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Le gouvernement privatisé : c’est en bonne voie

Repris du site IDJ

Le cabinet noir de Matignon : des socités privées, des organismes européens et mondialisés.

On l’aura remarqué, le gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne a fait l’impasse sur de nombreux ministères traditionnels. En effet, il n’y a pas de ministère du Logement, pas de ministère des Transports, pas de ministère du Tourisme ou encore du ministère du Numérique. Ce qui fait hurler les professionnels de ces secteurs.

Non pas qu’ils aient été « oubliés » par la Première ministre et, surtout, par le Président de la République, mais parce que ces ministères, comme bien d’autres, sont remplacés depuis belle lurette par un cabinet fantôme qui agit en lieu et place de nombreux ministres. Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a préféré, par discrétion, ne pas les nommer publiquement.

En fait, au Quai d’Orsay, siège du ministère des Affaires étrangères, est nommé l’OTAN. A la Santé : l’OMS et McKinsey. A Bercy, les super-ministres de l’Économie s’appellent l’OMC, (organisation mondiale du Commerce) et la Banque centrale européenne (BCE). Aux Fiances et aux Affaires sociales : McKinsey, branche Pfeizer. A l’Education : Open Society. A l’Environnement, le World Economic Forum.

Avec cette équipe de choc, la mondialisation va s’occuper de nous !

COMMENTAIRES  

25/05/2022 08:11 par MARC
25/05/2022 19:30 par Assimbonanga

Pas de ministère du numérique...
« Remettre le numérique au service des citoyens » : le Venezuela continue d’innover.

La nouvelle plate-forme électronique lancée le 21 mai 2022 au Venezuela lors d’une vaste réunion d’organisations populaires (photo) porte à une nouvelle puissance le « gouvernement citoyen en ligne ». De quoi s’agit-il ? « Le gouvernement se connecte en temps réel avec les organisations populaires, avec les conseils communaux et leurs problèmes. Il transforme le problème et le besoin en droits d’obtenir une réponse immédiate de l’État. Le but est de récupérer pleinement les indicateurs sociaux et économiques du pays » a déclaré le président Maduro en inaugurant le premier « centre de réponse », symboliquement installé au palais présidentiel. Ces centres seront installés dans tout le pays. La plate-forme supervisée par le ministre de la planification Ricardo Menéndez recevra les plaintes par le biais de la nouvelle application sociale VenApp, que chacun(e) peut télécharger sur son portable ou son ordinateur. « Ainsi les rapports parviendront directement aux maires, aux gouverneurs, aux ministres, afin que nous puissions commencer à traiter les problèmes. Le système fera apparaître en ligne la plainte, le processus et le résultat, afin que les gens puissent faire le suivi du processus et des résultats » explique Nicolas Maduro qui y voit « un instrument de la transition au socialisme, de lutte contre une bureaucratie qui retarde les réponses ». Les 382 rapports reçus dans les premières heures concernent : l’eau potable (255 cas), la santé (61), l’éducation (37 cas) et 29 autres aspects. En 24 heures, près de 50% des cas ont été résolus.

(C’est pas une chiche convention citoyenne de 150 culs-serrés.)

26/05/2022 10:08 par babelouest

@ Assimbonanga
Avec des copains à l’international, justement, nous sommes en train de combattre le numérique, TOUT le numérique.

Qu’on ne s’y trompe pas : à l’heure où les mises en garde se multiplient pour promouvoir la sobriété énergétique, se multiplient les applications gourmandes en électricité. Fermes d’ordinateurs colossales, capables d’évacuer la chaleur produite en chauffant des immeubles, voire des quartiers entiers, antennes émettrices par centaines de milliers, capteurs divers par milliards, voire voitures électriques qui sont des gouffres à énergie, de qui se moque-t-on ? Tout passe par l’électronumérique. Y compris bien entendu les ondes dures électromagnétiques pulsées.
.
C’est au point que par exemple un fermier a réussi à gagner un procès parce que ses vaches produisaient moins de lait, voire mouraient à la suite de l’implantation d’une antenne. L’humain aussi, est un mammifère, que je sache. L’électronumérique tue le vivant. Des désordres assez similaires ont correspondu à la mise en place de nouvelles lignes à haute tension. Et tout cela pourquoi ?

