Dernières nouvelles du champ de bataille grec.

La tactique de Tsipras pour résister aux pressions de la mafia financière

Les créanciers de la Grèce augmentent la pression sur le gouvernement grec à mesure que le jour du référendum annoncé par Alexis Tsipras approche.

Après la fermeture des banques et le contrôle des capitaux, les créanciers tentent par tous les moyens d’ajourner l’expression du droit démocratique du peuple grec. Nous assistons à une nouvelle étape de la guerre de propagande féroce qui fait rage à l’intérieur et à l’extérieur de la Grèce, à propos du référendum.

Tsipras a pris ses créanciers par surprise en annonçant un référendum à très courte échéance, et de ce fait, la mécanique de propagande de la mafia financière fonctionne à plein régime et multiplie les scénarios terrifiants pour pousser le peuple à voter « oui ». Le décor de banques fermées joue le même rôle.

La propagande a deux objectifs. Le premier est de montrer au public que les créanciers sont de retour avec de nouvelles propositions en vue de parvenir à un accord avec le gouvernement grec. C’est clairement destiné à forcer le gouvernement grec à renoncer au référendum, car ces propositions n’auraient aucun sens dans une situation différente.

Le second objectif est de subvertir la vraie question du référendum et de créer un faux dilemme. Les officiels européens et les politiciens grecs de l’opposition néo-libérale ainsi que tous les médias mainstream privés, répètent à l’envie que le référendum ne porte pas sur les nouvelles mesures catastrophiques imposées par les créanciers. Il porte en réalité, selon eux, sur le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro (ou même dans l’Europe) ! A ce faux dilemme, s’ajoutent les scénarios catastrophes de Grexit destinés à terrifier les gens pour qu’ils choisissent le « oui ».

Juncker est donc sorti de sa boîte pour faire une nouvelle proposition au gouvernement grec avant la date à laquelle la Grèce doit injecter sa prochaine dose au FMI, à savoir mercredi, à l’aube. Bien sûr, ce n’est qu’une tactique pour forcer Tsipras à revenir à la table des négociations. Tsipras, qui n’est pas si bête, a répondu de la même manière : il a fait une proposition dont il savait qu’elle serait probablement rejetée par les créanciers.

Les créanciers essaient d’empêcher le référendum parce qu’ils ne sont pas sûrs de pouvoir modifier l’opinion publique en si peu de temps, et Tsipras prend la tangente parce qu’il veut absolument que le référendum ait lieu.

Pourquoi les créanciers et les oligarques locaux veulent-ils empêcher les Grecs de recourir à ce processus démocratique ou, sinon, les pousser à voter « oui » ? Parce que si le peuple grec rejette les mesures d’austérité, surtout avec une large majorité, les créanciers se retrouveraient face à la volonté du peuple grec. Comment pourraient-ils ensuite ignorer la volonté des autres peuples européens ?

Quoiqu’il en soit, si les représentants de la mafia financière décident de punir le peuple grec pour sa résistance afin d’envoyer le message aux autres peuples de la zone euro, ce sera probablement en cessant complètement d’alimenter les banques grecques en liquidités en utilisant le mécanisme ELA. Et ils ne pourraient rien faire de plus idiot. Le gouvernement de gauche grec considérera cela comme une vraie déclaration de guerre et Tsipras saisira l’occasion pour prendre le contrôle total du système bancaire, effacer la dette, et revenir à la monnaie nationale. Et voilà le vrai problème : à côté de l’impact qu’un tel développement aurait sur les marchés mondiaux, l’effondrement de Lehman Brothers aurait l’air d’une bagatelle.

Traduction : Dominique Muselet

 http://failedevolution.blogspot.gr/2015/07/tsipras-delay-tactics-on-financial.html

COMMENTAIRES  

01/07/2015 18:14 par marc

Article de Panayotis Morakis 1 juillet Brigada.gr

He ! Toi, tu as peur ? 

Je pense qu’aucun homme sensé n’a pu recevoir l’annonce du référendum sans étonnement ni peur. C’était et c’est un ressenti tout à fait logique parce que le NON au référendum signifiera de la manière la plus claire que nous n’acceptons pas le cadre du mémorandum imposé ces dernières années. Sortir du cadre cependant demande de l’audace, car aussi préparé que l’on soit, on se trouve dans des eaux inconnues.

Disons que nous sommes des esclaves enchaînés dans la cale d’un navire négrier qui navigue vers un port où nous serons vendus. Quelques uns ont réussi à se libérer, nous détachons les autres et planifions de prendre le navire. Alors certains disent qu’il serait mieux que nous restions enchaînés car nous ne savons pas naviguer. Il faut de l’audace et de la décision pour monter sur le pont, l’autre solution, c’est les chaînes, il n’y a pas de troisième choix.

Les élections du 25 janvier ont donné le premier message, que le peuple ne supporte plus l’austérité. Alors, à nouveau le système a tenté de nous effrayer, sans réussir. Ensuite il a entrepris de circonvenir SYRIZA en utilisant l’arme de l’asphyxie économique tout en négociant des propositions soi disant favorables de développement viable. Il n’a pas non plus réussi. Le résultat est le référendum. Alors il essaye avec une rage sans précédent et des attaques économiques de traumatiser le peuple, de renverser à tout prix le gouvernement et de donner un signal décisif à tout autre peuple de l’Europe qui se préparerait à renverser les gouvernements mémorandaires d’austérité.

Dimanche, donc, nous avons à choisir entre le OUI que nous vivons déjà depuis 5 ans de mémorandum assorti de châtiment exemplaire, condamnant en même temps à la pauvreté les peuples du reste de l’Europe ou un courageux NON qui nous conduit dans des eaux inconnues, mais la tête haute avec comme principale boussole les valeurs de la gauche qui a montré encore et encore que l’intérêt du plus grand nombre, des travailleurs, des chômeurs, de la jeunesse ... n’est pas négociable et avec cela nous continuerons à avancer, quoi qu’il arrive.

J’ai du lire quelque part que celui qui va à la bataille sans peur est un insensé. Celui qui va à la bataille en ayant peur (car il sait le risque) est un héros. C’est le vrai courage.

Ces jours-ci, dans les rues, je vois beaucoup de héros.

01/07/2015 18:31 par benzekri

Analyse courte mais très claire... Merci pour la traduction.

01/07/2015 23:59 par Attia

Très bonne analyse loin des nouvelles catastrophistes des médias dominants ! Bravo !

02/07/2015 02:05 par Amokrane

Ce qui au départ était un levier de prospérité et de liberté (Union Européenne, monnaie unique), est en train de montrer sa vocation véritable qui est d’enchaîner les peuples de la communauté. La politique s’étant alliée à la finance dicte désormais sa loi, puissante et implacable pour décider de tout au dépens de la souveraineté des états. L’exemplarité du châtiment que sont en train d’infliger ces institutions au peuple grec est à ce titre révélateur de peur que la démarche grecque fasse école.

(Commentaires désactivés)