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Abolition des classes, disparition du pouvoir d’Etat, fonctions gouvernementales transformées en fonctions administratives.

Marx anarchiste ?

DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE : L’ETAT ET LE SYSTEME CAPITALISTE

« Ces deux écrits (« Introduction à la critique hégélienne du droit » et « A propos de la question juive ») constituent à vrai dire un seul manifeste où Marx désigne une fois pour toutes et condamne sans restriction les deux institutions sociales qu’il voit à l’origine des maux et des tares dont la société moderne pâtit et dont elle pâtira aussi longtemps qu’une nouvelle révolution ne viendra les abolir : l’Etat et l’Argent. »

C’est la thèse que soutient Maximilien Rubel dans le texte que j’évoque ci-dessous.

Et je rappelle que Maximilien Rubel est certainement un des plus profonds connaisseurs de l’oeuvre de Marx.

Michel Peyret

Marx anarchiste ?

C’est en tout cas la thèse que soutient Maximilien Rubel [1]. Mais au diable les restrictions intellectuelles et place au débat, à la confrontation d’idées, à la diversité , nécessaires pour procéder « à l’étude concrète d’une situation concrète », selon la formule de Lénine, et faire apparaître les contradictions qui la font se mouvoir.

Et donnons, en l’occurrence, raison à Rubel qui illustre à souhait ses constats et jugements relatifs au marxisme, selon lui et selon d’autres, « Idéologie dominante d’une classe de maîtres qui a réussi à vider les concepts de socialisme et de communisme, tels que Marx et ses précurseurs les entendaient, de leur contenu originel, en leur substituant l’image d’une réalité qui en est la totale négation. »

UN MARXIEN CHEZ LES MARXISTES

« Un marxien chez les marxistes, Maximilien Rubel », titre pour sa part Patrice Beray, lequel rappelle que Karl Marx s’est défendu sur ses vieux jours, alors que son oeuvre commençait à lui valoir des disciples, et à nourrir les visées de révolutionnaires « professionnels », ou en voie de le devenir, en affirmant pour son compte : « Tout ce que je sais, c’est que moi je ne suis pas marxiste. »

Et Patrice Beray, qui présente un ouvrage de Miguel Abensour et Louis Janover consacré à Rubel, estime que nul autre que ce dernier n’a saisi la portée de cri du coeur du penseur allemand. Il rappelle que né en 1905 dans l’ancienne Autriche-Hongrie, Rubel a vêcu à Paris de 1931 à sa mort en 1996, est entré au CNRS en 1947, s’est livré à des recherches érudites sur l’histoire du mouvement ouvrier, et s’est consacré pendant plus de trente ans à l’édition des oeuvres de Marx dans La Pléiade.

« On lui doit, dit-il, une distinction radicale entre « marxien » qui, comme le précisent les auteurs, se rapporte selon lui exclusivement à l’oeuvre de Marx » et « marxiste » qui « renvoie aux épigones [2]de toutes sortes. »

Il ajoute, et on conviendra que la distinction n’est pas mince au regard de l’Histoire où les faits sont têtus, surtout quand ils ont fait souffler un vent de désastre jusque sur l’utopie politique.

Pour sa part, Maximilien Rubel pense, lui, et sans se limiter à cette opinion, que les idées de Marx peuvent être efficaces aujourd’hui sur un autre mode que celui d’un évangile politique pour régime totalitaire.

CHEZ MARX, UNE ETHIQUE

Une éthique ?

« Chez Marx, dit-il, il s’agit de l’impératif de supprimer toutes les conditions dans lesquelles l’homme est un être humilié, asservi, abandonné et méprisable. Cette préoccupation éthique traverse toute l’oeuvre, jusqu’au Capital...

« Marx condamnait trois formes de « despotisme »(le terme de totalitarisme lui était inconnu ) : en France, le bonapartisme, ce que j’ai développé dans Marx devant le bonapartisme ; en Allemagne, le prussianisme et surtout, en Russie, le tsarisme.

« Mais l’archétype, c’est bien le premier Napoléon, dont le neveu, Napoléon III, n’est qu’une image affaiblie.

« Dans la critique de ces trois genres d’absolutisme d’Etat, nous avons déjà celle du totalitarisme moderne ! La Russie étant le cible préférée. N’a-t-on pas parlé de la « russophobie » de Marx ? »

Au demeurant, Maximilien Rubel réfute les arguments de ceux qui attribuent à son oeuvre une valeur exclusivement descriptive du capitalisme au siècle dernier, la validité de sa pensée n’excédant pas les bornes de son époque.

Il répond par une sorte de paradoxe
 :
« J’estime pour ma part, au contraire, que Marx est un penseur du 20eme siècle et non du 19eme.

« Marx est même le seul penseur du 20eme siècle dans la mesure où aucun de ses contemporains n’a laissé d’oeuvre utilisable, fut-ce au prix d’une distorsion.

« Ainsi n’y-a-t-il pas d’empire hégélien, alors qu’il existe encore un empire marxiste, la Chine par exemple.

« Ce qui s’est produit et s’est achevé avec l’URSS nous permet de prendre conscience plus encore des deux menaces qui, selon Marx, pèsent toujours sur le destin de l’humanité, par l’intermédiaire des armes de destruction massive : l’Etat et le système capitaliste en cours de mondialisation. »

DEUX MENACES, L’ETAT ET LE CAPITAL

Nous y sommes , les deux menaces, l’Etat et le système capitaliste !