La grande propagande y compris gouvernementale a été que le numérique allait tout résoudre, grâce à des "systèmes experts", des "robots", et autres applications. Que constate-t-on ? Beaucoup de "moins jeunes" sont perdus dans un monde qui affecte de les oublier soigneusement. Grâce à l’automation, là dans un bourg où il y avait plusieurs commerces, ils sont fermés en raison de l’implantation de "grandes surfaces" placée trop loin pour qui est à pied ou même en vélo, "grandes surfaces" où de plus en plus c’est le client qui fait le boulot sauf quand "ça marche pas" (et c’est souvent en panne). Tout devient "virtuel", c’est-à-dire que là où il y avait un sympathique vendeur, ou un postier, il n’y a plus que d’arides applications "expertes", mais limitées à l’intelligence de celui qui les a écrites, avec des aberrations qui font qu’on est bloqué. En fait tout est déporté (moyennant les pertes de transport, ne l’oublions pas) dans ces fameuses fermes d’ordinateurs quelque part, peut-être à des centaines de kilomètres quand ce n’est pas plus.

Les voitures ? Autrefois chaque mécano de village pouvait vous dépanner, aujourd’hui c’est "l’électronique" qui commande tout dans des boîtes noires rebutantes, où trop souvent ce sont des codes spéciaux à une marque qui obligent à aller encore plus loin pour trouver "la" valise de diagnostics adéquate. On marche sur la tête, non ?

Si vous vous adressez à ces super-fanas du tout-numérique pour tenter d’expliquer vos doléances, avec des étoiles dans les yeux ils vont vous vanter les pseudo-avantages du système, où tout est automatique, où tout va très bien. Il ne restera qu’à leur répondre : « Mais si tout va si bien, que l’énergie ruisselle partout (avec un tiers des réacteurs nucléaires à l’arrêt pour panne ou maintenance), très bientôt c’est VOUS qui allez être remplacé (avantageusement ?) par un robot »......

Forçons le trait. Tout ce bazar nouveau est fabriqué grâce une industrie extractive de plus en plus diversifiée, qui oblige à collecter des minéraux souvent très rares dans le monde entier, avec des moyens d’arracher quelques grammes à des dizaines, des centaines de kilos de minerais, le plus souvent dans des conditions atroces. Comme ceux qui font cela sont très peu payés, même leurs enfants s’y mettent pour aider à simplement survivre. Comme les moyens sont très difficiles, les gens meurent des produits employés, arsenic, acides violents, mercure, qui polluent les rivières... puis tous ces métaux sont transformés, en Chine de préférence (oui, c’est ainsi), avec à nouveau des conditions de travail très dures y compris pour les enfants. Un simple smartphone comporte quelque chose comme 70 composants, dont presque rien n’est récupérable (certains sont présents en milligrammes) alors qu’au départ ce sont pas loin de cent kilos qui ont été arrachés à la roche pour un seul appareil.

Vive le numérique ! Gourmand, voire très gourmand en énergie, il s’ajoute à tous les autres besoins en énergie qui, ne nous leurrons pas, ne seront en rien économisés : il s’agit là d’une surcouche, et non d’un progrès dans l’économie de moyens. Donc, connaissant tout cela, il va falloir choisir : continuer toujours plus fort, toujours plus haut, toujours plus.... plouf ! ou réfléchir aux moyens vrais de VIVRE, et non de faire vivre une industrie toujours plus avide. Même au Venezuela. Il n’est pas tout-à-fait trop tard.

28/05/2022 06:27 par calame julia

Passer autant de temps en commémorations de ceci, de cela à tel point qu’il va falloir en
inventer, est le signe que le président ne gouverne pas : il s’amuse. D’autres font le boulot.
Ses interventions le révèlent quand ses discours (!) ne sont pas incarnés... Et, je me demande
encore comment une femme de presque soixante-dix ans fait pour accepter que son pays, son peuple
soit à tel point négligé ?!

