« Cette image sur l’écran est toujours dans ma tête. Chaque fois que j’y pense, ça me fait encore mal »

Un ancien opérateur de drone américain se souvient d’avoir lancé un missile sur des enfants afghans et affirme que l’armée est "pire que les nazis". (The Independent)

Graig Graziosi

Un ancien opérateur de drone américain s’élève contre les atrocités qu’il dit avoir été forcé d’infliger pendant son service militaire et déclare que l’armée américaine est "pire que les nazis".

Brandon Bryant a été enrôlé dans l’armée de l’air américaine pendant six ans. Pendant son service militaire, il a utilisé des drones Predator, tirant à distance des missiles sur des cibles situées à plus de 15000 km de la petite pièce où il travaillait, près de Las Vegas, dans le Nevada.

M. Bryant dit avoir atteint son point de rupture avec l’armée américaine après avoir tué un enfant en Afghanistan que ses supérieurs lui avaient dit être "un chien". M. Bryant se souvient de ce moment : Après avoir tiré un missile Hellfire sur un bâtiment contenant sa cible, il a vu un enfant sortir du bâtiment juste au moment où le missile a frappé. Lorsqu’il a alerté ses supérieurs sur la situation après avoir visionné la cassette, on lui a dit "c’était un putain de chien, laisse tomber".

Suite à cet incident, M. Bryant a quitté l’armée et a commencé à s’exprimer contre le programme de drones.

Pendant son temps dans l’armée de l’air, M. Bryant estime qu’il a contribué directement à la mort de 13 personnes et dit que son escadron a tiré sur 1 626 cibles, dont des femmes et des enfants. Il dit qu’il a souffert de stress post-traumatique.

M. Bryant dit avoir vu l’homme qu’il visait saigner des jambes et avoir vu son corps refroidir sur son écran d’imagerie thermique.

"La fumée se dissipe, et il y a des morceaux des deux types autour du cratère. Et il y a ce type là-bas, et il lui manque la jambe droite au-dessus du genou. Il le tient, et il se roule, et le sang jaillit de sa jambe... Il a mis longtemps à mourir. Je l’ai juste regardé", a déclaré M. Bryant dans une interview avec GQ.

"Cette image à l’écran est toujours dans ma tête. Chaque fois que j’y pense, ça me fait encore mal", a déclaré M. Bryant. "Quand j’ai appuyé sur la gâchette, j’ai su que c’était mal. Quand le missile a frappé, j’ai su dans mon âme que j’étais devenu un meurtrier."

D’autres aviateurs de l’escadron de M. Bryant ont fêté son premier meurtre, en disant "Brant’s a vécu son dépucelage".

M. Bryant a été enrôlé de 2006 à 2011, travaillant comme opérateur de capteur, qui aide à diriger les missiles vers leurs cibles.

Lors d’une conversation avec Roots Action Network, M. Bryant s’est souvenu d’un cas où, au début de son enrôlement, on lui a montré, ainsi qu’à ses collègues opérateurs de drones, un montage vidéo de frappes de drones, après quoi on leur a dit que leur travail consistait à "tuer des gens et casser des choses".

"Cela allait à l’encontre de tout ce que j’avais appris sur l’honneur, la justice et la formation. C’était terrifiant de voir à quel point les gens étaient méprisants à l’égard de toute cette affaire. Nous étions en sécurité aux États-Unis et ceux qui étaient là-bas ne l’étaient pas. C’est tout à notre avantage. Mais ce n’est pas comme ça que ça se passe", a déclaré M. Bryant.

M. Bryant a déclaré que malgré ses doutes sur le programme, ses supérieurs ont utilisé des mesures punitives et des moqueries pour le maintenir dans le droit chemin.

"Cela m’a brisé l’esprit. Cela allait à l’encontre de tout ce que j’ai appris sur le fait d’être un guerrier, de se tenir à des normes plus élevées. Mes supérieurs me malmenaient psychologiquement et se moquaient de moi pour me maintenir dans le droit chemin. Ils m’ont pris mon temps libre et m’ont forcé à m’asseoir sur un siège ou à être jugé en vertu de l’UCMJ (Uniform Code of Military Justice) pour désobéissance aux ordres", a déclaré M. Bryant. "Dans un sens, c’était ma prison. J’ai profité de mon temps de service pour apprendre et réfléchir. Et donc je détiens maintenant la clé de tout l’appareil. Mais je ne sais pas quoi en faire".

Il a déclaré que l’armée américaine est "pire que les nazis" parce que "nous devrions mieux savoir".

M. Bryant a déclaré que lui et sa famille avaient été menacés pour s’être élevés contre le programme de drones et qu’il avait perdu des amis et avait été séparé des autres membres de sa famille à cause de sa dénonciation.