Mais c’est dans « Marx, théoricien de l’anarchisme » que Rubel appréhende la très profonde proximité qui est la sienne avec le contenu de l’oeuvre de Marx en la matière et qu’il met en évidence combien il a été desservi par des disciples qui n’ont réussi ni à dresser le bilan et les limites de sa théorie, ni à en définir les normes et le champ d’application.

« Le marxisme est né et s’est développé, dit-il, alors que l’oeuvre de Marx n’était pas encore accessible dans son intégralité et que d’importantes parties en étaient restées inédites.

« Ainsi, le triomphe du marxisme comme doctrine d’Etat et idéologie de parti a précédé de quelques décennies la divulgation des écrits où Marx a exposé le plus clairement et le plus complètement les fondements scientifiques et les intentions éthiques de sa théorie sociale.

« Que des bouleversements profonds se soient produits sous l’invocation d’une pensée dont les principes majeurs sont restés ignorés des protagonistes du drame historique suffirait à montrer que le marxisme est le plus grand, sinon le plus tragique, malentendu de ce siècle. »

Tirant toutefois « toute la couverture à lui », Maximilien Rubel, s’il considère que Marx a eu peu de sympathie pour certains anarchistes, et c’est effectivement le moins que l’on puisse dire, révèle que l’on ignore généralement « qu’il n’en a pas moins partagé l’idéal et l’objectif : la disparition de l’Etat.

LA DISPARITION DE L’ETAT, UN IDEAL PARTAGE

« Il convient donc de rappeler qu’en épousant la cause de l’émancipation ouvrière, Marx s’est d’emblée situé dans la tradition de l’anarchisme plutôt que dans celle du socialisme ou du communisme. « Et lorsqu’il a finalement choisi de se dire communiste, cette appellation ne désignait pas à ses yeux un des courants, alors existants, du communisme, mais un mouvement de pensée et un mode d’action qu’il restait à fonder en rassemblant tous les éléments révolutionnaires hérités des doctrines existantes et des expériences de lutte du passé. » Aussi Rubel va tenter de montrer que, sous le vocable de communisme, Marx a développé une théorie de l’anarchie. « Mieux, ajoute-t-il, qu’il fut, en réalité, le premier à jeter les bases rationnelles de l’utopie anarchiste et à en définir un projet de réalisation. »

Son expérience personnelle de lutte pour la liberté de la presse en Prusse l’amènent à s’interroger sur la vraie nature de l’Etat et sur la validité rationnelle et éthique de la philosophie politique de Hegel. « Ce sera, dit-il, outre un travail inachevé et inédit, la Critique de la philosophie hégélienne de l’Etat ( 1843 ), deux essais polémiques : « Introduction à la critique hégélienne du droit » et « A propos de la question juive » ( Paris, 1844 ).

« Ces deux écrits constituent à vrai dire un seul manifeste où Marx désigne une fois pour toutes et condamne sans restriction les deux institutions sociales qu’il voit à l’origine des maux et des tares dont la société moderne pâtit et dont elle pâtira aussi longtemps qu’une nouvelle révolution ne viendra les abolir : l’Etat et l’Argent.

LE PROLETARIAT MODERNE

« Simultanément, Marx exalte la puissance qui, après avoir été la principale victime de ces deux institutions, mettra fin à leur règne comme à toute autre forme de domination de classe politique ou économique : le prolétariat moderne. « L’auto-émancipation de ce prolétariat, c’est l’émancipation universelle de l’homme, c’est après la perte totale de l’homme, la conquête totale de l’homme... »

Evoquant les principales différences qui caractérisent les conceptions réciproques de Marx et de Proudhon : « A la morale réaliste de Proudhon, cherchant à sauver « le bon côté » des institutions bourgeoises, Marx oppose l’éthique d’une utopie dont les exigences sont à la mesure des possibilités offertes par une science et une technique suffisamment développées pour subvenir aux besoins de l’espèce.

« A un anarchisme tout aussi respectueux de la pluralité des classes et des catégories sociales que favorable à la division du travail et hostile à l’associationnisme prôné par les utopistes, Marx oppose un anarchisme négateur de classes sociales et de la division du travail, un communisme qui reprend à son compte tout ce qui, dans le communisme utopique, pourrait être réalisé par un prolétariat conscient de son rôle émancipateur et maître des forces productives... »

DEUX TYPES D’ANARCHISME, UNE FINALITE COMMUNE

Et pourtant, en dépit de ces voies divergentes, les deux types d’anarchisme se réclament d’une finalité commune, celle que le Manifeste communiste a défini en ces termes : « L’ancienne bourgeoisie avec ses classes et ses antagonismes de classe fait place à une association où le libre développement de chacun est la condition du libre épanouissement de chacun. » Pourtant, on le sait, Marx s’est refusé à inventer des recettes pour les marmites de l’avenir.

Cependant, dit Maximilien Rubel, « il a fait mieux que cela, ou pis, il a voulu démontrer qu’une nécessité historique, telle une fatalité aveugle, entraînait l’humanité vers une situation de crise où il lui faudrait affronter un dilemme décisif : être anéantie par ses propres inventions techniques ou survivre grâce à un sursaut de conscience la rendant capable de rompre avec toutes les formes d’aliénation et d’asservissement qui ont marqué les phases de son histoire.

« Seul ce dilemme est fatal, le choix de l’issue étant laissé à la classe sociale qui a toutes les raisons de refuser l’ordre existant et pour réaliser un mode d’existence profondément différent de l’ancien. « Virtuellement, le prolétariat moderne est la force matérielle et morale apte à assumer cette tâche salvatrice de portée universelle.

