous ne commenterons pas non plus ses aveux assez pathétiques de la détérioration des soutiens à la « cause tibétaine », ni l’accusation de despotisme formulée par ses troupes, ni la perte du procès en diffamation intenté contre l’« Administration centrale tibétaine » par Penpa Tsering, son ancien représentant à Washington (2). Limitons-nous à la question évoquée dans le titre et aux comparaisons qu’elle inspire avec d’autres religions, notamment le catholicisme.
En 2011, au retour d’un voyage au Tibet en compagnie de deux grands reporters, Renaud Girard du Figaro et Rémy Ourdan du Monde, j’ai écrit le livre (« Dalaï lama pas si zen » Ed. Max Milo) qui allait à contre-courant d’une imagerie d’Epinal sur un Tibet paradisiaque. Je disais que cette région chinoise était un enfer esclavagiste, obscurantiste, génocidaire sous la férule de théocrates incultes et que la fuite du 14ème dalaï lama avait permis la libération d’un peuple en voie d’extermination ( Voir ci-après : de 10 à 12 millions dans les siècles passés, la population était tombée à guère plus d’un million, avec une espérance de vie de l’ordre de 35 ans et un nombre croissant de mâles exclus de la procréation par la religion).
Le livre d’Albert Ettinger recensé ici par André Lacroix corrobore mon récit et l’augmente de révélations sur l’esclavage sexuel en vigueur au temps heureux du « Free Tibet ».
Maxime Vivas
Le 20 mars 1995, un attentat au gaz sarin dans le métro de Tōkyō faisait douze morts et plus de cinq mille cinq cents blessés, un acte terroriste perpétré par des membres de la secte Aum Shinrikyō, fondée et dirigée par le gourou Shoko Asahara. Condamnés à mort en 2004 pour leur implication dans cet attentat, Shoko Asahara et six de ses complices viennent d’être pendus le 5 juillet 2018.
Dans Le Soir du vendredi 4 mai 2018, paraissait une excellente interview faite par le journaliste William Bourton du philosophe André Comte-Sponville sous le titre « Il faut protéger la laïcité comme la prunelle de nos yeux » (1). Il s’agit d’un remarquable plaidoyer en faveur d’ « une civilisation commune, qui nous permette de vivre ensemble, quelle que soit la religion ou l’irréligion des uns et des autres. » On aimerait être d’accord à 100% avec les réflexions de cet intellectuel qui se définit comme « un athée non dogmatique et fidèle ». Il est toutefois un passage qui mérite une analyse critique : « Le Dalaï-lama, dit Comte-Sponville, m’importe au moins autant que le pape François – et Nelson Mandela, beaucoup plus que Donald Trump. Quel démocrate, dans nos pays, qui ne se sente plus proche d’un démocrate musulman que d’un fasciste judéo-chrétien ? (2) »
Intégré au vocabulaire bouddhique, l’ahimsa engage en effet très largement dans l’abstention de toute intention de nuire à autrui et à soi-même, fut-ce en intention ou en parole. Ainsi le mensonge, la calomnie ou la manipulation (la propagande) constituent des actes négatifs tout aussi préjudiciables, parfois plus, qu’une empoignade ou qu’une fessée.
Jean-Paul Ribes (bouddhiste). In « Une non-violence de l’intérieur ».