28/05/2022 10:32 par keg

28/05/2022 - Journal de guerre N° 35 (J + 93) - https://wp.me/p4Im0Q-5A1 - Ils vont faire des économies sur leur dos (et plus sur le nôtre…). Il n’est que temps de créer une qualité électorale par l’élimination des minables et des bouche-trous. Avoir des députés ne représentant que moins de 12,5% des inscrits au 1er tour (133 sur 577 dont 28 REMistes) est indigne d’un grand pays et n’est qu’annonciateur d’un déclin en vitesse surmultipliée….

28/05/2022 14:43 par Assimbonanga

Aujourd’hui, même France inter consacre un dossier aux cabinets de conseil. Il s’avère que ce système est un organisme parasitaire qui suce la sève de l’agent public comme un vampire. McKinsey, Boston Consulting Group, Roland Berger, Accenture ou encore Wavestone. Pourtant, cela n’empêchera pas la rédaction de France inter de continuer de soutenir mordicus son petit Macron... Les hôpitaux se meurent, les cabinets de conseil prospèrent tels des chancres, des mérules, la gale ! Le reportage dit tout et même que Castex a promis une réduction qui s’apparente à 2% alors que Macron a plus que doublé le phénomène. Même quand des lois européennes interdisent les abus, le gouvernement trouve des parades ou dérogations.

@babelouest, merci ! J’ajouterai qu’on cherche désormais des gisements de lithium partout en Europe ( nous devenons persona non gratta en Afrique !), pas seulement en Serbie ou dans une vallée protégée du Portugal mais ici en France où la convoitise se tourne sur des zones naturelles, des rives et des berges qui risqueraient carrément d’être emportées après l’extraction suite aux forages. C’est complètement dingue mais je ne vois pas ce qui pourra stopper l’espèce humaine dans son expansion. On ira jusqu’au bout !

28/05/2022 15:35 par J.J.

...et au bout ça sera le trou, comme celui du Poinçonneur des Lilas.

30/05/2022 18:56 par Autrement

Cher Bernard Gensane, je reviens d’un exil médical de plusieurs jours, et je trouve entre autres sur LGS la « brève » que tu as très opportunément reproduite du blog « tout-ça-n’empêche-pas-Nicolas... »

C’est essentiel de réfléchir sur cette « privatisation en bonne voie » de notre gouvernement, et du système institutionnel en général.
Les exemples donnés sont percutants. Et je pense aux postes occupés respectivement par Fabius père et fils, l’un à la tête du Conseil consrtitutionnel, l’autre chez MacKinsey...

Cela montre à quel point on aurait tort, face à ces intrusions du privé, de sous-estimer la portée et l’efficacité des batailles parlementaires, comme le font trop souvent les beaux esprits, dédaigneux du travail de nos élus : soutien aux revendications et suite à donner aux luttes, recherche d’informations, dossiers, préparation d’interventions ciblées et argumentées, interventions aussi devant la Presse et en direction du grand public, avec l’effort incessant pour percer le mur de silence et de mensonges qu’Elle oppose à tous ceux qui risqueraient de réveiller et de mobiliser durablement les consciences.

Évidemment, en fait d’élus, il y a une crise de la Représentation. Cela s’explique par la Constitution elle-même (1958 !), et par les innombrables traficotages dont elle a été l’objet au cours des mandatures, de la part des gardes du corps, valets de chambre, cuistots, marmitons et autre domesticité du capital.
Mais cela ne veut pas dire qu’on pourrait se passer complètement de système "représentatif", ni qu’il faille prêcher le mépris des élections (ou du tirage au sort éventuellement), comme c’est devenu la posture facile de beaucoup. La preuve : l’Assemblée Nationale fait encore tellement peur aux puissants, que Macron voulait réduire drastiquement le nombre des députés !

