Le soldat est un être humain n’est-ce pas ? (Mahsanmilim)

Lundi 1er août 2011, au lever du soleil, les soldats d’occupation ont assassiné Mu’tasem Udwan et Ali Khalifa et gravement blessé Ma’amun Awad.

C’était le premier jour du Ramadan.

Le meurtre est toujours choquant. Parce qu’ensuite il n’y a plus rien. Mais ce qui m’a le plus choquée c’est que sa mère l’ait vu peu après le meurtre par terre près de la porte de sa maison, sa cervelle répandue sur le sol. C’est comme ça qu’elle l’a trouvé, son fils et quelque part c’est ce qui m’a le plus retournée. Parce que lui est mort, il est déjà parti et j’ai pensé aux trous qu’il laissait derrière lui. Mais ce trou particulier, celui de la mère de Mu’tasem, est ce qui m’a totalement bouleversée.

D’un côté, ce qui est arrivé ce matin-là au camp de réfugiés de Qalandiya n’est pas extraordinaire. Les soldats d’occupation envahissent un village palestinien ou un autre, surtout la nuit, sous un prétexte ou un autre, puis ils enfoncent les portes et après avoir enfoncé les portes ils cassent tout dans la maison, les placards, les vitres et la télévision et habituellement enlèvent un jeune ou un autre sur qui on a dit ci ou ça, quelque chose de vrai ou de faux, un témoignage généralement arraché par la force à un autre enfant dont on peut raisonnablement penser qu’il a dit tout ce qu’on voulait qu’il dise et avoué tout ce qu’on lui a ordonné d’avouer, et le plus souvent on jette des pierres aux forces d’occupation et les soldats tirent sur les lanceurs de pierre qui ne sont que des enfants, et ils envoient des gaz lacrymogènes et tirent avec des balles en caoutchouc et aussi à balles réelles dans les maisons et dans les rues sans raison particulière et à la fin des gens sont tués et blessés et cela n’a rien d’extraordinaire. Pas dans le camp de réfugiés de Qalandiya en tous cas ni dans toute la Cisjordanie occupée.

Pourtant les meurtres de Ali Khalifa et Mu’tasem Udwan ont été considérés comme un événement unique et différent de tous les autres événements de ce genre qui sont devenus la routine avec le temps.

Les gens ne cessaient de répéter, "comment ils ont pu faire une chose pareille," et les croyants et les incroyants demandaient "pourquoi justement le premier jour du Ramadan".

Et ce n’est pas parce que le sang d’une personne assassinée pendant le Ramadan est plus précieux que celui des victimes des autres jours. Mais plutôt parce que les gens ne peuvent pas passer leur temps à se plaindre et à crier "Non ! c’est insupportable, inacceptable". Car s’ils le faisaient ils perdraient toute leur joie, leur résistance et leur capacité de se surpasser, d’élever correctement leurs enfants en dépit de tout et de vivre en dépit de tout sans compter qu’il est généralement trop dangereux de se révolter et que cela demande une formidable énergie.

Mais il y a des moments où la vérité qui est toujours là cachée, apparaît soudain au grand jour et le temps s’arrête.

Le Ramadan est un moment symbolique de ce genre. Peut-être parce que pendant le Ramadan les magasins restent ouverts la nuit et qu’on a le devoir de faire des bonnes actions. Peut-être parce que les gens ont besoin de moments qui changent de l’habitude et que ces moments sont offerts par la religion et la tradition et pas seulement aux Palestiniens sous Occupation.

"Voilà ce qui est arrivé cette nuit-là " nous a dit notre ami, Haitham Hamed. Un homme doux et sympathique du camp de réfugiés de Qalandiya. "Voilà ce que j’ai entendu dire.

Ils sont venus chercher Wajih. Wajih Haitham Khatib. Un adolescent de 15 ans. Ils étaient plus de 200 soldats. 200 soldats pour arrêter un jeune de 15 ans. 200 soldats sont venus chercher un jeune et on tué deux adultes. Voilà ce qui est arrivé.
Ils viennent sans arrêt au camp tous ces soldats israéliens. Ils envoient tous ces soldats juste pour arrêter un enfant ou deux... Et la police des frontières et... Ils viennent et reviennent de mille directions différentes. D’ici, de dehors, de la colonie voisine. Ils viennent d’en haut ou d’en bas ou du camp où étaient les avions (ce qui était autrefois l’aéroport d’Atarot) ou de la grand route ou de n’importe quelle route.
Cette fois ils sont venus des alentours de la colonie voisine.