« Toutefois, cette force virtuelle ne pourra devenir réelle que lorsque le temps de la bourgeoisie sera accompli, car elle aussi remplit une mission historique ; si elle n’en est pas toujours consciente, ses idéologues se chargent de lui rappeler son rôle civilisateur.

« En créant le monde à son image, la bourgeoisie des pays industriellement développés embourgeoise et prolétarise les sociétés qui tombent progressivement sous son emprise politique et économique. « Vu sous l’angle des intérêts prolétariens, ses instruments de conquête, le capital et l’Etat, sont autant de moyens d’asservissement et d’oppression.

L’HEURE DE LA REVOLUTION PROLETARIENNE

« Lorsque les rapports de production capitalistes et partant les Etats capitalistes seront effectivement établis à l’échelle mondiale, les contradictions internes du marché mondial révèleront les limites de l’accumulation capitaliste et provoqueront un état de crise permanente qui mettra en péril les assises mêmes des sociétés asservies et menacera jusqu’à la survie pure et simple de l’espèce humaine.

« L’heure de la révolution prolétarienne sonnera sur toute la terre... »

Maximilien Rubel est cependant conduit à rappeler avec une insistance toute particulière, que l’hypothèse la plus fréquente que Marx nous offre est celle de la révolution dans les pays ayant connu une longue période de civilisation bourgeoise et d’économie capitaliste :

« Elle doit marquer le début d’un processus de développement englobant peu à peu le reste du monde, l’accélération du progrès étant assuré par osmose révolutionnaire.

« Quelle que soit l’hypothèse envisagée un fait est certain : il n’y a pas de place, dans la théorie sociale de Marx, pour une troisième voie révolutionnaire, celle de pays qui, privés de l’expérience historique du capitalisme développé et de la démocratie bourgeoise, montreraient aux pays ayant un long passé capitaliste et bourgeois le chemin de la démocratie prolétarienne...

LA MYTHOLOGIE MARXISTE

« La mythologie marxiste née avec la révolution russe de 1917 a réussi à imposer aux esprits peu informés une tout autre image de ce processus révolutionnaire : l’humanité serait partagée entre deux systèmes d’économie et de politique, le monde capitaliste dominé par les pays industriellement développés et le monde socialiste dont le modèle, l’URSS, a accédé au rang de deuxième puissance mondiale, par suite d’une révolution « prolétarienne ».

« En fait, l’industrialisation du pays est due à la création et à l’exploitation d’un immense prolétariat et non au triomphe et à l’abolition de celui-ci.

« La fiction d’une « dictature du prolétariat » fait partie de l’arsenal des idées imposées par les nouveaux maîtres dans l’intérêt de leur propre puissance ; plusieurs décennies de barbarie nationaliste et militaire à l’échelle du monde font comprendre le désarroi mental d’une intelligentsia universelle victime du mythe dit « Octobre socialiste ».

Maximilien Rubel considère toutefois que des trois théories, doctrines et notions qui forment dans leur ensemble le patrimoine intellectuel du socialisme, du communisme et de l’anarchisme qui visent à une mutation profonde de la société humaine, l’anarchisme a le moins souffert de cette perversion : n’ayant pas créé une véritable théorie de la praxis révolutionnaire, il a pu se préserver de la corruption politique et idéologique dont les deux autres écoles de pensée ont été frappées.

« Issu de rêves et de nostalgies tout autant que de refus et de révolte, il s’est constitué en tant que critique radicale du principe d’autorité sous tous ses déguisements, et c’est surtout comme telle qu’il a été absorbé par la théorie matérialiste de l’histoire. « Celle-ci est essentiellement une pensée de l’évolution historique de l’humanité passant par étapes progressives d’un état permanent d’antagonismes sociaux à un mode d’existence fait d’harmonie sociale et d’épanouissement individuel.

UNE FINALITE COMMUNE

« Or, tout autant que la critique sociale transmise par l’utopie anarchiste, la finalité commune aux doctrines radicales et révolutionnaires d’avant Marx est devenue partie intégrante du communisme anarchiste de ce dernier.

« Avec Marx, l’anarchisme utopique s’enrichit d’une dimension nouvelle, celle de la compréhension dialectique du mouvement ouvrier perçu comme auto-libération éthique englobant l’humanité tout entière...

« On est en droit d’appliquer à sa propre théorie la thèse éthique qu’il a formulée à propos du matérialisme de Feuerbach ( 1845 ) : « La question de savoir si la pensée humaine peut prétendre à une vérité objective n’est pas une question relavant de la théorie, mais une question pratique.

« C’est dans la pratique que l’homme doit démontrer la vérité, c’est-à -dire la réalité et la puissance, l’au-deçà de sa pensée. »

Et c’est dans « A propos de la question juive », 1844, que Marx, sans se limiter à la critique de l’émancipation politique, définit et la fin qu’il convient d’atteindre et le moyen pour la réaliser :

« C’est seulement lorsque l’homme individuel, être réel, aura récupéré le citoyen abstrait et sera devenu en tant que individu un être social dans sa vie empirique, dans son activité individuelle, dans ses rapports individuels ; ce n’est que lorsque l’homme aura reconnu et organisé ses « forces propres » comme forces sociales et que, de ce fait, il ne détachera plus de lui-même le pouvoir social sous forme de pouvoir politique-, c’est alors seulement que sera accomplie l’émancipation humaine. »

En somme, poursuit Rubel, Marx s’appliquera à démontrer scientifiquement ce dont il était déjà persuadé intuitivement et ce qui lui paraissait éthiquement nécessaire : il abordera l’analyse du capital d’un point de vue sociologique, comme pouvoir de commandement sur le travail et ses produits, le capitaliste possédant cette puissance non en vertu de ses qualités personnelles ou humaines, mais en tant que propriétaire du capital : _ « Le salariat est un esclavage, et tout relèvement autoritaire du salaire ne sera qu’une meilleure rémunération d’esclaves. »

ESCLAVAGE ECONOMIQUE ET SERVITUDE POLITIQUE

Las, « esclavage économique et servitude politique vont de pair. « L’émancipation politique, la reconnaissance des droits de l’homme par l’Etat moderne ont la même signification que la reconnaissance de l’esclavage par l’Etat antique ( La Sainte Famille, 1848 ). « Esclave d’un métier salarié, l’ouvrier l’est aussi de son propre besoin égoïste comme du besoin étranger.

