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Lendemain d’élections européennes

Pousser les réflexions pour y voir plus clair !

Depuis dimanche, chacun s’efforce de comprendre ce qui s’est passé. Avec raison si possible. Que Clémentine Autain, députée de France Insoumise s’interroge, rien de plus normal. Qu’elle le fasse publiquement, pourquoi pas ? Mais tirer à boulets rouges contre le mouvement, sans aucun recul, avec violence témoigne davantage d’une volonté de dénigrer que de construire.

Elle accuse la FI d’avoir érigé des murs plutôt que de créer des passerelles entre les partis de gauche (socialistes, communistes, hamonistes, écologistes). C’est nier les réalités. Le PCF à son congrès a affirmé sa stratégie d’avoir un candidat à chaque élection pour faire entendre la voix communiste. C’est son choix. Hamon et son groupe Générations ont fait de même. Le parti EELV souhaitait profiter de cette élection pour rebâtir une force écologiste autonome ni à droite, ni à gauche. Le PS et Place Publique visait à devenir le pôle central de regroupement de la gauche. Dont acte. Ce n’est pas la FI qui a empêché quoi que ce soit. Chacun a pris ses responsabilités et doit en tirer les leçons amères.

Et la FI me direz-vous ? Sa stratégie de rassemblement du peuple a été élaborée et approuvée par des dizaines de milliers de militants qui ont établi son programme. Ils ont proposé leurs candidats à la commission dont une moitié des participants ont été tirés au sort. Cette commission a élaboré la liste définitive et placé Manon Aubry, non membre du mouvement, à la tête de la liste insoumise. Je n’ai pas entendu Clémentine en critiquer le contenu, le contenant ni la manière d’y être parvenu. Alors, prenons le temps de repérer les obstacles qui nous ont empêché de parvenir au succès et essayons ensemble de trouver les remèdes. Cette stratégie s’oppose à la stratégie de reconstruction d’une gauche factice qui a démobilisé puis écoeuré les électeurs et les militants. Le rassemblements de sigles sans aucune forces réelles ne peut susciter d’empathie, c’est voué à l’échec. L’union de la gauche que certains regrettent de voir disparaître est en fait un cadre étroit, minoritaire, sans avenir. La question que nous devons résoudre demeure le large rassemblement populaire majoritaire qui permettra au peuple la reprise en main de sa destinée. Dans ce mouvement, chacun a naturellement sa place, les 7 millions de voix du premier tour de la présidentielle en sont un socle qu’il nous faut remettre en mouvement pour y agréger de nouvelles forces jusqu’à obtenir une majorité électorale. En ce sens, nous avons échoué aux européennes. Nous n’avons pas capté les fruits de la colère, du mécontentement, de la crise sociale, économique, écologique et politique.

Bien sûr, d’autres diront que les médias, les tenants du capital, les oligarques et le pouvoir ont semé des embûches, travesti la réalité, manipulé les sondages, agité l’épouvantail lepéniste, menti, matraqué leurs idées et leur idéologie. Tout cela est vrai mais il n’empêche que les résultats sont là, implacables. Le Pen recule. Bien que siphonnant les voix de droite, Macron ne réussit pas son pari, arriver en tête du scrutin et élargir sa base de consentement. Les deux sont en échec mais la FI n’engrange pas les résultats espérés alors que les écologistes, prenant appui sur les manifs pour le climat, s’en sortent mieux. Il serait erroné de rendre Mélenchon le seul responsable d’une telle déconvenue dont la complexité éclate aux yeux de tous.

Je pose quelques questions dans le débat. Pourquoi les quartiers populaires demeurent abstentionnistes ? Pourquoi le mouvement des gilets jaunes, ayant l’appui massif de la population, n’a pas davantage marqué l’opposition à Macron et à Le Pen ? Pourtant nous observons un frémissement avec le déplacement de près de 8% d’électeurs en plus. Ce mouvement n’y est pas étranger. Et les jeunes ? Pourquoi ces nouveaux électeurs ont rejoint EELV plutôt que la FI alors que le programme FI est plus écologiste et qu’EELV a par le passé montré son irrésolution, ses compromissions, ses trahisons écologistes. Ce n’est pas aussi simple pour trouver les réponses.

Nous devrons examiner les comportements électoraux de la classe ouvrière et des salariés qui cette fois-ci ne se sont pas sentis concernés. Le PCF qui a centré sa campagne sur cette catégorie sociale s’est cassé les dents lui aussi. Ce n’est pas la faute à Merluche ! Dans beaucoup de municipalités à direction communiste, les résultats de la FI sont plus qu’encourageants. A méditer tranquillement. J’ai essayé de tracer des pistes, des études plus détaillées vont nous fournir des éléments nouveaux. Ayons la volonté commune d’étudier ensemble ce qui s’est produit pour enrichir nos réflexions et surtout notre action pour en finir avec ce système monarchique qui bloque la société. A la lumière de ce grand mouvement gilets jaunes, puisons les aspirations démocratiques qui vont rassembler au delà de notre pré carré. L’union que nous souhaitons va bien au delà de ce qui a été dans le passé et qui a échoué. L’union que nous voulons, c’est le rassemblement qui englobe les gens de gauche et largement celles et ceux qui n’en sont pas, qui ne s’en reconnaissent pas. Un grand chantier vient de s’ouvrir. Ensemble travaillons-y. Le chemin sera rude mais il sera !

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Thomas Frank. Pourquoi les pauvres votent à droite ? Marseille : Agone, 2008.
Bernard GENSANE
Rien que pour la préface de Serge Halimi (quel mec, cet Halimi !), ce livre vaut le déplacement. Le titre d’origine est " Qu’est-ce qui cloche avec le Kansas ? Comment les Conservateurs ont gagné le coeur de l’Amérique. " Ceci pour dire que nous sommes en présence d’un fort volume qui dissèque les réflexes politiques, non pas des pauvres en général, mais uniquement de ceux du Kansas, dont l’auteur est originaire. Cela dit, dans sa préface, Halimi a eu pleinement raison d’élargir (…)
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J’ai vu des démocraties intervenir contre à peu près tout, sauf contre les fascismes.

L’Espoir (1937) - Citations de André Malraux

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