Et on l’accuse - c’est ce que j’ai entendu dans le camp- savez-vous de quoi on l’accuse ? Vous connaissez la colonie à côté du camp ? Non ce n’est pas Psagot, comment elle s’appelle déjà  ? Ah oui, Kochav Hashachar. On l’accuse d’avoir brûlé la montagne."

"Brûlé la montagne ?

Avec tous les soldats et la police des frontières et les gars en jeep avec leurs armes et les clôtures et les gardes et les caméras partout. Il est allé là -bas et a brûlé une montagne ?"

"Quelle histoire. On n’arrive pas à y croire. Mais c’est ce que ses parents m’ont dit. C’est de ça qu’il est accusé. Cet adolescent de 15 ans est accusé d’être allé près de la colonie et d’avoir brûlé la montagne.

Les soldats ne connaissaient pas son adresse exacte. Alors ils sont entrés dans plusieurs maisons. Et dans chaque maison ils ont cassé des choses. C’est ce qu’on m’a dit. Et c’est normal qu’ils cassent des choses. Ils ne savent pas se conduire autrement.

D’abord ils démolissent les portes avec la machine spéciale qu’ils ont. Ils ne frappent pas. Ils agissent toujours de même : sans dire un mot, ils placent leur machine sur la porte et appuient sur un bouton et -boum- la porte s’ouvre. Toujours. Pas seulement de temps en temps. Comme ils ont fait chez nous, tu te rappelles ? Les gens remplacent beaucoup de portes dans notre camp (rires).
Bref, ils sont venus au camp et n’ont pas trouvé le garçon. Ils ne l’ont pas trouvé.
Alors si vous ne trouvez pas le garçon vous semez la terreur ? N’est-ce pas Tammi ? Vous ne trouvez pas le garçon alors vous tuez deux personnes ?
Et alors qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont arrêté son cousin qui a 22 ans. Ils n’ont pas trouvé Wajih alors ils ont pris son cousin et ont dit qu’ils le garderaient jusqu’à ce que le père livre son fils."

Et Tamar dit : "C’est épouvantable, Haitham. Epouvantable. Non seulement ils les tuent mais ils prennent son neveu ... le kidnappent...."

"Oui," répond Haitham. "Et son père l’a amené à la prison d’Ofer le lendemain, je crois. Pour qu’on libère son neveu... Sous quelle sorte de loi vivons-nous ? Arrêter son cousin et dire à son père que quand il livrera son fils il pourra reprendre son neveu... De quelle loi s’agit-il ? Obliger le père à livrer son propre fils. De ses propres mains il mène son fils à la prison. Et l’enfant sait qu’il y va...

Je ne veux pas vous mentir. On leur a jeté des pierres. Ils ont quitté la maison de Wajih pour aller dans une autre et on leur a jeté des pierres. Mais ils sont souvent venus au camp pour arrêter des gens et à chaque fois on leur a jeté des pierres. Et ils n’ont pas toujours réagi comme cette fois-ci.

Alors pourquoi êtes-vous venus cette fois-ci pendant le Ramadan ? Pour arrêter un jeune de 15 ou 16 ans ? Et vous saviez qu’il y aurait du monde dans la rue à cause du ramadan. Et vous saviez qu’on vous jetterait des pierres.

Je voudrais dire quelque chose à propos des pierres qu’on jette. Jeter des pierres c’est le pire que nous faisons. Car qui dans le camp aurait le courage de prendre un fusil et de tirer sur les soldats. Alors au maximum on jette des pierres. Ou parfois un cocktail Molotov, pas vrai Tammi ? Au pire une cocktail Molotov ou des pierres.
Alors on a jeté des pierres, qu’est-ce que ça peut faire. On n’assassine personne avec une pierre n’est-ce pas ? Une pierre ne tue pas, elle peut tout au plus blesser. Et c’est pour ça que vous êtes venus tuer deux personnes ?