« La condition humaine n’échappe pas davantage à la servitude politique dans l’Etat démocratique représentatif que dans la monarchie constitutionnelle. »

Et, à nouveau, Rubel revient à Marx :

« Dans le monde moderne, chacun est à la fois membre de l’esclavage et de la communauté bien qu’en apparence la servitude de la société bourgeoise soit le maximum de liberté. »

Ou encore dans Vorwärts, 1848, :

« L’existence de l’Etat et l’existence de la servitude sont inséparables...Plus l’Etat est puissant, plus un pays est, de ce fait, politique, moins il est disposé à chercher dans le principe de l’Etat, donc dans l’organisation actuelle de la société dont l’Etat est lui-même l’expression active, consciente et officielle, la raison de ses maux sociaux... »

Ou enfin après la Commune :

« La Commune ne fut pas une révolution contre une forme quelconque de pouvoir d’Etat, légitime, constitutionnelle, républicaine ou impériale.

LA COMMUNE, REVOLUTION CONTRE L’ETAT

« Elle fut une révolution contre l’Etat comme tel, contre cet avorton monstrueux de la société ;elle fut la résurrection d l’authentique vie sociale du peuple, réalisée par le peuple. »

Et de préciser dans « L’Idéologie allemande » :

« Les prolétaires se trouvent donc en opposition directe à la forme dans laquelle les individus de la société ont pu jusqu’ici se donner une expression d’ensemble, à savoir l’Etat : ils doivent renverser l’Etat pour réaliser leur personnalité.

Cependant, les prolétaires doivent également se débarrasser de l’esclavage économique, le travail salarié.

Dans le Capital, Marx réaffirme que « pour transformer la propriété privée et morcelée, objet du travail individuel, en propriété capitaliste, il aura naturellement fallu plus de temps, d’efforts et de peines que n’en exigera la métamorphose en propriété sociale de la propriété capitaliste, qui de fait repose déjà sur un mode de production collectif.

LA PROPRIETE SOCIALE

« Là il s’agissait de l’expropriation de la masse pour quelques usurpateurs ; ici, il s’agit de l’expropriation que de quelques usurpateurs par la masse. » Ce stade franchi, Rubel cite Marx dans l’Anti-Proudhon , 1847 : « Est-ce à dire qu’après la chute de l’ancienne société il y aura une nouvelle domination de classe se résumant dans un nouveau pouvoir politique ?

« Non !...

« Dans le cours de son développement, la classe laborieuse substituera à l’ancienne société civile une association qui exclura les classes et leur antagonisme, et il n’y aura plus de pouvoir politique proprement dit, puisque le pouvoir politique est précisément le résumé officiel de l’antagonisme dans la société civile. »

ALORS MARX ANARCHISTE ?

C’est en tout cas la conviction profonde de Maximilien Rubel qui considère que Marx s’est formellement proclamé « anarchiste » lorsqu’il écrivait :

« Tous les socialistes entendent par anarchie ceci : le but du mouvement prolétaire, l’abolition des classes, une fois atteint, le pouvoir d’Etat disparaît et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples fonctions administratives. »

Michel Peyret

http://rougemidi.fr/

[1] Maximilien Rubel,(1905 - 1996) autrichien naturalisé français, fut un spécialiste internationalement reconnu de Karl Marx.

[2] Disciple, avec souvent la connotation péjorative de : sans originalité qui ne fait qu’imiter.

COMMENTAIRES  

27/03/2013 21:20 par christophe
27/03/2013 22:00 par dirare abdesselem

Marx a parlé d’une théorie qui en meme temps méthode ; malheureusement la majorité des marxistes après Marx ont réduit le marxisme en une simple idéologie "magique" qui sert à répondre à toute question au lieu de faire le "fonctionner" comme l’a voulu son "père" en tant que méthode et le faire évoluer en meme temps . Ce qu’a transformé un projet scientifique et un culture humaine par excéllence en de simples dogmes vouéés à "mourir" et "faire mourir" des diciples. Mais les spectres du GRAND MARX sont toujours présent comme a dit le grand philosophe (non marxiste) français Jacques Derrida et ses idées peuvent etre reprises à n’importe quel moment à condition qu’elles soient reprises en tant que méthode ; n’oubliant pas que les forces du mal n’épargnent aucun éffort pour persuader les opprimés à travers le monde que le maxisme n’était pas ou tout simplement ses idées n’étaient que de simples utopies ou illusions meme ; et que la preuve est claire : l’éffondrement de l’URSS !!!

