TIKTOK, une application à mâter

La guerre contre TikTok est repartie pour un tour.

Le président Trump a eu l’honneur de lancer une première bataille, en essayant de forcer la vente de cette application à un consortium étasunien mené par le groupe ORACLE.

La raison ? TikTok était l’application la plus téléchargée du moment.
Que la Chine puisse faire mieux que les GAFAM sur le sol des EU n’était rien de moins qu’un affront intolérable. Cette tentative a échoué devant les tribunaux.

En 2023, plus de 170 millions d’abonnés étasuniens sont connectés à TikTok. Cela représente plus de 50 % de la population étasunienne, et pas loin de 100% de la jeunesse.

Pour ne rien arranger, 2 autres applications chinoises -Shein et Temu- sont venues accentuer les maux de tête des dirigeants du pays.

Shein concurrence directement des groupes comme Zara et H&M en produisant des vêtements en petits lots à un rytme effréné. Là où Zara souffre de 40% d’invendus, Shein en a 8%.

Temu concurrence Amazon, (qui pouvait imaginer cela possible il y a 3 ans ?) en vendant les mêmes produits made in China, 3 fois moins chers. Temu peut s’appuyer sur sa société mère, Pin Duo Duo, qui permet aux consommateurs chinois de se grouper pour acheter au prix de gros. Gros succès, 13 000 employés, 1/3 des colis expédiés en Chine.

Une autre tentative d’interdire TikTok, soutenue par un intense battage médiatique, a donc été menée par l’état du Montana : tentative repoussée par les utilisateurs pour atteinte à la liberté d’expression.

Mais il y a eu le conflit entre Israéliens et Palestiniens, et tout a changé.

Alors que les sionistes commettaient les crimes les plus horribles et les plus inhumains contre le peuple palestinien, il fallait s’assurer que ces atrocités n’atteignent jamais le public.

Filtrage des informations sur les réseaux sociaux, auto-censure des grands médias, et meutres des journalistes présents en particulier à Gaza. « Près de 100 journalistes tués et 400 emprisonnés rien qu’en 2023 » rapporte le Guardian, et la situation a empiré en 2024. Tout permettait d’espérer un génocide en toute discrétion.

Mais TikTok a permis de contourner ces médias de masse. Les Palestiniens, des citoyens étrangers, israéliens parfois, ont pu filmer les atrocités sans fin. Le génocide a pu être porté à l’attention du monde entier, en direct. Il n’y avait aucun moyen de cacher ce qui se passait.

Le Wall Street Journal nous explique « Comment TikTok amène la guerre à votre enfant ». Le Jewish Chronicle publie « Comment TikTok détourne la jeunesse contre Israël et l’Occident ».

Le Jewish Forward se demande à quelle vitesse TikTok envoie les utilisateurs dans le terrier antisémite et publie un article « Les jeunes Américains se retournent contre Israël – et vous pouvez remercier TikTok ».

Le Jewish Telegraphic Agency a publié un article disant que « la Chambre s’apprête à voter un projet de loi qui pourrait déclencher l’interdiction de TikTok, avec le soutien d’un important groupe juif ».

Le Times of Israel nous dit : « Un important groupe juif américain soutient un projet de loi bipartisan qui pourrait interdire TikTok », et les Fédérations juives d’Amérique du Nord affirment soutenir le projet de loi en raison des préoccupations liées à la prolifération de l’antisémitisme sur la plateforme.

Je ne nierais pas que sur la version chinoise de TikTok (Dou Yin), il est plus que facile de trouver des témoignages qui mettent à terre l’armée la plus morale du monde. Et pour ne rien arranger, la position officielle chinoise s’est durcit, tant sur la question de l’Ukraine que de la Palestine.

Il est donc grand temps pour le monde basé sur des règles de relancer le flot d’accusations contre la Chine pour « violations des droits de l’homme », et revenir à la charge pour forcer la société mère ByteDance, située en Chine, à vendre TikTok à un Étasunien, faute de quoi l’application sera interdite.

81% du congrès approuve ce projet, à coups d’arguments massue.

