Réimpulser la Révolution Bolivarienne

Le chavisme sans Chávez commence vraiment

La Révolution Bolivarienne, le chavisme c’est beaucoup plus que l’exploit d’avoir gagné 18 des 20 élections sur 16 ans. Les victoires et défaites électorales sont un marqueur, le reflet d’un sentiment national à un moment précis, instable dans le temps comme les variations de la température du froid et du chaud.

« Les » partis d’opposition assoiffés de pouvoir qu’ils n’exercent plus depuis le commencement de la révolution, prêts à se dévorer entre eux pour la Présidence de l’Assemblé Nationale ou autres postes, se comportent ces jours comme des héroïnomanes en manque. Les dirigeants d’extrême-droite des partis qui composent la MUD, Ramos Allup de Acción Democrática et Capriles de Primero Justicia rivalisent dans le ridicule dans leurs déclarations à la presse avec l’arrogance qui les caractérise et l’irrespect des institutions démocratiques.
La MUD ne reconnaîtra pas la séparation des pouvoirs. Le Venezuela garantie constitutionnellement 5 pouvoirs indépendants : le Pouvoir Exécutif, le Pouvoir Législatif, le Pouvoir Judiciaire, le Pouvoir Electoral et le Pouvoir Citoyen. La MUD a gagné des élections parlementaires mais pense pouvoir disposer de tous les pouvoirs. Ils oublient que Nicolas Maduro est légitiment le Président avec la force d’un peuple conscient et organisé prêt à mourir pour défendre sa dignité.

Fedecámara, le “MEDEF” vénézuélien, a déjà annoncé l’agenda de la future Assemblé Nationale de la MUD qui prendra ses fonctions le 5 janvier prochain. Entre autres : abroger la loi organique du travail LOTT (le code du travail) pour flexibiliser les licenciements, réduire les droits des travailleurs etc., abroger la loi contre l’escroquerie immobilière, supprimer les subventions publiques, renvoyer les médecins cubains qui garantissent la santé publique et gratuite dans tout le territoire national, la privatisation des services publics.

La bourgeoisie vénézuélienne pense pouvoir exproprier le peuple en quelques mois avec quelques députés, pour revenir au modèle néolibéral excluant et corrompu. Ceci n’arrivera pas, il n’existe aucun peuple au monde, moins encore en Amérique Latine, qui se laisse détruire pacifiquement.

Le capitalisme nécessite l’intervention des forces publiques et la répression pour imposer la misère. Au Chili, pour détruire les conquêtes obtenues par le gouvernement socialiste de Salvador Allende, les fascistes ont assassiné des dizaine de milliers d’hommes et femmes. Quand une corporation transnationale veut s’installer au Pérou au détriment des populations locales, comme à Bagua en 2009, en réponse à la répression policière avec armes à feu, les paysans ripostaient avec des flèches et des lances : officiellement 25 policiers sont morts et 9 civils. La Fuerza Armada Nacional Bolivariana (FANB), Armée du Venezuela est patriote et chaviste, elle n’acceptera pas de massacrer son peuple pour les intérêts des oligarques laquais de l’impérialisme.

Comprendre le chavisme par les événements clés de son histoire :

Le 4 février (4 F) « Jour de la Dignité Nationael » de la República Bolivariana de Venezuela commémore la rébellion civique-militaire de 1992, la tentative manquée de renverser le gouvernement de Carlos Andrés Pérez par les militaires du Movimiento Bolivariano Revolucionario 200 (MBR-200) dirigés par le lieutenant colonel Hugo Chávez Frías.

27F-1989 : El Caracazo

Entre le 27 février et le 6 mars 1989, l’Armée et la police tiraient 4 millions de balles pour réprimer le peuple qui, appauvri et affamé, manifestait violemment à Caracas contre un paquet d’austérité imposé par le Fond Monétaire International (FMI) au gouvernement neoliberal de Carlos Andres Perez. La massacre aurait coûté la vie à plus de 3000 vénézuéliens bien qu’officiellement n’ont été reconnus que 300 morts.

C’est l’événement tragique qui décida Hugo Chávez et le MBR-200 à renverser le gouvernement, plan accompli 3 ans plus tard, qui coûta aux militaires révolutionnaires l’emprisonnement pour rébellion .

4F-1992 : « Pour l’instant »

« Malheureusement, pour l’instant, les objectifs que nous avions établis ont échoué dans la capitale. Ici à Caracas nous n’avons pas réussi à prendre le pouvoir. Vous, là-bas [en province] vous l’avez fait très bien, mais pour éviter plus de sang versé, il est temps de réfléchir et viendront des meilleures situations ;le pays doit prendre un nouveau chemin vers un meilleur destin. » Hugo Chávez 4 février 1992.