"Mu’tasem, Mu’tasem Udwan, la première personne qu’ils ont tuée, c’était mon voisin," nous dit Marwan, un habitant du camp que nous venons juste de rencontrer. "Il habitait à 10 mètres de chez moi. Nous avons tous été réveillés par les tirs... C’était la guerre... Je suis monté sur le toit. Et j’ai vu un soldat dans la rue. Son fusil était placé sur un trépied.... Mu’tasem a ouvert la porte pour regarder dehors à cause des tirs et du bruit. Un bruit terrible... Des gaz lacrymogènes et des tirs en rafale.

Mu’tasem qui regardait vers le bas de la rue n’a pas vu le soldat. Le soldat lui a tiré une balle réelle dans la tête et il est tombé sur le sol.

Il a ouvert la porte de chez lui et un soldat lui a tiré une balle réelle dans la tête... et sa cervelle s’est répandue par terre.

Et voilà qu’il n’avait plus de tête. Il n’avait plus de tête...

J’ai tout vu de mon toit. Je m’en rappellerai toute ma vie. Il n’avait plus de crâne... et sa cervelle était répandue par terre.

Abu Ali, Ali Khalifa, l’autre personne assassinée habitait au pied de la colline. Mais cette nuit-là il se trouvait au camp. Un peu comme nous faisons les jour fériés. Il était allé voir des amis chez qui il a passé la nuit. Toute la nuit. Ils ont joué du tambour avant le lever du jour pour réveiller les gens pour qu’ils puissent aller chercher du pain et d’autres choses avant le début de la journée de jeûne.

Et puis tout a commencé.

Quand les tirs sont devenus vraiment intenses il a voulu rentrer chez lui. Il voulait partir. Sa voiture était stationnée près de chez moi.

Il y est peut-être allé parce qu’il ne connaît pas le camp comme nous le connaissons, c’est pour ça qu’il est allé chercher sa voiture.

C’est alors qu’il a vu Mu’tasem par terre. Tout seul. C’était seulement 6 minutes après qu’il ait été tué. Il s’est approché de Mu’tasem. Il a peut-être pensé qu’il était blessé et a voulu l’aider. Il n’a pas vu le soldat...

Et le soldat l’a tué aussi. De deux balles. L’une après l’autre. Et un trou s’est ouvert dans son ventre. Et il est tombé juste à côté de Mu’tasem.

C’est comme ça qu’il est mort.... Que Abu Ali est mort..."

"Haitham, pourquoi tu l’appelles Abu Ali ?"

Son nom était Ali Khalifa. Mais on l’appelait Abu Ali, parce que son nom c’est Ali. Alors on a ajouté Abu (père en arabique, signe de respect, ndt). Comme ça".

"Tout le monde les connaissait" ajoute Haitham. "Le camp est petit mais tout le monde connaissait mieux Abu Ali.

Je le connaissais bien, la veille je l’avais vu à la station service en train de laver sa voiture. Et plus tôt dans la journée aussi. Il était avec moi en prison. Quand nous étions enfants. Dans le Russian Compound (à Jérusalem NdT).

C’était une bonne personne... Il aidait les autres, les personnes âgée, on n’arrive pas à croire qu’il est mort, je t’assure. Il est mort. C’est incroyable. Et il est de Jérusalem. Oui, de Jérusalem. Il habitait en bas de la colline. Pas dans le camp... Ses parents paient les impôts locaux.

Je connaissais Mu’tasem aussi mais pas très bien. Il était sympathique. Vraiment sympa. Il étudiait à l’université. Il devait avoir son diplôme dans un an. Mais il n’avait jamais commis aucun délit. Il n’avait même jamais lancé des pierre. Il était chez lui. Il regardait par la porte et on lui a tiré une balle dans la tête."

"Et celui qui a été blessé, Ma’amun Awad, on lui a tiré dessus dans sa voiture" dit Marwan. "Il essayait de partir et les soldats ne voulaient pas le laisser passer alors il les a suppliés et finalement ils ont jeté une bombe lacrymogène dans sa voiture et comme la fumée se répandait, il a ouvert la porte pour échapper à la fumée et ils lui ont tiré dessus avec une M-16 ; il est blessé maintenant. Gravement blessé.