1/ La Chine interdit Google et Facebook sur son territoire
2/ Le gouvernement chinois peut imposer l’accès aux informations des utilisateurs étasuniens
3/ « Une société chinoise n’a pas à contrôler une plateforme médiatique dominante aux États-Unis »

Seul détail, tous ces arguments sont biaisés et ne résistent pas à l’analyse.

-  La Chine n’interdit pas Google et Facebook, mais impose que les datas des utilisateurs chinois soient stockées sur des serveurs en Chine. Apple et Microsoft acceptent de respecter la loi, et sont présents sur le marché chinois. Google et Facebook refusent, et s’excluent du marché par choix.

-  TikTok USA stocke les données des utilisateurs étasuniens sur des serveurs situés au Texas et à Singapour, serveurs supervisés par des employés étasuniens. Le tout sous le contrôle d’obsevateurs externes agrées par les services secrets des EU.

J’ajouterais le témoignage d’un utilisateur de Tik-Tok, très énervé, précisant que ses datas personnelles ont déjà été piratées 15 fois. Pas celles sur Tik-Tok, mais de sa banque, sa compagnie d’assurance, son fournisseur d’électricité... Comment le sait-il ? Parce que sur une période 12 ans, il a reçu 15 lettres confirmant ces piratages, l’assurant qu’une « class action » lui permettrait d’obtenir une compensation financière.

Un chèque de 5$ pour finir. Il faut bien que les avocats soient récompensés de leurs efforts.

-  ByteDance, la société mère de TikTok, une société chinoise ?
Une société située en Chine, oui, mais dont le capital est contrôlé à 60% par des investisseurs étasuniens : Genoa Atlantic, Sequoia, SIG, General Atlantic, Carlisle, l’inévitable Blackrock, etc.

Et pour complèter le tout, 20 % pour les fondateurs, 20% pour les employés. Aucune trace du PCC...

Ne pas s’étonner si Steven Mnuchin, un sioniste, ancien secrétaire du Trésor sous l’administration Trump, s’est mis sur les rangs et compte parmi les favoris pour acheter TikTok USA (avant de passer à TikTok UE probablement).

Surprise surprise.

Eh oui, la surprise nous viendrait plutôt de Donald Trump, et de Ron Paul, qui s’opposent à ce projet.

Pour ne pas laisser le champ libre à Facebook dit l’un, pour ne pas mettre en péril les petites sociétés individuelles qui ne vivent que grâce à cette application dit l’autre.

Sauf que... Ce serait bien mal connaître le monde politique étasunien, corrompu jusqu’à la moelle, et ses donors qui tirent les ficelles en coulisse.
Le plus important donor du candidat républicain, et de Ron Paul, et quelques autres, se nomme Jeffrey Yass. Retenez ce nom, il fera certainement partie du gouvernement si le Donald est élu.

Il se trouve que Jeffrey a une participation dans la société Bytedance, de 15 milliards de dollars.

Oups.

COMMENTAIRES  

01/04/2024 16:52 par xiao pignouf

Aah TikTok... ce truc qu’on aime détester... Belle démonstration de l’hypocrisie US !

01/04/2024 16:58 par xiao pignouf

Un détail qui gratouille mon oeil de prof : je sais bien que les Ricains aimeraient que TikTok mette les voiles...

mâter = pourvoir d’un mât

01/04/2024 18:56 par T 34

L’affaire Tiktok vu par Carlos Latuff : TikTok versus The Godfather

02/04/2024 01:27 par Georges Rodi

> tout se discute...

lalanguefrançaise.com
Citation contenant le mot « mâter »
Au Burundi cette même année, le Président N’Kurunziza a été renversé alors qu’il participait à un sommet à l’extérieur. La situation politique, économique et sécuritaire était beaucoup plus dégradée qu’au Mali, avec une énorme pression internationale sur lui. Pourtant le Président N’Kurunziza est parvenu à s’adresser à son armée qui est passée à l’action pour mâter le putsch.

Le Robert
Mais les exaltés veulent le mâter, le livrer peut-être. George Sand (1804-1876)
George Sand.... Mrrdrr

Larousse m’oblige à accepter ses cookies... Je refuse...