Les Insoumis, dont le nom ne ment pas (même si on n’en est pas encore à Retournez les fusils...), qui sont présentement la principale force populaire capable de labourer dans le bon sens le terrain politique figé des vieux partis, - et quels que soient leurs défauts ou errements divers, - savent mener ces batailles et sont pleins d’inventivité. Je pense à Adrien Quatennens, François Ruffin, Mathilde Panot, Caroline Fiat, et tant d’autres responsables nationaux ou locaux.
Ils sont prêts à conquérir une majorité, avec d’autres, sur un programme prévu pour combattre de front la politique de Macron. Et pour aller toujours plus loin au fur et à mesure que les luttes se développeront.
Ils sont soutenus, non pas par des cabinets-conseil, mais par un parlement de campagne composés de syndicalistes, responsables associatifs, juristes, artistes, métiers de la culture et personnalités diverses.

J’invite donc les doctrinaires enfermés dans leurs miradors et bardés de barbelés idéologiques à en sortir pour considérer sans préjugés le paysage de l’actualité.
Et surtout, sans procéder à cette manie infantile propre à la sénilité politique, qui consiste à étiqueter, étiqueter, encore étiqueter et toujours étiqueter, avec plus ou moins d’originalité. Soc-déms, troskystes, eurolâtres, vert-moulus, vieux lambertiste (« vieux lambertiste » : ya pas plus con comme injure).
J’invite ces étiqueteurs rigidifiés à consulter Je - Sur l’individualité, ouvrage collectif, Messidor 1987. Ils trouveront (entre autres) p. 209-247 la contribution de Lucien Sève intitulée « La personnalité en gestation ». Avec les rubriques suivantes, indispensables à toute réflexion marxiste sur l’activité politique : « L’individu humain, une variable historique.- Le point aveugle de la psychologie.- La personnalité comme objet théorique et pratique inédit. - Formes historiques d’individualité.- Déterminations sociales et fait naturel de l’individualité.- La question de la subjectivité. - Emploi du temps et biographie. - Une révolution biographique.- Crise de la vie militante ? - Pour une science du singulier. - L’avenir d’une gestation. »

Sur ce sujet, je peux renvoyer aussi les amateurs à un article très nourrissant de la revue Contretemps (Revue de critique communiste), intitulé : « Enquêter pour retrouver l’espoir » ; c’est l’épilogue de l’ouvrage de Haud Guéguen et Laurent Jeanpierre, La perspective du possible. Comment penser ce qui peut nous arriver, et ce que nous pouvons faire, coll. « L’horizon des possibles », éd. La Découverte, 2022.

Ne pas oublier que le possible est une catégorie de la pratique (et non seulement de la logique dogmatique) : le possible est inséparable du rendre possible.

Geb et beaucoup d’autres trouvent les Insoumis débiles. Il se plaint d’ailleurs du naufrage de la vieillesse. Mais c’est moi la plus vieille ici : j’avais 30 ans en 68. Qui dit mieux ?
Alain écrivait déjà - ce que ne renieraient ni Marx, ni Lénine, ni Jaurès : « savoir utiliser la force du vent contre le vent ».
Alors dernière référence savante : un des Petits Livres d’Or (à Gilet jaune ?) que je lisais jadis à mes enfants :
« Je suis Hublot, chien matelot,
Je suis Hublot, chien matelot,
Vent ou tempête, rien ne m’arrête,
Voile au vent, en avant ! »

31/05/2022 07:03 par Bernard Gensane

Á Autrement : bonne convalescence et merci pour ton soutien.

01/06/2022 17:28 par Autrement

Merci Bernard, tu es un frère.
Ton mot me fournit l’inspiration pour rectifier un erratum de mémoire et compléter mon raisonnement.
La phrase du philosophe Alain est exactement la suivante : "L’homme oriente sa voile, appuie sur le gouvernail, avançant contre le vent par la force même du vent."
Cette description me paraît tout-à-fait convenir à l’excellent stratagème de lutte des classes (je dis bien : de lutte de classes) inventé par notre brave Méluche : retourner les possibilités institutionnelles à notre portée, avec les élections législatives, contre les institutions de la Vème ; armer l’Assemblée nationale contre le Présidentialisme, et par la même occasion continuer à démasquer ces messieurs des Cabinets, grassement payés par nos impôts pour régenter nos ministres ; bref, faire éclater au grand jour l’imposture du gouvernement macronique, et faire avancer notablement les droits des travailleurs.