27/03/2013 22:22 par Dwaabala

Plutôt que de se fourvoyer dans Maximilien Rubel, on ne saurait trop recommander d’aller aux oeuvres originales de Marx et d’Engels (traduites en français) aux Editions sociales, et de jeter ne serait-ce qu’un coup d’oeil sur « L’ Etat et la révolution » (Editions de Moscou) de Lénine.
Particulièrement dans le Chapitre IV. Suite. Explications complémentaitres d’Engels, les paragraphes : 2. Polémique avec les anarchistes, 3. Lettre à Bebel
http://www.marxists.org/francais/le...
Par cette seule lecture, on sera tout de suite éclairé sur la fausse fraîcheur de la question abordée par M. Rubel et par le présent article 40 ans plus tard.
Dans son article « Marx, théoricien de l’anarchisme » (1973), M. Rubel s’appuie essentiellement sur des oeuvres de la jeunesse de Marx (comme dans le chapeau du présent article), et seulement tout à la fin sur quelques citations de sa maturité.
http://www.marxists.org/francais/ru...
Dans son autre article « Le parti de la mystification » (1976), M. Rubel fustige (non sans raison, ce qui n’est pas une raison pour le suivre)) l’abandon de la notion de dictature du prolétariat par le 22e congrès du PCF de l’époque, comme L. Althusser l’avait fait.
http://www.marxists.org/francais/ru...
Le lecteur pourra alors se poser la question de la cohérence de la pensée (théorique) de M. Rubel sur la seule durée de trois ans, et si son seul souci, comme celui de bien d’autres à l’époque, n’était pas d’embrumer les cerveaux au moyen d’un anticommunisme (pratique) déguisé en théorie.
Pour mémoire, M. Rubel dirigea la publications des Oeuvres de Marx (4 volumes de la Pléiade) chez Gallimard, non sans que ses options éditoriales ne suscitassent à l’époque des doutes chez les spécialistes.

Bien sûr on peut préférer la choucroute ou le cassoulet en boîte, on appréciera alors aussi M. Rubel.

28/03/2013 12:40 par Dominique

Lire ce que les autres pensent de Marx ne permet que de se faire une idée de ce que les autres pensent de lui. Quand à bien des marxistes, ils passent leur temps à faire comme les curés, prendre une citation choisie et nous dire ce qu’il faut, selon eux, en penser.

Nos écoles et bien des marxistes nous rabâchent les oreilles avec la Capital, lequel est non seulement un bouquin énorme, mais en plus un bouquin particulièrement difficile à lire. Bref, ils font tout pour nous passer l’envie de lire les oeuvres de Marx.

Outre les deux livres de Marx sur lesquels Rubel insiste, je rajouterais les Manuscrits économique et politique de 1844, un ouvrage relativement simple et épuré qui présente l’ensemble de sa pensée.

Personnellement, plutôt que de parler d’éthique, je préfère le terme de philosophie. Ceci car ce terme englobe un sujet plus vaste que la simple éthique, et que de plus Marx nous propose bel et bien une philosophie révolutionnaire qui sert de base à toute son oeuvre et à son éthique.

Sa philosophie est une philosophie de l’acte opposée à la philosophie de l’être de notre société. Je pense donc je suis ne suffit pas, il faut le passage à l’acte, et comme la pensée précède l’action, le travail réalisé dans un but défini, ici, maintenant et consciemment, devient source de transcendance.

Je crois aussi que si Marx a su mettre en pratique cette philosophie, il la mise en pratique dans les limites des connaissances de son époque. Parmi les faits marquants de notre époque, je dois souligner le massacre environnemental autant en termes d’épuisement des ressources et des biotopes qu’en termes de pollution généralisée. Ceci nous ramène à notre rapport avec la nature.

Je dois aussi souligner que si l’humanité est passée par les 3 formes de production que décrivent Engels et d’autres, les peuples de chasseurs cueilleurs, les peuples d’agriculteurs et les peuples de guerrier, des anthropologues comme Philippe Descola ont montré qu’il existe autant de formes de sociétés qu’il existe de formes de rapports avec la nature. Ils ont classé ces formes de rapports avec la nature non pas en trois catégories mais en quatre. Ils ont aussi démontré que le rapport avec la nature d’une société est la cause fondamentale qui détermine tous les autres rapports humains, qu’ils soient politique, sociaux ou économiques.

Ce qui démonte complètement l’affirmation de Gheorgi Plekhanov dans La conception matérialiste de l’histoire, qui consiste à réduire notre rapport avec la nature à une lutte, et à en faire un dogme similaire à celui du capitalisme qui consiste à réduire notre rapport avec la nature à une exploitation. Et comme ce rapport avec la nature est fondamental, il ne faut pas chercher plus loin la raison des fondamentalismes marxiste, capitaliste et religieux.

Les dogmes de base des religions organisées autorisent et justifient une hiérarchie entre leurs dieux, les hommes et le reste de la création, donc ils coupent l’homme de la nature et de sa nature. Un être humain conscient de sa place dans la nature n’est pas en lutte avec elle comme il ne cherche pas à l’exploiter de façon vénale. De même, il n’est pas en lutte contre le mal ni en complémentarité avec le Yin ou le Yang.

Le parallèle entre le dogme de la lutte de l’homme avec la nature de Plekhanov, celui de l’exploitation de la nature du capitalisme, celui de la lutte du bien et du mal des religions méditerranéennes, ainsi que celui de la complémentarité du yin et du yang des autres religions organisées est saisissant. Dogmes différents mais même résultat : l’exploitation est généralisée. Dans le cas du capitalisme elle se suffit à elle-même, dans les autres cas il faut un rapport de lutte ou de complémentarité pour la justifier.

Pour remplacer ces dogmes par un concept scientifique, il faut considérer que l’être humain fait partie de la nature et qu’il en est dépendant car c’est sa seule source de vie. Ce qui implique qu’il a le devoir de la respecter.