"Tu le connais peut-être" dit Haitham, "c’est Ma’amun Awad ; son père tient la station service de Semiramis, là où se trouvait le camp de l’armée et les soldats lançaient des pierres sur les taxis palestiniens, tu te souviens ? Pauvre homme ! Il a pris deux balles. Deux balles dans la colonne vertébrale et les docteurs craignent que si on essaie de les extraire, il ne reste paralysé. Ils disent que si on enlève les balles, il sera paralysé."

Et il est retombé dans son silence. j’ai laissé passer un peu de temps, puis je lui ai demandé : "Haitham, après que Mu’tasem ait été tué, est-ce que sa famille l’a vu ?" Parce que cela me hantait toujours.

"Bien sûr qu’ils l’ont vu. Il a été tué à l’entrée de sa maison.

Au début sa mère était à l’étage et regardait ce qui se passait dehors. Elle a vu quelqu’un par terre, la cervelle éparpillée sur le sol... Elle ne s’est pas tout de suite rendu compte qu’il s’agissait de son propre fils. Pauvre homme, elle a dit, pauvre enfant, il est blessé, et elle pleurait sans savoir que c’était son fils. Mais elle a vite compris. Elle s’est précipitée dehors. Elle ne le reconnaissait pas. Sa tête avait explosé ; la cervelle s’était répandue sur le sol. Comme ils l’ont tous dit et tout a été arraché au dessus des yeux. Et sa mère est devenue folle, pauvre femme. Nous avons tous pleuré avec elle. Elle s’arrachait les cheveux. Elle est malade ; elle est malade maintenant...

Ce qui est particulièrement insupportable, c’est que Mu’tasem était dans sa maison. Il était chez lui. Vous savez ce que cela veut dire, chez soi ? C’est là que se trouve votre coeur. C’est ce qu’il y a de pire. De plus douloureux. Je me trompe ?"

"Je n’ai pas pu manger pendant 4 ou 5 jours après tout ça" dit Marwan, "ni dormir correctement... Pas après avoir vu sa cervelle par terre... Sa chair brûlante ; la sienne et celle de Abu Ali, brûlantes... Les viscères de Abu Ali par terre... Toute cette chair, comme de la viande... Après le départ des soldats je suis descendu les voir, Mu’tasem et Abu Ali. Je voulais ramasser tous les morceaux de chair qui étaient par terre et les mettre sur le côté. Mais on m’a dit de ne pas le faire. Qu’on allait les emmener aussi et les recoudre plus tard dans leurs corps.... Alors nous avons tout rassemblé et nous avons tout mis dans des sacs plastiques et c’était brûlant, brûlant, leur chair était brûlante."

"Je crois qu’ils le font exprès," a ajouté Haitham. "C’est exprès Tammi... Les gens ici n’ont rien à faire de toutes façons et ils n’ont rien et leur vie est très dure. Tellement dure... Alors pourquoi profiter du ramadan pour faire ça ? Pourquoi faire une chose pareille et détruire leurs dernières illusions ?"

"C’est pour ça justement," ai-je dit. "C’est pour détruire toutes leurs illusions. Leurs... Comment dit-on en Hébreu, j’ai oublié".

"Pour qu’ils n’aient plus d’espoir, Aya. C’est le mot que tu cherches : espoir. C’est ça leur but."

"Je ne suis pas raciste," reprend Haitham. "Je vois les choses sous plusieurs angles. Il peut se passer ceci ou cela et je réfléchis encore et encore. Et je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Mais eux ils font tout cela par racisme. J’en suis sûr. Ils ne le font pas à cause des pierres ni à cause de Wajih. Mais par racisme pur et simple. Autrement ils n’auraient pas tué ces deux personnes.
C’est leur racisme qui a tué Mu’tasem. Et Abu Ali. Leur racisme..."

"L’atmosphère au camp est très pesante maintenant. Notre coeur est lourd" conclut Haitham, en brisant un long silence. "Et nous avons peur. La peur des soldats ne nous quitte pas. Nous avons peur d’être tués si nous sortons la nuit. Ils tirent de très loin. Et la nuit les bruits portent. Les gens n’osent plus ouvrir leurs fenêtres tellement ils ont peur.