02/04/2024 09:03 par babelouest (Jclaude)

Effectivement mâter pour la marine, c’est normal, ainsi que démâter.
Mater une rébellion, se rapproche du terme du jeu d’Échecs « Échec et mat", indiquant qu’on a perdu. Je pense donc qu’il ne faut pas, dans ce cas, mettre le circonflexe au risque d’introduire un doute.

02/04/2024 12:56 par burlesque

Ce qui est drôle avec les occidentaux c’est qu’il ne découvre les méfaits des réseaux sociaux, de l’ultra fast fashion et du commerce en ligne et veulent intervenir pour réguler que quand c’est des entreprises chinoises qui commencent à tirer leur épingle du jeu.

Parce que c’est bien connu, Facebook, Instagram etc à l’époque ce n’était pas du tout toxique, Zara et cie vendaient des collections respectueux de l’environnement et de haute qualité quant à Amazon il n’a jamais détruit le moindre commerce de proximité...

06/04/2024 18:14 par MartinenChine

Le grain de sel de Titine

Du conflit sino-américain à la guerre sur Gaza
L’attaque contre TikTok ou la compétition des Tartuffe

Les conflits armés sont aussi des guerres de récits. Les réseaux sociaux y prennent une part active, tous contrôlés par des groupes américains à l’exception d’un : le chinois TikTok. Depuis des années, élus démocrates et républicains veulent le ramener dans le giron états-unien ou l’interdire. Dernier prétexte avancé : il est « pro palestinien », voire antisémite.

Alors qu’Israël interdit tout accès à la bande Gaza aux reporters étrangers et tire sur les journalistes palestiniens comme sur des lapins — avec une centaine de morts dans la profession depuis le 7 octobre 2023 — que deviendraient les (déjà trop rares) informations sur Gaza si un réseau social comme TikTok venait à disparaître ? Si un seul propriétaire, à savoir Meta, obtenait le monopole de la diffusion des plateformes en ligne ? Ces questions ne relèvent pas totalement du fantasme.

Le 13 mars 2024, élus républicains et démocrates de la Chambre des représentants américaine ont arrêté un projet de loi exigeant la vente de la célèbre application à une entreprise « sûre » — c’est-à-dire états-unienne. Faute de quoi, elle serait interdite. Ce projet doit encore être voté par le Sénat. Il n’est donc pas pour demain. Cependant, républicains et démocrates savent en général dépasser leurs divergences quand il s’agit de la Chine. Et TikTok appartient au groupe chinois ByteDance.

Reconnaissons aux faucons américains une certaine constance. Ils se battent depuis 2020 pour s’accaparer la plateforme qui a séduit adolescents et jeunes adultes — la « génération Z » née avec Internet et le numérique. Celle-ci est friande de TikTok qui totalise 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, soit davantage qu’Instagram (157 millions) et presqu’autant que Facebook (175 millions) qui recrute dans les couches un peu plus âgées. Jusqu’alors, les dirigeants américains avançaient avec une très grande prudence : priver la jeunesse de son mode de communication favori n’est pas une chose aisée, et on ne sait jamais ce qu’il peut arriver si l’on y touche.

Parti pris idéologique et tiroir-caisse

Visiblement, le concepteur du projet de loi, Mike Gallagher, l’un des plus farouches sinophobes des États-Unis, a trouvé l’argument massue pour accélérer le processus en panne depuis quatre ans : TikTok est pro palestinien voire antisémite… Comme Pékin réclame un cessez-le-feu d’urgence à Gaza, l’ouverture des négociations, la fin de la colonisation israélienne, et que l’application est chinoise, ses utilisateurs sont forcément « manipulés par le gouvernement chinois ». Se combinent ainsi parti pris idéologique et opération économique, espoir d’imposer un récit plus favorable à la guerre israélienne et volonté de stopper l’avance chinoise dans le numérique, en faisant tomber dans l’escarcelle nationale l’un des réseaux sociaux les plus inventifs du moment.