En fin de compte, M. Bryant souhaite que le public comprenne l’effet déshumanisant du programme de drones sur les opérateurs et les personnes visées.

"Je voudrais que les gens sachent, au-delà de son existence, les conséquences qu’il a sur nous en tant qu’espèce en nous accordant le pouvoir en quelque chose de si facilement destructeur. Chaque fois que nous nous approchons de cette limite, nous devrions être conscients de son impactsur nous", a déclaré M. Bryant.

Graig Graziosi

Traduction "La Stratégie Ender ?" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

 https://www.independent.co.uk/news/world/americas/us-military-drone-nazis-brandon-bryant-a9324011.html

COMMENTAIRES  

08/02/2020 22:17 par adel

Pires que les nazis ?

Ils étaient drogués par leur hiérarchie, ça n’a pas l’air d’être le cas pour l’armée de la nation indispensable.

09/02/2020 14:19 par Mazig

A coté de ce que les américains commettent comme crimes et massacres massifs , les nazis sont des agnelets. Dans le même registre , j’ai vu des assassins de Tsahal ," l’armée la plus humanitaire " s’applaudir , se congratuler et crier leur immense joie devant la scène d’un enfant palestinien déchiqueté par leurs armes illégales.

13/02/2020 10:45 par le penseur brun

Cet homme fait son méa culpa et c’est tout à son honneur. Mais je ne sais pas ce que d’autres doivent ressentir et même s’ils dorment la nuit. Espérons que les aveux de cet homme non seulement permettront à certains de parler et à d’autres d’éviter de se faire enrôler par cette abominable machine à tuer et à détruire des âmes. Dire que certains en sont encore à admirer l’ogre étasunien ou à croire que Trump est un homme de bien. Malheureusement il en faut de tout pour faire un monde.

15/02/2020 23:36 par Chin-Chin

pour les lecteurs non avertis de LGS, qui pensent que les USA ne méritent pas notre détestation à jamais, extrait du journal Le Monde en ligne d’octobre 2011 (à l’époque, j’ai visonné le témoignage d’un ancien sergent de l’us army qui expliquait tout ça.)
titre de l’article :
Irak : les enfants sacrifiés de Falloujah
Les nouveau-nés face aux nouvelles bombes chimiques américaines CANAL+ 22.45 |DOCUMENTAIRE|

Par Martine Delahaye Publié le 29 octobre 2011 à 10h49 - Mis à jour le 29 octobre 2011 à 10h49

Bébés nés avec la tête difforme, des organes en moins, ou des membres atrophiés... Dans la ville irakienne de Falloujah, à cinquante kilomètres à l’ouest de Bagdad, un nouveau-né sur cinq serait atteint de malformations graves. Lorsque le réalisateur Feurat Alani parvient à entrer dans la ville pour le tournage du documentaire Irak : les enfants sacrifiés de Falloujah (Baozi Prod), l’hôpital de la ville (300 000 habitants) a connu en une seule semaine cinq cas de bébés nés difformes. Si bien qu’un médecin de la maternité de la ville conseille aujourd’hui aux femmes de ne plus concevoir d’enfant.

BOMBES À L’URANIUM APPAUVRI

Ces malformations, apparues depuis 2005, auraient un lien direct avec les deux guerres du Golfe.

En rébellion contre l’arrivée des Américains, la ville, à partir de novembre 2004, a connu des mois d’affrontements extrêmement violents, quelque 2 000 Irakiens s’opposant alors à 15 000 soldats de la coalition. Sans oublier plusieurs semaines de bombardements, l’aviation américaine ayant largué des centaines de tonnes de missiles sur Falloujah jusqu’en 2010 pour l’écraser définitivement avant de la quitter. "Avant l’invasion de la ville, on nous a dit que ce serait la plus grande bataille depuis celle de Huê au Vietnam", explique d’ailleurs un vétéran américain de la guerre d’Irak (27 ans).

Alerté par des médecins du pays et des ONG qui accusent les Etats-Unis d’avoir alors usé d’armes interdites en zone habitée, et peut-être même de matériels secrets en cours d’expérimentation, Feurat Alani mène ici l’enquête sur les possibles fondements de cette dénonciation.

Or des scientifiques ayant pu mener des recherches sur place, des experts internationaux et d’anciens officiers de l’armée américaine eux-mêmes ne doutent plus que l’armée états-unienne ait eu recours, à Falloujah, à des bombes au phosphore blanc, une arme chimique et incendiaire interdite sur les populations.

Mais ce documentaire tend surtout à prouver qu’il y a pire encore : seul l’usage massif de bombes à l’uranium appauvri permet d’expliquer les cancers enregistrés à Falloujah à des taux jamais constatés ailleurs. "C’est pire qu’à Hiroshima", commente un expert britannique.

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