Voilà , je vous ai raconté tout ce qui est arrivé dans le camp la première nuit de Ramadan... Tout ce qui s’est passé."

A., est un autre de nos amis de Qalandiya (A. est un de nos meilleurs amis qui nous demande de respecter son anonymat car il a peur que si les soldats apprennent qu’il nous parle de ce qui se passe dans le camp, ils ne s’en prennent à sa famille). C’est lui qui nous a parlé de tout ça le premier, tout de suite après que ça soit arrivé. Il nous a appelées 20 minutes après le meurtre dans le camp, alors qu’on entendait encore l’appel à la première prière du Ramadan, que Mu’tasem était déjà mort, et Ali pas encore et que Ma’amun était inconscient et tout ça semblait irréel comme un roman, un film ou un cauchemar.

Voilà ce que A. nous a dit : Mu’tasem était intelligent, vous savez. Il a entendu du bruit... On dit "Cet homme a fait son temps". Il a ouvert la porte et a fait un pas dehors, les soldats ont vu un gars regarder dehors et ils lui ont tiré dessus.
Je ne sais pas mais pour moi il n’est pas mort tout seul, c’est quelqu’un qui lui a tiré dessus. Cet homme a été tué par balle. Celui qui a tiré, je veux dire, qu’est-ce qu’il dit à sa famille chez lui maintenant ?

Il est assis tout seul chez lui ; il a peut-être des enfants et sûrement une famille ou une mère, des frères, un père lui aussi... Et il est assis chez lui et il raconte qu’il a tué un enfant aujourd’hui. Pourquoi ? il ne sais pas pourquoi. Parce qu’il n’y a pas de raison. Qu’avait fait ce jeune ? Qu’est-ce qu’il m’avait fait ? Etait-il armé ? Non il ne l’était pas. Etait-il, comment vous dites, un combattant arabe ? Non pas du tout. Et je sais qu’il n’avait rien sur lui. Il ne jetait pas de pierres, il a juste fait un pas dehors et soudain je l’ai tué, pourrait dire le soldat.

Et moi je vous le demande, ce soldat, que peut-il dire ?

S’il a un coeur, qu’est-ce qu’il peut dire ?

Il dira peut-être, mon dieu, pourquoi est-ce que je l’ai tué ? Voilà ce que je crois. Il ne peut rien dire d’autre parce que, pourquoi, pourquoi l’a-t-il fait ?"

Et Tamar dit, "je pense qu’il est assis chez lui en train de... réécrire l’histoire.... de se fabriquer un scénario approprié."

"Non, non, attends," l’interrompt A. "Il l’a fait et il le sait bien.

Il aurait pu viser sa jambe, n’est-ce pas ? Il aurait pu lui tirer dans la jambe et le blesser. S’il avait voulu. Mais il a visé la tête.

Et Tammi, sur leurs fusils, ils ont un.... il regarde dans son viseur... il regarde et il sait. Tu comprends... Alors je ne sais pas ce qu’il..... comment il se sent, assis chez lui, en sachant, en sachant qu’il a tué.

Dites moi, le soldat est un être humain, n’est-ce pas ?

Il a un coeur, n’est-ce pas ? Alors qu’est-ce qu’il se dit à lui-même. Qu’aujourd’hui j’ai tué un garçon. Qu’est-ce qu’il se dit à lui-même....."

Aya Kaniuk et Tamar Goldschmidt.

Traduit de l’Hébreu par Tal Haran et de l’Anglais par Dominique Muselet.

Pour consulter l’original : http://mahsanmilim.com/mu3tasem&3ali.htm#english

COMMENTAIRES  

04/09/2011 13:47 par Richard Ligety

Frappant témoignage du cauchemar que vivent les Palestiniens . Un peuple , qui as autant soufferte de nazisme , se constituant en état , refont les même horreurs , que leurs bourreau d’autre temps .

04/09/2011 15:22 par Prairial

Le titre se veut ironique , il est en fait une affirmation : oui ces gens sont des humains !