J’ai regardé la vidéo du lancement de son parlement de campagne. Elle est encourageante. Le gars de la CGT-Paris a très bien et chaleureusement parlé, ainsi que la responsable de Via Campesina : la faucille et le marteau, en somme. Il y avait aussi Marie-Monique Robin, dont on connaît les capacités à batailler contre les multi-nationales, à commencer par Monsanto.

JLM a beaucoup insisté sur la nécessité de prolonger cette expérience au-delà des élections, étant donné la crise qui vient, les obstacles à surmonter et l’Union Populaire à développer. Surtout l’Union Populaire, qui doit être notre boussole (parce que la Nups’, appellation pourtant déjà contestée par le "nuancier" du ministère de l’intérieur...!).
Il a vivement souligné le fait que "Il est impossible de changer la société aussi fondamentalement que nous en avons l’ambition sans une implication populaire de masse​."
Car sur la question des retraites, des salaires ou des services publics, il ne sera pas facile de contraindre le patronat et les grandes fortunes à rendre gorge. Et de s’affranchir une bonne fois des Borne, des Khomry et des Véran. Et des Ursula.

Il ne suffit donc pas d’avoir le pied marin, encore faut-il savoir marcher sur le plancher des vaches.

Et à propos de vaches, l’Éducation nationale, vous avez vu le très vulgaire coup de com ? Nommer un Pap Ndiaye pour faire taire les profs indignés de la montée du racisme, tout en l’encadrant d’un Secrétaire d’État qui n’est autre que le bras droit de Blanquer. Comme le remarque le SNES-FSU : "Pap Ndiaye entreprend de repeindre la coque pour effacer toute trace de Jean-Michel Blanquer et accueille à bord un nouvel arrivant, Jean-Marc Huart. Cet ancien bras droit de l’ancien ministre prend la tête d’un cabinet qui maintiendra la ligne sans aucun doute..."
Et la privatisation de l’Enseignement lui aussi va continuer...
Sans compter la dernière et pittoresque trouvaille du Ministère : le Job-dating, "30 minutes pour devenir enseignant" ! Pour pallier la crise du recrutement, on a pu voir sur Fce2, sous ce titre si parlant, "les journées de recrutement organisées par l’Académie de Versailles dans différents départements d’Ile-de-France du 30 mai au 3 juin, en partenariat avec Pôle Emploi et l’association pour l’emploi des cadres (Apec). "
Plus qu’un tollé, il faut des hurlements ! Allez-vous laisser s’installer ces ministres-là ?

Etc. etc. etc.

Pour me calmer, je reviens à Anatole France, dont je partage le goût avec Bernard Gensane, parce que la langue de cet écrivain est comme de l’eau de source des montagnes. À propos de Thaïs, j’ai omis de parler de la fin, qui est pourtant l’essentiel. Pendant que la courtisane Thaïs, convertie par le moine Paphnuce, achève de devenir une sainte, Paphnuce, lui, se damne au sommet de sa colonne de stylite, gagné par l’orgueil irrépressible d’avoir sous lui une foule d’adorateurs et d’admirateurs de ses miracles, et surtout hanté par le désir effréné des plaisirs d’amour qu’il s’est lui-même retenu de goûter.
Il faut dire que Thaïs n’était pas seulement une courtisane, mais une actrice de théâtre pleine d’intelligence et de sensibilité, qui avait su se faire applaudir des lettrés alexandrins dans le rôle d’Iphigénie.
On comprend que ce conte "ait fait les délices de la chrétienté pendant quatorze siècles". Et qu’un zélé Père jésuite ait couvert d’injures l’écrivain qui l’avait repris : d’autant que celui-ci en avait compris le sens mystique, tout en condamnant l’austère monothéisme répressif, et en suggérant que les dieux des païens, eux, faisaient un meilleur usage de leur humanité.

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