Hugo Chávez élu Président 1999

Cependant la rébellion du 4F, suite au discours de Chávez passé à la TV au moment de sa détention, avait converti Chávez en héros national, avec le soutien de la majorité du peuple qui exigeait sa libération. Quelques années après sa sortie de prison, Chávez gagne démocratiquement les élections présidentielle de 1999.

Immédiatement après avoir pris ses fonctions, le Président Hugo Chávez convoque une assemblée Constituante par référendum national, qui rédige la nouvelle Constitution approuvée également par référendum le 15 décembre 1999. Légitimée par le peuple, naît la 5ème République du Venezuela.

L’offensive de la bourgeoisie et de l’impérialisme nord-américain ne se fait pas attendre : l’opposition extrêmement violente inaugure les premières « Guarimbas ». Le patronat impose une grève générale dans beaucoup de secteurs, Petróleos de Venezuela, S.A. (PDVSA) l’industrie nationale du pétrole, qui était sous le contrôle de la bourgeoisie et de la CIA, est sabotée et paralysée pendant des mois, paralysant en conséquence tout le pays, même les ambulances n’avaient plus d’essence.

Coup d’Etat du 11 avril 2002

Le 11 avril 2002 le président Chávez est renversé par des militaires putschistes en connivence avec les mêmes qui conforment la MUD aujourd’hui et des médias TV. A Caracas les révolutionnaires manifestaient autour du Palais Présidentiel en soutien du Gouvernement Révolutionnaire alors qu’une marche contre-révolutionnaire était également convoquée. La marche de l’opposition est dirigée exprès par les putschistes à la rencontre de la marche chaviste pour provoquer l’affrontement. Le complot était préparé. Sous le “Puente Llaguno” un franc-tireur abat des chavistes et des opposants d’une balle dans la tête ; la photo en premier plan d’un chaviste armé qui riposte aux tirs fait le tour du monde : « Chávez tue les opposants ». Le coup d’Etat est consommé.

Pedro Carmona Estanga alors président de Fedecámaras (Federación de Cámaras y Asociaciones de Comercio y Producción de Venezuela – équivalent du MEDEF en France) est proclamé 48º Président de de la République Bolivarienne du Venezuela, 12 avril 2002 – 13 avril 2002.

Malgré la courte durée de son mandat (1 jour), Carmona reçoit immédiatement le soutien diplomatique du gouvernement des Etat-Unis, du FMI et autres institutions financières, et le soutien mondial de la presse.

13A-2002 – Victoire civique-militaire

La nuit du 13 avril, Chávez est libéré par des militaires loyaux, alors que Caracas déborde du peuple chaviste dans les rues, qui exige le retour du président et ne reconnait pas le dictateur imposteur. La Garde Présidentielle encercle le palais présidentiel et fait fuir Carmona et autres putschistes.

Quand Chávez revient au Palais Présidentiel, sauvé de justesse car l’ordre était de le tuer, il pardonne aux putschistes et donne la consigne à son peuple de rentrer en paix à la maison.

CHAVEZ VIVE !

Ernesto BUSTOS

 http://agencias.socialismo21.org/2015/12/12/le-chavisme-sans-chavez-commence-vraiment/

COMMENTAIRES  

15/12/2015 17:00 par eris

bonjour,
Naïvement je pose la question :êtes vous objectif ? parce que la situation matérielle que subit le peuple n’a pas été résolu à moins que les infos que j’entends soient toutes fausses...
Donc soyez concret !!! dites nous ce que Maduro compte faire pour éradiquer la corruption qui permet la pénurie et expliquez nous les divergences au sein du chavisme.
Arrêtez l’enjolivement des choses dans ce pays,soyez donc plus proche du peuple entre autre ne pas nous prendre pour des crétins.
cordialement

15/12/2015 21:14 par Vania

@enis
Vous dites :"C’est la corruption qui pemet les pénuries" NON ! C’est les oligarques qui organisent les pénuries car ils contrôlent la production et distribution des aliments ! (fedecamars)Les chavistas ont eu trop des considérations et de patience avec cette extrême-droite agressive et égoiste.. Ils doivent réorganiser la production et l’économie et faire le "golpe de timon" prévu par Chavez.