Et c’est bien là qu’est le problème . Il serait trop facile d’en appeler encore aux images , aux mots menteurs . On dit par exemple ’’ l’homme est un loup pour l’homme ’’ et certaines autres expressions qui dédouanent l’homme coupable d’atrocités comme il est décrit dans cet article .
En disant qu’il perd sa condition d’homme on considère que l’on peut accepter le fait , un homme ne fait pas ça , seul un animal fait ça .

Or justement c’est faux . Un animal tue , pour manger , pour se défendre , pour éloigner ceux qui risqueraient de mettre en péril sa famille , quelquefois parce qu’il est atteint d’un trouble , mais un animal , et surtout pas un loup , n’invente pas une société dans laquelle les autres animaux ne comptent plus et deviennent des choses . Pour le lion la gazelle est une gazelle , il la considère comme telle et la tue comme telle .
Cela se complique lorsque l’homme , par sa culture viciée abdique de son empathie pour ne plus considérer les autres que comme des cibles à exploser .L’homme technologique appartient plus à la machine qui décuple son pouvoir de nuisance depuis le couteau jusqu’à la bombe atomique mais il demeure un homme !

Non , ce serait bien trop facile de dire qu’ils ne sont plus des hommes , ils le sont et c’est la raison pour laquelle ils sont responsables et le demeureront .
Ces situations sont malheureusement habituelles dans l’histoire des hommes , des civilisations , les milliers d’empalements de Gensiz Khan en témoignent , les millions de gens passés dans des fours aussi . Leurs bourreaux n’avaient aucun état d’âme , ils accomplissaient un travail et le matériel c’était d’autres hommes , simplement dans leur esprit on leur avait appris que ce n’était pas le cas , qu’ils n’appartenaient plus à l’espèce , qu’ils devaient êtres éliminés .Les kmers de Pol Pôt procédaient de même et en masse .

Oui bien sûr , et sans hésitation possible , un individu qui se ballade , chargé d’un matériel de guerre sophistiqué dans un pays où les ennemis sont de simples lanceurs de pierres qui expriment une colère légitime , cet individu est un homme , un meurtrier , un assassin , il l’est dès lors qu’il a accepté de servir ce système , et je dis bien , pour moi il a accepté !

04/09/2011 16:31 par Amaru

@Richard Ligety :

Le nazisme et le sionisme ont une même racine, celle de se croire race supérieure ou race élue. Sur ce thème, les "aryens" voulaient évincer les fondateurs de Bible... parce que, par cette Bible, ils paraissaient supérieurs à eux, ce qui s’apercevait par leur mainmise sur la finance... comme vrai POUVOIR caché. Mais en réalité, ils sont intimement frères... et aujourd’hui, tout le démontre par la nature de leurs connivences ainsi que la nature de leur esprit qui induit le même comportement.

Par contre, la haine des arabes est commune aux Aryens et aux Sionistes, les uns par leur racine chrétienne, les autres par leur racine biblique. .. sans que des deux côtés il y ait de véritables raisons... si ce n’est que les arabes et, au travers d’eux : le monde musulman... paraît, lui, être une sorte de rejet indépendant... à la base du tronc commun. Aussi, il s’ensuit le fait que c’est comme si toute race supérieure devait s’épurer car qui se dit "supérieur", entre dans l’esprit hégémonique ou de domination, se place au seul niveau du POUVOIR, et se doit d’éliminer dans son totalitarisme tout ce qui pourrait porter la moindre ombre à son brillant de brillantine artificielle... qu’est leur imposture à prétendre être supérieur ou élu... de DIEU.

Tout ce qui prétend appartenir à une race supérieure ou un peuple élu, comme tout ce qui n’a de cesse que d’inventer le POUVOIR et l’accaparer... devrait apparaître aux yeux de l’humanité comme ce qui lui est le plus étranger, une sorte d’aberration ou d’ALIEN à rejeter...

Et DIEU est le suprême artifice qui permet cela.

Malheureusement, tous les corps "malades" ne savent pas tous se défaire de leur maladie, surtout s’ils ont été contaminés par l’esprit d’artifice et de mensonge, notamment celui de la puissance de la FORCE..., que leur ont déversé ces aberrations autoritaires dans leurs oreilles... et cette maladie se développe alors en eux jusqu’à ce que l’ensemble meurt, maladie comprise ! Nous en sommes là aujourd’hui !

