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Le New York Times déplore le désengagement des États-Unis de Syrie alors même qu’il n’y en a aucune trace

Photo : Mauricio Lima / The New York Times

En première page, le New York Times livre une ’Analyse de l’actualité’ complètement à côté de la plaque sur la possible fin de l’occupation illégale de l’est de la Syrie par l’armée des Etats-Unis : Les États-Unis quittent la Syrie, ouvrant une ère post-américaine au Proche-Orient

Quand la Turquie, l’Iran et la Russie se rencontrent pour parler de la fin de la guerre en Syrie, ils le font sans les États-Unis.

Les pourparlers de paix pour résoudre le conflit israélo-palestinien sont gelés depuis des années, mais le plan tant attendu de Trump pour sortir de l’impasse n’est pas encore diffusé.

Et maintenant, en dépit de messages contradictoires sur le comment et le quand, les États-Unis sont sur le point de se retirer de Syrie.

Ce retrait, qui, selon les militaires, a commencé vendredi par l’évacuation du matériel, n’est que le dernier pas d’un désengagement américain plus large du Moyen-Orient qui pourrait avoir des effets durables dans l’une des régions les plus instables du monde.

Les États-Unis ne se sont pas ’désengagés ’ du Moyen-Orient et ne le feront probablement pas. Leur armée compte quelque 53 000 soldats stationnés dans au moins 27 bases de 12 pays du Moyen-Orient (sans compter celles de Syrie).

Voici ci-dessous une estimation du nombre de soldats américains stationnés au Moyen-Orient en 2017 :

En plus des soldats, il y a un grand nombre de civils qui les aident ou les relaient :

En juillet 2018, si l’on exclut à nouveau l’Afghanistan, 22 323 personnels privés employés par le Pentagone travaillaient dans la zone d’opérations de CENTCOM au Moyen-Orient, dont 9 762 citoyens américains, 12 020 ressortissants de pays tiers et 541 ressortissants des pays hôtes. Cela représente une augmentation de 15 % par an du nombre de personnel privé que le Pentagone utilise dans la région. Le recours à des entreprises privées pour remplir des missions qui, il y a 15 à 20 ans, auraient été menées par les troupes américaines donne l’impression que l’empreinte militaire américaine a diminué dans la région.

Les États-Unis ont d’énormes intérêts économiques au Moyen-Orient. Les ventes d’armes américaines dans la région s’élèvent à plus de 5 milliards de dollars par an. Environ 17 % des importations de pétrole des États-Unis, soit 1,75 million de barils par jour, proviennent du Moyen-Orient. Le contrôle des hydrocarbures du Moyen-Orient est la raison officielle du maintien de forces étasuniennes dans la région. Cela ne changera pas.

Le Moyen-Orient occupe plus de place dans la couverture médiatique et les discussions sur la politique étrangère des États-Unis que n’importe quelle autre partie de la planète :

L’ensemble de la population des 15 pays du Moyen-Orient concernés par le présent document (414,3 millions de personnes) représente un peu plus de 5 % de la population mondiale totale (7,6 milliards). Pourtant, dans les cercles politiques et médiatiques américains, la région est au centre de bien plus de 5 % des discussions sur la politique étrangère américaine. En effet, en dehors de la Corée du Nord, de la Chine et des questions commerciales propres à chaque pays, un Américain qui regarde les nouvelles ou lit un journal des grands médias pourrait penser que la politique étrangère des États-Unis ne concerne que le Moyen-Orient.

Appeler le transfert de quelque 2 à 5 000 soldats et de leurs sous-traitants civils de Syrie vers de nouvelles bases en Irak un ’désengagement’ de tout le Moyen-Orient, c’est évidemment de la foutaise.

L’administration Trump n’a pas modifié la politique de ’changement de régime’ mise en place, contre la Syrie, par la malchanceuse administration Obama. Elle n’a pas non plus arrêté la guerre contre le Yémen que l’administration Obama a aidé les Saoudiens à lancer. En Syrie, l’administration Trump ne fait qu’adapter l’ancienne politique à l’évolution de la situation géopolitique. Son occupation militaire de l’est de la Syrie était trop limitée pour espérer atteindre son objectif de ’changement de régime’, sans compter qu’elle nuit à ses relations avec la Turquie.

Le NYT qualifie le Moyen-Orient de ’régions les plus instables du monde’. C’est peut-être exact. Mais la faiblesse de l’engagement militaire des États-Unis n’est certainement pas la cause de cette volatilité. Au contraire, c’est la présence et l’ingérence des États-Unis dans le but de protéger Israël, qui causent les guerres perpétuelles, la souffrance et la peine :

Cela fait 45 ans que je suis de près aux relations du gouvernement et des entreprises avec le MO, et je dois fouiller dans ma mémoire pour trouver des situations où nos efforts bien intentionnés mais maladroits n’ont pas causé du tort au MO et aux gens qui y vivent. Je pense par exemple à L’USAID. Je me souviens de la grande reconstruction du réseau d’égouts et d’aqueduc d’Alexandrie, en Égypte. C’était une très bonne chose. Mais en revanche, on ne peut pas oublier les dommages infinis causés par le soutien inconditionnel des Etats-Unis aux politiques agressives d’Israël et leur réticence à conclure un accord qui ne serait pas entièrement à leur avantage. Pensez à la mort et à la destruction que nous avons semées en Irak.

L’’analyse’ du NYT et les citations qui viennent l’appuyer montrent une fois de plus que les discussions habituelles sur la politique étrangère dans les médias américains n’ont pas grand-chose à voir avec ce qui se passe en réalité, que ce soit la présence réelle des troupes et des bases américaines, ou les véritables relations économiques ou engagements politiques.

Les gens, au Moyen-Orient, adoreraient voir se lever une ’ère post-américaine’. Malheureusement, il n’y en a aucun signe. Le transfert d’environ 5 % des forces américaines d’un pays du Moyen-Orient à un autre n’indique pas un nouveau cap géopolitique.

Pourquoi essaie-t-on pourtant de le faire croire à l’opinion ?

Moon of Alabama

Traduction : Dominique Muselet

»» https://www.moonofalabama.org/2019/...
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La Tiers-Mondialisation de la planète, c’est le laminage des classes moyennes et la polarisation riches-pauvres de l’ensemble des sociétés, les ramenant toutes à l’état du Tiers-monde d’avant les « miracles ». On peut diversement décrire ce phénomène : « prolétarisation des classes moyennes », « classes moyennes à la dérive », « déclassement »… Bernard Conte analyse le caractère universel de cette transformation sociale comme résultat des politiques économiques néolibérales mises en oeuvre (…)
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