Du point de vue des massacres commis par Israël, le spécialiste Anthony Goldbloom, qui a étudié les données TikTok pour les acheteurs de publicité, a effectivement trouvé beaucoup plus de vues de vidéos avec des hashtags pro palestiniens que pro israéliens. Selon lui, le ratio peut aller jusqu’à 69 contre un

. Faut-il voir ici la preuve que Pékin est entré dans la tête des Américains ? Ou la preuve qu’une majorité de jeunes est contre la guerre ? Pour avoir la réponse, il suffit de lire les reportages dans les journaux américains, ou simplement les sondages attestant que les moins de 35 ans (environ la moitié des utilisateurs de l’application chinoise) sont majoritairement antiguerre. C’est d’ailleurs l’une des raisons des faibles performances du président-candidat Joe Biden.

Car l’application a choisi de ne pas censurer les contenus, en Occident du moins. En Chine, TikTok est introuvable. Seul Douyin, sa version exclusivement réservée au pays, très étroitement surveillée, a droit de cité. Au royaume de l’hypocrisie, Pékin qui crie au scandale peut prétendre au poste suprême. Néanmoins, Joe Biden rivalise dans la tartufferie : en février dernier, le président américain ouvre un compte TikTok le dimanche du très populaire Super Bowl pour poster une vidéo sur sa passion du football et en mars, il fait savoir qu’il signera avec enthousiasme la loi Gallagher interdisant l’application.

Des images inédites en provenance de Gaza

En attendant, TikTok n’inflige pas de censure. C’est bien là que réside son succès. Y sont postées des vidéos commentant la guerre de Benyamin Nétanyahou, apportant des images en provenance de Gaza (quand les Palestiniens ont de l’électricité et Internet), mais aussi d’Israël, comme le raconte ce professeur d’une université dans un reportage du Washington Post : « Quand la guerre a éclaté, mes étudiants ont navigué en divers endroits sur TikTok pour voir quel genre de vidéos étaient populaires en Israël par rapport à Gaza, en Cisjordanie ou en d’autres endroits. Je n’avais jamais pensé à faire ça »

.

Cette liberté met en fureur Nétanyahou et ses acolytes. Elle dérange tout autant les républicains américains ouvertement pro israéliens et anti palestiniens, que les démocrates de Joe Biden qui déplorent la situation humanitaire des Gazaouis, et finissent par réclamer un cessez-le-feu lors de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 25 mars 2024, mais continuent de livrer des armes qui tuent les civils palestiniens. Le conflit se mène aussi sur le plan de l’information et de l’image

.
Censure sur X, Facebook et Instagram

Sur les autres réseaux populaires, la censure plus ou moins directe sévit massivement depuis le 7 octobre. Quelques post d’Orient XXI en ont fait l’expérience, ne pouvant être partagés sur X ou sur Facebook, comme c’est le cas de certains récits de Rami Abou Jamous, notre correspondant à Gaza qui tient régulièrement son journal de bord.

D’une façon plus globale, Human Rights Watch (HRW) pointe « la censure systémique des contenus pro palestiniens sur Instagram et Facebook »

. Ces contenus issus de comptes palestiniens ou de personnes défendant leurs droits ne sont tout simplement pas diffusés : ce que l’on appelle le « bannissement furtif » (shadow banning). Ils ne sont pas retirés, toutefois les algorithmes sont conçus pour qu’ils restent invisibles ou presque. Pour contourner l’obstacle, les utilisateurs mettent une pastèque pour désigner la Palestine (dont le drapeau possède les mêmes couleurs rouge, vert, noir et blanc), changent une lettre en astérisque ou en point pour parler de Gaza, ce qui empêche d’être repéré par les algorithmes. Il ne s’agit là que d’une faible parade.

Amnesty International constate également ce phénomène. « Les politiques et systèmes de modération de contenus de Meta réduisent de plus en plus au silence les voix en faveur de la Palestine sur Instagram et Facebook », note la directrice d’Amnesty Tech qui s’inquiète, car cette « censure contribue à l’effacement des souffrances des Palestiniens »

.