Rubel a raison sur un point important, trop de marxistes, au lieu d’essayer de mettre en pratique l’oeuvre de Marx, passent leur temps à se quereller sur des questions de dogmes, et cela n’est pas nouveau. Un bon moyen pour débarrasser le marxisme de ses dogmes est de l’actualiser. Certains en Amérique latine ne nous ont pas attendu. Lula rêve d’une EU bis, mais d’autres prônent la solidarité, la complémentarité, la justice et la coopération avec l’Alliance bolivarienne des peuples, ainsi qu’un retour aux véritables racines de l’être humain sous la forme d’un rapport nouveau de l’humain avec la nature dans la Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère, un rapport basé sur le respect.

Certains vont penser que je suis chiant de tout ramener à des questions d’écologie. L’écologie n’a une raison d’être que si nous détruisons au préalable la nature. Dans le contexte du capitalisme, c’est un emplâtre sur une jambe de bois. La question de notre rapport avec la nature est donc là aussi fondamentale. C’est le véritable choix de société qui se cache derrière le slogan communisme ou barbarie. Si nous osons faire ce choix, faire le choix d’un rapport avec la nature basé sur le respect, et surtout le mettre en pratique, il est trop tôt pour affirmer que le futur de l’humanité sera autre chose que différent et radieux.

N.B. : Rubel a raison quand il dit qu’il sera plus rapide de se débarrasser du capitalisme que cela n’a prit de temps pour le construire. Il a aussi raison quand il dit que la bourgeoisie des pays industriellement développés a embourgeoisé les sociétés. Et c’est bien là le principal problème à résoudre pour un révolutionnaire aujourd’hui, car comme Wilhelm Reich l’a démontré avant Rubel, les travailleurs en s’embourgeoisant ont adopté l’idéologie bourgeoise, ce qui fait que nombre d’entre eux ne sont pas sensibles à des arguments rationnels. C’est ce qui les faits, comme dans les années 20, voter pour la droite et ses promesses pseudo-religieuses plutôt que de descendre dans la rue, faire grève ou s’organiser de façon solidaire.

Face à cela, des démarches comme l’auto organisation des travailleurs et de la société en général comme en particulier sont beaucoup plus productives que toutes les théories du monde, car de telles démarches constituent autant de preuves par l’acte qu’une société basée sur le respect, la solidarité, la complémentarité, la justice et la coopération est possible ici et maintenant.

28/03/2013 19:12 par Martillo

Il y a des choses intéressantes, d’autre qui le sont beaucoup moins, parce qu’elle n’apporte rien de nouveau, rien qui n’ait déjà été dis, débattu et discuté. Ce sont des réflexions profondément théoriques, parfois complètement abstraite j’ai l’impression et en ayant lu l’article original j’ai l’impression qu’on est parfois plus dans l’interprétation des propos "prophétiques" de Marx qu’autre chose. Or s’il y a bien une chose que Marx semble mépriser, s’est l’interprétation religieuse de propos, méthode, analyse, politique qu’il voulait les plus matérialistes et scientifiques possible. Les intellectuels et professionnel de la sceience poltique ont historiquement prouvés qu’on pouvait tout transformer en dogme, même une idéologie qui dans son fondement, de par sa volonté d’évoluer et de s’enrichir constamment par la méthode d’analyse et de critique la plus scientifique possible, allait à contre courant de la construction d’un dogme politique.

Mais voilà , pour ne pas faire de Marx (mais aussi d’Engels et de Lénine) des penseurs dogmatique ou des utopistes, on doit pouvoir confronter leur pensée théorique à la pratique et ne pas se limiter à la réflexion théorique pure, bien au chaud dans son salon, puisque c’était le but même de leur pensée, d’une part et puisque c’est aussi le meilleur moyen, selon tout les intéressés eux même, de la faire évoluer ! Et ça c’est laissé au militant politique (je ne parle même pas encore de militant de parti)... Et parmi ces militants, il y a trop peu de Maximilien Rubel (et je le cite parce que c’est une analyse de son article, mais je pense à tout les autres aussi). Marx, Engels et tout les autres après lui on voulu construire une pensée politique destinée au acteur de terrain et orienté vers la pratique. Là ce que je lis et je vois, c’est une réflexion dans l’absolu sur l’aspect philosophique de la pensée de Marx qui ellipse une réflexion et une critique pourquoi pas, en profondeur de la pensée pratique de Marx.

Enfin vous l’aurez compris, je ne suis pas d’accord et pour avoir lu (et lire encore et encore) une grande partie des classiques de la pensées dite "Marxiste" (y compris Lénine et Engels pour les plus illustre), je ne partage ni l’interprétation, ni la méthode de réflexion qui m’apparaît bien peu matérialiste et dialectique dans son ensemble, tant elle se focalise sur certain point particulier pou négliger l’ensemble de l’oeuvre (en ce compris les écrit d’Engels, qui fournit à la pensée de Marx un enrichissement notable). Tant elle oublie la volonté pratique de Marx, tant elle n’est enfaite qu’une analyse d’un débat réchauffé qui a déjà eu lieu au début du XXième siècle et entre Marx et les grand penseurs anarchistes eux-même.