16/12/2015 18:09 par eris

@vania
oui c’est bien ce que je dit,Maduro comment gère t-il ça ?plutôt comment aurai t-il du gerer ca...
mon avis Maduro est confronté à plusieurs problèmes
1:le fait qu’il n’a pas su contrer l’attaque de l’oligarchie qui a complètement désorganisé les importations du Vénézuela par des blocus organisant la pénurie.
2:le fait que des divisions s’opèrent au sein du chavisme.
3:le fait que les militaires ont une part importante dans le chavisme du fait même du parcours de Chavez.
4:le fait issu du n°1 implique la corruption à tous les niveaux.
Conclusion:Maduro n’a pas les épaules,je peux imaginer Chavez s’adressant directement au peuple en invoquant un coup d’état intérieur,une manipulation de la réaction...Oui je pense qu’il aurai été capable de faire entrer le peuple en résistance,il en avait tout à fait les ressorts et le charisme ;une vision plus globale des choses pas un regard technocratique ce qui est l’erreur de Maduro même si les finalités sont bonnes et louables,notamment ses actions envers le social mais en oubliant le combat idéologique,la reflexion permanente,le dialogue clair et précis envers le peuple...

17/12/2015 01:19 par Vania

@eris
Il est facile de contrer l’oligarchie qui a l’argent$$, le pouvoir médiatique et l’appui international , quand on est derrière un clavier SEULEMENT....En théorie tout est simple, mais en pratique... Faire une révolution, ce n’est pas si facile, et avec l’ultra-droite du Vénézuela qui est ténace !! encore moins.Ce n’est pas une question de charisme(d’ailleurs l’opposition utilise cet argument , que Maduro n’est pas Chavez et blablabla) . Le chavisme est un mouvement collectif !!Maduro fait son possible dans les circonstances.Et bien entendu, il faut rectifier, corriger,avancer avec détermination. Pas simple,sa tâche... Je vous invite à vous mettre à sa place !

17/12/2015 18:19 par eris

@ vania
vous avez tout a fait raison Mme La Présidente

18/12/2015 02:24 par Ernesto Bustos

L’opposition d’extrême droite, néolibérale, totalement dévouée aux intérêts du grand capital et de l’impérialisme a gagné des élections parlementaires, mais cela ne veut pas dire qu’elle va pouvoir démanteler les conquêtes sociales acquises en 16 ans de Révolution Bolivarienne. Leur projet est d’une violence sociale extrême. La destruction d’un peuple ne peut se faire pacifiquement sans le soutien de l’Armée, qui elle est patriote et chaviste.

Une grande leçon à tirer, Fidel Castro avait prévenu Chávez : en 10 de Révolution Bolivarienne, le Vénézuela est passé de 600.000 à 2.400.000 étudiants universitaires, une croissance extraordinaire de 400%, de même pour la santé, les pensions, l’habitat etc., un exploit extraordinaire, même la Révolution Cubaine n’a fait autant en si peu de temps. Mais vous ne voulez pas convertir votre succès en profit ou avantage politique. Il n’y a pas eu d’expériences conséquentes de formation idéologique. Le peuple (une partie) pense que ces conquêtes acquises en révolution tombent du ciel et ne suppose pas un incroyable effort, qu’il n’est pas nécessaire de les défendre et qu’ils pourront les conserver même avec un gouvernement neoliberal.

Avant même le début de la nouvelle Assemblée Nationale qui commence le 5 janvier, les déclarations de l’opposition ont mis en alerte toute la population qui se mobilise tous les jours près a se défendre collectivement. "les agneaux qui célébraient l’ouverture de la cage des lions", beaucoup qui ont voté la MUD sont déja repentis. Le peuple n’a pas voté la MUD pour ce projet, mais pour exprimer son mécontentement du terrorisme des guarimbas et de la guerre économique. Réellement la MUD n’a aucune légitimité.

Cette crise va radicaliser la révolution, re-impliquer tous les citoyens pour la défendre et réimpulser le processus.

18/12/2015 03:02 par depassage

@ vania
Le juge intervient et déclare qu’eris a raison. Je plaisante bien sûr. Les hommes ne se comparent pas et nous erreurs viennent de leur comparaison. Pour une révolution, il lui faut aboutir à un système, ou bien elle ne pourra pas résister. Il s’agit de remplacer un système par un autre, sinon ce n’est que peine perdue. Un système peut être dirigé par le premier imbécile venu, mais une situation, seul un visionnaire est capable pour la diriger d’une manière exceptionnelle au profit de la majorité ou à l’encontre du système communément admis pour ne pas dire mondialement admis.

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