Et ne croyez pas que tout soldat est un homme, c’est tout simplement un adepte ou un kidnappé de cette aberration qui domine l’humanité. C’est un robot-coop... ! L’humanité vraie n’a pas d’exosquelette, tout miltaire qui est, en fait : un militant..., en est porteur d’un, c’est une des premières marques de l’esprit étranger dans notre monde.

La Palestine, l’Afghanistan, l’Irak, le Barhein, l’Ethiopie, la Somalie, le Yemen, le Congo, la Côte d’Ivoire, l’Egypte, la Tunisie, la Grèce, la Libye, le Liban, la Syrie, l’Iran, tout cela forme déjà ou va former la pourriture à coeur ouvert de l’humanité... Et rien n’empêchera cela car il y a trop de choses à changer, trop de valeurs à jeter à la poubelle que personne ne veut ou ne sait jeter... L’HORREUR est donc là et il va falloir la vivre... !

04/09/2011 16:47 par lisa

Le soldat est un humain. Certes ! C’est aussi une sécrétion du pouvoir. Le soldat a aussi un "karma", un vécu, une histoire, une hérédité, un tempérament, qui font qu’il est soldat et non poéte.

Chomsky a dit à peu prés ceci : "Chacun de nous peut devenir un saint ou un nazi. C’est une affaire de choix".

04/09/2011 20:19 par Prairial

@lisa

pour le vécu et l’histoire je vous suis , c’est le contexte des premières années , le milieu , la culture en somme , mais personnellement je ne crois pas à l’hérédité en matière de transmissibilité de désir de tuer , ça ce sont les thèses sarkosienne , le gène de l’assassin en somme , soit ne reposant sur rien qu’une volonté de doter d’une raison raison scientifico-charlatanesque à des desseins d’asservissement et d’oppression .
Le créationnisme aidant et revenant à point pour étayer la notion d’inéluctabilité on peut comprendre que certains se laissent aller à ces facilités mais comment les en excuser ? Je ne possède pas la réponse ...sauf que je ne souscris pas à l’histoire de la fatalité , guerrière ou autre .

04/09/2011 22:37 par lisa

@Prairial, tout à fait d’accord ! Vous m’avez fait sourire à propos de "hérédité et les théses sarkoziennes" ! J’aimerais bien croire qu’on "devient" soldat, sans aucun indéterminisme, mais je me pose des question, ayant en téte le "cas" d’Alexandre le "grand" qui fut éduqué par le philosophe Aristote, mais qui, au final, devient un guerrier !

Je crois, que dans l’armée, il y a de pauvres gars qui ne savent pas quoi faire dans le civil, d’autres qui croient que la guerre est un jeu vidéo, mais il y a aussi des gens sans foi ni loi, et des haut gradés assoifés de gloire et de pouvoir. Les ressorts de la nature humaine sont assez mystérieux.

Et puis, comment expliquer que tout change, s’améliore ou se dégrade, sauf cette constante qu’est la guerre ?

Cordialement.

05/09/2011 00:15 par Prairial

’’ à l’heure où je vous parle , il y a cent mille fous de notre espèce , couverts de chapeaux ,qui tuent cent mille autres animaux couverts de turbans pour quelques tas de boue grands comme votre talon ...il ne s’agit que de savoir s’ils appartiendront à un certain homme qu’on nomme Sultan ou à un autre qu’on nomme , je ne sais pourquoi , César ....Presque aucun de ces animaux n’a jamais vu l’animal pour lequel ils s’égorgent . ’’

Voltaire

plus récent :

Si les cons savaient voler le ciel serait kaki
L’ennemi est bête , il croit que l’ennemi c’est nous , alors que c’est lui , j’en ris encore !
Il ne faut pas désespérer des imbéciles , avec un peu d’entrainement on peut en faire des militaires .

Pierre Desproges

Séquence détente .

05/09/2011 23:01 par Vaugly

@ Prairial

Et Einstein nous dit du militaire

Qu’"il ne possède un cerveau que par hasard, une moelle épinière aurait pu lui suffire".

Sans parler de l’ironie de Clemenceau :

"La guerre est chose trop sérieuse, pour être confiée aux militaires".

(Commentaires désactivés)