Je pense finalement que la meilleure lecture à conseiller pour répondre à cet article est encore Socialisme utopique et Socialisme scientifique (ça et l’État et la révolution de Lénine), d’Engels pour changer. Ce n’est pas Marx, mais puisque les fondements de la pensée "Marxistes" sont le fruit de leur travail à deux (on l’oublie trop souvent) et que Marx approuvait cet ouvrage d’autant plus qu’il allait dans le sens de son analyse idéologique pratique. Il me semble parfaitement adapté pour découvrir concrètement où fondamentalement, où ils ont posés les limites entre l’utopie politique et une méthode d’organisation, de construction et de "production"/"réflexion" idéologique plus scientifique et tourner, encore une fois, vers la pratique, mais pour découvrir aussi, ce qui différencie concrètement la pensée de Marx de la pensée dites anarchistes.

Voilà exactement un intellectuel qui rentre dans ce que Losurdo (qu’on l’aime ou pas) appel, l’autophobie des Marxistes et/ou communistes. Le refus de faire un bilan historique d’ensemble des expériences socialistes (ce qui veut dire admettre leur part d’atrocité ect...) critique et dithyrambique, plus que nécessaire. Et de se réfugier derrière un credo quasi religieux d’un retour au Marxisme "authentique", avec en sus une tentative un peu faible de ré-interprétation de Marx. On tourne le dos à l’histoire du mouvement socialiste en se réfugiant derrière l’idée qu’un retour au source, purgée de toute souillure apportée par les réflexions postérieurs va nous sauver. Au finale, ce genre d’attitude, encourage et renforce la pensée dominante qui peut, puisqu’on refuse de débattre ou de se battre sur le terrain de l’histoire, instrumentaliser l’histoire des socialismes à sa guise, sans pratiquement aucune opposition intellectuel (on les compte en effet sur les doigts de la main) et même en ce qui concerne la critique de l’URSS, de la Chine, de Cuba, du Vietnam et autre, compter comme allier les intellectuels de gauche et d’extrême gauche qui sont les premiers à jeter le bébé avec l’eau du bain. Il suffit de lire le renvoi au concept des totalitarismes (invention de la pensée dominante pour rapproché et souder l’un à l’autre communisme et nazisme, sans nuance et de manière assez grossière, s’il en est) pour comprendre qu’il s’agit enfaite d’une des innombrables tentatives de récupération de Marx (mais pas Engels), par les anarchistes, qui auront toujours à coeur de fustiger les expériences socialistes au passage avec autant de subtilité que les "nouveaux philosophes" que mes amis français connaissent mieux que moi.

PS : La société communiste, que personne n’ encore jamais connu et qui n’est possible selon Marx qu’à partir de l’abolition définitive de toute classe au sein de la société, qui est purement théorique et enfaite dans les écrits de Marx extrêmement flou et peu exploré, suppose par contre en effet la fin de l’État tel qu’on le conçoit, à savoir sous le prisme d’une structure d’État bourgeoise ou prolétarienne. Ce qui ne veut pas dire plus jamais d’État sous une forme hypothétique adaptée ou de toute forme d’organisation démocratique.

28/03/2013 20:20 par CN46400

Pour être anarchiste, Marx aurait du faire de l’état le moteur principal de l’exploitation. Or il n’en a fait qu’un moyen, aux mains de la bourgeoisie pour mener à bien l’exploitation du prolétariat ; ou aux mains du prolétariat pour se protéger d’un éventuel retour, tant quelle en a la force, de la bourgeoisie.

Deux raisonnements incompatibles, même si le but ultime, une société sans classe donc sans état, est identique !

28/03/2013 21:51 par rouge de honte

Martillo,

Vous faites de la pensée de Marx, ou du moins de la vision que vous en avez, une pensée théorique et dogmatique alors que c’est justement ce que vous dénoncez.
Pourquoi dites-vous que les anarchistes (sans présiser quel anarchisme) tentent de récupérer la pensée de Marx si vous admettez que cette pensée est un outil qui doit servir (destinée aux acteurs de terrain) ?

Ou est le problème ?

30/03/2013 06:36 par ADSkippy

Marx anarchiste ?
Marx et Bakounine, le "rouge" et le "noir". Ce débat a déjà été réglés par les protagonistes eux même, il y a longtemps.
La question que je me pose c’est ; a quoi jouent certains intellectuels ? Car trop, a défaut d’une théorie ou idées originales, se contentent d’exploiter Marx pour leur propres gratification et promotion, et s’engagent dans le révisionnisme et interprétation spéculative, sur ce que Marx aurait ou voulait dire, a tel point qu’ils risquent de "déformer" l’essentiel de son oeuvre.
Vouloir trouver contradictions, figer, enfermer et limiter Marx dans son contexte historique c’est, justement faire preuve d’absence de sa "dialectique". Le "Marxisme" est avant tout, un outil, une méthode d’analyse, pour mieux comprendre le pourquoi et le comment, transformer les rapports économiques et sociales.

Le pédantisme intellectuel n’apporte rien de constructive a ce débat et aux masses.

30/03/2013 10:21 par Anonyme

100% d’accord avec ADSkippy !

Certains se rêvent nouveaux exégètes de Marx, comme d’autres se croyaient ’nouveaux philosophes’, BHL en tête, en réchauffant des concepts dont aucun n’était conçu par eux…
D’autres comme Onfray réchauffent Freud, Jésus Mahommet ou Camus pour tenter de se donner l’aura d’une toge bien trop grande pour eux, au risque de contre sens pathétiques…
Cela fait plus vendre de papier que progresser les idées …
La touche ’suppr’ est une des inventions les plus utiles du siècle depuis l’invention d’Internet…
Relire Marx reste un moment utile pour la compréhension de ce temps complexe que nous traversons ; c’est sa méthode qui fait sa richesse... La pensée critique permanente est le fondement de la compréhension du monde et l’outil le moins mauvais pour orienter nos choix...

