RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La politique impériale d’agression permanente et l’irrésistible retour du refoulé

En principe, l’ordre capitaliste, plus que tous les autres qui l’ont précédé ou qui le côtoient depuis le XVIe siècle, révèle les liens étroits entre la politique et les intérêts économiques et sociaux de groupes et de forces représentés par les Etats et les partis.

A première vue, selon ce que nous avons de la bouche même des acteurs et de l’examen de l’histoire la plus récente, celle du siècle passé, la grande masse des citoyens du monde devrait être blindée et imperméable à la propagande impérialiste qui a fait passer cinq siècles d’esclavage colonial, de pillage et d’extermination pour une mission civilisatrice. Sur chaque piste d’une matière première - bois, cacao, caoutchouc, or, diamants, charbon, phosphate, fer, cuivre, pétrole, coton - nous retrouvons les lieux des guerres de conquête et de spoliation, les lieux des chantiers exténuants, les routes des migrations forcées vers les guerres des pays colonialistes ou vers leurs plantations et grands travaux, etc.

Pourtant cette géographie des guerres et des conquêtes, cette expérience de la domination encore si proche semblent inopérantes sur la conscience des enjeux. Bien sûr, des dizaines d’articles ont prévenu que les guerres d’agression actuelles visent à s’assurer des matières premières -essentiellement gaz et pétrole -, du contrôle de leur transport et de leur restriction pour certains clients, pour ne pas dire d’un seul client : la Chine. Cet oubli des faits historiques, de la réalité vécue la plus proche, permet aux criminels de répéter leurs crimes en se drapant dans les toges de la vertu.

Trois millions de morts au Viêt-Nam, des centaines de milliers en Irak, dont près de 600 000 enfants, l’usage unique et inutile de la bombe atomique sur les villes japonaises, l’usage unique des armes chimiques - l’agent orange - au Viêt-Nam, la préparation de coups d’Etat hautement meurtriers comme en Indonésie et au Chili, sans compter la longue suprématie de l’USAID et de la CIA (et aujourd’hui de la NED) pour le compte d’United-Fruits, I.T.T., et autres multinationales accompagnées de massacres de syndicalistes, de nonnes, de prêtres ne suffisent pas à ancrer le doute sur les intentions réelles des interventions états-uniennes. Pire, quand des articles et des militants attirent l’attention sur les vrais buts des guerres d’agression sur la Libye, la Syrie, la Serbie, etc., on sort l’arme imparable de l’accusation de « complotistes », en dépit de la liste interminable des provocations de l’incendie du Reichstag à l’incident du Golfe du Tonkin, sans oublier le capitaine Boutin qui a longuement préparé le débarquement de 1830 avant que le coup d’éventail lui serve de prétexte.

Bref, l’expérience historique et ses effets sur la conscience semblent s’évanouir avec la fin du vécu politique. Il nous est alors extrêmement difficile d’extraire le sens des événements pour la grande masse des citoyens. L’une des raisons est tout de même toute simple : «  Les idées dominantes d’une époque sont les idées de la classe dominante » (Marx) et l’Empire, comme le nomme Chavez, domine sans partage depuis 1988. Pourquoi sont-elles dominantes ? La classe dominante - l’Empire dans notre cas - concentre, voire monopolise les moyens de production, de diffusion, d’« authentification » des idées et possède la maîtrise des cercles, organisations et réseaux capables de bien les fabriquer et les rendre plus qu’attrayantes.

Il a réussi, en outre, à briser toutes les structures de la mémoire populaire : partis, syndicats, clubs et associations, soit en les vidant de leurs attaches avec le passé, soit en leur substituant des ONG chargées de casser la représentation sociale en usurpant « une représentation morale » validée non par les différentes catégories sociales, mais par les médias qui appartiennent à qui vous savez. Derrière cette notion de « société civile » qui n’a rien à voir avec le concept en travail chez Hegel et Marx, c’est la mort de la société tout court par la main de ces imposteurs habiles dans le captage des subventions impérialistes. La position dominante de l’impérialisme, les moyens considérables qu’il emploie à désamorcer la mémoire historique, ses capacités à imposer les mots pour distordre les choses n’arrivent pas pourtant à refouler la crise du capitalisme qui remonte partout en termes de chômage, de désindustrialisation, de recul social, d’endettement suicidaire des Etats. La propagande réussira-t-elle à leurrer les peuples des pays impérialistes sur la réalité de la crise énorme qui les frappe comme elle a réussi à les leurrer sur les ingérences - guerrières ou pas - dans notre Tiers-Monde ?

Mohamed Bouhamidi

http://www.reporters.dz/index.php?option=com_content&view=article&...

URL de cet article 19589
  

Même Thème
Les Etats-Unis de mal empire : Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud
Danielle BLEITRACH, Maxime VIVAS, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur Au moment même où les Etats-Unis, ce Mal Empire, vont de mal en pis, et malgré le rideau de fumée entretenu par les médias dits libres, nous assistons à l’émergence de nouvelles formes de résistances dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine. Malgré, ou grâce à , leurs diversités, ces résistances font apparaître un nouveau front de lutte contre l’ordre impérial US. Viktor Dedaj et Danielle Bleitrach, deux des auteurs du présent livre, avaient intitulé leur précédent ouvrage (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il n’y a pas de pays musulman plus intégriste que l’Arabie Saoudite (...) et pourtant c’est à la fois un ami et un pays important pour les Etats-Unis. (...) Nous ne devons nous opposer à l’intégrisme que dans la mesure exacte où nos intérêts nationaux l’exigent.

James Baker
Ministre des Affaires Etrangères des Etats-Unis, 1996

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.