Ce qui vaut, de façon si dramatique, pour la guerre israélienne contre les Palestiniens, vaut dans tous les domaines. On oublie trop souvent que le monopole des trois géants américains — Méta, Google et Elon Musk (X) — sur la communication numérique planétaire constitue une menace pour les démocraties. Cela ne blanchit pas pour autant TikTok. Mais le forcer à se vendre à l’un des trois ne ferait que renforcer leur mainmise. Il en est de même pour son interdiction. C’est d’une régulation publique dont les internautes ont besoin.

Logiciels espions chinois ?

Certes, comme les autres, TikTok véhicule de fausses informations et des propos plus ou moins haineux. Cependant, cela n’a rien à voir avec la nature autoritaire du régime chinois. Les dirigeants américains craignent que le président Xi Jinping aspire les données des utilisateurs occidentaux pour nourrir de sombres projets, pas uniquement commerciaux. Son patron, le Singapourien Shou Zi Chew, sous le feu des questions des élus du Congrès pendant plus de cinq heures l’an dernier, a essayé de rassurer : son groupe est détenu à 60 % par des investisseurs institutionnels tels les richissimes fonds de gestion d’actifs BlackRock et Susquehanna International Group, spécialisé dans la Tech, à 20 % par les fondateurs chinois et le reste par le personnel. Trois des cinq membres du conseil d’administration de l’application sont des Américains. Enfin, les serveurs stockant les données sont installés aux États-Unis, sur le cloud Oracle, et non plus sur le sol chinois ou singapourien.

Pourtant, selon les partisans de l’interdiction de TikTok, cela ne suffit pas. Le pouvoir chinois est soupçonné d’avoir déployé des logiciels espions pour s’accaparer les cerveaux, mais aussi influencer les choix américains, et fausser le jeu des élections. L’a-t-il fait ? Nul ne le sait. Rien dans ce que produisent les autorités et services de renseignement américain ne dit que son « algorithme a fait la promotion de la République populaire de Chine – et je suppose que si le directeur du bureau du renseignement national en avait la preuve, il l’aurait fournie », écrit Julia Angwin dans le New York Times (14 mars 2024). Ce que confirme la représentante démocrate de Californie, Sara Jacobs, après la rencontre entre les élus du Congrès et les services de sécurité nationale : « Pas un seul élément de ce que nous avons entendu dans ce briefing classifié n’est propre à TikTok. Ce sont des choses qui se produisent sur toutes les plateformes des médias sociaux »

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Comme l’ont fait remarquer quelques élus de bon sens à la Chambre, il n’est pas besoin de détenir le capital d’une application en ligne pour créer des faux comptes, envahir les réseaux de fausses révélations voire tenter de manipuler les votes. Les démocrates ont d’ailleurs accusé Vladimir Poutine de tels desseins et, à ma connaissance, le président russe ne possède aucune application.

Faux comptes américains en Chine communiste

Au moment où les médias et les dirigeants politiques occidentaux se déchaînaient unanimement ou presque contre TikTok, on a appris de la CIA que l’agence américaine avait « créé des faux comptes sur les réseaux sociaux chinois pour propager des rumeurs et diffuser des récits négatifs contre les dirigeants » dans l’espoir de « retourner l’opinion publique » et d’influencer l’extérieur. Le tout sous l’autorité du président de la République d’alors, Donald Trump. Autre exemple de la tartufferie ambiante à propos de TikTok.

En fait, républicains et démocrates sont moins inquiets pour les cerveaux américains que pour les coffres forts des multinationales qu’ils défendent. Pour l’heure, une partie des données des utilisateurs occidentaux leur échappe alors que TikTok est sur le point de dépasser le chiffre d’affaires de Meta. Le dépouiller de ses précieuses data offrirait de juteuses perspectives. Mais cela permettrait surtout de s’approprier le logiciel et l’algorithme qui ont forgé le succès de l’application et qui témoignent d’une certaine avance de la Chine dans ce domaine. Le pouvoir chinois a déjà dit qu’il s’opposerait à une vente au nom du libre-échange et de la liberté d’expression défendue par le premier amendement de la Constitution américaine. Une autre tartufferie.

Martine Bulard

Orient XXI

1er avril 2024

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