30/03/2013 17:46 par fc

Staline - Le danger de droite dans le PCb de l’URSS (1929) , page 50

30/03/2013 21:18 par act

Effectivement il est toujours amusant de taquiner les camarades marxistes en leur faisant remarquer que le but final de Marx est l’anarchie (suppression de l’État) mais de là à classer d’emblée Marx dans le courant anarchiste, il y a un "pas" digne de Sotomayor.
Comme l’ont déjà fait remarquer certains commentateurs l’analyse de Rubel (et de Peyret) est surprenante.
De fait, les faits historiques sont indéniables, l’opposition des courants libertaires et communistes au sein de la première Internationale qui débouchera sur l’exclusion des anarchistes...menée par Marx.

Cela écrit, comme beaucoup de contemporains ou membres de la première internationale (César De Paepe, Carlo Cafiero, etc...) ont peut regretter ce divorce.
Il est intéressant de lire les échanges entre Marx et De Paepe, ce dernier proche du courant "anti-autoritaire" fera tout son possible pour éviter cette séparation, pour dépasser le conflit.
Ou encore le fameux texte de Cafiero, " Anarchie et Communisme " dont voici un extrait :

Au congrès tenu à Paris par la région du Centre, un orateur, qui s’est distingué par son acharnement contre les anarchistes, disait :
Communisme et anarchie hurlent de se trouver ensemble.

Un autre orateur qui parlait aussi contre les anarchistes, mais avec moins de violence, s’est écrié, en parlant d’égalité économique :
Comment la liberté peut-elle être violée, lorsque l’égalité existe ?

Eh bien ! je pense que les deux orateurs avaient tort.

On peut parfaitement avoir l’égalité économique, sans avoir la moindre liberté. Certaines communautés religieuses en sont une preuve vivante, puisque la plus complète égalité y existe en même temps que le despotisme. La complète égalité, car le chef s’habille du même drap et mange à la même table que les autres ; il ne se distingue d’eux que par le droit de commander qu’il possède. Et les partisans de "l’Etat populaire" ? S’ils ne rencontraient pas d’obstacles de toute sorte, je suis sûr qu’ils finiraient par réaliser la parfaite égalité, mais, en même temps aussi le plus parfait despotisme, car, ne l’oublions pas, le despotisme de l’Etat actuel augmenterait du despotisme économique de tous les capitaux qui passeraient aux mains de l’Etat, et le tout serait multiplié par toute la centralisation nécessaire à ce nouvel Etat. Et c’est pour cela que nous, les anarchistes, amis de la liberté, nous nous proposons de les combattre à outrance.

Ainsi, contrairement à ce qui a été dit, on a parfaitement raison de craindre pour la liberté, lors même que l’égalité existe ; tandis qu’il ne peut y avoir aucune crainte pour l’égalité là où existe la vraie liberté, c’est-à -dire l’anarchie.

Enfin, anarchie et communisme, loin de hurler de se trouver ensemble, hurleraient de ne pas se trouver ensemble, car ces deux termes, synonymes de liberté et d’égalité, sont les deux termes nécessaires et indivisibles de la révolution.

Notre idéal révolutionnaire est très simple, on le voit : il se compose, comme celui de tous nos devanciers, de ces deux termes : liberté et égalité. Seulement il y a une petite différence.

Instruits par les escamotages que les réactionnaires de toute sorte et de tout temps ont faits de la liberté et de l’égalité, nous nous sommes avisés de mettre, à côté de ces deux termes, l’expression de leur valeur exacte. Ces deux monnaies précieuses ont été si souvent falsifiées, que nous tenons enfin à en connaître et à en mesurer la valeur exacte.

Nous plaçons donc, à côté de ces deux termes : liberté et égalité, deux équivalents dont la signification nette ne peut pas prêter à l’équivoque, et nous disons : "Nous voulons la liberté, c’est-à -dire l’anarchie, et l’égalité, c’est-à -dire le communisme."

Carlo Cafiero -1880 (texte complet)

"Black is beautiful,
Red is beautiful,
Red&Black is wonderful..."

09/03/2016 00:22 par Jean Cendent

Dommage que le train en partance pour le communisme est pris Lénine, s’il avait déraillé est fait monté Rosa Luxemburg dans ses wagons , peut être que notre histoire et nos vies seraient différentes .
Hélas ! ce qui est fait est fait.
Citations et réflexions de Rosa Luxemburg :
 

« La liberté seulement pour les partisans du gouvernement, pour les membres d’un parti, aussi nombreux soient-ils, ce n’est pas la liberté. La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement. »
« la dictature socialiste ne doit reculer devant aucun moyen de contrainte pour imposer certaines mesures dans l’intérêt de la collectivité », elle estime que le pouvoir léniniste est « une dictature, il est vrai, non celle du prolétariat, mais celle d’une poignée de politiciens, c’est-à-dire une dictature au sens bourgeois ». Elle préconise au contraire « la démocratie la plus large et la plus illimitée », et rappelle que « c’est un fait absolument incontestable que, sans une liberté illimitée de la presse*, sans une liberté absolue de réunion et d’association, la domination des larges masses populaires est inconcevable ».

Si le but final de Marx était l’anarchisme que dire, à par tant mieux ( la suppression de l’état pour cause de consanguinité avec le capitalisme et l’abolition de toutes tyrannies hiérarchiques ) mais alors il est bien dommage qu’il n’est pas vécu 100 ans de plus pour voir comment l’élite de ses interprètes l’on adapté.

*La Liberté illimitée de la presse ( pour un journal militant d’information alternative comme Le Grand Soir, cela ne peut que vous parlez )

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